Les enquêtes de Mary Lester, tome 28 : Bouboule est mort

"Le Moulin de Rosmadec est un authentique moulin à eau qui date du XVe siècle, dont les propriétaires successifs ont su préserver l'authenticité. Quand on entre, on voit encore les savants mécanismes de bois qui transmettaient aux meules la force de la roue à aubes placée dans un bief qui court au pignon de la maison basse.
On y accède par une venelle étroite qui s'évase sur un site enchanteur : à main droite court l'onde limpide de la rivière entre de gros blocs de granit. De gigantesques chênes trempent leurs racines torses dans l'eau et leurs ramures couvrent la rivière où s'ébattent des familles de canards qui vont à la file, nageant et cancanant.
Entre les longues herbes vertes jouant dans le courant, l'œil exercé peut apercevoir l'ombre de quelque truite craintive sur les gravières de sable clair.
Le moulin est une bâtisse charmante, fait d'énormes pierres autrefois taillées par des géants, une de ces maisons qui auraient de bien étranges histoires à raconter, si quelque bonne fée venue du bois d'Amour si proche donnait aux murs le pouvoir de parler.
On y entre par une porte basse si bien vernie qu'on la croirait passée au caramel.
Le plancher craque un peu sous le pas, sur les tables les verres et les assiettes brillent de mille feux sur les nappes immaculées.
Le manteau de la cheminée de pierre porte une hure de sanglier encadrée de deux trompes de chasse. Devant cet âtre où brûlent des billes de chênes, un meunier chauffait déjà voici cinq siècles..."

— Mon cher Claude, lui dis-je, vous êtes victime de l’atmosphère délétère qui pourrit ce pays. Voilà un malfaiteur de la pire espèce. Il nous crache dessus devant tout le monde et vous considérez qu’on l’humilie parce qu’on lui fait nettoyer son crachat? Dites-moi, adjudant, si ce n’était pas lui qui l’avait nettoyé, qui l’aurait fait? Vous? Moi? Une femme de ménage?