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3,78

sur 2807 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il fait gris ; la voiture vient encore de tomber en panne ; vous venez de manger 10 % , dans les dents , pour paiement dépassé de votre tiers provisionnel ; Christine Boutin commence à vous apparaitre comme étant d'un charisme fou et d'une intelligence démesurée ; oula , oula , y aurait comme un p'tit coup de mou dans la carafe ! Alors , au diable Prozac , Defanyl et autre Ludiomil mais une bonne dose de Mon Chien Stupide et les symptomes devraient disparaitre sous 48 heures...S'ils devaient cependant persister , priere de consulter votre libraire le plus proche...

Vous connaissez cette série " Marié , deux enfants " , Fante la revisite à sa maniere puissance dix . Trash , barré , insolent , loufoque...Le ton est impertinent et demesuré mais totalement jouissif ! L'auteur explose les codes familiaux pour le plus grand plaisir du lecteur !

Harriet et Henry Molise s'aiment ( se supportent ) depuis 25 ans . Famille WASP par excellence , le paraitre prime ! 25 ans de fidélité meme si , régulierement , Madame menace , pour un oui pour un non , de quitter le foyer alors que Monsieur , lui , se verrait bien lacher légitime et marmots pour Rome afin d'y refaire sa vie avec une petite jeunette , démon de midi oblige...Henry , écrivain raté , scénariste médiocre , semble végéter dans une vie dont il n'attend plus rien . Les jours passent et se ressemblent...
Fruits de leur amour , quatre enfants au compteur ! Véritables dons d'un Dieu qui , pour engendrer de tels spécimens , devait sortir d'une gueule de bois carabinée ! Trois fils , une fille qui se complaisent dans leur médiocrité , concourant chacun férocement dans la catégorie de l'espoir avorté !
Dominic , l'ainé de la fratrie , a plaqué les études pour la navy et est obsédé par la femme noire , couleur totalement incompatible avec le nuancier personnel de sa gentille manman . Tina , elle , a jeté son dévolu sur un ex militaire néo surfeur toujours partant pour vider le frigo et la cave de ses beaux-parents . Denny , 22 ans , etre semblant doté d'un aplomb hors norme , demeure persuadé qu'Hollywood n'attend plus que lui mais pour cela , il convient d'échapper à la conscription militaire par tous les moyens , aussi retors soient-ils . Jamie , le petit dernier , apparait comme le rejeton le plus équilibré...
Tout ce petit monde se cotoie au rythme de saillies verbales aussi féroces que caustiques . Ici , point de respect d'aucune sorte , de ressentiment controlé mais une sincérité systématique jubilatoire . On ne caresse jamais dans le sens du poil mais on taille et on rase gratis !! L'hypocrisie , habituellement de mise , laisse la place à une franchise et une lucidité assumées et c'est bon !
Si les personnages dénotent , que dire de ce chien monstrueux recueilli un soir de pluie et fort justement surnommé Stupide . Gros , paresseux , libidineux , obsédé , il possede la caracteristique de vouloir sauter tout ce qui bouge d'origine masculine ( bipede , quadrupede , velocipede , tout y passe.....) . Totalement aux antipodes des valeurs de la tribu Molise , il n'en deviendra pas moins la coqueluche paternelle , véritable révélateur d'une famille qui se délite peu à peu , d'un couple qui se perd au rythme des départs de sa progéniture . Des situations cocasses ( tentative de viol sur le voisin ; clébard s'attaquant à une baleine échouée , étonnant que Fante n'est pas surnommé le chien Greenpeace , c'eut été dans l'esprit ! ) . Des dialogues acerbes aux petits oignons et des situations ubuesques que n'aurait pas renié Audiard . Un bouquin au cynisme rafraichissant !! Je me suis meme surpris à rigoler tout seul , fait suffisamment rare pour etre signalé...L'écriture est alerte , corrosive et ironique . Fante possede une plume désormais identifiable , l'apanage des tres grands !!

