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EAN : 9782370560254
448 pages
Super 8 éditions (07/05/2015)
3.71/5   141 notes
Résumé :
Après des années de catastrophes naturelles successives, une frontière a été tracée entre le nord et le sud des États-Unis. Le sud, de la Louisiane à la Floride, est devenu un véritable no man's land. La région a été évacuée et n'est plus qu'une zone de non droit ravagée par les tempêtes incessantes. Cohen est l'un des rares qui a choisi de rester. C'est un homme hanté par le décès de sa femme et de leur enfant à naître. Son errance solitaire prend fin lorsqu'il tro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (38) Voir plus Ajouter une critique
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Une pluie sans fin qui s'abat sur le sud des Etats-Unis ; des nuages noirs, si noirs qu'ils asphyxient le soleil ; ces ouragans à n'en plus finir qui chassent les hommes toujours plus loin vers le nord ; et leur défaite ultime face à la nature déchainée, vengeresse, quand ils décident de fixer une limite territoriale au-dessous de laquelle toute vie humaine devient impossible…
Cohen n'est pas parti avec les fuyards. Il est resté au-dessous de la limite, retenu par ses souvenirs et ses fantômes tant aimés. Pour demeurer coûte que coûte avec eux, il n'hésite pas à affronter ces terribles ouragans capables de le balayer comme fétu de paille, de braver ces yeux brillants et menaçants qui le fixent dans la nuit noire, de vivre tant bien que mal dans ce monde impossible…
Il faudra tout l'amour de Mariposa, l'insouciance pleine de morgue du jeune Evan, les chouineries et les rires du môme Brisco pour le sortir de sa torpeur, le forcer à s'ébrouer afin d'éloigner de lui ses fantômes. Elisa, Océane, les ruelles sombres de Venise, un corps dénudé sur la plage, quelques souvenirs idiots, Cohen les rejoindra très vite, à tout jamais, juste le temps pour lui de sauver Mariposa, Evan et Brisco, de les ramener à bon port dans un monde plus sûr, moins barbare.
On a voulu comparer un peu abusivement ce livre à « La route », mais il est pourtant bien autre chose qu'un énième roman post-apocalyptique. J'ai aimé le personnage de Cohen ; j'ai aimé sa force, ses fragilités, ses incroyables inconséquences, et surtout cette fidélité sans faille, envers et contre tout, pour ses amours à jamais disparus et ses rêves enfuis.
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Ces quelques dernières semaines ont été particulièrement pluvieuses par chez nous, je me suis dit que cette lecture conviendrait bien au climat, pourquoi pas ! Sauf que dans ce roman, au sud des États-Unis, la situation s'envenime à un tout autre niveau ! Bienvenue aux bombes météo !

"Maintenant, il ne faisait plus que pleuvoir. Avant la tempête. Pendant. Après. Impossible de dire quand s'achevait un ouragan ni quand commençait le suivant."

Lorsque le mauvais temps a commencé à s'installer pour de bon, le gouvernement a tracé une sorte de frontière entre les parties les plus touchées du pays, invitant les résidents à s'installer de l'autre côté puisque la zone était continuellement dévastée. Ceux qui décidèrent de ne pas quitter étaient alors laissés à eux-mêmes ; sans aide, sans ressources.

Depuis deux ans, Cohen, un homme discret et taciturne, continue d'habiter seul avec son cheval et son chien dans la « zone inondée », refusant de quitter son toit et surtout, les souvenirs qui s'y rattachent.

"Autour de lui, un monde bleu-gris. le monde auquel il tentait de se cramponner, qu'il tentait de vivifier grâce aux couleurs d'autrefois. Qui ne pouvait gagner, avec sa grisaille, mais qui gagnait."

