AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,07

sur 278 notes
Un univers tragique digne des maudits Atrides, mais en version fluviale, Mississippi et longues phrases hypnotiques qui charrient l'effarement, les souvenirs et ressassements des fantômes dupés du Sud ténébreux.
Celui de ces fantômes dupés qui est au centre du livre, autour duquel s'enroulent les phrases titubantes et haletantes des narrateurs, c'est Thomas Sutpen. À noter, puisqu'on nous présente parfois Faulkner comme enraciné dans un terroir, Sutpen n'est pas originaire du Mississippi, c'est un déraciné, au départ un petit môme d'un coin de montagne en Virginie-Occidentale, qui ressemble étonnamment chez Faulkner au monde d'avant la société civile de Rousseau:
«là où il habitait, la terre était au premier venu et à tout le monde, si bien que celui qui se serait donné la peine d'en clôturer un lopin en disant «ceci est à moi» aurait été un fou; quant aux biens, personne n'en possédait plus que son voisin, parce que chacun ne possédait que ce qu'il avait la force et l'énergie de prendre et de garder, et qu'il n'y aurait eu que ce fou à se donner la peine de prendre et de désirer plus qu'il n'aurait pu manger ou échanger contre de la poudre ou du whisky.»
C'est en émigrant que Stupen va apprendre que la société peut être divisée en compartiments nettement déterminés selon la quantité de biens que l'on possède et la couleur de sa peau. Et concevoir, alors qu'il n'est qu'un jeune adolescent, l'ambition obstinée d'appartenir à la classe des riches planteurs.
L'histoire d'une ambition, bon, on pourrait penser que c'est un terrain bien balisé. Mais on n'est pas dans un roman du XIXéme siècle, ici les choses sont bien plus compliquées à appréhender, et on a parfois l'impression de se retrouver perdus en forêt profonde. L'aspect si déroutant du roman tient en partie aux particularités des narrateurs, à la «voix revêche, inquiète, effarée» de Rosa Coldfield qui raconte à Quentin Compson son histoire du démon-Sutpen «jusqu'à ce qu'enfin on cessa de l'écouter, qu'on ne l'entendît plus que de façon confuse». À la façon dont Quentin cherche à saisir ou plutôt à rêver cette histoire, écoutant Miss Rosa ou son père, s'interrogeant, se projetant par l'imaginaire au côté des Sutpen, échafaudant des hypothèses en discutant avec son ami Shreve,
«tous deux créant entre eux deux, à l'aide d'un ramassis de vieilles histoires et de vieux ragots, des personnages qui, peut-être, n'avaient jamais existé nulle part».
Un style narratif tumultueux, déboussolant, une écriture poétique, ténébreuse, hantée, qui semble plonger de multiples racines dans la culture universelle: Bible, tragédie grecque, tout aussi bien que la malédiction liée à l'origine de l'inégalité dans le Discours de notre Jean-Jacques «vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne», à laquelle s'ajoute la malédiction du Sud, qui a oublié aussi qu'un être humain ne pouvait être la propriété d'un autre - une écriture unique, puissante, sidérante, qui donne au roman une épaisseur incroyable.
Commenter  J’apprécie          6412
Ce roman de Faulkner, "Absalon, Absalon !", est fabuleux. Oui, il est l'oeuvre d'un auteur d'exception, qui aura forcément ouvert de nouveaux champs à la littérature : sémantique, poétique ou même historique. On pourrait objecter qu'il serait pompeux, voire même précieux, de définir du nom de génie un auteur qui plonge son lecteur dès le début du roman dans un gouffre de perplexité, dans une espèce de labyrinthe intérieur, nous engonçant dans ce dédale pour nous forcer à trouver nos propres clés et ouvrir nos propres brèches afin de ne pas s'installer dans la position facile et tentante du lecteur passif et inerte, mais plutôt dans celle du lecteur explorateur et chercheur, créant