Dossiers d'archéologie - HS, n°27 : Sesostris III Pharaon de Légende

Mais qui était Sésostris III ? C'est à cette simple question que tente de répondre ‘exposition au Palais des Beaux-Arts de Lille. Et ce numéro hors-série des Dossiers d'archéologie est le complément parfait pour l'amateur un peu éclairé en égyptologie. En effet, pour s'intéresser au règne de ce pharaon, il faut parvenir à dépasser ses portraits, aux grandes oreilles décollées et aux yeux globuleux, surtout si vous n'êtes pas très sensible aux tendances expressionnistes de l'art. Et que dire de cette moue boudeuse qui ne nous le rend guère sympathique ? Bref, heureusement que tous ces spécialistes se sont réunis pour nous présenter celui qui fut un grand conquérant.
Nous sommes à la fin du Moyen Empire, période particulièrement bien documentée, si bien que nous connaissons assez bien le pouvoir étatique et l'administration de l'Egypte de l'époque. Bas-reliefs, stèles, papyrus et inscriptions nous dressent l'organigramme de toute une société et de ses fonctionnaires. Surtout que Sésostris ne tient pas en place et convoite la Basse-Nubie (Mirgissa, le rocher d'Abousir), alors il s'est fait bâtisseur de forteresses, aujourd'hui, fouillées par diverses missions. A Médamoud (en Haute-Eypte), ce pharaon a laissé de nombreux vestiges, peu d'architecture mais des statues et des reliefs d'une grande qualité esthétique et documentaire. Mais même dans sa mort, Sésostris III continue à être novateur car son tombeau à Abydos rompt avec la forme traditionnelle de la sépulture royale.
La revue élargit son propos et nous apporte des renseignements sur d'autres dimensions du Moyen Empire. Ainsi un autre chapitre nous démontre, une fois de plus, à quel point les anciens Egyptiens étaient de remarquables joailliers (ceinture, pectoral, bracelet à l'appui). Sans oublier de resituer les nécropoles, avec leurs peintures naturalistes (mais toujours aussi codifiées), leurs sarcophages en bois recouverts de signes, et les modèles funéraires reproduisant des scènes de la vie quotidienne. Quelques pages évoquent le culte d'Osiris dans la ville d'Abydos tout en se questionnant sur la piété des Egyptiens (tous croyants ? tous pratiquants ?). le tout s'achève par un état des lieux de Karnak sous le Moyen Empire. Et la chronologie en annexe est véritablement la bienvenue pour ceux qui ne sont pas rompus à la connaissance des dynasties et des innombrables règnes successifs. le portfolio final est en quelque sorte le coup de grâce : la simplicité des formes dans le granit rose, dans la grauwacke, la stéatite, le quartzite, dans le gneiss ou simplement le calcaire me séduit toujours autant.
Je tiens à souligner que cette revue est à vocation scientifique, et parle d'archéologie, de chantiers de fouilles et d'épigraphie. Même si elle se veut vulgarisatrice, elle garde un excellent niveau de rigueur et d'exigence.