AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782809709094
873 pages
Editions Philippe Picquier (28/03/2013)
4.04/5   12 notes
Résumé :
Enraciné dans les tumultueuses gorges du Mékong et la montagne sacrée du Khawa Karpo, Une terre de lait et de miel apparaît comme un roman singulier dans le paysage de la littérature chinoise contemporaine. A l'aube du XXe siècle, des missionnaires français arrivent au Tibet, convaincus qu'ils doivent dresser la croix du Christ sur ces terres païennes. Tout au long du siècle va se dérouler l'histoire de cette minuscule et précaire église catholique accrochée à flanc... >Voir plus
Que lire après Une terre de lait et de mielVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Voici un grand récit qui ravira celles et ceux qui s'intéressent à l'histoire du Tibet au siècle passé et les personnes ayant soif de connaissances historiques et religieuses.
Dans cette région montagneuse où se côtoient tibétains et naxis (un peuple qui jusqu'ici m'était totalement inconnu), ayant chacun leur propre religion, arrivent des missionnaires catholiques qui décident de bâtir une église face au monastère des moines bouddhistes. S'en suivent de nombreuses guerres et faits d'armes fantastiques ou démonstrations de force truquées. le réel se confronte sans cesse à l'imaginaire, des légendes éclosent, la rumeur amplifie la réalité. Nous nous attachons (ou pas au vu de la sauvagerie de certains) aux multiples personnages de ce beau roman.
Puis survient l'armée rouge... Ce livre a été écrit par un chinois, certains passages ont été censurés, plus dans cette dernière édition mais peut-être subsiste-t-il un peu d'auto-censure ?
Je recommande donc fortement cet ouvrage, mis à part l'ordre des chapitres, complètement décousu, inutilement à mon sens : des années vingt on saute aux années soixante, on passe du début à la fin du siècle, etc...
Commenter  J’apprécie          314
Une terre de lait et de miel, Fan Wen

Ecrit par Adrien Battini 04.07.13 dans La Une Livres, Recensions, Les Livres, Asie, Roman, Philippe Picquier


Une Terre de Lait et de Miel, traduit du chinois par Stéphane Lévêque, mars 2013, 880 p., 26,50 €
Ecrivain(s): Fan Wen Edition: Philippe Picquier


Une terre de lait et de miel, Fan Wen






A l'heure des grandes transhumances estivales, Une Terre de Lait et de Miel et ses 880 pages se présentent comme le candidat idéal auprès du voyageur soucieux de rationaliser au maximum son paquetage littéraire.

Certes, le nombre de pages n'a jamais été un critère infaillible certifiant la qualité d'un texte donné. Néanmoins, cela atteste implicitement d'une certaine ambition littéraire, ce qui constitue en l'occurrence une des grandes forces du roman de Fan Wen.

L'écrivain chinois s'est choisi un cadre unique (les gorges du Mékong aux alentours du mont Khawa Karpo) et d'en relater un siècle d'événements. Première audace formelle, Fan Wen rompt avec une structure narrative linéaire et opte pour un découpage ou plutôt un panachage de décennies où l'on passe, entre autres, de la fin du XIXème siècle au début du XXIème pour se conclure dans les années 50. Ce parti pris d'écriture équivaut ainsi à un petit challenge de lecture où l'amateur des oeuvres de Tolstoï ne sera guère dépaysé. Au lecteur de se retrouver dans cette myriade de personnages et de retracer les lignées des différents clans qui n'ont eu cesse de s'opposer dans cette petite portion du Tibet.



S'il est difficile de résumer près de 900 pages de chronique, certaines idées-forces s'imposent à la lecture. Une Terre de Lait et de Miel s'ouvre sur la constitution précaire d'une mission catholique dans le Tibet. de fait, les gorges du Mékong seront un théâtre perpétuel de la rencontre religieuse, avec son lot d'incompréhension, de haine, de conflit, mais aussi de dialogue, de retrouvailles, d'acceptation ou de résignation. Derrière ces grands ensembles (bouddhisme, catholicisme, religion donbga ou le marxisme maoïste), se dessine en filigrane le deuxième axe du roman.

