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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
BLACK LIVES MATTER!
La statue de l'impératrice Joséphine de Beauharnais déboulonnée et jetée, à terre, par des activistes anti-colonialistes, à Fort de France en Martinique. "Le Parisien.fr le 26/07/2020.
Statue déjà décapitée en 1991..

Le livre " Peau noire, masques blancs" parlait du rapport ambigu du noir Martiniquais envers le blanc de la métropole, en 1952.
Une antillaise "de la société " se refusera à épouser un noir, en prétextant son manque d'éducation ou son machisme, mais in-fine, c'est surtout à cause de sa couleur de peau...

"Dussé je encourir le ressentiment de mes frères de couleur, je dirai que le Noir n'est pas un homme." Ose Frantz Fanon, écrivain, docteur et psychiatre et... Martiniquais.
"Le Noir veut être Blanc, Le Blanc est enfermé dans sa blancheur. le Noir dans sa noirceur."

Car, les Blancs s'estiment supérieurs aux Noirs, et les Noirs veulent démontrer le contraire."
Comment s'en sortir?
(Nous sommes en 1952. Mais, les mentalités changent difficilement et lentement, voir les actualités sur les crimes racistes.)

Frantz Fanon parle simplement, clairement (pardon!) et avec humour (c'est un psy!) du rapport entre Noir Martiniquais et Blanc. Car "le Noir se comporte différemment avec un Blanc et un autre Noir."
- Dans le langage:
on interdit l'usage du créole dans certaines familles, ("il faut parler le français de France, le français du Français ")
L'indigène, celui-qui-n'est-jamais-sorti-de-son-trou étant le "Bitaco", le pauvre nègre...

Et "parler comme un livre déchiré", c'est parler comme un blanc".
"Comme un livre déchiré", en créole: c'est parler à tort et à travers :-) le Noir qui débarque, en France, ne parle que français et ne comprend plus le créole.
Mais... Et l'auteur rapporte des anecdotes "comiques" :
Un prêtre a remarqué, parmi ses pèlerins catholiques, un bronzé et lui demande, doucereux:
"Toi, quitté grande Savane, pourquoi et venir avec nous?"
On en rit, mais Frantz Fanon nous éclaire sur le quiproquo et ce parler petit-nègre condescendant, d'un curé... enfariné.

C'est une lecture amusante et instructive, qui peut faire réfléchir sur le racisme et sur les préjugés. L'auteur y convoque Cheik Anta Diop, JP Sartre et d'autres dont Aimé Césaire (député et maire de Fort de France)

"Je parle à des millions d'hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d'infériorité... le larbinisme." Aimé Cesaire, Poète, écrivain et Député Martiniquais.
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Bonjour, aujourd'hui nous allons parler des nègres ! Vous me suivez ?

Voici un magnifique essai de Frantz FANON, édité en 1952, mais qui est toujours très instructif et toujours d'actualité pour certains sujets (malheureusement).

Alors, un nègre c'est quoi ?

Eh bien, ça dépend, car il s'agit d'une construction sociale ; un Noir ne se rend compte de sa négritude que lorsqu'il va vivre chez le Blancs ! Et oui !

Cet essai explore plus particulièrement le nègre martiniquais, mais il étend sa réflexions sur d'autres noirs également. D'ailleurs, savez-vous que pour le Martiniquais, le noir c'était l'Africain bien noir, et pas lui ?

Comment se construire quand l'éducation est donnée par des blancs, la culture aussi : imaginez un Martiniquais en classe, quand on lui parlait de ses ancêtres les Gaulois (sic) et quand tous les héros des contes étaient blancs, par contre les méchants, les sauvages étaient souvent noirs !

Parce que oui, les noirs sont des sauvages, des assassins et en plus, les hommes doivent s'en méfier, parce qu'ils sont bien membrés et font fantasmer les femmes…

Mythes et clichés qui pour certains ont encore cours aujourd'hui ; comme si la couleur devait fatalement vous mettre dans des cases.

Frantz FANON ne donne pas tous les torts aux Blancs ; il reproche aussi aux Noirs d'accepter leur sort, de vouloir se « blanchir » et de parfois rejeter ses frères, se désolidariser d'eux, pour être considéré comme Blanc et donc comme civilisé et instruit !

Il serait difficile ici de retranscrire toute la richesse de cet essai mais je vous le recommande fortement, parce qu'il est bien construit, avec des exemples et des textes à l'appui. Parce que cette construction sociale du Noir, et les clichés inventés par la société, existe encore aujourd'hui et que cette même construction de clichés est aussi employée pour d'autres (homosexuels, femmes) et les gens les intériorisent parfois sans s'en apercevoir.

Alors soyons vigilants et réfléchissons un peu avant d'avoir des idées toutes faites qui ont été véhiculées sans fondement pendant des décennies voire des siècles.

Bref, un essai sur la « négritude » à mettre en toutes les mains…

À lire quelque soit la couleur de votre peau, sous le soleil de la Martinique, ou sous une lampe à bronzer, en dégustant une glace-coco accompagnée d'un Ti-punch. Bonne lecture !

