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EAN : 9791094428320
Fleur Sauvage (13/10/2016)
4.62/5   4 notes
Résumé :
D'occase, c'est l'histoire d'un jeune type dont le nom ne vous dira rien. Pas plus méchant qu'un autre, il essaye d'être auteur et essaye d'aimer une femme. Mais il a des problèmes parce que, comme beaucoup d'hommes, il ne sait pas faire deux choses en même temps. Et puis, tout le monde s'en mêle. Sa famille parfois encombrante. Une vieille gloire odieuse. Son éditeur un peu canaille. Ses potes. Celui qui revient de sa cambrousse sans crier gare, celui qui meurt pen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Si je te dis D'occase, tu penses tout de suite à Louis la brocante. Ou à Guillaume et son fameux rasoir. Par association d'idées, tu vas imaginer un bouquin barbant. À quoi je te réponds “que nenni, mon brave”, parce que j'ai pris XVe siècle LV2 au collège.


L'histoire d'un écrivain qui vient de sortir son premier roman. Il découvre le monde merveilleux de la prostitution littéraire. Il n'a aucune idée de ce qu'il est censé faire. C'est pas la joie.
Commençons par enfoncer les portes ouvertes. Quand un auteur met en scène un personnage écrivain, faut pas s'étonner si le récit a des accents autobiographiques (expression un peu bête, je te l'accorde, vu qu'autobiographique s'écrit sans accent). Certaines scènes, je pense en premier lieu à la dédicace en supermarché, sentent le vécu. D'occase pourrait être rangé avec les témoignages de guerre, entre les tranchées de papier et le Vietnam des espaces culturels.
Si tu es auteur en herbe et que tu cherches des conseils d'écriture, je te renvoie au bien nommé Écriture de Stephen King. Et si tu veux savoir ce qui t'attend une fois ton bouquin sorti des presses, D'occase t'en donnera un aperçu édifiant. Comme mon intro mais en mieux, parce que Marc Falvo écrit bien, lui. Mine de rien (festival des expressions à la gomme…), ce roman a valeur de guide de survie en milieu littéraire. Un manuel, une bible. Loin de l'image éthérée de l'écrivain, du côté glamour, gloire et beauté, il dépeint l'envers peu reluisant du décor. L'auteur qui rame, les séances de dédicace où tu t'ennuies à crever, les compromissions alimentaires, les doutes, la solitude.
Ah, la solitude de l'écrivain… Non, pas “ah” en fait, c'est un putain de lieu commun. Sauf qu'entre les mimines de Falvo, le cliché dépasse le stade du Wanderer über dem Nebelmeer (que j'ai toujours imaginé en train de pisser dans l'eau). D'occase ne se limite pas à une autobio pleine de moi-je et d'auto-apitoiement. Comme avec Céline, on serait bien en peine de démêler la réalité de la fiction. Pour quoi faire de toute façon ?… Et comme avec Céline (bis), le je déborde sur le nous.
Cet auteur paumé, dichotomisé entre l'envie d'être unique et certaines aspirations à la normalité, pourrait être n'importe qui. Il rêve de bonheur, comme tout le monde. Il a envie de profiter des bons moments en famille, entre potes, avec sa nana, rien d'extravagant. Mais il foire souvent le coup. Soit parce que l'écriture l'obnubile au point qu'il loupe le coche. Soit parce qu'il n'a aucune idée de ce qu'il doit faire. Un cercle vicieux, puisque faute d'avoir le mode d'emploi de la vie, il se réfugie dans l'écriture, bonne justification pour se poser à l'écart, bonne excuse pour être à côté de la plaque. Et bon plan pour passer à côté de l'existence.


“Un auteur peut pas toujours écrire, faut aussi vivre quelquefois.” Une phrase qui résume bien la quête du personnage. Et tu noteras qu'elle fonctionne avec n'importe quelle forme d'aliénation (surtout le travail en fait). Les questions que se pose ce “jeune mec dont le nom ne nous dira rien”, on se les pose tous. Ou en tout cas on devrait. Ce gus ne se résume pas à une version romancée d'un Falvo jouant les Narcisse. Il y a en lui quelque chose de commun à tous les lecteurs : les doutes, l'improvisation constante, les désillusions, les réussites qui te pètent au nez, les échecs qui te font rebondir…
Falvo peut se permettre de déblatérer de la grande phrase sur la condition humaine sans avoir l'air de pontifier comme un vieux con. Parce que son (anti)héros, c'est tout le monde et n'importe qui. Raison pour laquelle on l'aime bien, même quand il se comporte comme un trou du cul (et ça, c'est narcissique).
“Et est-ce qu'il existait en fait, ce fameux coin tranquille qu'on cherchait tous ? (…) Est-ce qu'au fond, ce monde n'était-il pas un vaste coin tranquille peuplé d'anxieux et de jaloux ?” Bon ben, si ça c'est pas de la phrase à portée universelle, je ne sais pas ce qu'il te faut.
D'occase te raconte une vie bien spécifique et en même temps la vie de monsieur tout le monde.


