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4,03

sur 341 notes
Avant que le grand loup gris du temps ne les attrape pour les dévorer, Ravenn et Elouane vont vivre sans discernement, avec passion, fougue, et véhémence. Aucun compromis pour ces deux jeunes femmes aux allures de Walkyrie qui se moquent des protocoles, des us, des coutumes, et de tous les conseils de prudence dispensés par de frileux vieillards. Elles ont cette « étincelle pour être de la race de ceux qui foudroient », et beaucoup les suivraient jusqu'en enfer.

C'est cette rage, cette exaltation qui terrassent tout sur leur passage, bouleversent des mondes et des habitudes plusieurs fois centenaires, choquent le bienséant, qui m'a plu dans ce très bon roman de fantasy. Un roman bien dans le ton de l'époque, vaguement féministe, avouons-le !

Deux mondes liés comme les deux faces d'une pièce, des héros franchement sympathiques qui suivent, fascinés, nos deux impétueuses guerrières ; de puissants magiciens acariâtres, cruels et comploteurs ; une grande cité fantasmagorique ; un royaume à conquérir ; des Dieux qui se mêlent aux mortels et se prennent lamentablement les pieds dans le tapis… N'en jetez plus !

Un petit bémol cependant ! Il y a des scènes de sexe et de tortures très explicites qui tranchent singulièrement avec le ton young adult du roman. Comme si l'auteure, à certains moments, n'avait pas su choisir. Mais le récit où nos deux héroïnes frôlent la mort à chaque instant n'en reste pas moins palpitant, ardent, haletant. Je me suis bien amusé à suivre les mortelles virées de Ravenne et d'Elouane.

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Merci Babelio, merci Masse Critique, Merci Bragelonne !

Je suis passé par divers sentiment au cours de ma lecture… Après un prologue fantasy fantasy excellent et plein de promesses, j’ai soupiré durant toute la mise en place urban fantasy, tellement stéréotypée que je me suis remémoré certains téléfilms fantastiques français (tous plus pourris les uns que les autres, cela va s’en dire)… Le développement lui était intéressant, mais encore limité par ses ambigüités et ses contradictions. Toutefois, une fois l’échiquier mis en place, l’ensemble n’a cessé de gagner en qualité et au final j’ai bien apprécié !

L’intrigue de la partie fantasy reprend tous les classiques qu’on aime bien, nous autres amateurs du genre : la famille royale déchirée, la querelle de succession qui peut vite tourner en guerre de succession, les aristocrates comploteurs, les prêtres conservateurs, les magiciens manipulateurs…. Et pour une fois une véritable princesse rebelle : la version post 1968 d’une héroïne badass à la R.E. Howard ! Si vous avez croisé le chemin de la Sigarni de David Gemmell, ou de la Karis du même auteur, vous serrez en terrain connu… ^^
L’intrigue de la partie fantastique navigue elle dans les eaux troubles de la thématique des mondes parallèles qui a toujours été casse-gueule… Pourquoi mettre en vis-à-vis notre monde contemporain et un monde médiéval-fantastique si c’est pour ne pas exploiter les différences entre eux sur le fond comme sur la forme. Les Terriens ne sont aucunement dépaysé par leur translocation dans un univers méd-fan, et les locaux ne sont aucunement interloqués par la présence et el comportement des Terriens. Et je ne parle même pas des soucis de langue et d’écriture hein… C’est con parce que l’auteur aurait pu exploiter le truc en opposant passant les braiements et les jaseries des locaux aux tournures de phrases familières des Terriens… C’est d'autant plus dommage que globalement le style d’écriture est bon !

