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EAN : 9782020309097
152 pages
Seuil (17/01/1997)
3.93/5   46 notes
Résumé :
Dans ce petit livre, considéré comme un classique par les historiens, Arlette Farge nous raconte sa passion des archives, et nous décrit à merveille, non sans humour et ironie, l'ambiance si particulière des bibliothèques et des salles d'archives, qui sont le lot quotidien des historiens. De sa plume sensible et poétique, l'historienne parvient à nous faire partager l'émotion suscitée par ses rencontres inédites avec des personnages du passé. De son immersion dans l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ah, le goût de l'archive ! On l'a ou on ne l'a pas, pourrait-on dire. Et Arlette Farge l'a, clairement, et ne s'en contente pas, puisqu'elle vise de nous le faire partager. Ni plus ni moins.

Ce petit ouvrage en quelques petites séquences alterne des moments de focus sur les propres recherches de l'auteur et des passages qu'on pourrait qualifiés de romancés. Si elle s'appuie largement sur son métier d'historienne au jour le jour, je n'ai pas l'impression qu'il y ait eu une prétention pédagogique dans ces propos. Arlette Farge nous fait vivre un quotidien poussiéreux aux côtés de gens qu'on ne connaît pas mais qu'on croise souvent grâce à ce rendez-vous des apprentis chercheurs que sont les archives.

Un petit livre rapide et intéressant qui dépoussière avec bonheur l'univers parfois bien englué de la recherche historique.

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C'est quand même un comble de travailler dans un service d'archives et de ne jamais avoir lu ce magnifique petit ouvrage qui s'intitule "Le goût de l'archive". Eh bien, maintenant, voilà pour moi une chose faite. C'est ma collègue qui travaille en bibliothèque (bibliothèque des archives, soyons précis) qui me l'a conseillée et je l'en remercie.

Un livre très court qui traite plus particulièrement de la série Y, correspondant aux archives judiciaires et l'auteure s'intéresse ici plus particulièrement à celles du XVIIIe siècle. Certes, l'ouvrage est un peu obsolète quant aux outils de recherches car, ayant été publié en 1989, il parle encore de microfilms alors qu'aujourd'hui, nous en sommes à la numérisation des archives et donc, de plus en plus, à la consultation en ligne pour éviter que ces dernières ne s'abîment, mais toujours est-il que cet ouvrage reste toujours d'actualité...Actualité autant que L Histoire et les histoires des siècles passées puissent être considérées comme un sujet d'actualité, entendons-nous bien. Mais pour tout historien qui se respecte, généalogiste ou encore simple curieux, je pense que c'est le cas.

C'est étrange car bien qu'Arlette Farge nous parle des archives de la ville de Paris et que je travaille, quant à moi, dans un service bien plus modeste, j'ai l'impression de retrouver certaines des expressions des personnes avec qui je travaille, que ce soit le président de la salle de lecture, l'hôtesse d'accueil ou encore simplement la magasinier.

Le travail du chercheur, que ce soit en en histoire ou autre, lui, n'a pas changé.
Dépouiller,
Recueillir et enfin
Traiter les données qu'il a trouvées.

Voilà tout bon travail d'un chercheur professionnel ou amateur !
Un ouvrage très bien écrit avec quelques petites anecdotes historiques, parfois cocasses ou encore attendrissantes (terme plus approprié que coquasses), parfois plus sérieuses, mais tout aussi intéressantes !
A découvrir !
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Dans "Le goût de l'archive" d'Arlette Farge, l'historienne vous invite à comprendre le métier d'archiviste et d'historienne. Nous nous immisçons dans les travées d'une salle des archives, dans le chaos des cartons, dans le silence éclatant des salles de lecture. Vous lirez avec elle les archives de la police du XVIIIe siècle. Vous apprendrez à prendre de la distance tout en étant passionnée par votre sujet. Vous apprendrez la patience, les longs moments d'attente, d'ennui, de répétitions, de banalités et soudain de découvertes.

