Derrière ce roman historique fort bien documenté, le toujours très subversif Yann Fastier cache une subtile mais omniprésente critique des conquêtes coloniales. Alex, engagé malgré lui, par son père, dans la conquête du Dahomey va découvrir les méfaits de la colonisation, avec sa violence systémique, sa bêtise hiérarchique, son racisme endémique, mais aussi des sentiments amoureux auxquels la seule fréquentation de sa cousine Lucienne ne l'avait pas préparé.
À lire au plus vite, avant qu'il ne soit interdit par Éric Zemmour, devenu ministre de la culture, ou avant, au nom de l'incitation au séparatisme par la critique des « valeurs » de la patrie.
🇧🇯 1892, campagne militaire du Dahomey : la France coloniale conquiert l'actuel Bénin. Alexandre Maurel, pas même 17 ans, est embarqué dans la guerre par son père qui souhaite "endurcir" ce garçon épris de poésie, trop tendre à ses yeux. Endurci il le sera, au contact de la violence la plus crue, de la brutalité de la conquête et du rapport de force colonial, donnés à voir sans fard (c'est l'un des points forts de cette collection "Les héroïques" de la maison "Talents hauts", portée par un beau projet editorial, notamment autour de la dénonciation des stéréotypes).
🏹 Alexandre se transformera aussi au gré des rencontres, celle de son compagnon d'armes Karel, et surtout celle d'une jeune fille, une "ennemie" au coeur de ce double roman d'initiation, l'une des terribles amazones du roi, guerrières redoutées et objet de tous les fantasmes. A l'épreuve du feu, les deux jeunes gens se révèlent l'un l'autre en vivant "leur propre saison en enfer".
💥Bien que moins emballée que par son précédent roman (Le renard et la couronne), j'ai retrouvé avec plaisir l'écriture fluide de Yann Fastier. Au travers d'un épisode historique je l'avoue inconnu de moi, et ici parfaitement documenté, il questionne la violence, les inégalités (y compris les différences de traitement entre soldats français, légionnaires étrangers et tirailleurs africains), et réinvestit avec efficacité ses thèmes de prédilection : l'éveil à la sensualité, le courage d'être soi, l'indépendance.
1892. Afrique, campagne du Dahomey.
Afin d'asseoir son influence face à l'Allemagne qui arme le roi du danxomè, la France envoie des troupes dans ce royaume indépendant qui deviendra la colonie du Dahomey puis le Bénin.
Le médecin du corps expéditionnaire a embarqué son propre fils, Alex, 17 ans, dans l'idée de « faire de lui un homme ».
L'armée du roi du danxomè est connue et redoutée pour ses fameuses guerrières au courage sans égal, appelées « les amazones du roi » par les Européens.
Au cours d'un affrontement, Alex, pris de panique, s'enfuit. Sa course se termine au fond d'un trou de plusieurs mètres de profondeur, où est aussi tombée une jeune guerrière ennemie. Blessée, Agosì, 14 ans, laisse Alex soigner sa jambe, avant de l'aider à sortir de leur prison puis de disparaître dans la forêt tandis qu'Alex retrouve le camp.
Cette rencontre va changer le destin d'Alex. Il ose affronter ses peurs et son père qui ne peut admettre cette rébellion. La folie s'empare de lui.
La violence de la guerre continue. Agosì dans le coeur de l'action voit ce qu'elle n'aurait pas du voir. Alors, elle tire. Et résonne le terrible cri de guerre des agoojie.
Pour aller plus loin, je vous invite à lire l'article du service historique de la Défense sur la conquête du Dahomet ( 1890/1894 ) et l'article culturel de jeune Afrique, danxomè », ou la rencontre brutale d'un colon et d'une amazone
Par le livre de Yann Fastier, j'ai découvert la conquête du Dahomey et j'ai été fasciné par les guerrière Agoojie. L'écriture est limpide comme un conte. Je recommande vivement ce roman d'aventure et de philosophie.
J'ai eu un peu de mal à me lancer dans ce roman que j'ai commencé faute de mieux. Au début je le trouvais ennuyant mais je me disais que c'était le temps que l'histoire se lance, mais en fait elle ne s'est jamais lancée. J'ai réussi à aller jusqu'à la fin mais j'ai vraiment été très déçue de l'histoire. Cela m'a étonnée car il avait pourtant de bons avis... L'histoire ne devait pas être faite pour moi...
Derrière ce visuel accrocheur, au titre lumineux mais à l'illustration menaçante, se cache un roman historique engagé et documenté. Un bel objet à tous points de vue. Il est question de la colonisation de la Guinée, à la toute fin du XIXème siècle. Alex, dont le père est médecin militaire, est un adolescent qui se trouve enrôlé de force dans une guerre coloniale menée par les Amazones, de terribles guerrières... Yann Fastier a eu le projet ambitieux et courageux, pour ne pas dire audacieux, de s'attaquer à des thèmes forts et douloureux dont la complexité bouscule nos habitudes de lecteurs. Les chapitres sont courts, mais denses. L'alternance des points de vue est bien rendue. Nous sommes plongés dans l'ambiance dès les premières lignes. La violence de cette campagne du Dahomey, est peu connue et admirablement expliquée. Les personnages sont magnifiés par l'écriture affirmée et tout en subtilité de l'auteur. Ce roman remarquable et parfaitement maîtrisé est un vrai tour de force et il trouve pleinement sa place dans la collection Les Héroïques des éditions Talents Hauts. Un ouvrage essentiel à conseiller à tous les grands adolescents ! Éprouvant mais essentiel. Très réussi.
Que dirait-il, lui, le bon chrétien, le catholique pratiquant, si une armée de nègres venait piller ses églises pour orner leurs cases de crucifix, de reliquaires et de ciboires ? Il n'y voit cependant aucun mal et c'est peut-être le plus grave, cette certitude, cette assurance de se trouver dans son bon droit, toujours et partout, quand ce n'est que le droit du plus fort.
Qui est Katabolonga ?