Un première préface d'importance, datée de 1945, suivie d'une seconde antérieurement écrite en 1922 ...
Et voici que s'ouvre le livre de deux marins, le journal de bord d'une grande affaire, d'une bataille navale manquée qui aurait dû tuer la guerre !
La bataille navale de mars 1915 des Dardanelles ...
O. de S., capitaine de corvette X. et Claude Farrère de l'Académie Française, sont tous deux lieutenants de vaisseaux en 1915.
A tous deux également brevetés de canonnage, rien n'est étranger de tout ce qui concerne la mer, les vaisseaux, les canons, les batteries de côte et les explosifs de leur époque.
Le premier a fait la campagne du premier au dernier jour.
Le second, entre Mer Noire et Mer Egée, a servi sur le Vautour commandé par Pierre Loti et a été très mêlé à l'Histoire turque.
Pour les deux, la guerre est un fléau.
En 1915, le premier, O. de S., a rédigé un journal de bord au jour le jour.
En 1922, le second, Claude Farrère, l'a abrégé et annoté.
En 1946, "La garde aux portes de l'Asie" paraît aux éditions "Gutenberg" de Lyon.
C'est un petit traité, un essai d'un peu plus d'une centaine de page.
Sa lecture ne nécessite pas de connaissances historiques spéciales.
Elle est édifiante et éclairante.
Pour Farrère, la bataille navale des Dardanelles ayant été perdue par la flotte franco-anglaise prolongea la guerre d'au moins deux pleines années.
Pour Farrère, d'avance on avait décidé de n'être pas vainqueur !
Plus important que la victoire, selon lui, étaient la volonté anglaise de ne pas livrer le détroit aux russes, et la volonté française de ménager le peuple turc prisonnier d'un régime inféodé à l'Allemagne nazie ...
Très convainquante est cette démonstration écrite à quatre mains.
Assez convaincante, du moins, pour que je me lance sur la toile à la recherche du vrai nom complet du deuxième auteur de ce livre.
Je cherche, je cherche ...
Par ailleurs, on a souvent accusé Claude Farrère de sympathie avec le régime turc allié aux forces de l'Axe, allant jusqu'à le taxer parfois même de fascisme.
Ce livre, et ses deux préfaces en sont autant de dénégations éclatantes.
Est dit, ce qui est à dire.
Est à lire, ce qui doit être lu ...
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Dame !
Songez que naguère, cinquante et un mois durant, le monde entier cessa de travailler !
Je veux dire de travailler utilement pour le bien-être universel ; cessa de bâtir, de fabriquer, de réparer, d'entretenie, de labourer même ! ...
Et songez surtout que pendant tout ce même laps, le monde entier fit encore pis : qu'il détruisit ! qu'il détruisit tout, pêle-mêle : bêtes, gens, choses !
Un tel accès de folie furieuse, et si long, se paie, très cher.
Tout l'acquit des siècles précédents, toutes les réserves de civilisation qu'avaient accumulées nos pères, en un mot tout le capital ancestral de l'humanité y fondit peu à peu ; et quand vint l'armistice, trop tard, il ne restait plus grand' chose de cette fortune humaine, ainsi dilapidée, ainsi vomie aux quatre vents, par toutes les bouches de nos canons sans nombre !
Cinquante et un mois, ç'avait été trop pour la résistance de la planète.
La guerre d'usure, non la guerre tout court, fut la grande responsable.
Et nous n'en serions pas où nous en sommes si l'Allemagne s'était effondrée plus vite et si la victoire nous était venue plus tôt.
Etait-ce possible ?
J'estime que oui.
Et j'apporte aujourd'hui, ici, un document bien authentique, qui plaide très fortement à l'appui de ma thèse ...
Les marins sont potiniers comme des concierges ...
Qui n'est pas marin n'additionnera jamais tous les menus supplices quotidiens, endurés d'un bout de la vie à l'autre, sous cette rubrique : "quarts de nuit" ...
Vivrais-je cent ans que jamais je n'oublierai l'angoisse épouvantable que j'ai endurée, hier, en regardant couler le Bouvet ...
Claude Farrère :
La maison des hommes vivantsOlivier BARROT, installé dans une chambre, présente une réédition de "
La maison des hommes vivants" en poche Librio ; une histoire
fantastique écrite par
Claude FARRERE, auteur populaire, élu à l'Académie française.