Avec Arlette Farge vous saurez que L Histoire s'écrit mais que les archives révèlent ce qui fut dit, de manière transformée et qu'il faut tenir compte de ces blancs, de ces vides, de toutes les incertitudes autour d'un document d'archive. .

J'adore cet essai. Il parle de ma passion pour l'histoire, pour l'écriture, pour la lecture. Il nous dit l'importance de la recherche, de la conservation du patrimoine, de cette urgence de se rappeler et de se remémorer. Cet essai est fascinant, si bien écrit, de l'étoffe des grands classiques et que tout historien doit lire.

L'histoire doit porter un regard critique sur les sociétés du passé et sur celle du présent. Elle est perpétuellement en mouvement. Se réinventant. Se cherchant toujours parfois dans une quête vaine et frustrante..

Parce que oui, la recherche c'est parfois l'énervement et l'agacement puis l'ennui et la déroute. C'est envisager les moindres étrangères et bizarreries. C'est s'installer dans un état d'esprit à la fois détaché et attaché.

Je n'ai jamais autant ressenti en moi cette formidable passion de l'histoire matérielle et immatérielle. Je suis si heureuse et si fière de m'inscrire peu à peu dans la lignée des ces femmes et hommes de l'ombre qui pendant des heures et des heures retranscrivent, analysent et interprètent des textes anciens.

À LIRE ABSOLUMENT chez @editionspoints
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Ce petit livre articule la description de la richesse exceptionnelle des archives judiciaires du XVIIIe siècle sur lesquelles travaille l'auteure, des vérités générales quant aux archives, ainsi que quelques intermèdes sur le quotidien des archives : la guerre pour une place, l'égarement du départ, l'insupportable tic du voisin…

Arlette Farge exprime l'émotion de retrouver dans les archives les voix si particulières de personnages oubliés de l'histoire : « une solitude où grouillent tant d'êtres vivants ». « Entre passion et raison », l'émotion issue de l'imprégnation des archives peut être difficile à articuler avec une analyse distante et « froide ». « Inévitable, confortable et dangereuse » l'identification est tout cela à la fois.

La spécificité des archives judiciaires fait tirer plusieurs fils à l'historienne, de l'histoire des femmes à l'analyse du discours face au pouvoir, en passant par l'importance des rumeurs.

Des remarques plus générales se joignent à ce travail : quelle distance critique aux archives est nécessaire, comment utiliser la citation à bon escient, peut-on décemment donner vie à « ses » personnages à la manière d'un roman…
« A de rares exceptions près, le document, le texte ou l'archive ne sont pas la preuve définitive d'une vérité quelconque, mais butte témoin incontournable dont le sens est à bâtir ensuite par des questionnements spécifiques » (p.121). Car « on peut faire dire à l'archive, tout et le contraire » : aussi est-il nécessaire de clarifier les procédés d'interrogation de l'archive.
« Elles parlent du réel sans justement le décrire » D'où la question de la contextualisation et du rôle des représentations, celles de l'époque mais aussi les siennes (exemple de la guerre de Vendée). « Les faits ne sont rien s'ils ne sont pas réinsérés dans les représentations qu'on a d'eux. »

Plusieurs belles formules, une accentuation forcément partielle sur les archives judiciaires mais par ce biais, une vulgarisation pertinente d'une historienne sur son coeur de métier, ainsi que la distillation de quelques réflexions générales toujours bonnes à relire pour l'apprenti-chercheur.
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Contre toute attente, j'ai dévoré ce petit bouquin d'une traite, ravie par l'alternance des anecdotes à la fois attendries et moqueuses d'Arlette Farge sur son univers, les archives policières, dont elle dévoile les mystères et le contenu.

On y croise d'un côté de jeunes étudiants et doctorants hésitants, de vieux professeurs bruyants et enrhumés, des archivistes intimidants qui feuillettent de précieux manuscrits, de l'autre des vagabonds et commerçants d'un autre âge défendant leur cas face à une police qui prend note et retranscrit leurs plaidoyers, avec une rigueur bien variable, au grand dam des historiens des siècles suivants...

