Un livre indispensable à l'heure où l'obscurantisme est, de nouveau, en marche, porté par les églises quelles qu'elles soient, considérant que la femme est, définitivement, mineure, et que la société, celle des hommes, bien sûr, doit décider pour elle ce qu'elle doit faire de son corps et de son ventre.
Des nouvelles lois en "gestation" en Pologne à l'interdiction, ou presque de l'éducation sexuelle au Brésil (viols impunis à la clé) en passant par les mariages forcés qui font de la femme-enfant l'esclave des beaux-parents en Inde et, bien sûr le "statut" (sans rire) de la femme dans les pays musulmans et sans oublier la vague de fond "pro-vie" des fondamentalistes aux states que ne gênent en rien les carnages à l'arme d'assaut, elle en vente libre. Les inquisitions sont de retour, la "bête immonde" avec elles.
Qu'Oriana Fallaci se soit rapproché de l'église à la fin de sa vie (sénilité ou amalgame mal venu entre religion et culture) n'enlève rien à la force de cette réflexion. Femmes de tous les pays, unissez vous!!!
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C'est le long monologue d'une femme à l'enfant qu'elle porte.
la lettre affronte sans retenue le thème cuisant de l'avortement en se penchant sur la recherche du sens de la vie et en posant l'amère interrogation : est-il juste d'imposer la vie, même si exister implique souffrir ?
Et s'il était mieux de ne pas naître?
Cette femme ne sait rien, excepté que le minuscule germe est le sang de son sang et qu'il dépend entièrement de ses choix.
Et ce n'est pas rien : le sens des responsabilités se fait tout de suite énorme, devient un fardeau trop pesant et entraîne une cascade de réflexions qui, partant de l'origine de l'existence,prennent des trajectoires impensables et peuvent vraiment pousser à avoir honte de son propre égoïsme.
Si le bébé pouvait choisir entre naître, grandir, souffrir, mourir, ou rester d'où il vient, que déciderait-il?
Naître est-il mieux que ne pas naître?
Tout au long de cette lettre, la jeune mère en puissance s'interroge, se tourmente, passe par des phases d'attendrissement ou de rejet.
Un livre que j'ai lu avec beaucoup d'émotion il y a de nombreuses années et qui laisse une trace indélébile.
Je l'ai d'abord lu en italien, puis dans sa traduction.
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«Être une maman n'est pas un travail. Il n'est même pas un devoir. C'est seulement un droit parmi tant d'autres».
L'auteur repropose une fois de plus la vexata quaestio: être ou ne pas être, de vivre ou de mourir, l'affirmation de soi comme une identité ou l'ouverture à la vie comme une vocation?
Dans ce livre, il n'y a pas de réponses, mais des questions. La grossesse non désirée et pas terminé est plein de colère et de regrets pour ce qui aurait pu mais n'a pas été, pour l'occasion manquée de connaître l'amour, le mystère dont la vie est nourrie. La dernière pensée de la protagoniste, qui développe une nouvelle conscience de soi dans une relation symbiotique avec le foetus, c'est pour la vie, «parce que la vie ne meurt pas». le livre est une célébration de la vie, même dans sa forme la plus douloureuse et m'a donné l'espoir de croire que tout n'est pas encore perdu, il est possible d'établir des liens réels; en particulier m'a donné la force de croire que nous devons trouver en nous-mêmes les certitudes, parce que l'extérieur sera toujours en évolution, les relations sociales et le travail seront toujours précaires, les différences entre les hommes et les femmes continueront d'exister et les enfants continueront de naître.
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Un livre prenant, expliquant pas à pas la complexité d'une décision souvent dépeinte comme légère... La réalité est bien différente...
Une torture, les doutes, les regrets... Aussi dur que réaliste...
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Je précise que j'ai lu ce livre en italien, mais je pense que mon ressenti aurait été le même avec la version française.
Cette "lettre", comme la nomme l'auteur, est un cri du la première à la dernière ligne : parfois cri d'espoir, parfois de désespoir, cri de révolte, cri de colère... des sentiments mêlés qui m'ont fait penser à ce petit être qu'elle nomme "enfant" (donc qu'elle ne nomme pas, en fait). Qu'on pense comme elle ou pas, on est saisi par cette prise de position, ce tourbillon de la vie future (ou de la non vie...), et ce n'est pas parce que ce livre est écrit par une femme et qu'il parle de maternité qu'il est réservé aux femmes. A ne pas ouvrir en revanche si le sujet peut toucher de trop près un épisode personnel.
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Cette nuit, j'ai su que tu étais là : une goutte de vie échappée du néant.J'en restais dans le noir avec les yeux écarquillés et ,tout d'un coup, dans le noir a jailli un éclair de certitude : oui, tu y étais. Tu existais. Ce fut comme se sentir blessé par un coup de fusil. Mon cœur s'en est arrêté.
J'espère que tu seras un homme tel que je l'ai toujours rêvé; doux avec les faibles, féroce avec les puissants, généreux avec ceux qui t'aiment, sans pitié avec ceux qui commandent
" J'espère que tu seras un homme tel que je l'ai toujours rêvé; doux avec les faibles, féroce avec les puissants, généreux avec ceux qui t'aiment, sans pitié avec ceux qui commandes "
«Être une maman n'est pas un travail. Il n'est même pas un devoir. C'est seulement un droit parmi tant d’autres».
Être une maman n'est pas un travail. Il n'est même pas un devoir. C'est seulement un droit parmi tant d’autres.
Bande annonce du film Oriana Fallaci (2015), Biopic sur la célèbre reporter de guerre et essayiste italienne