Mon Chien Stupide , véritable euphorisant qui vous fera japper de bonheur !!
4.5 / 5
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John Fante écrit avec des gants de boxe. Il vise à l'estomac, puis balance un crochet du gauche et vous étends K.O. d'un dernier uppercut.
Ce clébard inopportun n'est qu'un prétexte pour démolir avec jouissance tous les poncifs, clichés et faux-semblants de l'idyllique "american way of life", ses grosses bagnoles, ses surfers bronzés, son melting pot, son ascenseur social garanti par le Gouvernement, sa famille modèle qui rabâche sans arrêt "ça va aller", "je suis désolé" et qui dégouline de bons sentiments.
John Fante passe tout ça au papier émeri, enlève la rouille et la vieille peinture, il va jusqu'à l'os, ça fait mal. Il envoie au diable son ingrate progéniture et son épouse si dévouée. Lui-même est un raté, un loser, a failure.
Et pourtant aucun homme ne sait aussi bien parler de sa paternité, avec humilité, avec virilité, avec humanité. Une paternité qui chez lui est dépouillée de tout sentimentalisme, où se mêlent amertume, déception, angoisse, colère,
une paternité pleine de failles et en même temps inébranlable.
Faites comme lui, adoptez un chien stupide, ça rend intelligent.
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Imaginez un chien monstrueux qui atterrirait dans votre jardin un jour de pluie. La réaction la plus logique serait de chasser l'intrus manu militari, à l'aide de la force publique bien entendu, compte tenu de la taille de l'animal. Mais ça c'est une réaction de bon sens et le bon sens ce n'est pas ce qui étouffe Henry Molise, écrivain raté et scénariste modeste, père de quatre enfants incontrôlables, conçus avec Harriet, une femme au bord de la crise de nerfs après vingt ans de bons et loyaux services.

L'idée de lancer dans cette famille Wasp, aisée, raciste et décadente, un chien hors norme comme dans un jeu quilles est tout simplement géniale. Baptisé Stupide par les enfants pour son comportement jugé inapproprié, le chien est le détonateur qui oblige chacun à révéler son vrai caractère et ses vrais sentiments. C'est drôle, corrosif, sensible et bien vu, chacun en prend pour son grade, même l'auteur qui une fois de plus démontre qu'il sait se moquer de lui-même. A lire sans aucune modération.
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Quand un énorme chien priapique, un peu con qui plus outre mais pas méchant au demeurant, squatte un beau jour le confort bourgeois d'un scénariste déchu, que le dit scénariste, au grand dam de (ce qu'il reste de) sa famille, décide d'adopter le dit clébard et de le baptiser Stupide... tu te demandes où ça va te mener cette histoire.

Avec ce roman de 1985 je découvre (enfin) John Fante, scénariste et romancier américain d'origine italienne. Pas étonnant qu'il ait amplement inspiré Bukowski himself, de ses oeuvres un peu torturées et souvent autobiographiques émane cette même sensibilité teintée de cynisme, de provocation truculente et d'autodérision, qui me tentait beaucoup et ne m'a pas déçue, loin de là.

Déjà fan de Fante. Découverte à poursuivre indubitablement pour ma part et par conséquent.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Je vais commencer par la chose négative : la traduction. Comme souvent, la traduction !
J'ai été, non seulement dérangée, mais aussi profondément agacée par, entre autres, ces redondantes tournures de phrase :
- Que veux-tu ? Elle a demandé.
- J'y vais personnellement, elle a menacé.
- Marche lui sur les pattes ! j'ai crié.
- En tout cas, on dirait que tu prends ça du bon côté, j'ai fait.
C'est lourd, ça nuit à la fluidité de la lecture ! Alors qu'il aurait été nettement plus correct et beaucoup plus clair, d'employer : a t-elle demandé ; a t-elle menacé ; ai-je crié ; ai-je fait (d'autant que le verbe "dire" était plus approprié que le verbe "faire")
De plus, dans certains cas comme celui ci-après, le sens est un peu confus :
- T'occupe, je suis intervenu.
On ne sait pas trop s'il s'agit de :
- T'occupe, suis-je intervenu.
ou de :
- T'occupe, (parce que) je suis intervenu.

Ces gens qui traduisent une oeuvre littéraire avec pas plus d'implication ni de conscience que s'ils traduisaient une notice d'utilisation de perceuse électrique, ont le don de m'exaspérer !

