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Xavier Collette (Autre)
EAN : 9782492403743
400 pages
Argyll éditions (07/04/2023)
4.12/5   47 notes
Résumé :
Difficile d’échapper à son héritage familial quand, comme Marco Delusi, on grandit au sein d’une famille dysfonctionnelle dans laquelle être un homme signifie haïr les femmes. Seul son oncle Ray lui montre de l’affection et l’initie à la magie du monde et de celles et ceux qui le peuplent, habitants de l’ombre autant que de la lumière.
Après la mort de Ray, Marco vit à l’écart du monde. Celui-ci se rappelle toutefois à son bon souvenir quand son fils disparu ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Absence depuis près de dix ans de la scène de l'imaginaire français, Anne Fakhouri faisait cette année son grand retour en fantasy avec « Trois battements un silence ». Un roman publié, hélas, de façon posthume puisque l'autrice s'est éteinte quelques mois seulement avant la publication de son livre, ce qui n'est évidemment pas sans lui conférer une aura un peu particulière. Présenté comme un « conte pour adulte », le roman met en scène un certain Marco Delusi, un homme vivant reclus dans un village du fin fond de la France et qui ressasse la disparition de son fils. le personnage semble également être à même de discerner les créatures féeriques qui évolueraient à la lisière de notre monde et pour lesquelles il éprouve visiblement une grande aversion. Son quotidien va être bouleversé par le retour inattendu du bébé disparu il y a pourtant des années, ainsi que par une agitation manifeste de certains de ces êtres surnaturels qu'il parvenait jusqu'à présent à maintenir à distance mais qui semblent désormais décidés à passer à l'action. Pour sauver son enfant, Marco va devoir trouver des alliés et, pour se faire, se débarrasser des tropismes sexistes et violents inculqués par les hommes de sa famille. Il va lui falloir également remonter aux origines de la prestigieuse lignée dont il est issu et qui remonterait au seigneur Raymondin de Lusignan et surtout à Mélusine, puissante fée honnie par ses descendants. le roman est divisé en sept parties plus ou moins égales qui portent chacune le nom d'un des personnages de l'intrigue, quant bien même le point de vue reste la plupart du temps celui de Marco. Ces blocs sont d'une qualité très inégale, certains traînant considérablement en longueur et donnant l'impression que l'intrigue patine, tandis que d'autres se révèlent absolument captivants. Il en résulte un roman intéressant mais un peu bancal, qui ne donne pas toujours l'impression de savoir où il va dans un premier temps mais qui parvient malgré tout à titiller la curiosité du lecteur, puis à totalement le conquérir grâce à une poignée de personnages charismatiques.

La première partie remplit à mon sens pleinement son rôle d'appât, distillant ici ou là des remarques sibyllines sur les fées ou le passé du protagoniste qui donnent inévitablement envie au lecteur de percer les secrets de la famille Delusi. L'histoire se perd malheureusement ensuite, au point d'en devenir quelque peu brouillonne et de se focaliser sur les aspects les moins captivants de l'intrigue initiale. le récit alterne entre des flashbacks remontant à la formation du héros et censés nous ouvrir les portes du monde surnaturel que Marco connaît visiblement bien, et des passages consacrés à sa fuite et à sa recherche d'alliés susceptibles de l'éclairer sur les bouleversements en cours et de l'aider à protéger son fils. Seulement l'autrice se montre trop avare en informations, ce qui rend difficile pendant un long moment pour le lecteur de cerner les enjeux et de comprendre le rôle et les capacités de chacun des acteurs du drame en train de se jouer. A ce petit ventre-mou succède ensuite le dernier tiers du roman qui se révèle être, de loin, le plus intéressant. En effet, l'intrigue se décentre alors du regard de Marco pour se focaliser sur les deux figures qui, dès le départ, étaient celles pour lesquelles on éprouvait soit le plus de sympathie, soit le plus de curiosité, à savoir Ray, l'oncle un peu farfelu de Marco, et Mélusine, son ancêtre. Ce basculement de point de vue s'avère extrêmement salutaire pour l'histoire qui prend alors toute son ampleur et permet à l'autrice de livrer deux récits à la fois plus intimistes mais aussi plus puissants. La force du récit consacré à Ray réside dans le profond attachement que l'on ne manque pas d'éprouver pour le personnage et dans sa capacité à nous émouvoir. Une capacité dont, jusqu'à présent, les autres personnages étaient dépourvus, Marco compris.

