Du peu que j'en avais entendu parler, je savais que je ne prenais pas de risque à me lancer dans cette lecture. Ce dont je ne me doutais pas, par contre, c'était à quel point ce livre me saisirait. Moi qui appréhende toujours un peu les pavés, j'ai été littéralement happée par ces 760 pages.
760 pages de faits d'un réalisme brutal. Sans phrases pour faire des phrases. Sans blabla.
760 pages en immersion totale avec ces Berlinois. Avec ce qu'ils sont, ce qu'ils pensent, ce qu'ils disent, ce qu'ils veulent. Avec leur peur, leurs espoirs, leur soumission. Avec la lâcheté des uns, le courage des autres. Et la toute puissante pourriture nazie. L'immonde pourriture nazie.
Bien qu'étant assez documentée sur cette période de l'Histoire, étrangement je ne m'étais jamais préoccupée du sort du peuple allemand sous le nazisme. Je devais sans doute considérer que rien que le fait qu'ils soient Allemands, donc du bon côté de la barrière, les épargnait d'office. Or, ils ont morflé autant que les autres et, en cela, ce livre a été pour moi une véritable révélation.
Tout au long du récit, et plus particulièrement dans le chapitre relatant le procès où des magistrats imbéciles et beuglants dégueulent leur haine et leur obscénité, on ne peut que se demander comment ces fantoches ont-ils pu être pris au sérieux et assujettir leurs compatriotes ?
Dans le même ordre d'idée, j'ai souvent entendu cette question sans pouvoir y répondre : Comment le peuple Juif a-t-il pu se laisser conduire à la torture et à la mort comme des moutons à l'abattoir ?
Je crois bien que la seule hypothèse qui vaille est parce que l'Homme est un animal grégaire et que c'est dans sa nature de se soumettre à une autorité.
Le "Plus jamais ça !" n'est qu'une parole d'utopiste naïf.
Depuis que le Monde est Monde, que ce soit hier, aujourd'hui, demain ; quel qu'en soit le lieu, quelle qu'en soit l'idéologie conductrice, il y a eu, il y a et il y aura toujours une poignée d'hommes qui mettra à sa botte des milliers d'autres.
"Dire que l'homme est un composé de forces et de faiblesses, de lumière et d'aveuglement, de petitesse et de grandeur, ce n'est pas lui faire son procès, c'est le définir." - Denis DIDEROT
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