son propre chemin, ou, encore plus intéressant, ses propres chemins, dans la masse immense et vertigineuse proposée par Faulkner. "Absalon, Absalon !" est donc une oeuvre qui se lit patiemment, bien qu'elle devrait aussi, idéalement, se lire d'une traite (ce ne fut pas mon cas, le roman fait plus de quatre cent pages), car elle demande attention et suppositions. Elle ne plaira sûrement pas aux adeptes des romans formatés qui n'attendent de leurs lecteurs que de sortir les gros billets des poches, de mettre le cerveau en veille et enfin d'oublier le livre dans une bibliothèque de décorum ou mieux encore dans le fond d'une fumeuse décharge. Faulkner n'a pas écrit pour nous divertir, nous faire rire un bon coup. On sent qu'il y avait chez lui comme une nécessité impérieuse d'écrire. Ce roman en est un reflet car il traite à la fois de son histoire personnelle, celle du Sud des Etats-Unis, de la Guerre de Sécession et de ses conséquences sur les générations qui lui succédèrent, et traite aussi de la question même de l'écriture, de son processus, de sa lente et difficile maturation et enfin de son essence, de sa substance.
Au delà du récit d'un homme débarquant de je ne sais où, un certain Sutpen, s'installant à Jefferson, Mississippi, dans la seconde moitié du XIXe siècle, pour y bâtir une plantation cotonnière, avec une vingtaine de sauvages à son service et un curieux architecte et ayant pour projet d'initier une sorte de dynastie familiale, une lignée Sutpen, au delà de ce récit ce roman est avant tout celui de la distanciation face aux principes de la fiction. Les différents narrateurs, témoins ou protagonistes de l'histoire, ne cessent en effet de nous signaler leurs incertitudes et leurs interrogations sur la réalité de ce qu'ils nous racontent. Souvent, les personnages apparaissent comme des ombres, des entités troubles et indéfinies, exposant ainsi magistralement les mécanismes du processus d'écriture de Faulkner. Enfin, comme le dit très bien la belle préface de François Pitavy, ce roman est l'expression d'un fardeau, le fardeau de l'esclavage des Noirs des anciens Etats confédérés. Un fardeau perpétuel parce qu'il ne fut jamais assumé. Il est d'ailleurs très intéressant de lire aujourd'hui les dernières pages du livre au regard de l'actualité politique américaine et de la récente élection à la présidence de Barack Obama. William Faulkner était donc bien un génie de la littérature, puisqu'il nous parle encore, il parle à Obama, il parle aux Américains. Je ne sais pas si Marc Lévy, Dan Brown ou Amélie Nothomb leur parlent, parlent-ils d'ailleurs ? Non ! ils bavardent.
Commenter  J’apprécie          5512
Dès la première phrase, on comprend que l'on vient d'ouvrir la porte d'un monument littéraire. Autant en emporte le vent pou les grands. La guerre de sécession comme on ne l'a jamais dite, le racisme qui coule dans le sang des petits blancs, leur monde qui s'effondre sans qu'ils vascillent, prêts à renaître après l'incendie. On entend derrière les mots grommeler un Faulkner groggy de désespérance, un auteur qui comme d'habitude n'aide pas son lecteur en choisissant la narration indirecte par les voix entrecroisées, auxquelles il semble mêler la sienne, de tante Rosa et d'un descendant pour raconter la terrible histoire du non moins terrible Stupen, sa détermination clinique à braver son destin et construire un empire dans le sud, sa relation complexe à l'autre et à la race, ses chutes et résurrections.
Au-delà de cette folle histoire, c'est réellement par l'écriture fascinante, lourde, hypnotique que Faulkner nous plonge avec lui dans l'ADN d'une certaine Amérique toujours bien vivante, elle.
Commenter  J’apprécie          431
Absalom ! Absalom !
Traduction : R. N. Raimbault avec la collaboration de Ch. P. Vorce

