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Roger Blachon (Illustrateur)
EAN : 9782207237069
112 pages
Denoël (30/11/-1)
4.32/5   25 notes
Résumé :

Vous n'avez jamais vu l'aube. La vraie. Pas celle du premier train de banlieue. Seul le pêcheur sait le goût exact du matin, le goût du pain et celui du café de l'aurore. Il a, seul, ces privilèges exorbitants. Né subtil, il n'en parle pas. Il garde tout cela pour lui. C'est un secret entre le poisson et lui, l'herbe et lui, l'eau et lui. Poisson, roseau pensant dans les roseaux, je te salue ! Tu mérites, plus que la gu&... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le dimanche, mon pépé se levait aux aurores, éclusait sa chicorée, grignotait un morceau de charcuterie et, toujours à moitié endormi, pédalait comme un dératé pour démarrer son vélomoteur. Il pouvait pleuvoir ou geler à pierre fendre, il sautait sur son deux-roues, quittait son HLM de Créteil pour gagner son coin de pêche du côté de Montereau. A l'arrière, sur le porte-bagages, il réussissait à faire tenir ses cannes, son matériel et son fils de guingois. La matinée de pêche se terminait invariablement par un passage au bistrot histoire de raconter ses exploits aux copains. Au retour, il n'y a pas que la bourriche qui était chargée...

René Fallet a partagé la même passion et parvient à en rendre compte dans ce texte. Il exprime l'amour du petit matin (« c'est à peine l'aurore et je tombe du plume »), les coins de pêche à ne surtout pas éventer, l'intérêt pour le matériel et les techniques de pêche, le coeur qui s'emballe quand on sent une prise se débattre au bout de la ligne et les virées entre potes.

René Fallet fait part de son amour de la nature et condamne une époque où l'on bétonne et pollue au nom du sacro-saint progrès. Pour reprendre ses mots, l'homme est un con pour l'homme qui tue le temps en tuant l'air du temps. En 1973, déjà, face au spectacle de fleuves charriant des gardons crevés, on éprouvait une nostalgie d'une nature préservée et généreuse. Avant, on pensait déjà que c'était mieux avant (ah, les bords de Seine du temps de Maupassant...).

Dans ce récit, on se gausse des m'as-tu vu et on se réchauffe le coeur en partageant une soupe au chou avec les patrons d'un bistrot ou une goutte de prune avec le paysan du coin. La nature, l'humanité, le bonheur...

« Les pieds dans l'eau » est un plaisir de lecture qui a éveillé en moi de jolis souvenirs et une douce nostalgie. Merci M. Fallet.
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René Fallet, scénariste de beaucoup de films des années 60-70 et notamment de la Soupe aux Choux nous fait ici le récit d'épisodes de pêche avec une verve linguistique contagieuse!
Je ne suis pas passionnée par la pêche mais mon conjoint oui, d'où ce livre dans ma bibliothèque, qu'il me conseillait de lire depuis des années. Je ne serai pas aussi enthousiaste que lui, les techniques de pêche qui jalonnent les récits m'intéressant peu mais j'ai pris plaisir à lire ses exploits et défaites exagérément décrits. Surtout, j'ai aimé son rapport à la nature en tant que pêcheur, le regard qu'il porte sur l'eau, les rivières, les poissons, l'aube, les paysages qu'ils voient s'abîmer sous la main de l'homme, quel qu'il soit. Les dernières pages, plus mélancoliques, sont très belles, où la nature et les vicissitudes de la vie se mêlent. retracer ces journées de pêche et les transformations des paysages est aussi une manière pour l'auteur de parler du temps qui passe et qui ne reviendra plus.
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"Les pieds dans l'eau" est un livre héritage dédicacé par l'auteur à ma mère en 1974. Son texte "avec les meilleurs souvenirs piscicoles de René Fallet" est accompagné d'un joli dessin de poisson. C'est ce qui justifie l'existence de ce récit dans ma bibliothèque parce que je n'ai pas d'intérêt particulier pour la pêche.
Ce sont plus des souvenirs qu'un essai même si René Fallet aborde des détails techniques. Si j'ai bien compris il préfère la pêche à la mouche, qu'elle soit sèche ou noyée, mais sans négliger le lancer léger, à la cuillère, au vif, voire à la pomme de terre.
Je ne sais pas si ça existe vraiment parce que René Fallet est assez farceur et c'est avec humour qu'il dit que le pêcheur est un enfant avec ses jouets : ses fils de nylon, ses flotteurs, ses mouches, ses cuillères... Par contre, il parle de la pêche au chénevis mais il n'explique pas ce que c'est.
Peu importe, je préfère quand il raconte l'Aube et philosophe sur sa passion ; il dit par exemple que la pêche est une façon d'oublier toutes les misères du monde.
Au bord de la Besbre, René Fallet s'interroge sur ce qui pousse à tuer les poissons qui ne font pas de bruit. Pour autant, il n'y apporte pas de réponse.
Je pense qu'il s'est fait plaisir avec ce petit livre de souvenirs de ses escapades de jeunesse avec son frère Tarin, en France et en Yougoslavie notamment.
Bien sympathique, sans plus, sauf pour les passionné.e.s de pêche qui s'y retrouveront sans doute.