Tous les ingrédients du roman sont bons, voire excellents. Mais leur agencement et leur utilisation peut laisser à désirer, ce qui découle grandement des partis-pris initiaux :
- le choix du roman indépendant a ses qualités et ses défauts
One-shot oblige le worldbuilding est fort restreint malgré quelques noms évocateurs : Astria, Terrilis et ses champ de cristaux des âmes, la Forêt des Songes forteresse refuge des magiciennes renégates, les Terres des Dragons et ses tribus guerrières… Le coup est en parti rattrapé par les interludes, ici nommés « fragments », qui enrichissent le background de l’univers, mais cela reste frustrant quand même !
De la même manière moult personnages du romans auraient mérité d’être approfondis et développés.
- l’équilibre entre la partie fantasy et la partie fantastique est mal dosé d’autant plus que chacune des parties est portée par des héroïnes qui ne se valent pas… On voit bien que l’auteure met d’elle-même dans ces/ses deux héroïnes, donc j’ai envie de voir en leurs inégalités une dualité : Elouane/Ravenne est actrice, forte et résolue là où Enora est spectatrice, faible et irrésolue
La partie fantastique sent bon l’héritage des "Princes d'Ambre" de Roger Zelzany : mondes parallèles, Dallas fantasy, ombres qui s’influencent les unes les autres… L’auteure ajoute d’ailleurs à ce chouette héritage zelaznien le concept assez cool des Noirs-Portraits. Chaque habitant d’Ombre possède son double en Rive et vice-versa, né à la même date : si l’un meurt, l’autre meurt d’une façon ou d’une autre en l’espace d’une lunaison, si les deux double se rapprochent, ils décuplent leurs pouvoirs, mais s’ils se touchent c’est la destruction mutuelle assurée (un peu dans le genre de la dualité matière / antimatière).
Et La Loi de l’Echange qui régit les pouvoirs des Passeurs peut rappeler le manga "Fullmetal Alchemist" certes, mais rappelle plus encore "L’Enfant de nulle-part" du même Roger Zelazny (auquel on emprunte peut-être aussi également le magicbuilding élégant).

De plus, on sent très vite les partis pris féministes de Manon Fargetton qui nous les propose sans guère de subtilités :
- les aristocrates sont machos et misogynes puisqu’ils veulent revenir sur la monarchie matrilinéaire
- les magiciens sont machos et misogynes puisqu’ils éliminent ou brident les pouvoirs des magiciennes
- les prêtres sont machos et misogynes puisqu’ils imposent le célibats aux prêtresses mais pas à eux-mêmes
- une bonne partie de l’intrigue repose sur le fait que personne ne veut croire qu’un Passeur puisse être une Passeuse
- Enora se lamente sur la malédiction féminine de sa famille (alors que tous les hommes de sa famille meurent avant l’âge de 20 ans…)
- l’héroïne assume sa sexualité hétérodoxe, avec la mise en avant de la peintre Jana, son intérêt homoérotique qui vire sa coutille…
- les magiciennes femen de la forêt des Songes qui excellent dans l’art de l’illusion (là on tombe presque dans le cliché tellement cet archétype a été maintes fois usités depuis le Bene Gesserit du "Dune" de Frank Herbert)

L’auteure a grandi à Saint-Malo nous dit le 4e de couverture, et cela se vent dans le naming assez bretonnisant truffé de Maëlle, Erwan, Gwendal & cie… ^^
Notons aussi que tout ce qui tourne autour du Dieu Gris, l’Ankou, m’a beaucoup fait penser à "Rencontre avec Joe Black", le beau film sur la mort réalisé par Martin Brest en 1998 avec Brad Pitt, Anthony Hopkins et Claire Forlani (d’ailleurs la Mort du livre semble emprunter des répliques à la Mort du film)
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Je gratifie Babelio et les éditions Bragelonne/Mylady pour m'avoir cacheté ce roman si étonnant. Je m'en vais donc vous encrer un billet qui vous ensoleillera de mon opinion.
[mode traduction Ombre => Rive activé]
D'abord un peu de contexte. L'Héritage des Roi Passeurs s'inscrit dans la tradition de – jouons les érudits qui s'est baladé sur le Net – la portal fantasy ou, variante un peu différente, la crossworld fantasy. Bref, il y a deux mondes : le nôtre et un autre plus « magique », et on peut passer de l'un à l'autre avec difficulté. Des jeunes gens de notre monde pénètrent dans l'autre nommé Ombre (pour les gens d'Ombre, nous habitons Rive) et vont y être impliqués dans une crise de gouvernement.

