Connaissez-vous le shipspotting ? C'est le loisir qui consiste à repérer et photographier des bateaux (généralement plutôt de commerce : pétroliers, porte-containers, etc, mais les gros bateaux de croisière ou bâtiments militaires ça marche aussi, sans parler des voiliers/répliques célèbres comme le Belem). Et même avec toutes les informations nécessaires (heures d'arrivée et de sortie, possibilité de suivre les navires en direct sur une carte...), il reste une forte part d'aléatoire. L'heure d'arrivée ? Jamais fiable, quand le truc ne reste pas stationné trois jours dans la rade au large. L'heure de sortie ? Elle est régulièrement mise à jour... Bilan, quand tu ne vis pas sur la côte mais à 50km de là et qu'un truc intéressant au point de justifier de prendre le train *exprès pour* se pointe, mieux vaut passer la journée sur place pour avoir la certitude de ne pas se planter.
Vous voyez où je veux en venir, n'est-ce pas ? « Voyous, truands et autres voleurs » a été acheté sur place pour patienter, en attendant que le bateau visé se mette à bouger. Un petit truc court, qui ne bousculerait pas mon planning de lecture, entre services presse attendus et nouveautés.
Et une fois de plus, je me suis retrouvé à lire en pleine chaleur un bouquin plutôt taillé pour la période hivernale, les deux plus longues histoires prenant place dans le froid et la neige.
« Bon ben alors, au lieu de nous causer de ta vie, si tu nous parlais du bouquin ? »
Ok, ok, ça arrive.
Une chose qu'il faut bien avoir en tête, et que son titre peut très facilement faire oublier, c'est que les textes de « Voyous, truands et autres voleurs » ne sont pas des polars ou des thrillers, mais bien de la pure littérature blanche. Et surtout, les voyous en question ne sont vraiment rien d'autre de plus. Un menteur, deux cambrioleurs, un arnaqueur, un « petit » voleur en cavale, on n'est clairement pas dans le grand banditisme.
Le premier texte, narré de point de vue de l'ingénue qui s'éprend d'un malhonnête, est d'ailleurs exclusivement centré sur cet amour sans cesse déçu, et auquel l'on a du mal à croire, la faute au fameux « non voulant dire oui » qui n'existe pas dans la vraie vie. M'enfin, ça a été écrit par un homme dans la première moitié du vingtième siècle, et pour le reste, on a tout de même une héroïne à moitié lucide (à moitié seulement). Pas ouf, mais pas si mal.
La seconde « nouvelle » contient en réalité trois chapitres indépendants, dont deux autour du même personnage. C'est extrêmement court, pas forcément intéressant, mais la gouaille des crapules rattrape un peu.
C'est avec « Schuller a de la chance » que l'on commence à se régaler, avec cet arnaqueur en vadrouille sachant saisir avec brio une opportunité inattendue. Ça se lit presque comme un conte, c'est bien mené, bref, rien à redire.
Mais la vraie perle du recueil est bien « Un homme en fuite », avec de l'action, du suspense, de la neige, de la douleur, des mauvais coups, de la chance et de la malchance... bref, ce que l'on vient chercher lorsque l'on achète un ouvrage nommé « Voyous, truands et autres voleurs », finalement !
« le cambrioleur qui rêvait de sa prison », qui s'étale sur à peine quatre pages, fait retomber l'intérêt aussi sec ; il ne s'agit que d'un vague portrait décrit, sans histoire et sans but.
Le premier mot qui me vient à l'esprit pour décrire ce livre, c'est « gentillet ». La plume est parfois jolie, mais tout ça manque cruellement de dynamisme et surtout d'audace. Peut-être qu'à l'époque, le genre de malfrats qui peuplent ce recueil faisait peur, mais aujourd'hui, avec pire au pied de ton immeuble, ils paraissent vraiment très très fades.
Point bonus accordé à cause de « Schuller a de la chance » et « Un homme en fuite ». Pour 2€, et rien que pour découvrir ces deux-là, le livre vaut tout de même le coup, mais le reste est malheureusement plus anecdotique...
Cinq nouvelles regroupées ici dans un petit opuscule d'une centaine de pages.
Ces textes sont extraits du recueil : " du bonheur d'être morphinomane.
Autre temps, autre pays et autres vies, mais toutes ces histoires ont un point commun, la vie miséreuse et misérable de quelques truands pour qui l'adage : le crimes ne paye pas est tout à fait adapté.
Une chronique de moeurs qui parfois peut prêter à rire tant certains de ces voyous n'ont pas la fibre malhonnête ou tout le moins les aptitudes requises.
Critique à chaud sous mon parasol,avec le sifflement des oiseaux en fond sonore, très appréciable.
Petit roman de Fallada:103 pages très vite lu: cinq petits textes analysant les errances des voyous,truands et autres voleurs lecture détente mais j'espère que j'aurai autre chose à me " mettre sous la dent " si je lis " seul dans Berlin"
Car là c'est un peu léger ! Bof bof, bof! ⭐⭐
J'ai beaucoup aimé ce petit extrait tiré “du bonheur d'être morphinomane”, il était agréable à lire. Un drôle d'escroc à l'amour, un truand chanceux, des repris de justices, quelques considérations concernant les prisons, les prisonniers, la fausse fraîche, le recel. Hans Fallada nous parle des voyous avec beaucoup de respect, et c'est très plaisant.
DES TRUANDS DE L'ANCIEN MONDE
Hans Fallada (1893-1947) nom de plume de l'écrivain allemand Rudolf Wilhelm. Un passé de toxicomane et d'alcoolique qui lui vaudra des incarcérations durant les années 20. En prison, il fait connaissance avec la pègre. Il décrit dans ce petit recueil de nouvelles les moeurs, habitudes, et modes de vie d'un monde parallèle. Son style rappelle fortement celui de Joseph Kessel qui lui-même connaissait ce milieu et entre celui de Berlin ("Nuits de Montmartre. (suivi de) Bas-fonds de Berlin"). Une découverte intéressante incitant à approfondir la lecture de l'oeuvre de Fallada.
Il entra,et Rita comprit aussitôt qu'elle s'était complètement trompée ,que son père avait eu raison d'inviter ce gratte-papier subalterne,comme elle l'avait appelé avec mépris, à venir bavarder chez eux lors de ses soirées solitaires .
Finalement il retourne chez lui,dans la grande ville ,où il n'est pourtant nulle part chez lui.L'ennemi de tous ,son ennemi à lui,avec dans le coeur le rêve d'une cellule austère. ( le cambrioleur qui rêvait de sa prison).
Elle avait vécu un rêve comme peu en rêvent. Elle avait eu un amant irréprochable qui avait été là pour elle seule, qui ne lui avait jamais dit un mot de travers, ne lui avait jamais fait de blague douteuse. Il l'avait aimée d'un amour si neuf et si jeune, il était parti avant que cet amour ne vieillisse.
les gens d'aujourd'hui n'ont pas d'argent, voilà tout.
Alors évidemment ça va pas fort pour nous non plus les truands.
J'ai cru entendre quelqu'un traverser la cour de la ferme, j'étais beaucoup plus nerveux que si j'avais été sur le plus gros des casses.
Tome 1 : quelle voiture Hulda conduit-elle ?