ISBN : 9782070284849

L'apogée, le chef-d'oeuvre absolu. Un récit où quatre voix s'entremêlent étroitement dans une clameur pleine de tristesse, de désespoir, de férocité et de haine mais qui n'en reste pas moins, paradoxal et émouvant parallèle, un chant d'amour à la mémoire de ce Sud dont Faulkner ne cessa de dénoncer l'arrière-plan de corruption et d'injustice mais qu'il ne s'avéra jamais tout-à-fait capable de renier en raison des racines puissantes qu'il y puisait et qui constituent l'essence même de son génie. Un récit qui descend en droite ligne du "Bruit & la Fureur", tant par la technique utilisée - ellipses, vérité qui se dévoile peu à peu, points de vue multiples - que par la réapparition, pour l'occasion, du personnage de Quentin Compson. Une nouveauté cependant : son père, faible, fin de race et dévoré par l'alcoolisme, que l'on distingue toujours comme un être passif dans "Le Bruit ...", est ici une voix majeure. Il faut dire qu'il n'est pas encore mort - le récit en lui-même se situe en 1909, année qui précède d'un an le suicide de Quentin et de trois le décès de Mr Compson - et que les souvenirs de son propre père lui permettent d'éclaircir divers éléments de la tragédie qui emporta la famille Sutpen. Autre différence : en dépit des réitérations multiples, de la sinuosité travaillée des phrases (qui ne sont pas sans évoquer pour nous, Français, les longueurs, parfois brillantes, parfois désespérantes, d'un Marcel Proust) et du style quasi-hypnotique, lesquels portent tous fort bien la marque de l'auteur, la construction se révèle bien plus linéaire que dans "Le Bruit & la Fureur." Faulkner est ici au sommet de son art : de la première majuscule au point final, il maîtrise tout et même si l'on se doute bien que cela ne dut pas être facile d'en arriver à une telle splendeur, l'ensemble s'élève avec un tel naturel, une telle aisance, une telle beauté que le lecteur finit par ne plus songer à la somme de travail que représente sans conteste "Absalon ! Absalon !"

Les grands thèmes faulkneriens sont tous au rendez-vous : le Sud d'abord, celui d'avant la guerre de Sécession, puis de la Reconstruction, ce Sud qui mourut en 1865 à la reddition de Lee mais qui hante à jamais les Etats-Unis d'Amérique et qui, comble de ce raffinement qu'il symbolisait, parvient à se hanter lui-même - comme le dit si bien Wash Jones à Thomas Sutpen : "Y nous ont p'têt tués, mais y nous ont pas battus !" ; la famille maudite, écrasée sous le poids d'un patriarche dont le seul rêve fut de s'élever de sa condition de fils de tout petits fermiers des montagnes à celui de "gentleman du Sud" mais qui n'y parvint jamais réellement - en tous cas, pas de la manière dont il le souhaitait - parce que le Destin avait pipé dès le départ les dés avec lesquels il devait jouer sa partie ; la relation frère-soeur (et même frère-frère) aboutissant à un inceste aussi subtil que purement mental ; l'homosexualité latente, issue tout à la fois de la "virilité" imposée par le système sociétal que par les rapports que Faulkner entretenait, via sa mère, Maud Falkner, avec l'image de la Femme ; et, bien entendu, le Malheur, le Drame qui naît de tous ces non-dits sexuels au sein d'une société qui n'entendait vivre dans la mémoire des hommes que par son panache, sa bravoure et cette chevalerie dont "Autant En Emporte le Vent", sorti d'ailleurs la même année que "Absalon ! Absalon !" est le reflet résolu et prêt à tout pour occulter l'autre visage du Sud.

On le dit souvent : "Absalon ! Absalon!" et "Autant En Emporte le Vent" sont de parfaits opposés qui se complètent admirablement l'un l'autre. En outre, leurs auteurs respectifs, l'un en dénonçant avec fureur, l'autre en encensant avec ferveur, communient tous deux à la même source, devant l'autel sacré du Vieux Sud dont ils sont et seront toujours les enfants. Si "Autant En Emporte le Vent" offre le beau visage tourmenté mais idéaliste, voire utopique d'un romantisme qui se voile volontairement la face, "Absalon ..." prend à sa charge la part d'ombre du Sud qui n'est jamais aussi cruelle ni aussi franche que dans l'exploitation sexuelle de la femme noire. En n'hésitant pas à faire des enfants aux plus jolies esclaves de leurs domaines, les notables blancs ont été les premiers à contrevenir à la règle qui fonde leur société : en succombant à leur instinct sexuel, ils ont corrompu leur credo initial et hautement racial qui voulait que le sang noir ne se mélangeât sous aucun prétexte au sang blanc. Déjà, dans "Lumière d'Août", avec le personnage de Joe Christmas, Faulkner nous avait fait plonger au coeur de la tragédie que ce mélange engendrait pour ceux qui en naissaient - bien que le doute soit maintenu jusqu'à la fin sur les supposés ancêtres noirs de Joe. Avec "Absalon ! Absalon !", il mène le thème jusqu'à son explosion ultime, et ce avec un sadisme redoutable et un esprit que certains n'hésiteront pas à qualifier de "tordu" bien que, aussi sûrement qu'il a existé des planteurs comme Gerald O'Hara, le Sud a eu son lot de Thomas Sutpen.

