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Jean Rosenthal (Traducteur)
EAN : 9782841721078
446 pages
L’Atalante (28/05/1999)
4.18/5   54 notes
Résumé :
Printemps 71 avant Jésus-Christ.
La voie Appienne de Rome à Capoue est jalonnée de suppliciés sur leurs croix. Ce sont les derniers vaincus de la grande révolte des esclaves conduite par Spartacus, qui a fait trembler la puissante République sur ses fondations. Voici le roman de Spartacus. Esclave, fils et petit-fils d'esclaves, racheté puis entraîné comme gladiateur pour distraire dans le sang l'aristocratie romaine éprise des combats de l'arène, il fut le m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Mon intérêt pour Spartacus a été éveillé par la série du même nom, dont je ne parlerai pas ici puisque ce n'est pas le lieu.

Spartacus, d'Howard Fast, aux éditions J'ai lu, est un livre à la couverture rouge que j'ai récupéré chez mes parents. Vieux livre donc, qui a trôné pendant des dizaines d'années, bien visible, sur les étagères du petit couloir après le bureau et qui a donc longtemps côtoyé poussière et humidité. Son état en témoigne maintenant par son odeur – cette odeur si caractéristique de certains vieux papiers – et par une rigidité bruyante des pages.
Vous vous dites peut-être que je brode sur la forme pour retarder le moment de parler du fond. Mais j'y viens.

Howard Fast a nommé son livre Spartacus mais il le met très peu en scène. On lit surtout les dialogues ou les réflexions de romains qui ont croisé Spartacus, de près ou de loin. L'action étant le plus souvent indirecte, le rythme est lent et inégal. J'ai l'impression que c'est parce que j'étais restée imprégnée des images de la série que j'ai lu ce livre avec plaisir.
Par contre, Howard Fast propose une vision politique et sociétale intéressante et très à propos encore aujourd'hui.

« - […] Tu comprends, nous vivons en république. Cela signifie qu'il existe un grand nombre de gens qui n'ont rien et une poignée d'autres qui ont beaucoup. Et ceux qui possèdent beaucoup doivent être défendus et protégés par ceux qui n'ont rien. […]
- […] Mais tu oublies simplement la question-clef : les hommes sont-ils vraiment tous semblables ? C'est par là que pèche ton petit discours. Tu considères comme acquis que tous les hommes se ressemblent comme les pois dans une cosse. Je ne suis pas de cet avis. Il existe une élite, un groupe d'hommes supérieurs. Peu importe si ce sont les dieux ou les circonstances qui les ont faits ainsi. Mais ce sont des hommes capables de gouverner, aussi gouvernent-ils. Et comme les autres ne sont que du bétail, ils se conduisent comme du bétail. Tu comprends, tu présentes une thèse ; la difficulté est de la justifier. Tu proposes un tableau de la société, mais si la vérité était aussi illogique que cette image, tout l'édifice s'écroulerait en un jour. Ce que tu n'expliques pas, c'est ce qui maintient en place cet absurde assemblage.
- […] Tu m'as demandé ce que c'est qu'un politicien. Eh bien, c'est le ciment de cet édifice insensé. […] Nous rationnalisons l'irrationnel. Nous persuadons les gens que le suprême but de la vie c'est de mourir pour les riches. Nous persuadons les riches de sacrifier une partie de leur fortune pour en sauver le reste. Nous sommes des magiciens. Nous créons une illusion, et cette illusion est solide. Nous disons aux gens : vous êtes le pouvoir. Vos voix donnent à Rome sa force et sa gloire. Vous êtes le seul peuple libre au monde. Il n'est rien de plus précieux que votre liberté, rien de plus admirable que votre civilisation. Et c'est vous qui contrôlez tout cela ; vous êtes le pouvoir. Alors ils votent pour nos candidats. Ils pleurent quand nous sommes battus. Ils partagent notre allégresse quand nous triomphons. Et ils se sentent fiers et supérieurs parce qu'ils ne sont pas des esclaves. […] Ils ne sont que de la vile tourbe, mais chaque fois qu'ils voient un esclave, leur moi se gonfle et ils se sentent tout pleins d'orgueil et de puissance. Ils savent qu'ils sont citoyens romains et que le monde entier les envie. Et c'est cela mon talent, Cicero. Ne minimise jamais l'importance de la politique. »