Difficile en effet de s'attacher à cet homme pétri de colère qui déverse en permanence sa haine de tous, et surtout de toutes. On comprend très vite que le petit a grandi dans un milieu familiale malsain et violent, dans lequel les femmes sont les grandes absentes et dont les hommes ont tous été élevés dans une véritable aversion de l'autre sexe. Bien que ne s'inscrivant pas dans le schéma familial traditionnel des hommes de sa famille, Marco n'en n'a pas moins intégré certains réflexes et son regard sur les femmes s'en trouve inévitablement orienté. Cette hostilité manifestée à l'encontre de la gente féminine se révèle parfois assez lourde à supporter, d'autant qu'aucun point de vue alternatif ne vient contrebalancer la violence de la vision sexiste portée par les membres de la famille Delusi. Seul Ray semble avoir totalement échappé à ce biais, et c'est aussi l'une des raisons pour lesquelles le récit de son histoire fait figure de bouffée d'air frais. Il faudra toutefois attendre la toute dernière partie du roman pour avoir enfin le point de vue d'une femme, et pas n'importe laquelle, puisqu'il s'agit de Mélusine elle-même. le roman prend alors effectivement des allures de conte et se voit traverser par un puissant souffle qui non seulement relance l'intérêt de l'intrigue mais surtout l'enrichit en lui donnant une profondeur nouvelle. On y retrouve la synthèse des différentes thématiques abordées par l'autrice, qu'il s'agisse de celle des rapports de domination au sein des relations hommes-femmes, de la violence que ces rapports peuvent engendrer, ou encore celui de la parentalité, des bouleversements qu'elle engendre et des émotions insoupçonnées qu'elle fait naître. Cette dernière partie, toute en finesse et en sensibilité, permet de refermer le roman sur une note d'autant plus positive que la conclusion se révèle être parfaitement à la hauteur, laissant le lecteur aux prises avec des sentiments mitigés, mélange de satisfaction et de mélancolie.

Avec « Trois battements, un silence », Anne Fakhouri signe une oeuvre posthume marquante qui, en dépit d'une intrigue dans un premier temps un peu bancale et de personnages peinant à susciter l'émotion, parvient finalement à toucher le coeur du lecteur en se décentrant quelque peu du regard du protagoniste. La seconde partie du roman se révèle à plus d'un titre bouleversante et permet d'apporter une touche de nuance et de complexité bienvenue, tout en mettant en lumière deux figures jusqu'ici assez marginales mais finalement très touchantes. En dépit de ses défauts, le roman d'Anne Fakhouri nous entraîne ainsi dans une sorte de parenthèse enchantée, certes pleine de drames et de violence, mais aussi empreinte d'une poésie au charme de laquelle il est difficile de résister.
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Dans Trois battements, un silence, Anne Fakhouri nous attache aux pas d'un certain Marco Delusi qui est retourné vivre dans la maison familiale avec le bébé changeling que les fées lui ont collé dans les pattes à la place de son fils. Un soir, ce dernier lui est mystérieusement rendu. Tout à sa joie de retrouver son enfant, disparu huit ans plus tôt, il est obligé de fuir manu militari car une horde de trolls menaçants s'approche dangereusement de la maison, sans doute pour lui reprendre. Un périple au cours duquel il va recroiser la route d'hommes et de femmes de son passé dont la mère de son fils qui l'aideront ou non dans sa noble quête de mettre son fils à l'abris. Pour cela, il lui faudra s'intéresser à ses origines car la solution semble s'y trouver.

Trois battements, un silence nous embarque dans un road trip sombre et baroque qui bouscule la féérie. Anne Fakhouri s'est réappropriée la légende de Mélusine pour donner un cadre merveilleux à son récit. Mélusine est un personnage féminin légendaire issu des contes populaires et chevaleresques du Moyen-Âge. Immortalisée par Jean d'Arras dans son roman Mélusine ou la noble histoire des Lusignans, l'autrice en reprend les grandes lignes pour nourrir son roman. Née de la fée Presine et du roi Elinas, Mélusine, accablée par la trahison de son père, a convaincu ses soeurs Mélinor et Palestine d'agir avec elle pour le punir. Or, en représailles pour cet acte, Presine la condamna à devenir serpent au-dessous du nombril chaque samedi et la défia de trouver un époux qui l'aimerait avec l'ordre de lui cacher sa nature serpentine sous peine de retrouver son tourment et d'être définitivement séparée de sa grande descendance. Une malédiction qui va d'ailleurs inspirer Anne Fakhouri car elle en imagine les conséquences sur les générations suivantes. Ainsi, tous ces Lusignan naissent et vivent dans la haine et la défiance des femmes en apparentant toute la gente féminine à cette traitresse qui aurait menti et manipulé le pauvre et innocent Raymondin de Lusignan. C'est dans ce contexte haineux que né le dernier de la lignée prénommé Marco, qui grâce à l'amour d'un oncle, va enrayer le processus et explorer le passé pour se défaire de ses chaînes décidément trop lourdes à porter.

