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Critique de saigneurdeguerre


Ah, mais voilà notre nouvelle commissaire, Gerrie Landen ! Gerrie, c'est Gertrude en français, non ? Cela tombe très bien pour une policière qui doit veiller à la sécurité des Nivellois puisque notre ville est placée sous la protection de sainte Gertrude ! Et je crois savoir que vous habitez à deux pas de la collégiale du même nom...

Vous permettez que je vous appelle Gerrie ? Comme vous le savez, les élections approchent et cela n'a peut-être rien à voir, mais la voiture de l'épouse du bourgmestre de Nivelles a été volée et retrouvée incendiée sur le parking d'un cimetière… Cela n'a sans doute rien de politique, mais je vous demanderais de rester vigilante au cas où…



Commissaire Landen, je vous avoue ma perplexité. Depuis que vous avez débarqué à Nivelles, les catastrophes tombent sur notre bonne ville : saccages de chapelles, coups de feu, personne pendue par les pieds et saignée dans un lieu de culte… Et des cadavres, maintenant !... Comment ? … Non, je ne vous accuse pas… Mais avouez que c'est tout de même étrange… Je ne veux pas vous mettre la pression, mais il serait temps d'obtenir des résultats. Je ne vous cache pas qu'en haut lieu on s'interroge…




Critique :

Si vous aimez découvrir des mots peu usités de nos jours, Eric Fagny va vous donner du grain à moudre : coule, dalmatique, souille, agonistique, mandorle, quadrilobes, haubergeon, métonymie, chainse, écolâtre…
Mais son roman ne s'arrête pas à une collection de riches mots utilisés à bon escient… Il nous livre un roman actuel se déroulant pour l'essentiel dans la bonne ville de Nivelles que ceux qui connaissent retrouveront dans la précision des descriptions.

Eric Fagny alterne les séquences du présent avec celles de différentes époques du passé nivellois. le lecteur pressé se demandera sans nul doute où traîne le polar s'il est habitué aux romans de gare. L'auteur veut construire un roman policier érudit où le lecteur ne se contente pas d'un thriller vite ficelé mais bien d'un ouvrage qui conjugue découverte culturelle et suspense.

Petit clin d'oeil facétieux, tous les policiers portent des noms de villages-communes qui ont été fusionnés avec Nivelles lors de la grande fusion de communes intervenue dans le royaume en 1977 : Thines, Baulers, Bornival, Monstreux… Ou bien encore des noms de lieux nivellois : Stoisy, …

Un scout, témoin d'un événement crucial, porte le nom de Gabriel Odélard… Ce qui nous conduit à une des reliques de l'ancienne châsse de sainte Gertrude, relique volée : le Gazon d'Odélard… Allez ! Un dernier pour la route : un véhicule dérobé appartient à un certain Florent Castelain… Et devinez quoi ? … Hé, oui ! Il y a bien une rue Castelain à Nivelles… Dangonau, une victime, a aussi sa rue dans la cité… Il en va de même pour beaucoup d'autres personnages du récit…

J'ignore comment le patron de la brasserie « The Pilgrim » à Nivelles, brasserie qui existe vraiment, va prendre le rôle que l'auteur lui fait jouer dans le récit… Il va lui falloir un sacré sens de l'humour pour l'accepter sans broncher… Je parie qu'il doit bien se marrer car les Nivellois ne manquent pas les occasions de rire. (Peut-être que leurs bières leur facilitent les exercices pour zygomatiques.)

Pour ceux que la question intéresse, Eric Fagny a truffé son ouvrage de références à Nivelles, et pas seulement dans les noms des personnages ! Ainsi, par exemple, dans la demeure de la commissaire Gerrie Landen, se trouve une toile du peintre Georges Aglane, dit Aglane de Nivelles (1912-1994), et comme l'écrit l'auteur : « internationalement connu et plutôt méconnu dans la région. le paradoxe de beaucoup d'artistes belges qui doivent s'exporter pour exister… »

Mais avec tout ceci, je m'éloigne du roman policier qui nous rend la commissaire Gerrie Landen éminemment sympathique grâce à son calme, son intelligence, son intuition, son courage… Et bien d'autres qualités.

Si vous voulez profiter pleinement du livre et user d'Internet pour bien comprendre toute la richesse contenue dans le roman, il va vous falloir un temps certain mais le plaisir de la découverte est à ce prix.

La biographie à la fin du récit est impressionnante, mais c'est bien normal vu l'ampleur des recherches historiques effectuées pour le rédiger.

Après toutes ces remarques, je précise qu'il s'agit bien d'un vrai roman policier qui devrait beaucoup plaire à ceux qui auront le courage d'affronter les 582 pages. Incontournable pour tout Nivellois amateur de polars, ce livre plaira même à ceux qui ne vivent pas en Belgique. Tout comme on peut apprécier un polar nordique sans jamais avoir mis les pieds en Scandinavie, on peut déguster « Les Masques feuillus » même s'il est typiquement belge wallon.
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