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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Didier Fassin a été autorisé à suivre des policiers d'une Brigade Anti Criminalité (BAC) pendant plus d'un an. On ne peut que rendre hommage à ceux qui autorisèrent cette observation, qui aboutit à une étude ethnologique, d'abord publiée sous la forme d'un essai de 400 pages.
Pour en rendre compte de manière plus synthétique et accessible, l'auteur a retravaillé son texte avec Frederic Debomy, et Jake Raynal l'a illustré.

Le résultat est plutôt effrayant : on y voit beaucoup de policiers frustrés, racistes, aux idées d'extrême-droite aussi courtes que leurs cheveux rasés, et quelques-uns plus sensés mais qui doivent se taire pour ne pas être tenus à l'écart ou quitter cet environnement quand ils n'en peuvent plus.
A la décharge des premiers (comme le souligne l'ouvrage), il s'agit souvent de jeunes policiers en début de carrière, placés dans un environnement qu'ils ne connaissent pas et qu'ils perçoivent comme hostile (sans comprendre que le comportement même de leurs collègues ne peut que générer une telle hostilité), de surcroît souvent obligés comme leurs collègues de faire du chiffre (entendez par là d'interpeller des personnes en nombre).
Le passage de Sarkozy au Ministère de l'Intérieur puis à la Présidence a fait beaucoup de dégâts sur la cohésion nationale, notamment par l'instrumentalisation des services de l'Etat à des fins de propagande politique. Ses derniers successeurs n'arrangent pas la situation…

En lisant les pages 24 et 25 de l'ouvrage, j'ai pensé que les auteurs exagéraient, que les policiers de la BAC ne pouvaient pas être aussi dénués du sens du ridicule !
Pour en avoir le coeur net, je suis allé voir les écussons des BAC sur internet. Résultat : en effet, les représentations d'animaux y sont fréquentes, et significatives. On y trouve beaucoup de tigres, quelques crocodiles, des loups, des aigles, et des serpents. C'est dire le niveau de frustration des gars (les femmes sont peu représentées dans les BAC), fiers de recourir à ces symboles de force.

J'ai trouvé un peu dommage que le graphisme ne soit pas à la hauteur de la richesse du texte et de l'analyse.
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La force de l'ordre est la mise en bande dessinée d'un rapport sur les violences policières dans les quartiers dit “à risques” entre 2005 et 2007. le trait est simple, il ne cherche pas à tricher sur les sentiments, il se contente de présenter des faits, les anecdotes crues, des paroles de flics de la BAC, et leurs méthodes très discutables. C'est édifiant, il pose des questions essentielles sur la mission de sécurité : protection ou répression, proximité ou distance. Ces méthodes sont des choix politiques, c'est bien là le plus grave, il est important de lire cette bande dessinée. Elle nous donne à penser de redéfinir les missions de la police nationale, ce n'est pas en laissant les milieux d'extrême droite phagocyter ce service public que les choses s'amélioreront, bien au contraire. Cette bande dessinée pose juste un constat : les droits les plus élémentaires ne sont pas respectés et régler les problèmes de sécurité en faisant régner la terreur est indigne d'une démocratie. Lecture édifiante, constat affligeant, ce rapport est révoltant et devrait suggérer un changement de direction, mais les politiques sécuritaires sont aujourd'hui encore plus encensées dans le débat public, on revient à la mode du karcher, quelle connerie !
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Puissant et chapeau pour cette enquête et le livre qui en résulte et donc aussi la BD. Bon, en ayant vécu à Paris et souvent la nuit, j'ai eu à faire à cette fameuse BAC et oui quand on les voit arriver c'est inconscient et plus fort que soit on a envie de fuir. Après, c'est un eternel discours qui revient mais qui n'est jamais entendu, allez savoir pourquoi.... ;-)

Selon moi, c'est une BD à donner à lire dans tous les commissariats de France, avec bien sûr, un suivi littéraire obligatoire pour en faire comprendre la substantifique moelle. Là, y'a du boulot.

Mais bon, le plus simple serait de rebooter tout le système avec interdiction de refaire le même système.
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Extrait de ma chronique :

"En tout cas, le résultat est d'une lisibilité parfaite, grâce à certains choix graphiques judicieux : le format 2x3 plutôt que 3x4 et des cases pas si verbeuses que ça, ce qui permet au lecteur de respirer et d'assimiler les informations à son rythme ; un style graphique très épuré associé à une mise en couleur frôlant la monochromie, de façon à mettre à distance le lecteur sans trop le perdre ; un découpage classique sans être académique (le taux moyen de cases prenant la largeur de la planche est de 0,64 seulement, inférieur à 1 donc sans être proche de 0).


Cette façon de prendre le contre-pied aussi bien de la bande dessinée immersive (affectionnant les couleurs réalistes et les découpages plus amples) comme de la bande dessinée humoristique (aux couleurs souvent flashy et au découpage en gaufrier), le dessinateur, Jake Raynal (d'ordinaire plutôt adepte d'un noir et blanc expressionniste) l'avait déjà pratiquée avec bonheur dans un de ses précédents ouvrages, Les Situationnistes, scénarisé par Christophe Bourseiller.


Grâce à cette application virtuose à la bande dessinée du concept de distanciation cher à Bertold Brecht (qui recommande de mettre à distance par tous les moyens les faits qu'on représente, pour conduire le spectateur à les questionner), la version graphique de la Force de l'ordre réussit, me semble-t-il, et sans aucune outrance dans le propos, à nous faire réfléchir sur les forces de l'ordre et sur le supposé désordre que le pouvoir les charge de combattre – ce qui était bien le but initial poursuivi par Didier Fassin."


Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Cette BD courte illustre l'enquête sociologique de Didier Fassin, qui a passé 15 mois au sein de la BAC en banlieue parisienne. On y voit le quotidien de policier•ères, leurs relations avec les habitant•e•s, les journalistes, leurs opinions politiques, avec beaucoup de racisme. La discrimination que subissent des jeunes de banlieue apparaît clairement, même si l'auteur esquisse des opinions mitigées au sein de la même équipe. Une bonne BD documentaire qui permet de connaître cette enquête dans ses grandes lignes.
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Tirée d'un livre de 400 pages d'étude sociologique ethno centrée au sein de la police (notamment de la bac), cette BD en 100 pages est un ouvrage de vulgarisation. En si peu de temps de lecture, on se doute que le sujet est traité de manière superficielle, mais c'est déjà intéressant, et une bonne entrée en la matière pour quiconque s'intéresse aux violences policières. Bien que les observations et les scènes retranscrites datent de 2007, ce livre reste d'une actualité déconcertante, et l'auteur fait le parallèle avec les événements récents.
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