Dès lors, Anne Fakhouri a lâché la bride à un imaginaire vagabond pour explorer l'entre-deux et emprunter des chemins réservés aux fées qui s'ouvrent sous les pas des danseurs se mouvant à l'unisson du tempo de la terre.

Dans son roman, elle réhabilite la figure de Mélusine dont le seul tort est d'avoir voulu être aimé d'un homme et d'enfanter une grande descendance. Elle est le bouc émissaire idéale pour canaliser les frustrations masculines et justifier leurs aberrations.

Par l'entremise du mythe de Mélusine, Anne Fakhouri soulève la question très actuelle du féminicide et des violences faites aux femmes.

Au son des riffs de Bruce Springsteen, Anne Fakhouri nous entraîne dans une escapade déjantée où la musique prend des airs de magie pour revisiter un imaginaire collectif qui arrive encore à nous surprendre. Une pépite du genre !








Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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C'est ce que je retiendrai de ce roman, surtout : sa forme. Car son fond m'a un peu échappé – et c'est un euphémisme, mais j'y reviendrai plus bas.

Le titre, déjà. Trois battements, un silence. J'aime beaucoup cette rupture de rythme qui donne le LA au roman. Cette rupture, on la retrouve partout. Dans les 7 parties du roman, qui sont autant de chants centrés sur un des personnages, même si la voix de Marco résonne partout. Ces parties sont inégales, mais elles se complètent et se répondent.
On retrouve aussi cette rupture dans l'écriture. Tantôt particulièrement vive, écorchée, crade, comme pour traduire la dureté de la vie menée par ce clan Lusignan. Ils ne connaissent que la violence physique et verbale, et cela se ressent dans la prose. le vocabulaire est familier, les phrases torturées. Et tantôt, quand une parcelle d'espoir et d'amour se fait entrevoir, l'écriture s'assouplit, s'embellit. Anne Fakhouri façonne ses différents mondes avec le langage dont elle maîtrise les secrets, les registres, les champs lexicaux.
Et puis dans ce roman, on chante, et on danse. Au son des vieux disques de l'oncle Ray, ou entre le monde des Fées et le monde réel. Toujours cet entre-deux, qui permet de sautiller d'un endroit à un autre, d'aller et de venir, tout en fluidité.
Ce rythme entraînant m'a beaucoup plu et complètement happée dans le roman, que j'ai continué de parcourir malgré le flou total dans lequel il m'a plongée.

Par ailleurs, Trois battements, un silence peut se lire comme un conte moderne.
conte alterne monde des fées et monde contemporain. Difficile d'imaginer que cette association fonctionne si bien, et pourtant.
Un conte moderne, donc, qui raconte une quête de ses racines, de sens, de son amour perdu. le roman raconte la perte, aussi. La perte de ses illusions, de ses croyances, des siens. Et puis il raconte l'amour. Fusionnel, corporel, filial… L'amour sous toutes ses formes.
Comme dans tout conte, il y a des apprentissages et une finalité. En effet, il y a de dures leçons à apprendre dans ce roman. Et puis tous les incontournables du genre. Des actes de bravoure, des scènes de baston, des scènes d'amour, mais aussi des moments de prise de conscience, des histoires d'antan qui forgent le destin des Hommes d'aujourd'hui. Des objets, un patronyme, une malédiction. Et puis des personnages qui ne font pas vraiment dans la nuance; chacun dans son rôle. Et enfin, du symbole, bien sûr.
Entre mythologie, folklore médiéval et conte moderne, Trois battements, un silence fait le pont entre tout cela et ouvre pas mal de portes, que Marco doit emprunter pour comprendre, tracer son chemin et trouver une issue. Pas évident, surtout quand un brouillard opaque englobe tout le récit…

