AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Je tue (29)

Il l'avait compris quelques mois plus tard, un certain 11 septembre, quand il avait vu sur son écran de télévision les deux tours géantes et triomphales s'effondrer comme seules s'effondrent les plus grisantes, les plus sottes illusions. Au nom de Dieu, des hommes lançaient des avions contre des tours surpeuplées, cependant que d'autres, tout près de là peut-être, confortablement assis dans des bureaux hi-tech, calculaient déjà le profit boursier que leur rapporterait la catastrophe. Et que d'autres ailleurs, partout, gagnait leur vie en fabriquant et et vendant des mines et, pour Noël, sans même penser à mal, offraient à leurs enfants des cadeaux achetés en mutilant d'autres enfants. La conscience n'était qu'un accessoire, dont la valeur fluctuait avec les prix du baril du pétrole. Alors, au milieu de tant d'inanité, de tant de désarrois sanglants et mortiféres, quoi d'étonnant si de temps en temps surgissait un solitaire égaré, qui écrivait en lettre de sang les mots de son destin : "je tue"
Commenter  J’apprécie          321
Et l’homme, désinvolte et déterminé, continue de larder sa victime de coups de poignard, cependant que chacun de ses gestes est capté par les caméras et surgit aussitôt sur les écrans. Yoshida voit la lame plonger dans sa chair, y plonger encore, et encore, le sang éclore en larges taches rouges sur sa chemise blanche, le bras de l’homme se lever et retomber dans la pièce et sur les écrans géants, la lame de son poignard se rougir et dégoutter de son sang. Il voit, encore, et encore, encore, ses yeux affolés de terreur remplir l’espace indifférent des moniteurs.
Commenter  J’apprécie          210
Au nom de Dieu, des hommes lançaient des avions contre des tours surpeuplées, cependant que d’autres, tout près de là peut-être, confortablement assis dans des bureaux hi-tech, calculaient déjà le profit boursier que leur rapporterait la catastrophe. Et que d’autres, ailleurs, partout, gagnaient leur vie en fabriquant et en vendant des mines, et, pour Noël, sans même penser à mal, offraient à leurs enfants des cadeaux achetés en mutilant d’autres enfants. La conscience n’était qu’un accessoire, dont la valeur fluctuait avec les prix du baril de pétrole.
Commenter  J’apprécie          110
Personne autant qu’une femme découragée ne peut en deviner une autre.
Commenter  J’apprécie          60
Pareilles choses existaient dans la réalité ? Non, c’était impensable. Cela ressemblait plus à une idée de scénariste à succès, bien installé sur la terrasse d’une villa de Malibu pour travailler en sirotant un cocktail. De telles affaires revenaient de droit à des enquêteurs californiens avec le visage de Bruce Willis ou de John Travolta, des flics au physique athlétique et à la gâchette facile, non à un commissaire monégasque désormais plus proche de la retraite que de la gloire.

Commenter  J’apprécie          50
Au fond, ce n’était que cela, les vacances : oublier.
Commenter  J’apprécie          50
« Où sont les corps ?
- Par ici, venez voir. »
Maintenant que ses yeux s’étaient accoutumés à la pénombre, Hulot vit que la traînée de sang s’élargissait en une flaque rouge au pied de l’escalier, puis disparaissait au-delà d’une porte ouverte. Il tomba en arrêt devant la table dépliée, sur laquelle une main avait tracée en lettres de sang deux mots :
Je tue…
Ses doigts étaient maintenant dix petites barres de glace. Pour se calmer, il s’obligea à respirer profondément par le nez. Alors, il perçut l’odeur douceâtre du sang et de la mort, l’odeur qui attire l’angoisse et les mouches.
Il suivit cette odeur douceâtre et pénétra dans la cabine. Au moment où il arriva sur le seuil de la porte ouverte, le froid de ses doigts gagna instantanément tout son corps et il ne fut plus qu’un bloc de banquise vacillant.
Étendus sur le lit, l’un à côté de l’autre, il y avait les cadavres d’un homme et d’une femme, entièrement nus. Sur le corps de la femme, on ne remarquait pas de blessures apparentes, mais sur celui de l’homme, au niveau du cœur, une large plaie rougeâtre avait largement imbibée le drap de sang. Du reste, il était partout, le sang : sur les mirs, sur les oreillers, sur le sol. Il semblait impossible que ces deux pauvres corps sans vie eussent contenu tant de sang.
Le commissaire s’obligea à regarder les visages des deux morts. Mais ils n’en avaient plus. L’assassin avait enlevé la totalité de la peau qui couvrait leurs têtes, cuir chevelu compris, comme on écorche un animal à fourrure.
Commenter  J’apprécie          40
La vie est ainsi faite, Jean-Loup : il y a des choses qui nous arrivent parce qu’on les recherche, d’autres qui nous tombent dessus. On ne les a pas choisies, on aurait aimé les éviter, mais elles arrivent et ensuite, on n’est plus le même. Dans ce cas, deux solutions : ou l’on fuit et on essaie d’oublier, ou on les affronte. Quelque choix qu’on fasse, on sera changé de toute façon. On peut seulement décider si on sera changé en bien ou en mal.
Commenter  J’apprécie          40
Le Grand Prix de Formule I qui venait d’avoir lieu, était le signal de l’été monégasque. A partir de maintenant, les jours, les soirées et les nuits de la Côte allaient être un va-et-vient d’acteurs et de spectateurs. D’un côté des limousines avec chauffeur transportant des gens à l’expression suffisante et ennuyée. De l’autre, des petites cylindrées remplies de gens en sueur et pleins d’admiration. Comme ceux-ci plantés devant les vitrines éclairées que reflétaient leurs yeux. Certains se demandaient sûrement où trouver le temps d’acheter telle veste ou tel bijou ; d’autres, où trouver l’argent. Ils étaient le jour et la nuit, deux catégories extrêmes, entre lesquelles existait une variété impressionnante de nuances de gris. Beaucoup vivaient dans le seul but de jeter de la poudre aux yeux, beaucoup d’autres avec celui de s’en protéger.
Jean-Loup songea que les priorités de chacun étaient, somme toute, assez lisibles. Il était peu d’endroits au monde où leur liste fût aussi facile à établir. En première place, la chasse au pognon : certains en avaient, d’autres le convoitaient. C’était simple. Un lieu commun l’est d’autant plus qu’il contient une grosse quantité de réalité. L’argent ne fait peut-être pas le bonheur, mais en l’attendant, c’est une agréable manière de tuer le temps : telle était sans doute la conviction de tous ces gens.
Commenter  J’apprécie          40
Mais les policiers consciencieux, comme les médecins, ne pensent pas à toutes les vies qu’ils ont préservées. Matin et soir, en dépit de tout éloge comme de tout reproche, ils se regardent dans le miroir et ne songent qu’à celles qu’ils n’ont pas pu sauver.
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (373) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

    Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

    seul
    profond
    terrible
    intense

    20 questions
    2855 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

    {* *}