Campagne du Mississipi, une petite ville nommée Red Bluff.
Un couple et leur adolescent arrivent en ville. Pauvres et SDF, ils vont semer le trouble et la crainte parmi la population. En premier lieu le shérif, qui voit là un potentiel d'emmerdes qui ne demandent qu'à lui exploser au visage. D'autant plus que le retour d'un autre homme, Colburn, un ancien enfant de la ville ne présage rien de bon pour la tranquillité de Red Bluff.
Michael Farris Smith signe un roman noir à l'ambiance gothique où le sombre dévore tout, à l'image du Kudzu, une plante de la région qui s'étend et asphyxie les terres autour d'elle.
Le personnage de Colburn est bien construit. Ayant fui la ville avec sa mère juste après le suicide du père, il revient en tant qu'adulte dans cette petite ville paumée, sans savoir vraiment ce qu'il vient faire là. Il ne s'attend pas à trouver des réponses sur le passé de son père et ce qui l'a poussé à cet acte des décennies plus tôt.
J'ai bien aimé également un autre personnage, celui de l'adolescent pauvre, complètement paumé, sans éducation. Il survit de menues rapines et longtemps, on se prend à espérer un futur meilleur pour lui.
Le récit a un bon tempo : l'écriture est rythmée par des phrases courtes et va à l'essentiel. Il se dégage tout de même un certain onirisme dès lors que l'histoire se rapproche des frontières du surnaturel. Elle en caresse les contours mais ne franchit jamais vraiment la ligne.
Mysticisme, pauvreté et tragédies forment le choeur de ce récit.
Pourtant je n'ai pas réussi à apprécier le roman.
Il m'aura manqué plus de profondeur dans les personnages et surtout des comportements moins irréalistes qui, s'ils servent parfaitement le fond de l'histoire en créant des péripéties, ne sont pas du tout crédibles et tendent à un effet stylistique que je déteste : des pirouettes qui font tâche au regard de la prose soignée.