Pourtant, il n'aura bientôt d'autre choix que de quitter son ancien havre de paix vers un monde plus sauvage, abandonné à la nature et aux autres survivants, généralement démunis. Sans l'avoir cherché, Cohen fera la rencontre d'un groupe de femmes, d'enfants et d'hommes qui changeront son destin, pour le meilleur et pour le pire. Mariposa, Evan, Brisco et les autres lui donneront un but ; celui d'avancer et de se sortir, tous, de ce trou anéanti par les tempêtes et les ouragans. Rien ne sera facile pour le petit groupe, d'autant plus que la zone est occupée par des pillards un peu partout.

"Il se demandait si tout le monde devenait comme ça, les circonstances aidant. Si ce qu'il avait vu sous la Limite finirait par vaincre, une fois la destruction consommée. Il imaginait un monde où l'instinct et les envies de l'homme constitueraient la seule loi, et il se demandait si l'homme en deviendrait meilleur ou pire. Quant à lui, il avait vu le pire, lequel se tenait manifestement au garde-à-vous, prêt à frapper, (...)."

J'ai trouvé que l'action se déplaçait beaucoup dans ce roman, dans le sens où les personnages bougent, ne sont pas toujours confinés en un seul et même endroit, ce qui a su me captiver. En même temps, on ressent la lourdeur du climat, le danger toujours proche, prêt à bondir comme un diable qui sort de sa boîte à surprise. Les phrases sont courtes, simples. le rythme est assez lent ; la pluie qui tombe sans discontinuer, le vent qui continue de tout arracher, les dialogues qui sont plus ou moins recherchés. Je pense que cela est naturel dans la situation où les protagonistes évoluent avec difficulté. Normal qu'ils n'aient pas trop le sourire ni le moral, ni envie de faire de l'humour. À mon grand plaisir, il n'y a pas trop de personnages, alors c'est facile de suivre l'histoire. Sans vraiment m'attacher à eux, je les ai tous trouvés authentiques. Plusieurs des situations vécues m'ont semblé plausibles, tandis que d'autres pas du tout. Je dirais néanmoins qu'un des points positifs est qu'on ne voit pas venir les évènements à l'avance, on les vit au fur et à mesure, en même temps que les personnages. Je pense que c'est la manière dont c'est écrit qui donne cette impression.

De façon générale, c'est une lecture correcte, qui a bien retenu mon attention sur le coup mais pas mon préféré dans le genre. Si vous êtes curieux, tentez le coup !
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Je dois bien avouer que ce livre me tentait depuis sa sortie avec son résumé très post-apocalyptique (genre qui me tente toujours) offrant comme idée originale d'imaginer une « fin du monde » liée à la nature, la pluie et les tempêtes. de plus les premiers retours que je découvrais à droite et à gauche se révélaient, globalement, positifs. Par conséquent quand j'ai vu que Babelio proposait de découvrir ce livre lors de son dernier Masse Critique, j'ai décidé de tenter ma chance et j'ai eu la chance d'être sélectionné. Je remercie donc Babelio et les éditions Super 8 de m'avoir permis de découvrir ce roman. Concernant l'illustration de couverte elle révèle assez simple, mais plonge directement dans l'ambiance humide du récit.

Comme certains l'ont déjà fait, je vais moi aussi enfoncer le clou concernant l'aspect marketing (aussi bien Anglais que Français), qui compare ce livre à La Route de McCarthy, ce qui n'est pas le cas. Si vous vous lancez dans cette lecture en pensant y retrouver La Route, vous risquez d'être frustré, certes c'est du post-apo et on y retrouve aussi une certaine tentative de profondeur et de réflexions, mais on se rend très vite compte que les deux histoires sont complètement différentes et surtout ne cherchent pas du tout la même chose.

