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Critique de Epictete


« Banlieue Sud-Est » est apparemment le premier ouvrage écrit par René Fallet (Il avait moins de vingt ans) et qui avait été remarqué par Boris Vian. Sans faire de comparaison entre l'un et l'autre, je crois que cela n'est pas vraiment étonnant. Il y a quelque-chose, peut-être dans le style, mais surtout dans le récit non-conformiste entre les deux auteurs qui rappelle une époque, une volonté courageuse de sortir du classicisme, même s'ils n'étaient pas forcément les pionniers du genre.

L'histoire, composée de dizaines d'anecdotes, serait difficile à raconter. Elle s'étale sur quelques années de guerre et d'occupation allemande, avec toutes les difficultés rencontrées par des citoyens « lambda », normaux et un peu perdus dans ce monde aux valeurs bouleversées.
Ce livre est en fait le portrait d'une jeunesse pleine de questions, qui sans être universelle, va en tout cas, compte tenu de son expérience à cette époque, influencer les générations à venir et participer au basculement de société qui a u lieu dès les années cinquante

Oeuvre fortement autobiographique, « Banlieue Sud-Est » décrit les pérégrinations d'une troupe de jeunes gens d'aspect banal au premier abord (familles modestes, simples, destins … tout tracés !) qui va se trouver confronté à de nombreuses situations les obligeant à prendre des décisions dont ils ne seront pas toujours maître. C'est ce qui s'appelle vieillir, ou mûrir avant l'heure.
On trouvera dans ce texte des descriptions de scènes de bombardement vues par les « bombardés » criantes de vérité, entraînant des situations qqui présentent leur lot de lâcheté, de peur, d'égoïsme, mais aussi de bravoure et de courage.
Il faut sauver sa peau, coûte que coûte,, tant pis pour les autres ( la solidarité existe mais finit par avoir ses limites !) C'est vraiment poignant.
Tout cela est décrit sur fond de l'histoire d'un garçon du genre « Apache » qui pensait avoir tout vu, et découvre la notion de premier amour.

Le style est nouveau à cette époque (1947) et la préface de Georges Brassens atteste d'un certain parti-pris politique, résultant de cette période pour le moins troublée.
Certaines tournures argotiques sont magnifiques et sonnent comme des créations grammaticales, que l'on aurait envie d'intégrer au langage courant.

C'est en tout cas, au-delà du récit, une analyse brillante de l'évolution des générations à travers l'horreur et la trahison, avec les aspirations de ces jeunes après le chaos. Avec par exemple :
Une remise en cause de la famille, de l'économie, de l'épargne, de la « bonne éducation »
Le choix de l'argot comme élément distinctif ou de reconnaissance ; en tout cas comme signe de révolte contre un système.
René Fallet a une magnifique capacité de description et nous offre avec ce livre une vision de la guerre, du débarquement, par le petit bout de la lorgnette, pur une fois du côté du peuple sans analyse ni référence historique.
C'est du vécu !
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