Je suis contente d'avoir lu ce livre, que la série m'a donné envie de découvrir et qui m'a lui-même donné envie de revoir la série…

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Spartacus est un personnage de l'histoire romaine dont l'image a traversé les époques. le roman d'Howard Fast permet de revenir sur cette icône utilisée régulièrement dans les luttes contre les oppressions.

Le roman alterne deux points de vue : celui des Romains riches ou militaires qui on été au contact de Spartacus et celui de Spartacus. Quand on a fini la lecture, on se rend compte que les parties où Spartacus est en scène sont assez limitées et les états d'âme des Romains sont trop présents.

Bien qu'il ait la volonté d'éclairer le lecteur sur un personnage historique, Howard Fast n'évite pas de faire de Spartacus un personnage romantique. Spartacus bien qu'il soit esclave, donc à peine mieux qu'un animal, a plus de moralité que les Romains qui sont censés représenter la Civilisation par excellence.

J'ai trouvé qu'Howard Fast aimait trop Spartacus quand il en parlait et que donc il n'était plus assez objectif pour en parler. C'est à cause de cette subjectivité que le roman historique devient presque un livre politique. Quand on lit ces lignes qui terminent le roman : » Et tant que des hommes trimeraient pour que d'autres puissent profiter de la sueur de ceux qui travaillent, le nom de Spartacus demeurerait dans toutes les mémoires, murmuré parfois et d'autres fois clamé à voix haute et claire », on comprend pourquoi Howard Fast n'a pas trouvé d'éditeur pour le publier et pourquoi il a été inquiété par le maccarthysme . Spartacus devient le porte-étendard de la lutte des classes , à son corps défendant.

Si on met de côté l'aspect historique peut-être manipulé, c'est un roman qui se laisse facilement lire et qui contient de nombreux détails et références sur la vie quotidienne dans la Rome antique.
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Voilà un formidable roman centré sur une admirable figure d'homme qu'on oublie pas de sitôt.
Le romancier est d'autant plus fasciné par cette légende qu'est devenu Spartacus qu'il écrit son livre en 1951, soit en pleine période de Maccarthysme, dont il fut d'ailleurs une des victimes.

Le roman commence donc par la fin de Spartacus. le long de la Voie Appienne, qu'empruntent de jeunes Romains oisifs pour se rendre dans leurs villas à la campagne, des croix ont été érigées sur lesquelles les derniers esclaves révoltés, crucifiés, finissent de pourrir.

Nous faisons connaissance avec deux personnages qui ont été mêlés au destin de Spartacus : le sénateur Gracchus et le général Crassus qui vont tour à tour évoquer leurs souvenirs. Pas très reluisants d'ailleurs. Rome, bâtie sur le sang, ne peut vivre sans les milliers d'esclaves qu'elle occupe à diverses tâches : le travail dans les mines, où la durée de vie n'excède pas 2 ans, les travaux agricoles, l'entretien des domaines et villas... les enfants sont vendus sur les marchés, les femmes servent de concubines, et les hommes, quand ils ont survécu à tout le reste, sont parfois formés pour être gladiateurs. C'est dans l'école d'un lanista que Spartacus le Thrace, fils et petit-fils d'esclaves, va rencontrer l'amour de sa vie, Varinia une esclave germaine, et ses deux futurs lieutenants, le juif David, le dernier à mourir sur la croix et le Gaulois Crixus, qui tombera sur le champ de bataille.
Ainsi naît la Révolte Servile, en 71 avant J.C., qui fit trembler la puissance de Rome et qui fut le fruit des rêves d'un homme. Durant quelques années les rebelles tiendront tête aux cohortes urbaines et aux légions romaines avant d'être finalement anéanties. Si Spartacus n'a jamais pu réaliser son rêve de fraternité et de liberté, il sema les graines de la révolte et Rome ne fut plus jamais la même.