On se retrouve ainsi ici à suivre Cohen qui, depuis la mort de sa femme, vivote dans cette zone sauvage et de non droit qu'est devenue le sud des Etats-Unis, ravagée par les pluies incessantes et les tempêtes dévastatrices. Sa vie va alors changer après avoir été volé un peu naïvement par un couple de jeunes gens. Mais voilà, une fois la dernière page tournée je n'ai jamais vraiment réussi à entrer dans l'histoire et je sors légèrement déçu de ma lecture. Pourtant ça démarrait bien, certes le héros est naïf (voir un peu concon disons le clairement), mais on sentait bien cette solitude, cette souffrance, cette abandon et ce besoin de survivre, sauf que voilà la suite m'a rapidement fait déchanter. Attention il y a de gros risques de SPOILER dans ma chronique.

Déjà le premier point qui m'a un peu bloqué vient de l'ambiance que cherche à mettre en place le récit, cette pluie qui tombe sans arrêt, qui doit rendre l'ensemble humide aux nombreuses conséquences et péripétie que cela occasionne. Sauf que voilà de conséquences, il n'y en a pas, ou si peu et seulement quand ça arrange l'auteur. Car oui, quand je vois des gars allumer un feu ou s'allumer des clopes à l'extérieur, tranquillement, alors que l'air doit être saturé d'humidité et qu'il pleut sans arrête c'est aberrant. Pareil niveau inondation, coulées de boues, apparition de zones traitres et de marais on oublie, nos héros marchent toujours sur un sol bien dur, juste de quoi se salir les pompes et râlé car on a les vêtements trempé. Niveau post-apo, franchement on repassera et niveau prophétique ou éveil d'une conscience écologique vu que l'auteur n'en parle jamais il n'y en a pas. Ensuite, j'aimerais comprendre comment, dans une région abandonnée et sans plus aucune loi depuis 3 à 5 ans on peut encore penser à se servir de billets de banque comme monnaie pour faire ses courses. Dans la partie civilisée c'est logique, mais bon sang celle qui est abandonnée, surtout depuis si longtemps, j'ai du mal à y croire. D'ailleurs en parlant de « civilisé », pour des mecs qui ont été abandonnés par leur pays à leurs sorts, oubliés et ne possédant plus que ce qu'ils peuvent sauver, ils m'ont paru bien gentillet, c'est limite s'ils ne se disent pas bonjour et ne vous tiennent pas la porte en vous souriant en se retrouvant tous chez le receleur du coin. Après j'exagère un peu, il y a bien une ou deux personnes qui tentent de jouer les vilains pas beau, mais bon pas de quoi faire frémir mon petit coeur de lecteur.

Autre point qui m'a dérangé vient de la façon dont l'auteur chercher à construire ses rebondissements, ses épreuves, que vont rencontrer nos héros, car entre celles qui sont traitées beaucoup trop rapidement (comme toute la partie Aggie qui aurait sûrement mérité plus) et celles qui sont très très mal amenées et limites aberrantes, très peu ont réussies à me happer, surtout que l'auteur les gère aussi sans aucune véritable intelligence. Pour vous donner un exemple de certaines incohérences je vais vous conter la vie de Bébé, personnage du livre. Nos héros se retrouvent un moment à se poser dans une maison, tranquillement, sauf que voilà Bébé hurle, il est brulant de fièvre (telle que c'est limite si l'auteur ne compare sa température corporelle à l'enfer), sauf que voilà pas de bol la faute à un autre personnage un peu concon (c'est bon les gars vous pouvez monter un club) ils doivent fuir la maison avec Bébé hurlant à la mort. Coup de chance, ils trouvent une fermette un peu plus loin et, énorme second coup de chance, elle a l'eau courante. Cool, c'est bon ils vont pouvoir s'occuper de Bébé, le soigner, le panser, le laver …. Euh. En fait non, on se retrouve plutôt devant une bande d'ado qui se foutent mais comme de leur dernière chaussette sale de Bébé et qui braillent à tout va qu'ils vont enfin pouvoir prendre un bain se battant pour savoir qui va passer le premier. Vraiment? Oui vraiment car pendant 50 pages on ne parlera plus de Bébé, le temps que tout le monde prenne son bain et sortent tout propres, on le retrouvera alors avec deux personnages féminins au QI de bulot qui tentent de philosopher pour savoir si finalement il ne pleure pas parce qu'il est aussi malheureux. Il. Est. Malade. bon sang. Enfin cela a permis à l'auteur de grappiller 70 pages et de s'offrir un rebondissement. D'ailleurs Bébé prouvera son utilité un peu plus tard en disparaissant avec ses deux bulots, emmenés par les militaires vers un hôpital loin, très loin pour ne plus jamais réapparaitre.
Pourquoi les militaires n'ont pas emmené nos héros aussi et ainsi les sauver? Ne pose pas de question malheureux. NON, ne la pose pas on te dit. Je suis un peu méchant, j'avoue, mais franchement qu'on soit clair c'est aberrant.