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Ma rivière, mon amour

Mots clés : pêche, rivière, Jaligny, Allier, Fallet René, EdItions du Cherche-Midi

Par Astrid de Larminat
24/06/2010 | Mise à jour : 16:02 Réagir
Selon René Fallet, à la pêche l'homme devient poète, retrouve des joies d'enfant.

Les bords de mer en été ont leur charme, personne n'en disconvient. Mais lorsqu'on a lu l'ode à la pêche de René Fallet, intitulé Les Pieds dans l'eau , un texte dont la grâce est contagieuse, on donnerait tous les maillots de bains, sacs et raquettes de plage pour une épuisette, un moulinet et des cuillères chatoyantes. La prose de Fallet, rieur mélancolique, réactionnaire par amour de la vie, rimbaldien à ses heures, est rafraîchissante comme un bain d'été. À sa suite, on rêve d'aller tenter sa chance le long des rivières du centre de la France. «La pêche n'est pas ce qu'un vain peuple pense. La pêche est le meilleur prétexte pour être au bord de la rivière, dans le ventre de l'eau.» À l'ombre des aulnes et des saules, la sensibilité vibre. L'homme en pêchant devient poète.

Lorsqu'il se lève avant l'aube, boit son café, seul, prépare son amorce et ses cannes, Fallet est le roi du monde qui dort encore. Il va se poster au bord de la modeste ­Besbre, dans l'Allier, son pays, pas spectaculaire pour un sou, mais c'est comme s'il s'en allait affronter Moby Dick. le pêcheur est épique, tragique parfois. S'il rate une truite longtemps combattue, c'est comme s'il ratait sa vie. Mais quand il prend dans sa main le gardon qu'il vient de tirer des eaux, le regardant happer l'air qui l'asphyxie, il l'entend crier de peur et de douleur. Il aime son poisson. Car le pêcheur est sentimental. Il est l'amant de l'eau. La rivière est sa femme, elle est féconde, pleine de promesses. «Jamais je ne me suis lassé, ne me lasserai de cet instant-là, où l'eau, jusque-là étrangère, devient tout à coup femelle et caresse (…), vous enveloppe les jambes de fraîcheur. C'est le bien-être et c'est la volupté, la joie de vivre et sa fragilité.» le premier brochet d'un pêcheur, c'est comme la première fille de Brassens. Il ne l'oubliera jamais.