Voilà à peu près ce que l'on a au début. Malgré un rythme agréable, le style plutôt Young Adult des personnages de notre monde m'a inquiété. Mais cette inquiétude s'est dissipée car, petit à petit, Manon Fargetton nous montre tout le soin qu'elle a pris à la construction de son double monde. Cette construction utilise à plein la symétrie entre Ombre et Rive, symétrie géographique mais aussi humaine à travers un modèle qui se rapproche de la symétrie matière / antimatière, et qui peut-être s'étend aux animaux et aux plantes, pourquoi pas ? Une symétrie qui atteint le langage à travers le phrasé si décalé, amusant et plein de sens des habitants d'Ombre perçu par les habitants de Rive, qui structure même le passage d'un monde à l'autre grâce à un principe d'échange équivalent qu'auraient apprécié Lavoisier et Anaxagore. L'auteure conçoit aussi une magie structurée, aux règles simples, qui m'a tout de suite convaincu que le terme « magie » est inapproprié pour la nommer. Je suis persuadé que l'on a ici affaire à des phénomènes naturels qui peuvent tout à fait faire l'objet d'une recherche scientifique afin d'en extraire les lois fondamentales et de la formaliser mathématiquement.
En résumé, Manon a créé un monde en vraie mathématicienne, et j'adore ça.

L'histoire possède des caractéristiques Young Adult certaines, égratignées par des passages très violents qui l'écartent de ce genre. Quoi qu'il en soit elle m'a happée. J'ai lu ce livre très rapidement (selon mes critères) sans cesse dévoré de curiosité. Les personnages principaux sont attachants et possèdent une profondeur psychologique suffisante. Certains seconds rôles sont sous-exploités (Pelekaï et Lïam dont j'aurais voulu partager les pensées) et d'autres trop stéréotypés (le Roi et le mage Til'Orfaël) mais je comprends qu'ils sont trop nombreux pour être tous vus en détail en moins de 500 pages. Manon Fargetton prend aussi un soin immense à définir la place des femmes en Ombre, et fait passer ce faisant quelques messages d'égalité entre les sexes. Elle évoque aussi d'autres faits de société comme la dépendance à l'alcool et l'homosexualité.

Le plus difficile à gérer est la distanciation. Les décors ne sont pas suffisamment exotiques pour emporter l'imagination, mais la structure de l'univers, de la magie, du panthéon divin et du langage y parviennent. Cependant je ne suis jamais arrivé à larguer complètement les amarres car les héros de Rive, que l'on pourrait croiser dans la rue, me ramenait sans arrêt sur terre. C'est l'inconvénient de ce genre de fantasy. L'absence de distanciation avec les dieux d'Ombre est aussi un problème pour moi.

D'autres détails empêchent ce roman de devenir un chef d'oeuvre selon moi. Par exemple pourquoi, si les relations entre Ombre et Rive ont disparu vers 1650, Ombre est-elle restée dans un régime féodal et n'a-t-elle pas été influencée par le mouvement de la Renaissance ? On n'y trouve même pas la poudre à canon largement utilisée avant 1650. Pourquoi faire employer par des gens d'Ombre le terme de « figure romantique » alors que ce monde n'a jamais été en contact avec le Romantisme ? Pourquoi Énora est-elle traitée comme elle l‘est à la fin ? Evidemment on y gagne une image de tragédie antique mais la façon d'atteindre ce but est tellement artificielle ; l'auteure a manipulée son héroïne contre son gré et la scène tient trop du Deux ex machina.

