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Critique de berni_29


Les mangeurs d'argile est un roman écrit par Peter Farris, aux éditions Gallmeister, plutôt spécialisées dans les récits de type nature writing, éditions que j'affectionne tout particulièrement depuis mes toutes dernières lectures.
Nous sommes dans le nord de la Géorgie, ici nous découvrons un territoire sauvage, sur près d'un millier d'hectares, qui appartient à Richard Pelham, territoire peuplé de forêts, de clairières, de pâturages, de collines et de vallons, bref, un vaste domaine qui appartient à sa famille depuis des générations.
Richard, dit Richie adore son fils, la chasse et la pêche. Il a construit une sorte de mirador, un affut de chasse, pour son fils et lui prépare la surprise pour son anniversaire.
Mais voilà, Richie voulant tester et gravir cette réalisation, s'agrippe à un barreau qui cède sous son poids. Ce sera une chute mortelle. Un simple accident ? Tout dépend si l'on considère que ce barreau qui était scié par avance relève du simple accident. Forcément, dit comme cela, vous me voyez venir et vous inviter vers un thriller que j'ai trouvé plutôt haletant, même si le suspens est vite dévoilé dès les premières pages.
En vérité, je me suis bien vite aperçu que Peter Farris ne cherchait pas à attirer le lecteur vers une intrigue à dévoiler, mais plutôt à le promener dans le bons sens du terme vers la rencontre de personnages parfois très attachants et d'autres totalement repoussants, tenter de démêler les fils qui se nouent entre ses personnages.
Le premier personnage attachant est le fils de Richard Pelham, Jesse. Il a quatorze ans. Accablé par la douleur d'avoir perdu son père, il se réfugie dans les bois et fait la rencontre avec un être étrange, Billy, second personnage attachant du roman. Mais voilà, Billy a un passé très pesant, il est poursuivi par le FBI.
Mais revenons aux personnages les moins sympathiques : ici Caroll Crine, beau-frère de Richie, est particulièrement détestable. C'est un chrétien, tout va à peu près bien jusqu'ici. Sauf qu'il veut y mettre les moyens, non pas à la hauteur de sa croyance mais plutôt à la hauteur de ses ambitions personnelles. C'est un évangéliste, un prédicateur ambitieux, charismatique, cynique. Sa soeur s'appelle Grace. Elle le soutient dans son projet, elle est très proche, très très proche, vous voyez ce que je veux dire ? Pas très catholique tout ceci ... Richie, veuf, tombe amoureux d'elle et elle aussi tombe amoureuse de lui, ou plutôt de ses 800 hectares de terrains sous lesquels couvent des richesses de kaolin... Ils vont se marier...
J'ai tout d'abord adoré cette immersion dans cette terre rurale, bucolique où les seuls loisirs des habitants qui vivent ici semblent être la chasse et la pêche. Je n'aime pas du tout la pêche, encore moins la chasse, mais je dois reconnaître qu'ici ces deux passions vécues par les personnages ne m'ont pas dérangé. On n'en parle très peu au final.
Cela donne aussi prétexte à de beaux passages sur cette nature. Parfois un cerf s'abreuve à cinquante mètres du père et du fils. Jesse s'en souvient encore. Quelques feuilles de bouleau ont déjà jauni. Ici une sente de gibier se dessine. Comme il est bon de se poser au bord des berges de la rivière. Jesse se remémore alors l'automne, les feuilles qui tombent, la saison favorite de son père.
C'est comme une terre sacrée que son père lui aurait remis en héritage, une forêt qui s'étend à l'infini. Plus qu'une forêt, un monde à part entière.
J'ai aimé cette troublante amitié entre Jesse l'enfant qui revient sur les lieux du drame et Billy, ce vagabond fuyant, fugitif, affamé, au passé trouble, un homme qui semble rechercher désormais une forme de rédemption dans sa cavale. C'est une très belle amitié. C'est aussi une manière pour l'enfant de revenir sur les pas de son père qu'il aimait, avec lequel il aimait chasser et pêcher, cet homme qui fut un solitaire magnifique sur cette terre.
J'ai tout d'abord vécu cette histoire avec un sentiment d'inachevé, comme si j'étais passé à côté de quelque chose, à côté des personnages dont certains sont cependant très attachants.
Mais c'est peut-être parce que les personnages échouent aussi à devenir des êtres humains, oublient comment il faut faire, sont en pleine errance.
Et puis je les ai vu grandir au contact de l'un et de l'autre, Jesse grandit autant que Billy dans cette très belle rencontre improbable et c'est sans doute la force du roman. Tout se passe ici, l'intrigue n'est que secondaire même si elle a permis à tous les deux de se rencontrer.
Plus tard, ayant refermé le livre, je m'aperçois que ces deux personnages principaux continuent de trotter dans mon esprit comme un souffle merveilleux. C'est alors que je me dis que c'était une très belle histoire qui continuait de cheminer et se construire dans mon esprit.
Je remercie Babelio et les éditions Gallmeister dans le cadre de cette masse critique qui m'a permis de découvrir ce livre et cet auteur.
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