Je disais plus haut que j'avais été charmée par l'écriture de l'autrice, c'est tout à fait le mot qui convient. Charmée. Comme si j'avais subi un charme de glamour. Parce qu'une fois le charme dissipé, je me retrouvais dans un sacré brouillard. En d'autres termes, je n'ai franchement pas compris grand-chose à ce roman.
Le fond du roman m'a complètement échappé. Les différentes parties du roman m'ont paru assez inégales. Il y a un gros ventre mou en plein milieu. Pas mal de délayage, de choses qui se passent mais qu'on ne perçoit pas bien précisément. le voile se soulève à la fin du roman mais je n'ai pas saisi concrètement ce qui se passait.

Et me voilà, encore une fois, à la dernière page, en me demandant ce que j'ai lu et ce que c'était que ce texte auquel je n'ai strictement rien saisi. Parfois, je me demande si c'est moi qui suis dure de la feuille ou si vraiment, certains romans sont volontairement opaques. Peut-être que cette opacité est voulue. Après tout, on est dans un monde pas vraiment réel, avec des Fées qui traînent, et avec elles rien n'est jamais certain et tout se prête toujours à une multitude de sens. Et que c'est à nous de le trouver; ou alors d'accepter de se laisser porter en acceptant de ne pas tout saisir. Mais ça, c'est quelque chose que je sais vraiment pas bien faire...

Alors bon, je vais en rester là, et garder ce roman dans la bibliothèque pour une deuxième lecture, plus tard.
Lien : https://zoeprendlaplume.fr/a..
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Une lecture enchantée.

Difficile d'évoquer l'histoire de Marco sans dévoiler ce qui fait le charme, le merveilleux de ce roman percutant et sensible.

Anne Fakhouri écrit aussi efficacement le quotidien délétère des hommes en limite d'humanité, que celui d'une autre réalité, puissante et vivante au delà des apparences.

En découvrant à rebours la vie de Marco, ses batailles, sa famille, sa lignée, on navigue d'émerveillements en révoltes, d'amours envoûtantes en chagrins trop ordinaires jusqu'à une très douce éternité apaisée, dans laquelle tout a enfin pris sens, et se déprend dans le même instant.

La nature est vie, les hommes qui ont du coeur font ce qu'il peuvent dans un quotidien sordide, à l'écoute des pulsations magiques d'un ailleurs imaginé ou avéré, peut importe car l'aventure, elle, est bien réelle.

Trois battements, un silence est un voyage dans l'enchantement, dont on revient avec un peu de magie en soi.

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Une légende, celle de la grande s*l*pe Mélusine, la fée suprême, celle qui a trahi le premier des Lusignan et a voulu lui voler ses fils. Une malédiction, celle qui a fait fuir toutes les bonnes femmes de la famille. Bienvenue chez elles, bienvenue dans l'univers d'Anne Fakhouri.

Publié de façon posthume, l'autrice nous ouvre les portes d'un monde désenchanté à l'aura si particulière, d'une vie qu'on ne voit que du coin de l'oeil, d'une partition que nous percevons, fasciné : 1-2-3, il y a une cassure, ce n'est pas grave, reprenons.

Pendant ce temps unique entre chien et loup durant lequel on aime à tout rompre, nous découvrons une ombre au nom puissant et ancien, passé de bouche en bouche, de crépuscule en crépuscule. Un crépuscule qui nous murmure des choses merveilleuses : la volupté de la solitude et l'immensité du monde. Un crépuscule où l'on se blottit, comme autrefois, et se laisse bercer par le vent, les battements d'ailes translucides et les petits rires sournois. Nous écoutons aussi le rythme qui monte de la terre, le bruit léger des fées qui tapent à la porte d'entre les mondes et nous dansons : nous dansons tous ensemble, séparés et unis, un par un et tous pour un.

Même si tous les lieux se ressemblent et tous les gestes aussi, chaque histoire est différente. Chaque coin a ses mots, chaque visage a son propre conte et chaque terre son propre rythme :
1-2-3, battement loupé, 1-2-3, accélération, 1-2-3 ...
Ce rythme est celui de Marco Delusi, le gosse le plus vieux de la planète, un traître de la cause des danseurs, le père d'un enfant disparu puis retrouvé 8 ans plus tard, un homme avec la liberté chevillée au corps qui cherche du secours, comme nous tous.