Tout ça pour lever une gonzesse… En temps normal, les quêtes du bonheur et les amourettes ont tendance à m'endormir au bout de quatre lignes. Falvo, lui, avec cette romance célinienne teintée de Djian, a su me maintenir éveillé, des questions plein la tête. Entre “l'ennui, le désespoir, le mépris, et l'infinie désillusion” que je repique de la quatrième de Crocodiles, le cynisme, la dérision, l'humour, D'occase a beaucoup de choses à raconter.
En vrac souvent.
Le gars Falvo te raconte une histoire, tu l'écoutes. Tu ne sais pas où il t'emmène, tu n'es pas sûr qu'il le sache lui-même. D'occase sonne juste, c'est tout ce qui importe. Une justesse qui doit beaucoup à la spontanéité du style, très oral et décontracté (cf. ce que j'en disais sur Série B, ça m'évitera de me copier/coller).
Le récit peut donner l'impression d'un foutoir qui part dans tous les sens. Un coup une dédicace, un coup du bricolage entre potes, une autre fois une virée à la montagne. Succession de saynètes avec de l'ellipse à foison entre deux, qui d'ordinaire vaudrait une belle gueulante sur le côté décousu.
Pour l'occase, non. Déjà, parce que suivre le personnage minute par minute deviendrait vite chiant. On s'en fout de savoir qu'entre telle et telle scène il a vu Machin, lavé ses caleçons, écrit trois pages… On le devine au chapitre suivant sans avoir besoin de le raconter. Ensuite, parce que cette déstructuration reflète le quotidien du personnage. Paumé dans sa vie en particulier et l'existence en général. Qui voit son petit monde bouleversé (sa soeur entre dans l'âge adulte, ses rêves d'auteur face à la réalité, son premier vrai grand amour…). Et qu'avait de toute manière pas une vie structurée à mort. Enfin, parce que Falvo te raconte l'histoire d'un mec. Et sa vie comme la tienne, c'est juste un enchaînement de journées, d'anecdotes, de périodes sans transitions chiadées comme dans une dissertation.


D'occase, un bouquin à ne pas rater et qu'en est une, d'occase. Il vaut le coup qu'on y mette le prix du neuf (vanne que Falvo a dû entendre 2672 fois, mais je n'ai honte de rien).
Lien : https://unkapart.fr/d-occase..
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L'histoire d'un écrivain qui vient de sortir son premier roman. Il découvre le monde merveilleux de la prostitution littéraire. Il n'a aucune idée de ce qu'il est censé faire. C'est pas la joie.

Commençons par enfoncer les portes ouvertes. Quand un auteur met en scène un personnage écrivain, faut pas s'étonner si le récit a des accents autobiographiques (expression un peu bête, je te l'accorde, vu qu'autobiographique s'écrit sans accent). Certaines scènes, je pense en premier lieu à la dédicace en supermarché, sentent le vécu. D'occase pourrait être rangé avec les témoignages de guerre, entre les tranchées de papier et le Vietnam des espaces culturels.
Si tu es auteur en herbe et que tu cherches des conseils d'écriture, je te renvoie au bien nommé Ecriture de Stephen King. Et si tu veux savoir ce qui t'attend une fois ton bouquin sorti des presses, D'occase t'en donnera un aperçu édifiant. Mine de rien, ce roman a valeur de guide de survie en milieu littéraire. Un manuel, une bible. Loin de l'image éthérée de l'écrivain, du côté glamour, gloire et beauté, il dépeint l'envers peu reluisant du décor. L'auteur qui rame, les séances de dédicace où tu t'ennuies à crever, les compromissions alimentaires, les doutes, la solitude.
Cet auteur paumé, dichotomisé entre l'envie d'être unique et certaines aspirations à la normalité, pourrait être n'importe qui. Il rêve de bonheur, comme tout le monde. Il a envie de profiter des bons moments en famille, entre potes, avec sa nana, rien d'extravagant. Mais il foire souvent le coup. Soit parce que l'écriture l'obnubile au point qu'il loupe le coche. Soit parce qu'il n'a aucune idée de ce qu'il doit faire. Un cercle vicieux, puisque faute d'avoir le mode d'emploi de la vie, il se réfugie dans l'écriture, bonne justification pour se poser à l'écart, bonne excuse pour être à côté de la plaque. Et bon plan pour passer à côté de l'existence.

