Citations sur La séduction (11)
Tomber amoureux jusqu'à en être possédé, c'est le summum de la vanité.
Je fais tout ce qu'il me dit de faire. J'extirpe tout, ne dissimule rien. Mais iln'est jamais content. Il veut m'amener toujours plus loin. Le docteur. Le psychiatre. Le fossoyeur des âmes qui, à l'aide de son index et de son savant vocabulaire, essaie de dessiner une carte dans le sable, essaie d'expliquer la fuite du vent et des nuages dans le ciel.
Je marchais au hasard des rues, sous le soleil, sans autres vêtements que ceux que j’avais sur moi et sans autres biens que ceux que contenait mon sac : sans doute rien de très impressionnant, tout juste le strict nécessaire, mais bien suffisant pour moi. Je me sentais libre. J’aimais dériver au milieu du flot de visages qui s’écoulait le long des trottoirs. J’étais seul parmi tous, mais tendu et attentif. Satisfait. Comme un chasseur à l’affût.
C’est ainsi. Mais pourquoi mes yeux s’embuent-ils de larmes
lorsque je lis ces lignes? Comment peut-on arriver à sentir la même
chose qu’un homme qui affirme continuer d’« aimer » une branche
pourrie? Faut-il y voir l’effet d’une langue démodée? « …La pauvre
écorce », « …un sentiment de pitié me traverse le cœur », etc. Avec
des phrases comme celles-là, le cœur sort de son rôle habituel de
pacemaker, me dis-je avec un petit sourire ironique. « Je la regarde
une dernière fois,les yeux humides… »
Elle avait écrit: « … J’aimerais bien que tu le lises. C’est une
belle histoire, même si elle est un peu triste. Et j’y ai trouvé des
choses qui m’ont fait penser à nous, à toi et à moi… »
Mais ces derniers jours, le livre est resté sur la table de nuit, je
le feuillette, en lis des passages au hasard, n’y touche plus pendant
un certain temps puis le reprends: il fait naître en moi de curieux
états d’âme. Je souhaiterais me laisser entraîner dans son univers,
et m’y refuse en même temps…
Ayant rangé le livre et la lettre, j’oubliai cet épisode, comme
j’avais déjà oublié tant de choses…
À regarder les mots, à déchiffrer
son écriture infantile, j’ai l’impression d’entendre sa voix, de la
retrouver telle qu’elle est, folâtre, inconstante, impulsive, d’une
totale inconséquence. Et puis je ne me sens absolument pas
malade, je me porte fort bien! Quelle mouche l’avait donc piquée
de m’importuner une nouvelle fois?
J’ai un livre sur ma table de nuit, un vieux roman d’amour
dépenaillé aux pages tout écornées. Elle me l’a envoyé avec une
lettre : « Glahn, j’ai appris que tu étais malade. » Aussi vain
qu’inattendu.Pourquoi se ferait-elle à présent du souci pour moi?
J’y pensai quelques jours durant, lus et relus la lettre jusqu’à en
piquer une rage : c’était bien elle, ça, aller s’exclamer: « Glahn, j’ai
appris que tu étais malade… »
Le bien-être physique que m'ont procuré plusieurs jours d'amour avec sa jolie femme Eva s'évanouit progressivement pour faire place à la tiède indifférence de l'alcool:aucun amour ne colle à l'homme comme il colle à la femme.