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Citations sur La force de l'ordre (42)

Que la police doive mesurer son efficacité en termes de faits constatés et de faits élucidés au regard d'un but chiffré est, après tout, raisonnable. Le problème est moins théorique (comment faire une bonne évaluation d'une politique ?) que pratique (comment augmenter le nombre de délits et de crimes constatés et élucidés lorsqu'ils sont de fait en diminution et souvent commis dans des conditions laissant peu la possibilité de trouver les coupables ?). (...)
La solution logiquement trouvée par les policiers, c'est de compléter leurs prises en rapport avec des atteintes aux biens et aux personnes, qui sont la raison d'être principale de leur métier, par des faits à la fois aisés à réaliser et faciles à élucider, mais éloignés de leur mission première. Il s'agit essentiellement de deux types de délits : les infractions à la législation sur les stupéfiants (ILS), et les infractions à la législation sur les étrangers (ILE), autrement dit des "shiteux" et des "sans-papiers". Un agent de la BAC m'expliqua : "En principe, on est censé faire trente interpellations. C'est ce que le major nous demande. Le mois dernier, mon équipage en a fait seulement vingt-quatre. Alors on a fait des ILS et des ILE pour compléter. C'est le commissaire lui-même qui nous l'a dit." (...) Les fonctionnaires considèrent les ILS et les ILE comme des "situations intéressantes", car non seulement elles sont aisées à "faire", mais elles sont par définition élucidées puisque la découverte du délit suppose l'identification du coupable.
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Deux grands modèles de police se sont longtemps opposés.
En Grande-Bretagne, c'était le 'Bobby', non armé, circulant souvent à pied, bien implanté dans son environnement et respecté pour son sens civique.
Aux Etats-Unis, c'était le 'Cop', toujours armé, patrouillant en voiture, entretenant peu de relations avec les habitants et redouté pour sa brutalité et son racisme.
C'est ce modèle qui s'est imposé presque partout dans le monde.
Cette évolution a un coût humain.
En Grande-Bretagne, trois personnes sont tuées par la police chaque année.
Aux Etats-Unis, trois meurent chaque jour dans les mêmes circonstances.
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[ même en rapportant ces chiffres (de 2007) à la population de chaque pays, la différence reste considérable :
GB : 63.7 millions - USA : 316.1 millions en 2013 ]
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Souvent, [mes compagnons de patrouille de la BAC] me confiaient avec satisfaction que, lorsqu'une opération de la police en tenue se passait mal, leur arrivée calmait immédiatement les individus concernés. Ils n'hésitaient pas à user de la force bien plus que ne le faisaient leurs collègues, mais en général leur présence était suffisamment menaçante et leur réputation suffisamment établie pour couper court à toute velléité de réaction de la part de leur public (...).
Leur dureté faisait peur : ils le savaient et s'en flattaient. Il y avait d'ailleurs, dans leurs interventions, une performance plus ou moins consciente, une façon de jouer un rôle de méchant comme au cinéma ou à la télévision. Si les gardiens de la paix avaient un point commun avec les adolescents des quartiers, c'était leur fascination pour les sites d'hébergement de films amateurs de poursuites et de rodéos, pour les jeux vidéo de guerre et de violence, enfin pour les séries et les films policiers.
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L'action judiciaire engagée contre les forces de l'ordre pour des faits de violence (...) est le résultat d'une conjoncture qui n'est que très rarement réalisée puisqu'il faut que la victime porte plainte, que la doléance soit enregistrée, que le parquet soit saisi, qu'une instruction soit diligentée, qu'un non-lieu soit évité et qu'une condamnation soit prononcée. À chaque étape de cet enchaînement de faits improbables, le nombre d'affaires diminue jusqu'à ne donner que quelques dizaines de sanctions dont on a vu qu'elles n'étaient même pas nécessairement exécutées.
