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Le juge est-il un assassin ? Avez-vous lu Balzac ? Si vous l'aviez lu plus attentivement, vous sauriez qu'un juge peut être une bête dangereuse. Alcide Ferlot, s'il avait été coupable, aurait dû foutre le camp. Innocent, il n'avait qu'à se méfier ! Alcide Ferlot était surnommé "Bébé Biberon", parce qu'il ne buvait jamais que de l'eau, du thé et du café, parfois. Mais il usait assez régulièrement de pilules d'une substance inconnue qu'il appelait sa drogue Monte-Cristo, parce qu'il en avait trouvé la recette dans Alexandre Dumas-père. Alcide Ferlot était un artiste. Décorateur, costumier et éclairagiste de génie, il était le maître d'oeuvre des plus grandes scènes de théâtre parisiennes. Mais pour son plus grand malheur, sa route a croisé celle du juge Hyacinthe-Jules Sarriare qui lui reprochait d'avoir fait commerce et d'avoir usé de stupéfiants interdits par la loi ... L'inconvenance et la mauvaise foi la plus totale sont de mise dans ce livre. L'auteur y assume un dangereux parti-pris pour la drogue ! Il y prône une justice à deux vitesses, suivant la personnalité de l'accusé et les services rendus par lui à la société ! Il y rend sympathiques des policiers laxistes qui entravent leur propre enquête ! Il y dévoie la plus pure jeunesse, en envoyant la jeune Marguerite Tardieu, entre deux devoirs, porter des menaces de mort à un magistrat de la république française ! Quelle immoralité ... Mais quel Plaisir de lecture ! Ce petit roman policier malicieux, bien adapté, ferait une excellente pièce de théâtre. Paru en 1954, il est l'avant-dernier livre, le dernier roman, écrit par Claude Farrère. L'écrivain-marin, que l'eau salé a décidément lavé de tout préjugé bourgeois, tire sa révérence sur une pure fantaisie. Il y a du "Zazie dans le métro", du "Bébert et l'omnibus" là-dedans. Le ton est sarcastique, moqueur même. Le récit est cocasse. Les personnages sont croustillants. Marguerite Tardieu, d'abord, la fillette de l'inspecteur de police. Mais aussi Aline Chaliapette, une fort jolie artiste du théâtre St Georges. Sans oublier le serviteur Yvon Conan, un ancien canonnier de la flotte. Ce petit livre est un régal. Claude Farrère, ici, s'amuse. Une fois de plus, il brouille les pistes. Et, bien mal avisé, qui penserai pouvoir épingler sur le revers de son costume d'écrivain une quelconque étiquette ... + Lire la suite |