Mais ce sont de petits écueils dans une très belle et palpitante construction. L'ensemble m'a tenu en haleine et m'a agréablement surpris là où je ne l'attendais pas. Je lirai avec plaisir le nouveau roman dans l'univers d'Ombre, qui fait la part belle à un personnage entraperçu : Bleue de Sav-Loar.
[mode traduction Ombre => Rive terminé]

Et voilà. Je braie encore une fois ma satisfaction à l'égard de ce roman si bellement encré et ambitionne de randonner la suite dans un proche avenir.
Xaler29, Noir Portrait de Relax67.
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Un monde en miroir de l'autre, entre les deux un passage étrange. Chacun de ces mondes est en équilibre, reliés par des fils invisibles. Si on touche l'un de ces fils, l'autre bouge. Si on coupe l'un, on coupe l'autre.

Ombre est fantastique, peuplé de dragons et de vouivres, de magiciens, de rois et de guerriers. Rive c'est la Terre où la technologie a remplacé la magie.

Énora porte en elle de lourds secrets. Elle apporte à l'histoire son côté rebelle, écorché, l'accent de la Bretagne et de ses légendes.
Écorchés ils le sont tous.
Ravenn, princesse guerrière a un trône à conquérir, aucun homme ne lui mettra de bâtons dans les roues ni ne déviera sa rapière. Son personnage centre l'histoire.

Les personnages sont sans doute stéréotypés, un peu trop de féminisme dans cette trame aussi, un parfum fantastique qui en rappelle d'autres. Mais dans l'ensemble j'ai apprécié l'écriture de l'auteure. Ce roman de fantasy Young Adult m'a fait tourner les pages et passer un bon moment d'imaginaire. Les illusions de Sav-Loar me tendent les bras pour m'immerger un peu plus dans cet univers.
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Il est toujours délicat d'écrire un avis sur un coup de coeur à chaud, car les émotions s'entremêlent et on se retrouve dans le creux de la vague une fois la dernière page tournée ! Dans cette espèce de blues où l'on regrette d'avoir fini son livre, qu'il n'ait pas duré plus longtemps !
C'est le cas ici, et même si ce roman n'est pas exempt de défauts, des personnages aux pouvoirs immenses et dont on cherche les défauts pour certains ! Ils sont à la limite des dieux incarnés, dieux qui ont d'ailleurs leur part dans l'action du roman, mais qu'Est-ce que j'ai pu les aimer ces personnages : bon d'abord l'héroïne Ravenn, complexe dans sa perfection, dans sa stature d'héroïne complètement surhumaine et pourtant recélant des failles et des mystères profonds ; Hank ou le Gris dont le rôle n'est pas encore terminé (puisque ce livre n'est que le premier d'un diptyque) ; Jana dans toutes ses contradictions ; les fidèles Lïam et Ojaedd ; le ténébreux Julian et son pendant lumineux Charly. le personnage qui m'a le moins plu est sans doute celui d'Enora qui joue sur une unique émotion tout au long du tome, son seul intérêt le lien avec les Passeurs et toute leur Histoire et que dire de Luernios... L'auteure nous transporte de Rive en Ombre et même dans les limbes et nous fait marcher aux côtés de personnages que l'on suivrait au bout du monde que l'on soit magicien, Gris ou bien simple chasseur de dragons !
C'est avec beaucoup de nostalgie et d'impatience que je referme l'héritage des rois-passeurs et que je vais m'enfoncer au coeur de la forêt dans les illusions Sav-Loar.
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Après une introduction qui met l'eau à la bouche, il est long à démarrer. Très franchement, après cette formidable introduction, pendant les 20 premiers % (en ebook), j'ai eu l'impression de lire tous les clichés de la fantasy "à portails", et très "young-adult", en plus, ce qui m'a un peu déçue sur le coup, voire m'a fichu les jetons pour la suite à tel point que je suis allée relire l'avis d'Alfaric… Rassurée, j'ai continué.

Le hic aussi, c'est que je l'ai lue après la formidable trilogie "la saga d'Arthur" de B. Cornwell et forcément, forcément, malgré un style impeccable, il n'est pas aussi bon, loin de là.

