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Critique de bdelhausse


Anders Fager a un style très personnel. Quelque chose de direct, de cash, de moderne, où se mêlent l'humour, le sexe, la drogue, le banal qui cache l'innommable... Il revisite de manière actuelle le mythe de Cthulhu, avec des sectes, des sorciers, des smartphones, des réseaux sociaux et des créatures glauques tapies dans l'ombre qui ne rechignent pas à persuader des enfants de se laisser manger la main ou de balancer un ami dans le trou. Que ne doivent pas faire les Grands Anciens ou leurs rejetons pour survivre...

J'ai commis l'erreur de lire La Reine en Jaune avant Les Furies de Boras... J'avais été scotché, littéralement explosé, par La Reine en Jaune. Dès lors, je ne sais pas trop si ce recueil-ci est réellement plus faible ou si l'effet de surprise est passé et que je suis moins sensible à la technique d'Anders Fager... Car on se rend compte, à force, qu'il recycle pas mal.

Il démarre fort avec un sacrifice humain, passant d'une boîte de nuit à la lande, et mélangeant sexe, effets gore et viagra... cette petite touche d'humour noir qui fait le charme de Fager. Et ensuite, la qualité du recueil ne cesse de diminuer ou presque.

Le voeu de l'homme brisé nous ramène dans le passé, lors d'une période trouble de l'Histoire de la Suède. Certaines scènes très crues sont rendues avec brio par l'auteur. Mais j'ai eu du mal à m'impliquer.

Joue avec Liam met aux prises un enfant et ses amis et une créature affamée tapie au fond d'un trou, et prête à tout pour manger de la chair humaine. Cela reste fort bien écrit, mais présente quelques longueurs.

Trois semaines de bonheur nous montre le quotidien d'une jeune fille qui partage de nombreux traits communs avec les poissons qu'elle élève. D'ailleurs, elle les nourrit de manière très ... personnelle... Il faut lire pour comprendre. C'est glauque et malsain, intime et personnel, et présenté de manière fort directe.

Un Pont sur Västerbron détaille de manière très factuelle un suicide collectif. Ce qui m'a gêné, c'est justement ce côté factuel, qui empêche de savoir réellement si on est dans un rapport de police, dans un article de journal, dans une évocation avec un narrateur omniscient, etc. La banalité des descriptions, sur l'âge, les activités des victimes... fait naître (c'est le truc de Fager) l'horreur en filigrane, en creux...

Encore, Plus fort! montre les efforts de deux amants pour avoir une vision de l'au-delà en s'étranglant durant l'acte sexuel. Il y a une tension, pendant les deux tiers de la nouvelle, puis j'ai trouvé que la fin se bâclait un peu et n'était pas à la hauteur des attentes suscitées.

L'Escalier de Service nous montre l'horreur d'une situation racontée à un psychiatre. le rêve récurrent raconté par la patiente se révèle bien réel et montre que même les Profonds ou ce genre de créatures à tentacules éprouvent le besoin de laisser une descendance. C'est assez convenu mais correct.

Le bourreau blond nous ramène une des Furies de la première nouvelle, chargée d'un contrat dans un home. C'est intéressant. Mais excessivement long, lent et parfois lassant.

Ajoutons que des textes courts, appelés Fragments, s'intercalent entre les nouvelles et mettent en scène des personnages rencontrés par ailleurs, ou éclairent d'une nouvelle manière les situations présentées dans les nouvelles. Ainsi, la femme-poisson apparaît de manière fortuite. Ou des Furies...

Le génie (osons le mot) d'Anders Fager vient des références croisées entre les textes. Y compris avec les textes de la Reine en Jaune. le home de la dernière nouvelle de ce recueil est abondamment présent dans le second recueil, par exemple. Idem pour un sorcier. Et ainsi de suite.

Cette aptitude à entremêler ses personnages, les lieux, les événements crée un univers très personnel, fort, glauque, désespéré, mais aussi cocasse par les situations et les problèmes très terre-à-terre que connaissent les monstres présentés. Je suis fan.
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