Cela étant, je m'en voudrais de me focaliser sur cette traduction primaire car j'avoue que j'ai trouvé ce livre étonnant.
L'histoire est totalement inattendue. Bien que l'auteur, fils d'immigrés italiens, soit très empreint de sa culture latine, il a su avec ironie, tendresse et beaucoup d'originalité, nous dépeindre l'état d'esprit américain si éloigné du nôtre sur bien des points.
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Le problème, c'est qu'on m'avait vendu ce fameux chien stupide comme hilarant. Et je suis restée de marbre pendant le premier tiers du roman, avec le sentiment de le lire trop tard, à devoir supporter des blagues éculées d'un vieil humoriste sur le retour. Le dialoguiste poivrot en panne d'inspiration : déjà vu! Le gros chien envahissant, priapique et homo: déjà vu! La descendance nombreuse et égoïste qui fait tourner chèvres les parents: tellement convenu!
Et ensuite, il s'est passé un truc étrange: déjà, j'ai été prise de compassion pour une mère de famille raciste, ce qui n'était pas franchement gagné. Et j'ai été bouleversée par ce récit poignant d'une ultime tentative pour faire famille. Le père morfondu par son échec, qui fuit ses enfants pour éviter d'affronter leur départ; la mère accablée qui ne supporte pas le goût de son fils aîné pour les Noires délurées (comme s'il signifiait que son garçon ne veut rien retenir d'elle, pas même sa couleur de peau); les enfants qui partent sans partir, impitoyables et détachés.
Pour Harry, c'est retour vers le passé, toute! Vers son pays d'origine, avec un nouveau chien pour remplacer celui qu'il a perdu. Mais ça ne marche pas comme ça. Le passé n'efface pas le présent et l'espoir d'un nouveau départ est d'autant plus vain que Harry n'en a pas envie le moins du monde.
Et cette défaite intime illustre au plus haut point cette vieille formule qui pour être éculée n'en est pas moins vraie: la politesse du désespoir. Harry nous la joue détaché et ricanant mais la mort de son chien est d'une cruauté absolue et la dernière phrase du livre remet définitivement les choses en place:
« Soudain, je me suis mis à pleurer. »
Quoi, j'ai dit la fin? Ben comme ça, tout le monde est au courant. « Mon chien stupide » n'est pas un roman comique et si vous avez le moindre enfant âgé de plus de 15 ans, vous risquez fort, vous aussi, de ressentir l'irrésistible besoin d'adopter un quelconque clébard, voire une truie sur le retour, pour tenter d'oublier qu'il va bientôt partir.
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Dans la famille Molise, je demande :
- le père, Henri : fils d'immigrés italiens, écrivain raté qui essaie encore de se faire une place dans le milieu de l'écriture et qui prend tout ce qui lui passe sous la main, rêve de tout quitter pour aller vivre en Italie, aime ses enfants d'une façon disons, assez peu démonstrative.
- la mère, Harriet : bonne à tout faire dans cette maison, se dévoue corps et âmes pour ses enfants et supporte tant bien que mal les caprices d'Henri.
- l'aîné, Dominic : a tout plaqué pour s'engager dans l'armée, a un hobby bien particulier : ne coucher qu'avec des femmes noires.
- le deuxième, Denny : se croit acteur et fera tout pour rejoindre Hollywood et ses beaux studios, fait faire ses devoirs par maman et tente d'échapper par tous les moyens possibles et inimaginables à la conscription militaire.
- le petit dernier, Jamie : se démarque de tous ses frères et soeurs car justement, il a l'air un peu plus normal, a fait des études supérieures... ou du moins, c'est ce qu'il essaie encore de faire croire à ses parents.
- la fille, Tina : s'est entiché d'un ancien militaire, surfeur blondinet, un peu niais aux dires d'Henri, ne fait que passer chez ses parents pour vider le frigo, le whisky d'Henri et laver le linge.
- le chien, Stupide : énorme chien japonais, que Harriet prenait pour un ours et qui a élu domicile, par hasard, chez les Molise, affublé de ce joli sobriquet parce qu'il est l'est... justement, stupide ! Et ne s'intéresse qu'à la gent masculine.
Au jeu des 7 erreurs, ils ont tous une bonne tête de vainqueur ! Au gré des retrouvailles et des disputes familiales, on assiste à cette drôle de vie de famille...

C'est l'intrusion inattendue de ce chien dans cette famille qui est à la base de toute cette remise en questions de chacun, mais surtout du père, qui semble bien mis à l'écart du reste de la famille et du monde. John Fante décortique d'une écriture acerbe, cinglante et piquante le quotidien de chacun. D'une façon dérisoire, toujours avec de l'humour, parfois noir, il n'épargne personne, même pas le chien. A la fois touchant et plein de tendresse, entre rires et larmes, ce roman se laisse lire agréablement... Une bonne entrée en matière pour découvrir l'univers de Fante.