Cependant, après avoir peiné, j'ai été récompensée par un monde et des personnages, que, finalement, je suis arrivée à apprécier. Par ses références à Zelazny évidentes mais son traitement original (surtout la magie, alors ça j'ai vraiment aimé, ça m'a rappelé Ewilan de Bottero), par ses personnages divins qui sont aussi très originaux (ça m'a un peu rappelé le formidable Warbreaker de Sanderson), et enfin par ses développements, qui, bien que classiques, demeurent intéressants et accrocheurs, même si parfois survolés. Je pense me procurer bien sûr « les illusions de Sav-Loar » parce qu'il doit tout approfondir, en toute logique.

Ravenn est le personnage central de l'aventure, et je ne pense pas qu'on puisse comparer aucun autre personnage à elle, à part, peut-être, Hank, qui est fascinant. Enora n'est pas un personnage principal de mon point de vue, et je ne pense pas qu'il faille le prendre comme tel, c'est aussi un personnage secondaire (mais plus approfondi que les autres) car l'histoire principale est bel et bien celle qui se passe au royaume d'Ombre, et non en Rive.
Tous les personnages d'Ombre sont plus caractérisés, plus intéressants et plus vivants (Lïam, Jana, L'intendant (dont le nom m'échappe), Rhun) (encore que j'ai trouvé certains étranges, peu réalistes, notamment la soeur de Ravenn, quelle girouette ! Bon les clichés ayant été posés au début du bouquin forcément ensuite il est difficile d'en sortir…). Et d'autres personnages secondaires manquent de profondeur, c'est dommage. Après il y en a peut-être trop, je ne sais pas…

Je n'ai de plus toujours pas compris ce qu'Axel faisait au milieu, c'est un personnage total inutile, du moins il m'a semblé, on peut donc le qualifier de personnage satellite lointain, arf !
Bref il y a quelques défauts mais c'était un très bon moment de lecture !
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Un ouvrage surprenant, conseillé par @basileusa. Manon Fargetton nous offre ici une histoire et un monde très original. Imaginez un monde qui serait le miroir du nôtre, relié de manière originale au nôtre.
Dans ce monde, l'Ombre, une princesse, Ravenn, vient demander son trône. A Rive (notre monde), une jeune fille, Enora, voit sa famille décimée et apprend qu'elle est l'héritière d'une ancienne dynastie d'Ombre, capable de créer des passages entre Rive et Ombre.
Entre lutte de pouvoir, vengeance et choix dynastiques, Manon Fargetton nous offre une histoire originale qui, tout en s'inscrivant dans la fantasy nous permet d'éviter le déjà-vu. A tel point qu'il m'a été difficile de pressentir la fin. Les personnages sont attachants, le rythme est dans l'ensemble bien soutenu, avec des chapitres et des fragments édifiants, tandis que les chapitres, pas trop longs, n'offrent aucune lenteur.
Mon seul bémol touche plus le début de l'histoire qui, à mon sens, commence trop sur des chapeaux de roues, et la fin, un peu trop précipitée. Dans les deux cas, j'aurais préféré une narration qui prenne un peu plus le temps de bien poser le cadre, les relations, etc.

