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Critique de Yaena


En 1941, alors que de nombreux peuples chassés de chez eux et jetés sur les routes entamaient un long et pénible exode paraissait La dernière frontière. Preuve que l'Histoire est un éternel recommencement et que les Hommes peinent à apprendre de leurs erreurs. Ce dont nous parle Howard FAST dans ce livre, c'est de l'ultime soubresaut d'un peuple qu'on assassine lentement. Après la guerre des Blacks Hills (1876-1877) les Sioux se sont dirigés vers le Canada tandis que les Cheyennes se sont rendus et ont été parqués comme du bétail en Oklahoma. Une terre aride, complètement inadaptée au mode de vie de cette tribu et où ils meurent à petit feu, de faim, de désoeuvrement et du désespoir engendré par tant d'injustice et d'incompréhension. Sentant la mort venir et voulant rester dignes et fiers ce sont 300 âmes : hommes, femmes, enfants et vieillards qui vont se lancer dans une quête à l'issue plus qu'incertaine. Ils vont traverser une partie des États-Unis pour retrouver la terre de leurs ancêtres, celle qui les a vu naître et qui pourvoyait à tous leurs besoins.
Évidemment l'armée n'étant en rien sensible aux arguments des chefs Cheyennes elle va lancer à leur poursuite une garnison, puis deux, puis trois… Car un kilomètre après l'autre les Cheyennes affamés, épuisés, et peu armés vont mettre à mal l'armée américaine pourtant bien nourrie, bien vêtue et lourdement armée. Devant tant de détermination et de grandeur un noble adversaire aurait reconnu la valeur de ses opposants, pourtant, même si quelques hommes se questionneront, aucun, quelque soit son rôle dans la hiérarchie n'aura assez d'humanité pour voir ce peuple autrement que comme des sauvages. Un comble car plus je lisais et plus ces hommes vêtus de peaux de bêtes me paraissaient civilisés alors que les tuniques bleus ressemblaient à des brutes épaisses. Jusqu'au bout, ce peuple aux abois fera preuve d'une détermination, d'un courage, d'une noblesse et d'une grandeur d'âme que leurs poursuivants n'égaleront jamais. Jusqu'au dénouement cette histoire m'a vraiment étonné et attristé.

Mais attention, loin de nous livrer une vison romancée et idéalisée de « l'indien » Howard FAST a avant tout cherché la vérité. Il a mené de longues et laborieuses recherches afin de nous retranscrire le plus fidèlement possible le récit de cette cavalcade qui n'était au départ qu'un fait divers. Livres d'Histoire, télégraphes, articles de journaux il a tout épluché, croisé les données pour démêler le vrai du faux, allant même jusqu'à rencontrer les derniers Cheyennes témoins de cette épopée et remuant ciel et terre pour trouver un interprète.

Parce que, si de nos jours les États-Unis se veulent le pays de la liberté (statue à l'appui et capt'aine América en renfort) il est important de ne pas oublier que cette liberté a été refusée aux natifs . Pire encore, les colons ont chassé et dépossédé les natifs de leurs terres en les dupant par des traités signés par des hommes blancs sans honneur ni parole. Tous ces peuples ont été exterminés consciencieusement et avec eux des trésors de culture, de croyances, de langages, d'artisanat… ont disparu. Une perte incommensurable et irrémédiable.

Alors même si ce livre a quelques longueurs, si on a finalement peu d'informations sur ce que fut la vie des indiens tout au long de cette traque, il est d'un intérêt historique indéniable et se lit comme un roman d'aventure.
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