Concernant les personnages Cohen n'est pas en soit un mauvais héros, avec son côté fragile, brisé par la mort de sa femme, qui vit avec ses fantômes, il arrive à nous intéresser, limite à se révéler attachant au point qu'on est prêt à lui pardonner sa naïveté et son côté sauveur biblique qui vient libérer son peuple des eaux. le soucis vient par contre des autres protagonistes qui eux se révèlent plats, fade et ennuyeux. Franchement il n'y a pas un seul autre protagoniste qui a réussi à ce que je m'intéresse à lui. Seul Aggie aurait pu être intéressant, même si très archétypé, sauf qu'il disparait trop vite pour commencer à s'affirmer. On évitera de parler des personnages féminins, tant aucune n'arrive à se révéler plus qu'une caricature ou se révèlent inutiles et ennuyeuses. Seule Mariposa aurait pu apporter quelque-chose, mais elle perd de son charisme au fil des pages et de sa liaison avec le héros pour devenir une simple petite chose fragile qu'il faut protéger.

Concernant le style de l'auteur je dois bien avouer que je l'ai trouvé long, mais long. Là où justement La Route épurait au maximum son texte pour se révéler percutant et prenant dans son intrigue comme dans le travail des personnages, Michael Farris Smith, lui se lance dans de longues logorrhées, limite soporifiques, qui plus est n'arrêtant pas de se répéter dans ce qu'il cherche à faire passer et tombant dans des descriptions lourdes à mon goût. La scène de flashback à Venise m'a aussi paru complètement inutile, l'auteur cherchant, je pense, à faire un parallèle entre deux mondes couverts d'eau mais qui traine et n'apporte rien, et le rebondissement du dernier tiers m'a paru trop gros. Pourtant, et c'est ce qui sauve le récit de la noyade, je dois bien avouer que ce dernier tiers a réussi à me sortir légèrement de ma torpeur, offrant enfin un peu de tension dans son intrigue, une fuite en avant qui se révélait enfin efficace et entrainante malgré ses défauts. Dommage que j'ai du attendre si longtemps. Certains me diront que ce roman est plus philosophique que post-apo dans son approche, sauf que je suis désolé mais même de ce point de vue là l'auteur n'a pas réussi à me toucher.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Que d'eau que d'eau disait Hollande sur son pédalo...

Présenté comme un succédané de "La Route" de McCarthy - Ouch la référence balle dans le pied tant ce livre est culte - ou comme un roman post-apo, "Une Pluie Sans Fin" est en fait un roman noir, aux relents de western Mad Maxien, tout simplement.
Avec ses thèmes de prédilection : l'anti-héros solitaire et dépassé, la course au fric, la trahison, la luxure, la convoitise, l'appât du gain et les meurtres.

Ce qui n'en fait pas un roman quelconque pour autant, l'idée de cette pluie diluvienne, sans fin, est un ajout bienvenue et original. Les conséquences de cette catastrophe naturelle vont ponctuer le récit d'éclats scénaristiques audacieux qui vont tenter de rendre ce roman unique et différent, à la voix haut perchée.