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Un livre que j'ai lu il y plus de 20 ans, quand j'étais à la fac. L'ouvrage qui m'a permis de penser la complexité de la colonisation et des rapports de domination qui contribuent à la formation de l'identité. Toujours d'actualité.
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A lire, certainement. Certains passages ou reprises de paroles d'autres auteurs ou penseurs (catastrophiques ou constructifs) sont parfois ardu, ce n'est pas une lecture facile. Cela dit, c'est parsemé de "punchlines", mais remplie de sens et de force qui sont des coups de poings salutaires, pour s'éveiller à des réalités qui nous ont échappées, écouter, apprendre.
L'aspect psychanalytique de la réflexion semble avoir été une nécessité pour Fanon, mais ce n'est que pour mieux la dépasser, notamment dans ses conclusions.
Sartre retrouve des couleurs, si je peux me permettre.
La lecture hégélienne également. Bien intéressant.
Se comprendre, se réapproprier et ensuite convoler.
De l'humanisme pur et dur.
Fanon est à la mode et j'espère que le feu ne sera pas un feu de paille. La prochaine fois, le feu ; maintenant le feu, maintenir le feu, main-tenir.
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Je viens d'achever la lecture de ce texte poignant de Frantz Fanon. Ecrit au début des années 50, son message reste hélas plus que jamais d'actualité.
L'auteur nous expose le fruit d'un travail psychanalytique sur le rapport entre hommes noir et blanc. Il explique avec beaucoup d'acuité les conséquences psychiques de l'asservissement d'un groupe humain sur des critères raciaux. le complexe d'infériorité est notamment analysé. Il conduit de fait à l'assimilation forcée du modèle européen aux dépens des cultures autochtones. Fanon étend son raisonnement en se présentant comme le défenseur de tous les peuples colonisés car la liberté est, selon lui, la plus précieuse des valeurs humaines.
Pensée authentique, à lire et relire.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Ce livre parle du complexe d'infériorité bien davantage que du racisme dans son acception la plus restreinte et, ce faisant, il ne ménage personne. Car le racisme n'a pas pu exister sans causer un complexe d'infériorité non moins stupide. Une réflexion qui peut être transposée à d'autres rapports de domination.
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Cet ouvrage est vraiment brillant. Il se lit avec un esprit bien cultivé, et si possible des connaissances certaines dans la psychologie et la psychanalyse.
Frantz Fanon est un homme très inspirant qui réfléchit avec beaucoup de clarté. Sa plume est juste saisissante, mot après mot, page après page.
Il dissèque, critique, évalue ce qui s'écrit et se joue dans la société et vient dire noir sur blanc (☺) que les blancs ont tenté d'asseoir une domination sur les noirs et y parviennent, cela même via les personnes noires (qui ont un racisme intériorisé).

Il parle de la différence entre le noir né dans.un pays occidental, celui qui est arrivé récemment d'un pays d'Afrique, celui qui vit dans un pays dans lequel ses ancêtres ont été déplacés puis vendus (coucou les Antilles 👋) : comment ces personnes peuvent-elles être perçues comme similaires aux yeux de la société (des blancs) alors même que dans leur parcours tout diffère ? Que leurs visions, leurs vies, leurs esprits sont en tout points dissemblables ?

Fanon est de ceux qui marquent leur génération à jamais par la force de leur intelligence qui a ce don de tout renverser sur son passage.
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Antillais de la Martinique, donc pas noir comme un africain, ça fait une différence pour lui, médecin psychiatre, Frantz Fanon nous livre un texte incandescent sur la psyché du "noir" phagocytée, chimérisée par celle du blanc. Dans quelques-unes de ses phrases, on peut d'ailleurs remplacer "nègre" par femme, vu que les femmes sont aussi empoisonnées, mithridatisées, par la psyché des mâles. Certaines références à Jung me sont un peu passées au-dessus, je dois reconnaître, mais c'est un grand essai. Il ose même rhabiller Aimé Césaire. Les six dernières pages sont sublimes. Un remède au wokisme tellement de saison, un grand plaidoyer pour l'universalité.
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Publié en 1952, et très facilement disponible en poche, un livre magnifique, d'une intelligence lumineuse; urgent à relire en ce moment : malheureusement, tout cela n'a pas pris une ride...
Il y décrit le piège des mots et des représentations, qui construisent des identités, en labyrinthes pour lesquels il n'existe pas de fil d'Ariane.
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Brillant. Visionnaire. Étonnement actuel.

Comme décrit dans le livre, pour tout antillais et par extension à nos jours beaucoup de jeunes de quartiers populaires aux origines africaines, l'on se découvre « Noir » à l'arrivé à l'université, au sortir de notre cocon familiale et de notre cercle, pour aller, géographiquement, à la rencontre de l'Autre.

Ou plutôt des Autres, subitement vertinigeusement majoritaire, qui ne manquent pas, dès les premiers regards, de nous apprendre que nous ne sommes pas ce qu'il faudrait être, pour pouvoir prétendre être qui nous sommes, - étudiant en médecine, en droit, un être intellectuel - doté de culture et de savoir ; Blanc.

On évite d'en parler, donc. Et on va d'ailleurs jusqu'à prétendre ne pas le voir, « Bleu, Jaune, Rouge ; c'est pareil ! » , mais voilà, un autre temps est venu, celui de la libération de la parole, un metoo étendu à toutes les sphères, l'on ne peut plus, l'on ne veut plus se taire.

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