Le roman de Fast, est donc noir et sanglant, nourri d'espoir pour l'humanité, et constitue donc une violente diatribe contre l'oppression, d'où qu'elle vienne. le livre est basé sur des faits historiques et une bonne connaissance de la civilisation romaine. Même si les portraits des révoltés sont idéalisés, les Romains sont nuancés, Howard Fast s'est gardé d'un manichéisme primaire. Les historiens aujourd'hui se disputent les origines de Spartacus et il semblerait qu'il ait été légionnaire, plutôt qu'esclave, mais tous s'accordent sur sa fin... et personne ne sait ce qu'il est réellement devenu. Howard Fast s'est donc approprié le personnage pour en faire son héros, lui redonnant vie et chaleur, et c'est là sans doute la plus belle revanche de ce rebelle. Rome, humiliée par cette révolte d'esclaves, a cherché à effacer le nom de Spartacus, persuadée que L Histoire ne retiendrait pas son nom. Mails il a survécu au cours des siècles, dans le coeur de quelques hommes, et de celui des quelques lecteurs qui songeront, un instant, à cette cruelle destinée, à ce vibrant hommage rendu par un écrivain de talent.
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Ce n'est pas le Spartacus de Stanley Kubrick, c'est le vvvrrraaiii si si!
Je m'explique : Spartacus a vraiment existé, aux environs de 71 avant. J.C., le pauvre est tué lors d'un soulèvement d'esclaves du coté de Capoue (ça interpelle peut être les fans de la série?) mais oh étonnement le livre dont je vous parle ne fait pas du tout du tout dans le sensationnel. Il nous parle très gentiment des droits de l'homme et de la femme (pas forcement les mêmes!!!), du citoyen, donne la parole aux petits, à ceux que l'on traite de pas grands choses ; il parle aussi de liberté à un moment où l'écrivain sort de prison en 1951 aux Etats-Unis, victime de la chasse aux sorcières de MacCarthy.
Kirk Douglas ! tu devrais avoir honte ! à cause de toi Spartacus n'est plus un héros mais un minus en jupette *snif*
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Retrouvez l'histoire originale de Spartacus, l'esclave qui a fait frémir la puissante Rome. Une époque où la naissance comptait plus que le talent. Une bonne immersion dans une époque mal connue. Ce roman a été adapté en film par Stanley Kubrick

Incroyable, le nom de Spartacus a traversé les siècles. Pas mal pour un esclave thrace qui a fini par mener une révolte des esclaves contre la puissante Rome.

