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Critique de karmax211


Ce qui fait qu'une biographie est réussie ou pas, c'est essentiellement, selon moi, la proximité que le biographe parvient à créer entre la personnalité rapportée, sa vie, son oeuvre, et le lecteur.
Sur ce critère, je peux dire que Bernard Fauconnier, outre l'intérêt de découvrir par la lecture son travail de recherche, m'a permis pendant quelques jours de vivre "proche" de ce géant de la musique que fut Beethoven, de ressentir un peu du poids de cette enfance rendue difficile par un père alcoolique et violent, un peu adoucie par une mère aimante mais tuberculeuse, et "inspirée" par un grand-père (idéalisé), mort lorsque Ludwig avait trois ans.
Proche de ce jeune homme petit et laid (son visage est vérolé), virtuose et improvisateur sans égal, qui régale les salons de Vienne en cette fin de XVIIIe siècle,, de cet ogre littérateur d'une musique en avance de "deux siècles" sur son temps, de ce créateur boulimique travaillant sans relâche, de cet artiste libre, sans concessions avec les "puissants"... capable de dire non si c'est non.
L'oeuvre est grandiose, sublime ( tout à ma lecture, j'ai fait quelques poses musicales sur Youtube), " l'une des plus grandes jamais conçues par un cerveau humain." Et quand on songe que ce cerveau est peu allé à l'école, et que de cette" éducation lacunaire et imparfaite, il gardera des séquelles toute sa vie : orthographe déficiente, arithmétique laborieuse, n'excédant guère la capacité de faire des additions... on se demande comment ce piètre mathématicien parvint à acquérir une telle maîtrise dans cet art si mathématique qu'est la musique ?"C'est fascinant !
L'homme est une schizophrénie entre le génie absolu et la persona tourmentée, passionnée, emportée, colérique, injuste et "faible" parfois, mesquine et héroïque , car cette force de la nature, en proie à tous les excès... il se nourrit de gibier, de viandes et de fromages, boit un litre (pas plus) de vin blanc à chaque repas et ne compte pas les nombreuses chopes de bière qui jalonnent ses journées, héroïque disais-je parce que tourmenté en permanence par des fragilités intestinales, hépatiques, probablement par une syphilis due à la fréquentation de quelques "cuisses légères" dès son arrivée à Vienne, et surtout par ce qui a assis la légende, le mythe de Beethoven... sa terrible surdité dont les signes précoces se font sentir alors qu'il est encore très jeune... il ne se plaint jamais, pense souvent au suicide, mais habité par une force "messianique", continue vaille que vaille et sans s'accorder de repos, à créer, créer, créer.
Il y a aussi Ludwig l'éternel "amoureux", jamais payé de retour, qui passera sa vie à aimer sans vraiment jamais l'être... par de nombreuses femmes et quelques hommes (?)... les exégètes continuent "d'investiguer".
Le père de substitution, qui adoptera au prix de mauvais procès, Karl le fils de son frère défunt. Karl qu'il étouffera, qu'il poussera au suicide ... manqué, heureusement...Un mauvais père, pas un mauvais homme.
C'est ce Beethoven que Bernard Fauconnier m'a permis d'approcher.
Le père de la IXème Symphonie, de L'hymne à la joie... qui est aujourd'hui celui de l'UE et le symbole de la fraternité entre les hommes.
C'est ce Beethoven, le corps miné par les excès, dont la lente et terrible agonie va durer trois mois, qui expirera en disant (mythe ou réalité ?.. j'opte pour les deux) "la comédie est finie.", que Bernard Fauconnier a rendu vivant dans cet excellent petit bouquin.
Un mot encore. Quel dommage que le dernier projet de cet homme hors du commun des mortels n'ait pu voir le jour... la mise en musique de Faust !
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