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Didier Fassin (Autre)
EAN : 9791041414703
1284 pages
Points (05/01/2024)
3.57/5   7 notes
Résumé :
Au fil des ans, les crises semblent se multiplier : crise financière, crise sanitaire, crise environnementale, crise des exilés, crise du patriarcat, crise de la démocratie, et selon certains même, crise du capitalisme et du néolibéralisme – la liste pourrait encore s’allonger. La crise deviendrait-elle la nouvelle normalité du monde contemporain, au risque de ne susciter de réponses que dans l’urgence ? Le choix fait dans ce livre est de parler plutôt de moment cri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Attention, document scientifique, ce ne sont pas des discussions de brève de comptoir sur les crises sociologiques, politiques ou économiques que traverse notre société, chaque chapitre est écrit par un intervenant de haut niveau sur la question. Et pourtant le style général reste très lisible, exigeant mais lisible.

Je n'ai pas encore tout lu, loin de là puisqu'il y a 60 chapitres, très denses, en général d'une vingtaine de pages qui traitent de sujets comme nos enjeux contemporains (terre, mondialisation, migration, pandémie, terrorisme, complotisme, écologie, discriminations, genre, race, citoyenneté, communs), économiques (croissance, financiarisation, précarité, richesse), technologiques (plateformes numériques, pandémies), politiques (démocratie, autoritarisme, populisme, etc), immédiats (famille, banlieues, travail, justice, prison), solidaires (école, santé, hôpital, communs, non humains).

Le parti pris est de prendre du recul. Prenons pour exemple le chapitre sur l'écologie, il ne s'agit pas de penser une crise écologique, car il ne s'agit pas d'une crise mais d'un changement irréversible que nous vivons (et dont l'ampleur dépendra de nos efforts actuels) et qui sera la source de nombreuses crises (alimentaire, migratoire).

"Il n'y a pas de crise écologique. ... Il s'agit bien d'attirer l'attention du lecteur sur l'inadéquation du mot crise. A l'échelle des sociétés et de leur histoire, les crises sont des moments brefs, où les difficultés ordinaires atteignent un degré tel (à proprement parler extraordinaire) qu'elles perturbent massivement leur fonctionnement. Les sociétés sortent de ces périodes critiques, et des perturbations qu'elles engendrent, métamorphosées à des degrés divers. ... Tel n'est pas le cas de ce qui nous arrive. Certes nous allons être de plus en plus affectés par les dérèglements "naturels" en cours mais la différence d'avec les crises est que les changements sociaux ne sont et ne seront en l'occurrence que des ricochets ; les perturbations en cours et à venir, en effet, affectent et affecteront de plus en plus non pas directement tel secteur d'activité, mais le réceptacle de toutes nos activités ; à savoir le climat, les sols, la biodiversité, la richesse de nos sous-sols, etc."

Ce n'est pas non plus un manuel de solution, mais une exploration en profondeur de sujets majeurs. Prenons l'exemple du chapitre sur le complotisme, on n'y trouvera pas de méthode pour contrer le complotisme, ce n'est pas le sujet (et il y a de bons livres sur la question), mais plutôt une analyse en profondeur des contextes qui favorisent ou entretiennent de telles croyances, ainsi qu'une analyse de leurs principales occurrences historiques ou dans d'autres types de société.

Un livre tout à fait indispensable pour comprendre les mutations qui vont profondément altérer notre société.
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livre indigeste à souhait. j'ai calé au bout de 100 pages. et je n'irai pas plus loin. ce que je ne fais jamais. j'ai jeté l'éponge lorsqu'au chapitre sur le terrorisme, l'auteur explique que ce fléau est tout autant la faute de la société, des politiques publiques et de l'idéologie réactionnaire que celle des criminels . je veux bien lire contre ma pensée, comme il convient de le faire lorsqu'on veut exercer une pensée critique libre. mais il y a des limites. Les centaines d'innocents morts au Bataclan ou à Nice méritent le respect sans faille de leur mémoire. Je déteste ces auteurs qui se croient autorisés à tout relativiser.
Les pages qui ont précédé étant sur cette ligne, le plus simple est de s'arrêter là ! et de passer un bel été !
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critiques presse (3)
LesInrocks
23 février 2022
Un essai pluriel et fécond pour penser le présent. Dans ce livre somme remarquable publié sous la direction de l’anthropologue et médecin Didier Fassin, quelque 70 chercheur·euses en sciences humaines et sociales proposent “un diagnostic sur le présent qui aiderait à penser l’avenir”.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
NonFiction
31 janvier 2022
Un remarquable ouvrage collectif, réunissant près de de soixante-sept auteurs de tous horizons disciplinaires, qui ambitionne de livrer un diagnostic sur le présent pour aider à penser l’avenir.
Lire la critique sur le site : NonFiction
SudOuestPresse
20 janvier 2022
Panorama actuel de l’état des sciences sociales, ce livre propose des réflexions pour nous aider à appréhender l’avenir ensemble, dans un contexte où le mot crise est sur toutes les lèvres.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[chapitre "Migrations" (François Héran)]

La question posée – « Faut-il ouvrir les frontières ? » – est lourde de présupposés. L’usage absolu de l’expression en dit long : nul besoin de préciser s’il faut ouvrir les frontières aux marchandises, aux capitaux, aux armées, aux touristes ou aux migrants, chacun comprend d’emblée que seuls ces derniers sont concernés, eux seuls font problème. Il n’en a pas toujours été ainsi : jusqu’au milieu des années 1970, par exemple, les Français étaient davantage préoccupés par le contrôle des changes que par le contrôle des migrations. Le mot « intégration » jouit du même privilège : employé absolument, il cible l’intégration des immigrés, comme dans l’intitulé du Haut Conseil à l’intégration (HCI), qui a fonctionné en France de 1989 à 2012. Ce consensus tacite en dit long sur la place prise par le contrôle de l’immigration dans le débat public et la doxa en général.