Grâce à un imaginaire vagabond et une plume puissante, l'écrivaine nous transporte au fil des pages au coeur d'un conte qui prend à l'âme et qui charit une odeur âcre : celle de l'enfance mal lavée et de la rage, un conte où nous ne faisons qu'un pas mais marchons 100 ans.
Une sorte de roadtrip violent et poétique où nous devenons des voyageurs suivant un rythme bouleversant et complexe, crachant nos peurs et nos cris :
1-2-3, battement loupé, 1-2-3, accélération, 1-2-3 ... silence
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critiques presse (1)
Elbakin.net
11 avril 2023
Avec ce récit de fantasy féérique, cette histoire familiale qui court de siècle en siècle et n’oublie jamais de sonner vrai quelle que soit la période abordée, l’autrice nous livre certes son ultime roman mais avant tout une très belle histoire.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, au début de la nuit, il a l'impression qu'il n'est plus dans ce monde, mais dans un autre, bien plus vaste et qui pourtant tiendrait dans un mouchoir froissé au fond d'une poche. Dans cet autre monde, il n'y a ni peine, ni douleur, ni temps qui passe. C'est un monde plein de poésie et qui... il ne sait pas comment dire... qui appartient à l'animal. Il se fond en lui comme on se glisserait dans un étang sans en déranger la surface. Dans ce monde-là, il entend une voix, très douce, qui lui dit je t'aime, reste-là, je ne dure pas mais reste-là, le temps t'oubliera sans doute. Quand ça se termine, quand la nuit a étendu son emprise sur toute chose, a fait rentrer le chien, a éloigné le loup, il sent son corps dans ses moindres particules, tout lui est douleur.
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Et je vais te dire un truc que tu as jamais appris, parce que t’as pas eu la chance d’avoir l’oncle Ray et ses grandes vérités pour enfance: quand on refuse de rester à sa place, il ne nous reste que la fuite. Et pour les autres, la fuite, ça revient à dire qu’on n’est plus rien… Plus rien, peut-être… Mais, tu vois, Tess, mon entêtée, mon fantasme de ma vieille jeunesse…, le grand schéma, la responsabilité et le devoir, la sécurité, affronter les forces qui nous dépassent, parce qu’un abruti terrorisé par le chaos nous a dit de le faire, ça, c’est vraiment être rien et c’est le vrai néant. Et il n’y a rien de pire, non, rien de pire qu’être rien au service du néant.
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Pire qu'une cuite.
Pire que ramper dans un boyau de terre avec Stan qui ricane.
Pire que la fois où les deux petits connards arrogants qu'ils étaient avaient bouffé des champignons fendus comme des culs et qu'ils avaient déliré toute la nuit, avant de rendre tripes et boyaux à la table du petit déjeuner devant leur éducateur qui hésitait entre les engueuler et se foutre de leur gueule.
Entre deux filets de vomi, Marco s'accroche à la portière de la DS. Il respire entre les dents serrées, en sifflant. Il ne va pas tomber dans les pommes devant Eric. Où est Orphée? Putain, est-ce qu'il est malade, lui aussi?
Mais Orphée dort, Orphée dort toujours, on pourrait faire péter l'univers autour de lui, il continuerait à pioncer, avec cet air repu de celui que rien ne peut déranger.
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Il lui offre un bâton de frêne pour qu'elle trace ses rêves ; autrefois, il a été le bras d'une nymphe qu'il a aimée, elle aussi, avant qu'elle ne se transforme en arbre. Les narines de Mélusine frémissent quand elle l'apprend ; elle brise le bâton devant lui. Une Ombre ne comprend pas. Il ne sait pas ce qu'est la jalousie.
- Tu dois m'appartenir, Une Ombre, si tu veux que je continue à t'aimer.
Il secoue la tête.
- Une Ombre n'appartient à personne, murmure-t-il. Tu ne m'appartiens pas non plus. Tu es celle que j'aime car l'or du soir s'accorde toujours au crépuscule.
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Un jour s'élève devant elle le château de Lusignan, dressé sur les hauteurs d'une petite ville aux halles riches et remuantes. Sa tour unique abrite un bassin creusé dans la pierre et une cheminée immense où elle fait brûler un tronc d'arbre chaque samedi. Elle décroche la lance du roi Elinas pour la décorer. De son bain, sa queue de serpent ointe et chérie, elle l'a contemple, un sentiment d'orgueil chevillé au ventre. Ce château rêvé par son père est désormais le sien.
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