Si le déchirement politique, idéologique ou religieux semble tenir de l'éternel recommencement, Une Terre de Lait et de Miel possède toutefois sa propre linéarité. Progressivement, l'auteur détourne son intérêt et renvoie dos-à-dos les identités potentiellement destructrices pour mieux s'intéresser aux destinées individuelles, aux passions amoureuses, aux rédemptions et autres accomplissements personnels. Une démarche proprement humaniste anime littéralement le roman jusque dans sa conclusion, magistrale dans son évidence et magnifique par la beauté des images convoquées.

Quelques mots sur l'écriture de Fan Wen. Sans fioriture, extravagance ou autre excès stylistique, cette plume garde la nécessaire distance avec son récit et ses personnages, qui lui permet par là-même d'atteindre avec justesse les émotions ciblées. Impossible de ne pas saluer le subtil humour de l'écrivain lorsqu'il décrit, toujours avec bienveillance, les superstitions populaires du peuple tibétain et ses croyances dans les pouvoirs surnaturels des mages locaux. Impossible non plus de ne pas s'émerveiller dans les moments lyriques, plus rares, hommages à la nature ou images évanescentes des âmes en perdition.

Impossible enfin, de ne pas frissonner à la lecture des passages plus intimes, car rarement dans un roman l'amour paternel n'aura été restitué avec autant de pureté. Une Terre de Lait et de Miel n'est pas seulement cette saga, dense, qui tiendra en haleine le lecteur chapitre après chapitre.

Ce seul aboutissement narratif mérite le détour, mais ce serait ignorer les indéniables richesses, littéraires, émotionnelles voire initiatiques d'un roman qui n'a rien à envier au Cent Ans de Solitude de Garcia Marquez, et qu'il serait dommage de ne pas soutenir et célébrer en tant que tel.


Commenter  J’apprécie          151
Tibet, bouddhisme tibétain, comportement de l'église catholique en terrain à “civiliser” par sa foi, voilà des sujets qui m'intéressent ; raison pour laquelle je n'ai pas hésité à prendre ce livre trouvé dans la boite à lire de ma commune, installée seulement quelques jours auparavant.

Dès le début on est plongés au coeur de la société tibétaine de la fin du XIXe siècle. Une société avec des tribus qui ne cessent de guerroyer pour des broutilles, comme au moyen âge en occident.
Découverte de la culture des Naxi, une particularité au sein de la culture tibétaine, elle-même une particularité en Asie.

Les prêtres catholiques qui montrent enfin leur vrai visage, une fois qu'ils se sont approprié le minimum de connaissances pour comprendre leur environnement. Car, contrairement à d'autres continents, ils ne sont pas arrivés là au chaud derrière une armée.

Viennent ensuite les 4 chapitres aimablement soustraits aux yeux des lecteurs de la république populaire de Chine par sa bienveillante censure : ceux parlant des périodes invasion du Tibet puis révolution culturelle.

Entre ces chapitres, retour à des époques non clairement datées pour nous narrer les guerres que se livraient les chefs locaux ; les luttes elles aussi incessantes entre les divinités et les démons.
Ce qui fait que l'histoire tourne sacrément en rond. Que c'est loooong ! Bien plus long que le Mékong.

Donc, après sept jours de lecture assidue, j'ai jeté l'éponge (abandonné ce livre pour en prendre un autre) à la page 438 sur 873, soit à la moitié.

Je ne regrette cependant pas ma lecture car je m'y suis instruit.
Commenter  J’apprécie          40
Un pavé parfois un peu déroutant mais dense et donc parfait pour les vacances qui arrivent. Direction : les gorges inaccessibles du Tibet sur fond de mutation religieuses et politiques - l'ami chinois impérial puis maoïste n'étant jamais bien loin.