J'ai adoré ces mini-exposés d'Arlette Farge, notamment sur ce que les archives disent et cachent de la société, et du risque élevé de sur-interprétation et de subjectivité de tout chercheur de son temps confronté à des évènements surgis dans des contextes sociétaux bien différents et pas forcément bien connus.

A la fin de la lecture, j'étais à deux doigts de courir aux archives pour me plonger dans les secrets cachés des siècles passés !
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L'archive est excès de sens, là où celui qui la lit ressent de la beauté, de la stupeur et une certaine secousse affective. Le lieu est ici secret, pour chacun différent, mais, dans tout itinéraire, surviennent des rencontres qui facilitent l'accès à ce lieu et surtout à son expression. Michel Foucault fut une de ces rencontres, à la fois simple et déroutante. Il aimait le manuscrit et l'archive, et pouvait écrire combien ces textes de peu l'impressionnaient : "Sans doute une de ces impressions dont on dit qu'elles sont "physiques", comme s'il pouvait y en avoir d'autres." Commotionné, il savait que l'analyse ne pouvait pas tout dire, mais aussi que l'émotion dite ne satisfaisait point les historiens, pourtant il n'éloignait point cette forme d'appréhension du document aussi autorisée que d'autres et peu la lui connaissaient : "J'avoue que ces "nouvelles" surgissant soudain à travers deux siècles et demi de silence ont secoué en moi plus de fibres que ce qu'on appelle d'ordinaire la littérature [...] si je les ai utilisées c'est sans doute à cause de cette vibration que j'éprouve lorsqu'il m'arrive de rencontrer ces vies infimes devenues cendres dans les quelques phrases qui les ont abattues."
Qui a le goût de l'archive cherche à arracher du sens supplémentaire aux lambeaux de phrases retrouvées ; l'émotion est un instrument de plus pour ciseler la pierre, celle du passé, celle du silence.
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"En histoire, les vies ne sont pas des romans, et pour ceux qui ont choisi l'archive comme lieu d'où peut s'écrire le passé, l'enjeu n'est pas dans la fiction."
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Le goût de l'archive s'enracine dans ces rencontres avec des silhouettes défaillantes ou sublimes. Obscure beauté de tant d'existences à peine éclairées par les mots, s'affrontant à autrui, aussi prisonnières d'elles-mêmes que défaites du temps qui les abrite.
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Dès lors, que le discours tenu soit embrouillé, mêlant la vérité au mensonge, la haine à la ruse, la soumission au défi, ne l'entache point dans sa "vérité". L'archive ne dit peut-être pas la vérité, mais elle dit de la vérité, au sens où l'entendait Michel Foucault, c'est-à-dire dans cette façon unique qu'elle a d'exposer le Parler de l'autre, pris entre des rapports de pouvoir et lui-même, rapports que non seulement il subit, mais qu'il actualise en les verbalisant.
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Si les mots employés ne permettent jamais aux actes qu'ils décrivent de se rejouer, à tout le moins peuvent-ils évoquer du rejouable, des suppléments de liberté pour plus tard, ne serait-ce qu'en énonçant de la dignité et en s'efforçant de mesurer l'ampleur des déchirements et de la douleur. Bien sûr, "l'histoire survient quand la partie est terminée", écrit Paul Ricoeur, mais l'écriture de cette histoire doit garder le goût de l'inaccompli, en laissant par exemple errer les libertés après qu'elles eurent été bafouées, en refusant de rien clore, en évitant toute forme souveraine des savoirs acquis.
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Videos de Arlette Farge (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Arlette Farge
Frédéric Candelon-Boudet vous présente son ouvrage "Les capitaines du port de la Lune : Bordeaux des Lumières, l'appel du large" aux éditions Mollat. Entretien avec David Vincent.
L'historienne citée à la 13e minute et 52 secondes n'est pas Arlette Fage, mais bien Arlette Farge.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2664444/frederic-candelon-boudet-les-capitaines-du-port-de-la-lune-bordeaux-des-lumieres-l-appel-du-large
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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