Une lecture de jeunesse que j'avais adoré.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- […] Tu comprends, nous vivons en république. Cela signifie qu’il existe un grand nombre de gens qui n’ont rien et une poignée d’autres qui ont beaucoup. Et ceux qui possèdent beaucoup doivent être défendus et protégés par ceux qui n’ont rien. Bien mieux, ceux qui possèdent beaucoup doivent faire garder leurs richesses, aussi ceux qui n’ont rien doivent-ils être prêts à mourir pour défendre les biens de gens comme toi ou moi ou comme notre bon hôte Antonius. […]
- […] Mais tu oublies simplement la question-clef : les hommes sont-ils vraiment tous semblables ? C’est par là que pèche ton petit discours. Tu considères comme acquis que tous les hommes se ressemblent comme les pois dans une cosse. Je ne suis pas de cet avis. Il existe une élite, un groupe d’hommes supérieurs. Peu importe si ce sont les dieux ou les circonstances qui les ont faits ainsi. Mais ce sont des hommes capables de gouverner, aussi gouvernent-ils. Et comme les autres ne sont que du bétail, ils se conduisent comme du bétail. Tu comprends, tu présentes une thèse ; la difficulté est de la justifier. Tu proposes un tableau de la société, mais si la vérité était aussi illogique que cette image, tout l’édifice s’écroulerait en un jour. Ce que tu n’expliques pas, c’est ce qui maintient en place cet absurde assemblage.
- […] Tu m’as demandé ce que c’est qu’un politicien. Eh bien, c’est le ciment de cet édifice insensé. […] Nous rationnalisons l’irrationnel. Nous persuadons les gens que le suprême but de la vie c’est de mourir pour les riches. Nous persuadons les riches de sacrifier une partie de leur fortune pour en sauver le reste. Nous sommes des magiciens. Nous créons une illusion, et cette illusion est solide. Nous disons aux gens : vous êtes le pouvoir. Vos voix donnent à Rome sa force et sa gloire. Vous êtes le seul peuple libre au monde. Il n’est rien de plus précieux que votre liberté, rien de plus admirable que votre civilisation. Et c’est vous qui contrôlez tout cela ; vous êtes le pouvoir. Alors ils votent pour nos candidats. Ils pleurent quand nous sommes battus. Ils partagent notre allégresse quand nous triomphons. Et ils se sentent fiers et supérieurs parce qu’ils ne sont pas des esclaves. […] Ils ne sont que de la vile tourbe, mais chaque fois qu’ils voient un esclave, leur moi se gonfle et ils se sentent tout pleins d’orgueil et de puissance. Ils savent qu’ils sont citoyens romains et que le monde entier les envie. Et c’est cela mon talent, Cicero. Ne minimise jamais l’importance de la politique.
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Un esclave n'est jamais qu'un esclave mais je ne lui en tiens pas rigueur. Il était là sur sa croix et moi au pied, et de temps en temps je lui disais : Ton infortune fait ma fortune et si la façon dont tu meurs n'est pas des plus agréables , la façon dont je gagne ma vie n'a rien de si enviable. D'ailleurs, pour ce que je gagne ! Mes propos n'avaient guère l'air de l'émouvoir, ni dans un sens ni dans l'autre, mais vers le soir du second jour, il s'est tu. Il n'a plus ouvert la bouche, fini, plus un mot. Et savez-vous quelles sont les dernières paroles qu'il ait prononcées ?
— Quoi donc ? murmura Claudia.
— Je reviendrai et je serai des millions. Simplement ça.
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Mais il apprit beaucoup de choses à cette époque. Il apprit que la mer était une route sur laquelle coulait la vie, tout comme le sang coulait dans le corps de l'homme. Il apprit que le monde était grand et sans limites et que, partout où l'on allait, on trouvait des gens pauvres et simples, des gens comme ceux de chez lui, qui grattaient interminablement la terre pour en obtenir de quoi les faire vivre, eux et leurs enfants... et qui, en définitive, abandonnaient presque tout ce qu'ils tiraient de la terre à un chef, à un roi ou à un pirate. Et il apprit qu'il y avait un chef, un roi, un pirate qui dominait tout le reste... et qu'on l'appelait Rome.
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Telle fut la vie que mena le fils de Spartacus, jusqu'au jour où il mourut, de la mort violente de ceux qui luttent, comme son père. Les récits qu'il avait racontés à ses propres fils étaient moins clairs, moins précis. Les récits devinrent légendes, et les légendes, symboles ; mais la guerre des opprimés se poursuivit contre ceux qui les opprimaient. C'était une flamme qui brûlait tantôt haut et tantôt bas, mais sans jamais s'éteindre, et le nom de Spartacus ne mourait pas non plus. Sa descendance ne s'assurait pas tant par le sang que par la lutte menée en commun.
Un jour viendrait où Rome serait abattue, pas par les esclaves seuls, mais par les esclaves et les serfs et les paysans et par les barbares libres qui se joindraient à eux. Et tant que les hommes trimeraient pour que d'autres puissent profiter de la sueur de ceux qui travaillent, le nom de Spartacus demeurerait dans toutes les mémoires, murmuré parfois et d'autres fois clamé à voix hautes et claire.
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Il faut maintenant que nous soyons camarades, dit-il, et que tous ensemble nous ne fassions qu'un.
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Bref extrait de Spartacus, de Stanley Kubrick, d'après le livre de Howard Fast
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