Moines bouddhistes, missionnaires chrétiens et chefs de tribus entremêlent leurs vies et leurs croyances. Et leurs tribulations nous font réfléchir entre autres sur notre rapport à l'autre, la compassion et la tolérance.

Malgré un vocabulaire et des notions pas toujours évidentes (je connais peu le bouddhisme tibétain du coup j'étais parfois un peu perdue), c'est un livre dépaysant que nous propose Wen Fan.

Le rythme est un peu inégal mais j'ai beaucoup aimé les incursions du fantastique et du mystique traitées comme des évidences par tous les personnages. La plume de l'auteur, bienveillante et au final assez drôle même quand il décrit des horreurs, m'a également charmée.

Pas le coup de coeur de l'année mais un jolie découverte !
Commenter  J’apprécie          50
XX siècle, terres tibétaines du nord du Yunnan, dans les profondes et sinueuses gorges du Mekong. Fan Wen brosse des histoires autour de la grande Histoire de la Chine.
Commenter  J’apprécie          60

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La capitaine anglais se signa devant le crucifix et fit une prière silencieuse avant d'ajouter :
— Nous sommes venus pour nous défendre contre les Russes.
— Vous êtes ici devant le Christ, alors dites la vérité ! Les Russes se trouvent au nord du Tibet alors que c'est à l'est que vous êtes accourus !
Un instant troublé par cette remarque, le capitaine changea de sujet :
— Mon père, pourquoi êtes-vous venus évangéliser le Tibet ?
— Cela ne vous regarde pas, dit le prêtre piqué au vif. Il rendre à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu ! Seul Dieu sait ce dont le Tibet a le plus besoin. Et ce n'est certainement pas de vos armes.
— Mon père, fit respectueusement le capitaine. Pardonnez mon audace, mais rien ne dit non plus que votre croix soit absolument nécessaire aux Tibétains.
Commenter  J’apprécie          00
—Sur la terre du Tibet, nous avons toujours bâti les citadelles des divinités, alors de quel droit les Occidentaux viendraient-ils les détruire ? Que penseraient-ils si les nôtres allaient mettre leurs croix en pièces ?
— Eh bien, dit Ludrung Chime, chef des moines-soldats du monastère, allons briser leurs croix !
— Un homme de foi ne peut répondre à la haine par la haine. Si tu abats leurs croix, ils feront de même avec nos chörten. Puis nous irons brûler leur église et eux, ils feront appel à l'armée pour détruire notre monastère. On ne peut subjuguer les sortilèges de l'adversaire autrement que par le verbe et la sagesse, car celui qui tue à cause de disputes religieuses n'a pas l'esprit d'un homme de foi.
Commenter  J’apprécie          00
Après ces moments difficiles pour l'église, la communauté s'était agrandie de trois orphelins, six paroissiennes étaient devenues veuves, les deux tiers des familles avaient souffert à des degrés divers. Devant ce pays ravagé par la guerre et ces gens sans famille, le père Charles eut soudain le sentiment qu'il n'est rien de plus ironique pour la foi elle-même que ces guerres de religion. L’Évangile et l'amour de Dieu n'auraient jamais dû être à l'origine des haines sur cette terre. le Dieu des chrétiens était désormais du sable dans les yeux des bouddhistes tibétains.
Commenter  J’apprécie          00
Celui qui ne connait que sa seule croyance est incapable de saisir toutes ses profondeurs.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : histoire du tibetVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (43) Voir plus



Quiz Voir plus

L'Année du Dragon

Ce samedi 10 février 2024, l'année du lapin d'eau laisse sa place à celle du dragon de bois dans le calendrier:

grégorien
chinois
hébraïque

8 questions
127 lecteurs ont répondu
Thèmes : dragon , Astrologie chinoise , signes , signes du zodiaques , chine , culture générale , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}