En bordure de paradis
Fallet écrit sa pêche en la vivant, revit sa pêche en l'écrivant. En le lisant, on est dans ses bottes, au bord de la rivière, en bordure de paradis. On rit avec lui de ses mésaventures. Suite à un lancer maladroit, l'hameçon se pique dans sa joue : blessure de guerre des boutons… Tout à sa passion, le pêcheur retrouve les sensations, les joies et les espoirs de l'enfance, rehaussés d'un fond de tristesse, parce qu'il pressent qu'un jour la mort l'arrachera, comme un petit poisson, à ce bonheur terrestre. du moins le sait-il et goûte la vie qui coule trop vite.

Les pieds dans l'eau de René Fallet, Le Cherche Midi, 108 p, 12 €.


POUR ACHETER LE LIVRE :

» Les pieds dans l'eau, de René Fallet, Le Cherche Midi, 11,40€ sur Fnac.com


Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
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Superbe récit sur la pêche qui plaira aux initiés comme aux non-initiés. Avec ce côté poétique propre à l'auteur pas toujours apprécié à sa juste valeur...
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Je pose ma canne, décroche le poisson.
Parfois, l'hameçon est fiché si profondément dans la gueule qu'il faut user d'un autre instrument barbare appelé, tenez bon la rampe, âmes sensibles, "dégorgeoir". Cette opération chirurgicale n'a rien d'agréable, à moins d'avoir servi jadis dans les rangs des SS. J'ai toujours prétendu que si les poissons hurlaient de peur, puis de douleur, il y aurait moins de pêcheurs au bord de l'eau.
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S’il ne s’agit que de réagir contre le poulpe de la connerie aux mille ventouses, que de douter (...) de la France future des promoteurs et des ordinateurs, de la France de Créteil et de La Défense, de la France des Tours Montparnasse et des tours de cochons, alors c’est vrai, j’avoue, je suis réactionnaire. Qu’en tant que tel on me pende par les noix, qu’on me les couse dans la bouche pour m’empêcher de gueuler. Quoique réactionnaire, avec le droit de grève je revendique celui, pour le moins démocratique, de gueuler à tue-tête. C’est français, n’est-ce pas ?
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Ces propos (...) sont interrompus par l’arrivée de Tartarin. Un personnage de cinquante ans aux traits amollis par les gifles, au maintien flasque d’auteur de lettres anonymes, au menton fuyant pour mieux se cacher sous les replis du cou, bardé de cannes à pêche et de musettes, vient d’entrer dans le café. Solennel, maître de lui comme de l’univers, c’est ce monsieur important que nous avons tous, hélas, approché, qui conduit mieux que quiconque, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds par le patron, qui commande à la maison, qui France aux Français, qui n’est pas tombé de la dernière averse, qui a sa conscience pour lui, qui a été jeune lui aussi, qui ne sait pas qu’il est cocu par son voisin ni que ses enfants, entre eux, ne l’appellent que « le vieux con ».
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L’homme n’est pas un loup pour l’homme, ainsi qu’on l’affirme. Il est pis que cela. En vérité, l’homme est un con pour l’homme. Incapable de vivre, inapte, inepte au plaisir, il lui gâche la vie, lui souille le plaisir, lui chausse de force l’amour de gros sabots, cet amour né pour voler en pantoufles de vair. Entre deux guerres, il tue le temps en tuant l’air du temps.
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En avons-nous vu, de ces « 75 » (...) entassés sur des terrains de football transformés en aires de camping et exposés en plein soleil ! Parqués sans même un berger pour les retenir là, nostalgiques d’Orléans-Clignancourt et de Vincennes-Neuilly, ils pèlent en écoutant Europe et Luxembourg, le caniche tondu et la belle-mère poilue à portée de la main, hument entre deux jeux radiophoniques la bonne air des campagnes lointaines et des chiottes plus proches.
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Videos de René Fallet (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de René Fallet
22 janvier 1977 René Fallet, dans son bureau parle du chat en général et présente son chat Siamois, Bonnot. Pour lui il y a quelque chose de féminin chez le chat. Photographies de Georges Brassens.Photographie de chat.
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