“Un auteur peut pas toujours écrire, faut aussi vivre quelquefois.” Une phrase qui résume bien la quête du personnage. Et tu noteras qu'elle fonctionne avec n'importe quelle forme d'aliénation (surtout le travail en fait). Les questions que se pose ce “jeune mec dont le nom ne nous dira rien”, on se les pose tous. Ou en tout cas on devrait. Ce gus ne se résume pas à une version romancée d'un Falvo jouant les Narcisse. Il y a en lui quelque chose de commun à tous les lecteurs : les doutes, l'improvisation constante, les désillusions, les réussites qui te pètent au nez, les échecs qui te font rebondir…
Falvo peut se permettre de déblatérer de la grande phrase sur la condition humaine sans avoir l'air de pontifier comme un vieux con. Parce que son (anti)héros, c'est tout le monde et n'importe qui. Raison pour laquelle on l'aime bien, même quand il se comporte comme un gougnafier (et ça, c'est narcissique).
“Et est-ce qu'il existait en fait, ce fameux coin tranquille qu'on cherchait tous ? (…) Est-ce qu'au fond, ce monde n'était-il pas un vaste coin tranquille peuplé d'anxieux et de jaloux ?” Bon ben, si ça c'est pas de la phrase à portée universelle, je ne sais pas ce qu'il te faut.
D'occase te raconte une vie bien spécifique et en même temps la vie de monsieur tout le monde.

Tout ça pour lever une nana… En temps normal, les quêtes du bonheur et les amourettes ont tendance à m'endormir au bout de quatre lignes. Falvo, lui, avec cette romance célinienne teintée de Djian, a su me maintenir éveillé, des questions plein la tête. Entre “l'ennui, le désespoir, le mépris, et l'infinie désillusion” que je repique de la quatrième de Crocodiles, le cynisme, la dérision, l'humour, D'occase a beaucoup de choses à raconter.
Le gars Falvo te raconte une histoire, tu l'écoutes. Tu ne sais pas où il t'emmène, tu n'es pas sûr qu'il le sache lui-même. D'occase sonne juste, c'est tout ce qui importe. Une justesse qui doit beaucoup à la spontanéité du style, très oral et décontracté.

D'occase, un bouquin à ne pas rater et qu'en est une, d'occase. Il vaut le coup qu'on y mette le prix du neuf (vanne que Falvo a dû entendre 2672 fois, mais je n'ai honte de rien).
Lien : https://unkapart.fr/d-occase..
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A chaque fois que je démarre une nouvelle lecture, je me demande comment l'auteur va démarrer son roman, c'est presque une appréhension.
Je me focalise sur cette première ligne, ce premier paragraphe, en imaginant que ce doit être les plus durs à trouver.
Je n'y connais pourtant rien en écriture, on a parfois des idées fixes et dans ce roman "D'occase", concernant cette première ligne et ce premier paragraphe, je suis tombée sur une introduction étonnante, mais il n'y a que Marc Falvo pour vous faire un effet pareil.

D'ailleurs, c'est son neuvième roman que je lis, on peut clairement parler de diversité, avec des styles très différents.


Un jeune auteur commence à vendre son premier roman, il a vraiment du mal à croire que ça lui arrive à lui.
Les rencontres avec le public, voir des lecteurs lire son livre dans le métro...
Il a du mal à croire que peut-être, il n'est plus le déchet inutile que lui renvoyait son miroir.
Son ami Vincent lui demande de l'aider dans la réalisation de travaux sur sa résidence secondaire et c'est avec plusieurs de ses potes, qu'ils vont passer la semaine.
Un bon moyen pour s'oxygéner et sortir de chez lui, sauf que tout ne va pas être des plus simple...

Je n'attendais pas du tout l'auteur (le vrai) sur ce terrain là, un terrain glissant, casse-gueule même et c'est réussi.
De la littérature générale, sans meurtre, sans la moindre goutte de sang, mais en gardant sa patte décontractée habituelle et au combien efficace.

J'ai suivi le quotidien d'un jeune écrivain, où comme dans la vraie vie, rien n'est facile, rien ne tombe tout seul.
J'ai aimé voir avec ses yeux et vivre de ses écrits reste rare, celui qui se lance peut s'y casser les dents très facilement.
Vous plongerez aussi dans les travers de sa maison d'édition, il est possible que l'on ait une vision tronquée de ces corps de métier littéraire.
Certains y voient un rêve, mais est-il aisé à transformer en réalité?

Un sort bancal qu'il convient peut-être de redresser, afin de vivre un peu plus normalement.
Si toutefois la normalité à une définition précise.
Vouloir payer ses factures et être heureux semble être une bonne approche.

J'ai apprécié ma lecture et j'ai bien compris que Marc Falvo n'a pas dit son dernier mot, il a plusieurs cordes à son arc et je suis très curieuse de savoir dans quel style sera le prochain roman.
Lien : https://leshootdeloley.blogs..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Et est-ce qu’il existait en fait, ce fameux coin tranquille qu’on cherchait tous ? (…) Est-ce qu’au fond, ce monde n’était-il pas un vaste coin tranquille peuplé d’anxieux et de jaloux ?
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Pourquoi est-on plus triste à l’enterrement d’un kangourou qu’à celui d’un pote ?
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Un auteur peut pas toujours écrire, faut aussi vivre quelquefois.
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