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La relation ethnographique, c'est-à-dire le lien qui se constitue en situation d'enquête entre l'enquêteur et les enquêtés, met en effet toujours en tension complicité et duplicité : d'un côté, on cherche à induire une proximité artificielle qui finit cependant par devenir réelle ; de l'autre, on s'efforce de maintenir une certaine réserve sur un projet intellectuel qui se constitue du reste au fur et à mesure que la recherche progresse. Généralement, la complicité prévaut, ne serait-ce que pour des raisons pratiques de meilleur rendement scientifique (on dit plus de choses à un chercheur avec lequel une certaine connivence est établie), mais aussi par un biais misérabiliste assez répandu dans les sciences sociales (la plupart des recherches portent sur des groupes dominés [...]).
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Les policiers sont convaincus que les juges sont trop cléments. “On arrête des délinquants et le lendemain ils sont remis en liberté“, répètent-ils sans cesse. Punir dans la rue leur apparaît donc comme une manière de se substituer à une justice qu’ils pensent défaillante.
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Les sympathies pour le leader de l'extrême-droite [JM Le Pen] m'étaient déjà apparues à plusieurs reprises.
A l'approche de l'élection présidentielle [2007], les indices de la xénophobie se firent toutefois plus manifestes sur les murs du bureau de la BAC.
(...)
Les tenues de certains policiers se modifièrent, et ils parcouraient les cités vêtus d'un tee-shirt noir arborant sans ambiguïté des signes de leurs affinités.
A côté du mot PATRIOT et du casque franc à l'intention explicite, les trois chiffres [732] évoquant la date de la défaite de l'armée arabe à Poitiers étaient devenus le symbole de ralliement de l'extrême-droite.
L'institution policière, qui avait saisi la justice et fait condamner pour outrage un fabricant de tee-shirts détournant ironiquement le sigle des brigades anti-criminalité [B.A.K. - Brigade Anti Keuf] se montrait au contraire très indulgente à l'égard de ses agents qui livraient au regard des habitants leurs opinions hostiles aux immigrants et aux minorités.
(p. 85)

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https://www.liberation.fr/societe/2003/02/14/bak-93-des-vetements-qui-froissent-la-police_430917
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La vie publique d'un livre se développe en large part indépendamment de ce dernier - à travers ce qui en est dit bien plus qu'à partir de ce qu'on en lit.
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Paradoxe que cette inversion des rôles : contrairement à l'opinion répandue, selon laquelle les jeunes provoquent les policiers qui ne peuvent que répondre pour manifester l'autorité de la force publique, ce sont souvent, dans certains quartiers, les policiers qui provoquent les jeunes en anticipant une réaction qui pourra justifier leur riposte musclée. Ainsi, lors d'une patrouille dans une cité, le véhicule de la BAC roule au pas derrière un adolescent d'origine africaine âgé d'une quinzaine d'années qui, à considérer le sac qu'il porte en bandoulière, rentre du collège. Les gardiens de la paix baissent la vitre du véhicule et lui lancent en riant des insultes racistes. Au bout d'une vingtaine de secondes, excédé, les larmes aux yeux, l'adolescent, qui avait pu se contenir jusqu'alors, éclate : "Mais laissez-moi tranquille!" Immédiatement, la voiture s'arrête, les trois policiers en sortent et entourent le garçon, menaçants. L'ayant contrôlé et fouillé avec rudesse, ils se préparent à l'emmener au poste, mais l'intervention d'une passante qui assure qu'il est un garçon sans problème et supplie les policiers de le laisser rentrer chez lui permet in extremis d'éviter l'interpellation. Heureusement pour le collégien, l'affaire se termine donc par une simple intimidation, qui lui aura inculqué, à moindres frais, la leçon que ne cessent de lui rappeler ses parents et ses aînés : il faut toujours se taire face aux forces de l'ordre.
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Que la police ne puisse plus faire l'objet d'observations et d'analyses indépendantes conduit à s'interroger sur ce qu'elle aurait à cacher ou sur ce que le pouvoir ne voudrait pas qu'on en dise. (...)
L'étude que j'ai conduite il y a quelques années, je ne serais plus en mesure de la mener aujourd'hui.
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