Découpé en quatre parties, le bouquin installe son cadre et ses personnages lentement, très lentement, trop lentement sans doute. Il faut atteindre la fin de la deuxième partie pour enfin frissonner et ressentir de la tension. Mais en revanche, arrimé sur les troisième et quatrième parties, le lecteur n'aura d'autre choix que de se laisser porter et dériver sur les flots sournois et sombres de l'histoire, abandonnant tout espoir lui qui entre ici.

Michael Farris Smith, en v'là un nom de cow-boy, nous propose une chevauchée désespérée, sorte de course contre la montre à travers le sud des Etats-Unis.
Nous suivrons donc une poignée de survivants qui, pour échapper aux tempêtes et intempéries mortelles, tenteront de remonter sur des territoires plus secs ; une nuée de personnages, plus ou moins réussis, qui vont graver le livre de leur empreinte.
Quand au personnage principal, Cohen, perclus de traumatismes et de chagrins suite au décès soudain de sa femme enceinte, il devra emprunter un chemin de croix émaillé de souffrances, de douleurs et de déchirures et devra morfler encore plus pour atteindre une quelconque rédemption. Autant dire que l'auteur va s'acharner dessus pour notre plus grand plaisir de lecteur sadique.

L'écriture est sublime. Elle est travaillée, concassée, roulée en boule pour en extraire un suc vénéneux et poétique, grandiloquent parfois mais efficace, aux rotondités harmonieuses et à la croupe accueillante.
L'intrigue aurait néanmoins gagné à être resserrée d'une bonne centaine de pages pour gagner en efficacité et en pugnacité. 3,5/5