Second présupposé, se demander s’il faut ouvrir les frontières, c’est tenir pour acquis que leur état naturel et premier est d’être fermées : c’est l’ouverture qu’il faut argumenter. La fermeture étant la doxa, l’ouverture est paradoxale. Les esprits forts ne cessent de dénoncer la tyrannie du « politiquement correct » mais, en l’occurrence, c’est le plaidoyer pour l’ouverture des frontières qui nage à contre-courant, c’est lui qui est « politiquement incorrect ». Vouloir fermer les frontières, à l’inverse, est devenu le comble de la bien-pensance.

Les congrès de démographie ayant pratiqué ces débats dichologiques pendant une décennie, on peut en tirer quelques observations. D’abord, les deux files pour et contre tendent à s’équilibrer, par un phénomène d’ajustement qu’on observe aussi en sociologie électorale. Ensuite, rares sont les orateurs qui parviennent à sortir du cadre. Certains tentent de doser le pour et le contre mais peinent à développer leurs arguments dans le temps imparti. Dans ce genre de débat bien cadré, l’ordre règne. Le monde de la recherche, s’il n’y prend garde, a tôt fait d’adopter les méthodes des médias, comme ces débats télévisés qui confrontent deux protagonistes en accordant à l’improvisation d’un polémiste le même poids qu’à une recherche collective de longue haleine.

Par moments, cependant, les congressistes étaient interpellés par les interventions d’orateurs bien préparés. Douglas Massey, le grand spécialiste des migrations mexicaines aux États-Unis, intervint un jour dans ce cadre pour rappeler que le contrôle accru des entrées avait eu pour effet de grossir le nombre des travailleurs clandestins installés aux États-Unis au lieu de le réduire, puisqu’une fois entrés sur le territoire américain, ils n’osaient plus le quitter de peur de ne pouvoir revenir. On croyait « fermer le robinet », on finissait par « refermer la nasse ». Dans le langage cru des démographes, le contrôle des « flux » avait pour effet paradoxal de gonfler les « stocks ». Massey combinait ainsi l’argument ad personam (partir des prémisses d’autrui pour arriver à une autre conclusion) avec l’argument de l’effet pervers (soutenir que l’action envisagée produit l’inverse du résultat escompté). Pour exposer en une minute un raisonnement aussi élaboré, il faut maîtriser l’art de condenser ses arguments dans des images éloquentes sans les réduire à des clichés, quitte à renvoyer le détail de la démonstration à d’autres exposés.
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"Il n'y a pas de crise écologique. ... Il s'agit bien d'attirer l'attention du lecteur sur l'inadéquation du mot crise. A l'échelle des sociétés et de leur histoire, les crises sont des moments brefs, où les difficultés ordinaires atteignent un degré tel (à proprement parler extraordinaire) qu'elles perturbent massivement leur fonctionnement. Les sociétés sortent de ces périodes critiques, et des perturbations qu'elles engendrent, métamorphosées à des degrés divers. ... Tel n'est pas le cas de ce qui nous arrive. Certes nous allons être de plus en plus affectés par les dérèglements "naturels" en cours mais la différence d'avec les crises est que les changements sociaux ne sont et ne seront en l'occurrence que des ricochets ; les perturbations en cours et à venir, en effet, affectent et affecteront de plus en plus non pas directement tel secteur d'activité, mais le réceptacle de toutes nos activités ; à savoir le climat, les sols, la biodiversité, la richesse de nos sous-sols, etc." (texte de Dominique Bourg)
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Distinguer théories du complot et complots semble donc simple en première analyse : les premières sont imaginaires, les seconds sont réels. La distinction devient cependant plus complexe lorsque les accusations de complotisme se font de manière réciproque.
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Mais il leur reproche surtout d'avoir cédé à l'exigence des terroristes eux-mêmes de hisser leurs crimes sur le terrain de la guerre et de la religion, et ainsi de s'en être rendus complices, soit par aveuglement, soit par intérêt politique, marchand, académique ou souci d'audience, et il souligne dès lors leur responsabilité devant l'histoire et surtout les victimes, actuelles et à venir.
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"La peur n'applique jamais un remède à propos" écrivait le cardinal de Retz dans ses mémoires.
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Vidéo de Didier Fassin
Didier Fassin, professeur titulaire de la chaire Questions morales et enjeux politiques dans les sociétés contemporaines, introduit son cours de l'année 2022-2023 : Les épreuves de la frontière
Découvrez la suite du cours : https://www.college-de-france.fr/agenda/cours/les-epreuves-de-la-frontiere/rencontres
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