AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de karihotaka


En voyant cette jolie couverture et le résumé, je me faisais une joie de dévorer un thriller historique parsemé de référence ésotériques à la Umberto Eco.
Déception! Au final ça n'atteint même pas le niveau d'un Dan Brown, c'est dire.
Le livre est long, décousu, incohérent, prétentieux et même carrément ridicule par moments (une scène où le héros se défend avec une balle de base ball...).

Pourtant ça démarre bien. En rédigeant la nécrologie d'un de ses profs (qu'il a à peine connu ceci-dit), un journaliste jeune et un peu glandeur mais forcément talentueux (tout le monde le dit alors) va mettre au jour un étrange complot de personnages ésotériques trouvant ses racines dès siècles plus tôt.
Le livre alterne entre l'enquête proprement dite (point de vue narratif du personnage principal) pour les chapitre impairs, avec l'histoire, la description et la valeur monétaire de 16 objets ayant appartenu à un alchimiste au Moyen-Âge.
Pourquoi pas ?
Encore faut-il donner un peu de sens à l'histoire au lieu de nous balancer de façon artificielle.
Du début à la fin du livre je me suis demandé ce qu'était les chapitres pairs. Qui les écrit ? Je pensais qu'il s'agissait d'une espèce de journal intime, peut-être ayant appartenu à la victime. On découvre à la fin [spoiler]que c'est apparemment écrit par Hannah, mais c'est incohérent car elle raconte des scènes qu'elle n'a pas vécues ni vues[/spoiler].
Quel rapport entre ces différents objets (non, il ne s'agit uniquement d'objets ayant appartenu à I'alchimiste du premier chapitre pair), pourquoi leur "valeur estimée" ?
Non seulement ça mais en plus à bien y réfléchir [spoiler]on s'en fout un peu, il n'y a que la Table d'émeraude qui serve à prolonger la vie. D'ailleurs elle est passée où celle-là ? Dans le coffre trouvé par le flic? On n'aura même pas la réponse, on sait juste qu'apparemment les alchimistes l'ont récupéré à la fin et tout rentre dans l'ordre, donc. Comme si rien ne s'était passé. [/spoiler]

Des longueurs épouvantables.
Je suis pas du genre à bouder mon plaisir devant de longues et passionnantes descriptions, mais là c'est toute une série de dialogues, situations, réflexions, instrospections inutiles qu'on nous inflige. Des passages qui ne sont ni agréables à lire, ni nécessaires à l'intrigue.

Lors d'une scène vers la fin du livre, les principaux protagonistes dînent ensemble et révèlent (enfin!) les découvertes étonnantes qu'ils ont faites sur la victime. Qu'on alterne entre la description du savoureux repas et les révélations, je veux bien.
Mais une réflexion sur le fait qu'un des personnages s'est mal rasé entre "le pli entre le cou et le double menton, où poussait comme de la mousse une longue touffe de poils", moi j'ai envie dire : "on s'en fout, viens-en au fait!"

Prenons comme exemple le 8ème chapitre. Un personnage mystérieux nouvellement arrivé en ville sous une fausse identité doit exécuter une mystérieuse mission. Pour ce faire, il élabore une longue stratégie visant à devenir le client habitué d'un restaurant chinois. C'est-à-dire qu'il y vient quasiment tous les jours pendant 20 jours et discute avec les serveurs. Croyez-le ou non mais l'auteur tient à nous faire vivre ça sur 7 pages. Doublement inutile. D'abord parce qu'il n'y aucun suspense, on sait d'avance que la "mission" c'est de récupérer un objet. (Pourquoi ? parce que c'est comme ça dans tous les chapitres pairs, pardi!); ensuite parce que sa "stratégie" est ridiculement compliquée. Il aurait très bien pu venir n'importe quel jour pour récupérer l'objet. Ce chapitre aurait pu être plié en deux pages. On dirait que l'auteur se fait un devoir de rallonger. Pour faire plus sérieux ?

Là où on nous promettait un livre "érudit", je vois surtout une énumération de lieux exotiques pêchés à droite, à gauche, un catalogue de stéréotypes à peine plus originaux que la normale. Sans doute Fasman se trouve-t-il érudit d'évoquer la France via le Sancerre et Bourg-en-Bresse au lieu de Paris et du champagne (sarcasme). Mais moi, désolé ça m'impressionne pas.
Qui plus est l'auteur fait parfois preuve d'une condescendance assez dérangeante vis-à-vis de tout ce qui n'est pas américain.
Je passerai sur les anglais snobs et édentés, les chinois impassibles, parlant à peine l'anglais et prêts à tout pour avoir un héritier mâle; le plus rigolo reste les scènes en Union Soviétiques, qui semblent tout droit sorties de Ian Fleming. Les russes sont forcément bêtes, maigres, et la bouche pleine de slogans socialistes.
Sans compter les absurdités historiques. Passe encore que l'auteur s'imagine qu'en URSS en 1988 on pouvait être dénoncé pour avoir tenu une cérémonie religieuse dans sa propre maison; mais quand un soldat parle de la "lutte contre les Mencheviks" en 1974 en Ethiopie...

L'auteur crée une gallerie de personnages aussi trucullents (en apparence) qu'inutiles. Ainsi, Austell, personnage ennuyant et attachant dont on sait tout dans les premiers chapitres et qu'on ne reverra plus du tout passé le premier tiers du livre. Ainsi le duo des policiers corrompus et incapables (forcément dans une petite ville) à la Laurell et Hardy. On croit qu'ils interviendront dans le dénouement, en fait non. Ainsi le médecin légiste dont [spoiler]on ne sait même pas s'il est mort d'un accident ou non, et d'ailleurs sa mort n'était pas justifiée.[/spoiler]

Enfin, l'histoire. Je n'ai pas envie de tout raconter mais la révélation finale n'est qu'une déception de plus. La montagne accouche d'une souris. "Tout ça pour ça ?" Et oui.
Les motivations de la victime sont absurdes et ne justifient pas sa disparition. Les motivations de ses assassins le sont tout autant. On n'a pas réponse claire sur ce qu'ils sont vraiment. On a l'impression à la fin de l'histoire que c'est comme si rien ne s'était passé.
Quelle perte de temps.
Faites-vous plaisir et éviter ce livre. Et si jamais vous l'entâmer un jour, vous pouvez sauter directement à la fin, vous n'aurez pas perdu grand chose.
Commenter  J’apprécie          00







{* *}