Challenge Trivial Reading V
Challenge Bragelonne
Challenge Mauvais Genres 2020
Challenge Multi-auteures SFFF
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J'ai posé le livre avec une petite déception, parce que j'aurais bien poursuivi l'aventure avec les personnages. Car s'il y a une vraie fin, elle reste ouverte à la possibilité d'une suite.
Si on peut reprocher quelques défauts au roman, comme une société un brin caricaturale, ou des personnages assez archétypés, difficile de bouter son plaider devant la qualité de l'histoire et ses rebondissements. On ne s'ennuie jamais devant cet univers riche et parfaitement croqué.
Je vais me laisser tenter par Les illusions de Sav-Loar, pas tout de suite, mais certainement dans pas très longtemps
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Le début de ce roman m'a paru bien confus, et pour cause : il met en scène diverses réalités qui vont s'entremêler et il faut tout le talent de l'auteur pour nous faire « visiter » chacune d'elles et nous y intéresser, nous plonger dans leur atmosphère et nous faire rencontrer les habitants.
Au final, je ne sais même pas s'il y a un personnage principal dans cette histoire tellement ils sont nombreux (une bonne dizaine au moins) à y avoir un rôle primordial. Et puis on s'attache à chacun d'eux. Ils sont habilement caractérisés, avec suffisamment d'humanité pour nous toucher bien que très différents les uns des autres.
Une fois que j'ai saisi de quoi il retournait, je me suis laissée entraîner dans un flot d'émotions, dans des scènes épiques de combats grandioses et même s'il manquait parfois de crédibilité au récit, j'ai fini par m'en moquer tellement c'était bien conté !
On y trouve du fantastique, du romanesque, de la magie, de la fantasy, une bonne dose d'aventures, une large part de mystère… et on y côtoie de près les Dieux.
Un excellent tome 1 qui peut aisément se lire seul, mais pour ma part je ne tarderai pas à lire sa suite qui s ‘annonce fort prometteuse !
Un merci tout particulier à @MauriceAndré qui m'en a recommandé (à raison!) la lecture !
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Après la parution de plusieurs romans pour adolescents, Manon Fargetton s'est récemment distinguée par une incursion dans la fantasy pour adulte avec son one-shot « L'héritage des Rois-Passeurs ». Récompensé en 2016 par le Prix des Imaginales, le roman nous relate le destin de deux jeunes femmes issues de mondes différents mais néanmoins liés l'un à l'autre : la première, Ravenn, est l'héritière du trône d'Astria et revient à la cour après des années d'exil pour réclamer la couronne à la mort de sa mère ; la seconde, Enora, est une jeune femme ordinaire, vivant dans le même monde que le notre, et qui voit toute sa famille assassinée le jour de ses vingt ans par de mystérieux hommes armés d'épées. L'une est en quête de reconnaissance, l'autre de vengeance, et leur chemin va évidemment être amené à se croiser. L'ouvrage me paraissait à première vue assez classique, et c'est la raison pour laquelle j'appréhendais un peu cette lecture qui s'est pourtant révélée fort plaisante, même si j'avoue ne pas avoir été complètement transportée. L'auteur maîtrise bien son récit qui ne connaît pas de véritables temps morts et alterne de manière efficace scènes d'action, révélations, et moments plus intimistes nous en dévoilant davantage sur les personnages. Rien à dire non plus sur le style : simple et direct, il permet au lecteur de plonger sans difficulté dans l'histoire tout en se permettant quelques extravagances (les habitants de Rive ont un parler compréhensible mais un peu particulier qui m'a plutôt plu mais pourra en déstabiliser certains). L'intrigue est en revanche un peu plus faiblarde avec certains rebondissements que l'on voit arriver de loin, et d'autres qui paraissent un peu trop faciles (apparition ou disparition inopinée de personnages au bon moment, brusques retournement de situation grâce à des subterfuges assez gros, adaptation beaucoup trop rapide de certains personnages qui découvrent pourtant une société totalement différente de la notre...)