Un grand merci à la Masse Critique de Babelio et aux Éditions Super8.
Lien : http://cestcontagieux.com/20..
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Dans ce roman nous suivons le périple de quelques survivants d'en-deça de la limite imposée par le déluge qui s'est abattu sur le sud-est des Etats-Unis (et pas seulement sur La Nouvelle-Orléans).
Certains sont demeurés agrippés à leurs souvenirs des jours heureux, d'autres sont à la recherche d'un hypothétique trésor.
L'histoire d'amour du héros est éternelle mais les armes, en revanche, sont beaucoup trop présentes dans cette épopée très (trop) américaine.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Et qu'aimait-il ? La brise marine, suave et collante, les bains de mer, le sel sur ses lèvres et le sable granuleux sur ses mains et ses pieds. L'embarcadère du vendredi soir, avec ses énormes portions d'ailes de poulet et de côtelettes, ses canettes de bière, les deux guitaristes qui jouaient à la demande du Jimmy Buffett, du Lynyrd Skynyrnd ou du Steve Earle. La tondeuse du tracteur, son vacarme rythmé sous le soleil brûlant de juillet qui le faisait transpirer jusqu'à ce qu'il ne lui reste pas une goutte de sueur, les rangées bien nettes d'herbe coupée, les vaches et leurs veaux anonymes nourris par ses terres. La fille aux ongles de pied vernis, l'endroit tranquilles où ils se réfugiaient, juste à côté du chemin gravillonné, ce qu'ils avaient découverts ensemble de nuit, l'été, les vitres ouvertes, pendant que les moustiques se ruaient sur leurs corps dénudés...
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Il pleuvait depuis des semaines. Peut-être des mois. Cohen avait oublié à quand remontait le dernier jour sans pluie, quand la tempête avait cédé devant le bleu pâle du ciel marin, les vols d'oiseaux, les nuages blancs, l'éclat du soleil sur le paysage détrempé. Il pleuvait, une pluie régulière qui avait perdu son obliquité agressive quand les dernières bourrasques s'étaient éloignées, pendant la nuit. Il avait envie de sortir, de fuir la lumière tressautante de la lampe à pétrole, le jeu de carte usé, les livres de poche, la radio qui ne captait presque plus rien, la voix qui murmurait dans son sommeil, dans la tempête, dans le moindre recoin de la petite maison de brique. Il pleuvait à verse, très tôt en ce matin trop sombre, mais il fallait qu'il sorte.
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L'océan désert, l'immensité de l'eau et du ciel, leur jonction à l'horizon infini. Il se rappelait la plage de son enfance. Ses yeux perdus au loin. Il imaginait alors les hommes qui avaient contemplé la vastitude des siècles avant lui et bravé l'inconnu en chargeant des bateaux, en disant adieu à leur famille, en hissant les voiles puis en se laissant emporter, poussés par une curiosité plus puissante que l'amour de leur terre et de leurs proches. Ils se laissaient emporter, et tandis que leur mère patrie rapetissait puis disparaissait dans leur sillage, des points d'interrogation se déployaient devant eux telles les constellations. Ils se représentaient des serpents de mer jaillis des profondeurs, capables de les dévorer d'une bouchée, de les griller en crachant le feu ou de les emprisonner dans leurs anneaux puis de les vider de leur sang par constriction ; ils se figuraient des tourbillons noirs de taille à engloutir une flotte entière et qui n'auraient aucun mal à les aspirer dans des tombeaux sans fond tournoyants ; ils contemplaient le bord du monde jusqu'où ils navigueraient avant d'en basculer - mais où tomberaient-ils ?
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Après manger, il se changea, enfilant les vêtements secs rangés dans le placard, puis le sommeil de l'épuisement l'emporta, couché parmi les robes pourpres des officiants. Il rêva d'une arrière-cour traversée par un fil à linge, couverte d'une herbe épaisse, ornée de jardinières garnies de fleurs blanches ou roses. En son centre trônait une table de pique-nique en bois, entourée de ses proches et relations d'autrefois. Ses oncles, ses copains de lycée, sa mère, de vagues connaissances croisées à divers moments de sa vie. Ils se partageaient des plats débordant de poulet frit, de steaks hachés, de purée, de biscuits, de pastèque en tranches. Tout le monde avait beau manger à belles dents, les plats ne désemplissaient pas, mais chaque fois qu'il cherchait à se servir, quelqu'un l'attirait à l'écart pour lui parler ou insistait pour lui montrer quelque chose devant la maison - une nouvelle voiture, par exemple.
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« Un torrent ininterrompu charriait sa conviction, tandis que les muscles de sa nuque se crispaient, que ses mains et ses bras ondulaient – car il tordait le serpent telle une serviette mouillée – ,que le besoin de tuer devenait impérieux, qu’il demandait la force et le châtiment de ceux qui doutaient de la voie, ma voie, Ta voie, Seigneur, si électrisé par sa puissance et son pouvoir qu’il ne vit pas la femme se précipiter sur lui et n’eut pas le temps d’échapper à l’emportement de la prière : déjà, il gisait sur le dos, bras et jambes plaqués à terre, son propre revolver contre ses lèvres, baiser-morsure d’une maîtresse ardente. Le serpent s’était enfui. »
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Vidéo de Michael Farris Smith
Derniers conseils avant l'autoroute des vacances. Trois romans aux intrigues serrées, aux atmosphères singulières, ancrés dans une région : le Mississippi, la Sardaigne loin des dépliants touristiques, et le quartier de Kensington gangréné par la drogue à Philadelphie. À LIRE "L'île des âmes" de Piergiorgio Pulixi, traduit de l'italien par Anatole Pons-Reumaux, éd. Gallmeister. "Blackwood" de Michael Farris Smith, traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabrice Pointeau, éd. Sonatine. "La rivière des disparues" de Liz Moore, traduit de l'anglais (États-Unis) par Alice Seelow, éd. Buchet-Chastel.
UNE ÉMISSION ANIMÉE PAR Michel Abescat Christine Ferniot
RÉALISATION Pierrick Allain François-Xavier Richard
TÉLÉRAMA - Juin 2021
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