Mon chien Stupide... je me suis bêtement laissée avoir...
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J'avais déjà eu l'occasion de découvrir la plume de John Fante avec la lecture du très bon « Bandini ».
Depuis, même si je possède plusieurs livres de cet auteur dans ma Pal, je ne m'étais plus lancée dans la poursuite de la découverte de l'oeuvre de cet auteur. La faute une fois de plus à mon côté super dispersée dans le choix de mes lectures.
Et puis là, j'ai ouvert le savoureux « Mon chien Stupide » et je ne regrette qu'une seule chose : ne pas avoir entamé cette lecture bien plus tôt.
J'avais oublié (honte à moi), combien le style de Fante est enlevé. Et là, franchement, j'ai été gâtée ! J'ai adoré cette histoire à la sauce caustique avec comme personnage central ce chien qui a tout pour ne pas plaire. Bon, j'ai toujours été l'amie de la gent canine, mais il faut avouer que au vu du comportement de ce chien ci, je ne suis pas sure que j'en voudrais vraiment comme compagnon.
C'est ce que pense aussi Molise, écrivain plutôt raté, qui ne supporte plus sa vie. Et malgré toutes ses réticences, Stupide va devenir assez rapidement le centre de son univers.
Une plume féroce, un style caustique, et le résultat est là : j'avoue que j'ai du rire à plusieurs reprises à la lecture de certaines situations et les dialogues ne sont pas en reste ! Cette lecture m'a vraiment fait du bien, et d'autant plus que c'était inattendu et aussi au vu de l'ambiance actuelle plus que morose.
Une chose est sure à l'issue de cette lecture : je n'attendrais plus aussi longtemps pour continuer à lire du John Fante : « Demande à la poussière » est en très bonne place dans mes prochains livres à lire.


Challenge Multi-Défis 2022
Challenge ABC 2021/2022
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Un romancier, pas au mieux de sa forme, vit dans une grande maison près de la mer, et se trouve dans une situation peu enviable : Rien ne va plus dans sa famille, ni le couple, ni les relations avec ses quatre enfants, ni la carrière, ni, bien sûr les finances. A la cinquantaine, c'est une occasion un peu forcée de faire un bilan, relativement peu brillant, de sa vie.

Un jour, il voit apparaître dans sa vie un grand chien un peu moche, un peu fou, un peu obsédé, et qui va cependant nouer une relation particulière et privilégiée avec lui.

Le style est décalé, provocateur. Et je dois avouer que quand j'ai abordé ce petit roman, j'étais tellement au premier degré (Attendant peut-être une histoire de chien ?) que je suis totalement passé à côté du texte.

Heureusement, quand-même intrigué, je lui ai donné une seconde chance et, sans doute mieux armé, l'ai lu avec des yeux différents, et surtout le recul nécessaire pour l'apprécier.

En réalité John Fante, derrière l'histoire de ce personnage un peu paumé et de cette rencontre avec ce chien, propose une peinture de la société (Américaine en l'occurrence) en pleine crise de maturité, avec ses excès, ses doutes et les difficultés de son évolution.

Nous en sommes tous là, oscillant entre l'envie de changer et le sentiment plus ou moins "réac" et confortable de la stabilité.

Mais quelle originalité et quel culot dans le choix de la forme du récit !
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Le style percutant de Fante est à déguster sans modération. Il raconte sa propre vie de fils d'immigré italien au moment où, à 50 ans, le succès et le bonheur s'en vont. Et, avec une histoire de chômage de longue durée dans une famille au bord de l'implosion, avec un chien, Stupide, il en fait une pépite d'humour grinçant.

Il transforme cette morosité familiale en farce où il devient jubilatoire de lire les problèmes de Henry J. Molise, scénariste en panne d'inspiration à Hollywood , la cinquantaine, marié, avec 4 grands enfants, des "parasites" toujours à la maison.
Et le chien bien sûr... Ce que vient faire ce chien dans cette histoire tiendrait de la gêne occasionnée par un caillou dans la chaussure- on peut encore s'en débarrasser- ou par une météorite qui écraserait leur habitation et là, il faut tout refaire.
Tout refaire. le héros parle obsessionnellement de tout quitter pour repartir à Rome. Histoire de se revigorer.
Et finalement, c'est ça ce que nous conte John Fante: un récit revigorant qui casse le kitsch de la famille modèle américaine.
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