Pour ce qui est du ton du roman, on sent bien que l'auteur a cherché à accentuer l'aspect un peu sombre de son univers en abordant des thématiques plus « adultes » (addiction, homosexualité...) ou en insérant quelques scènes de violence. Ces petites touches de noirceur semblent toutefois un peu trop artificielles si bien que, quelques rares passages mis à part, on pourrait la plupart du temps tout à fait se trouver dans un roman de « young adult ». L'ambiance dans laquelle baigne le livre est cela dit plutôt bien réussie, le plus gros point fort du roman se trouvant essentiellement du côté de son univers qui place le roman dans la catégorie de la « portal fantasy » (si j'ai bien suivi les leçons d'Apophis^^). Ombre (comprenez notre monde) et Rive sont ainsi intimement liés, quand bien même les seuls à être capables de passer de l'un à l'autre sont ces fameux « Passeurs » mentionnés dans le titre. L'idée selon laquelle les hommes et femmes de Rive et d'Ombre seraient malgré tout connectés et que chaque individu posséderait une sorte de double dans l'autre monde n'est pas forcément très originale mais est en tout cas bien exploitée ici. Ces « noirs-portraits » ne pourraient ainsi pas être identifiés par une ressemblance physique particulière (les sexes peuvent même varier), mais partageraient certains traits de caractère et, surtout, auraient tendance à occuper la même zone géographique, dans un monde où dans l'autre. Une idée largement utilisée tout au long du roman par l'auteur (peut-être d'ailleurs un peu trop sur la fin) mais qui reste intéressante. Autre point positif : l'ambiguïté du fonctionnement d'Astria. L'auteur nous dépeint une société dans laquelle le pouvoir est transmis de façon matrilinéaire, ce qui laisse suggérer que les femmes occupent un rôle prépondérant dans la vie de la cité. Au fil des pages, on réalise toutefois que le système mis en scène ici est un peu plus complexe que cela et que, en dépit du sexe de la personne assise sur le trône, les femmes sont exclues des postes à responsabilités, voire même impitoyablement éradiquées dès lors qu'elles manifestent un quelconque don pour la magie.

Les lacunes que peut avoir le lecteur à propos de l'histoire ou du fonctionnement du monde de Rive sont progressivement comblées au moyen de brefs extraits de lettres ou de chroniques intercalés entre chaque chapitre. Et heureusement, car mis à part quelques mentions de lieux (les réserves de cristaux d'âmes, Sav-Loar...) les indications concernant Rive sont plutôt limitées. Ces petits interludes fournissent ainsi une bonne occasion pour l'auteur d'étoffer un peu son univers, dont on devine déjà qu'elle a l'intention de l'exploiter à nouveau (ce qu'elle n'a d'ailleurs pas manqué de faire depuis, puisqu'est paru l'an dernier chez Bragelonne « Les illusions de Sav-Loar », autre roman mettant en scène un personnage dont on fait ici la connaissance et se roulant avant les événements de « L'héritage des Rois-Passeurs »). Un mot, pour finir, sur les deux protagonistes qui se révèlent plus ou moins convaincantes et se démarquent par leur force de caractère. Ravenn, princesse sur le retour, est une guerrière et une meneuse d'hommes de talent qui ne compte que sur elle-même pour récupérer la position qui lui revient de droit. Ni particulièrement aimable, ni très diplomate, la jeune femme dégage une certaine froideur que viennent heureusement atténuer quelques scènes la dévoilant sous un jour un peu plus vulnérable, et donc plus sympathique. Toute aussi déterminée, Enora est en revanche bien plus torturée et impose une plus grande distance avec les autres personnages et avec le lecteur. S'il ne peut s'empêcher de compatir à son deuil, celui-ci pourra ainsi éprouver quelques difficultés à vraiment s'y attacher, d'autant plus que la jeune fille se cantonne les trois quart du roman au rôle de spectatrice, ce qui est un peu dommage. Les personnages secondaires manquent pour leur part d'épaisseur et auraient mérité d'être un peu plus développés. Si les particularités de certains parviennent à titiller la curiosité du lecteur, il est ainsi dommage que beaucoup d'autres se voient reléguer au simple rang de figurant.

« L'héritage des Rois-Passeurs » est donc un bon roman, bien rythmé et bien écrit, même si on peut regretter que certains aspects se révèlent un peu trop classiques et que le ton se rapproche parfois plus du « young adult » que du roman pour adultes. La lecture reste malgré tout divertissante et c'est avec intérêt que je suivrai les prochaines parutions de Manon Fargetton.
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