En effet, Sutpen a eu un fils d'une première épouse dont il ignorait qu'elle avait du sang noir. Il la répudie en lui laissant cependant tous les biens qu'il avait pu acquérir à l'époque et il repart à l'aventure. Vingt ans plus tard, remarié avec une jeune fille de la meilleure société mississippienne, il a deux autres enfants, un fils, Henry, et une fille, Judith, lesquels développent avec le temps cette complicité troublante et semi-incestueuse qui existait déjà dans "Le Bruit et la Fureur" entre Quentin Compson et sa soeur, Candace. A l'université, Henry fait la connaissance de Charles Bon, qui est en fait son demi-frère et l'introduit alors dans sa famille. Les sentiments que Henry porte à cet homme dont il ne soupçonne absolument pas la parenté étroite qui les rapproche,sont au moins aussi ambigus que ceux qu'il éprouve envers leur soeur, Judith, et, pour résoudre le problème, l'idée lui vient de concocter un mariage entre les deux êtres qu'il aime le plus au monde, Charles et Judith : ainsi, tous trois resteront unis. Ce qui amène bien sûr Thomas Sutpen, au courant depuis le début la véritable identité de Charles, à dévoiler la vérité à Henry après avoir cherché à justifier son opposition au mariage par l'histoire d'une autre union, que Charles a conclue avec une octavonne de la New-Orleans dont il a d'ailleurs un fils ...

Les voyez-vous, l'ampleur, la grâce et la cruauté de cette superbe toile tissée - sans aucun pathos, rassurez-vous - par cette araignée sans égal qu'est le Destin ? Eh ! bien, ajoutez-y les obsessions personnelles de Faulkner et la maîtrise indéniable qu'il possédait à l'époque de toutes les méthodes modernistes qu'il avait mises et remises à l'épreuve dans les romans précédents, et vous commencerez à vous faire une (faible) idée d'"Absalon ! Absalon !", livre que nous tenons, à notre humble avis, pour le meilleur texte de son auteur, l'un de ces textes qu'on lit, qu'on relit et qu'on relit encore parce que l'on y découvre toujours quelque chose de nouveau.

De toutes façons, Faulkner est un auteur qu'il faut non seulement lire - bien que la prise de contact soit souvent très difficile - mais qui, après, ne vous lâche plus et que vous reprenez périodiquement sur vos étagères en vous demandant toujours et encore par quel miracle on peut atteindre un tel niveau dans l'écriture et la technique du récit. C'est le propre du génie, nous direz-vous. N'empêche : on n'arrête pas de se demander comment et pourquoi. Mais lisez vous-même "Absalon ! Absalon !" : vous verrez bien. ;o)
Commenter  J’apprécie          353
Si je peux me permettre une métaphore d'alpiniste, ce roman est dans le domaine de la littérature un des sommets himalayens de plus de 8000 mètres. Lecture ardue mais ô combien gratifiante. La densité de la phrase de Faulkner et la construction complexe du roman nous mènent aux confins de la compréhension. Et pourtant peu à peu l'esprit du lecteur s'imprègne de ce que nous transmet l'écrivain et on sort du livre en ayant le sentiment d'avoir partagé une intimité étroite avec le monde des personnages du roman et d'avoir une vision des choses racontées dans cette histoire, semblable à celle que nous aurions eue si nous avions vécu ces évènements : avec la même part d'incertitude que ce que nous ressentons face au réel, avec cette même part de subjectivité faite de souvenirs plus ou moins fidèles à la réalité et d'interprétation d'histoires entendues. Faulkner ne met pas les points sur les i et ne simplifie pas le réel pour en faire une histoire simple. Au contraire, son écriture est des plus réalistes car elle nous soumet à la même complexité que celle que nous affrontons dans notre appréhension de la vie et du monde. Chef d'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          314
Il y a des romans que l'on trouve géniaux mais dont on n'oserait pas conseiller la lecture à nos amis. Et bien @Absalon Absalon fait indéniablement partie de cette catégorie. Une lecture éprouvante, compliquée qui demande une attention de tous les instants, roman labyrinthe dans laquelle les narrateurs et les histoires se mêlent et se démêlent sans cesse. C'est l'histoire de Sutpen et de sa famille, de la guerre de Sécession, du Nord et du Sud, de l'inégalité entre les riches et les pauvres, entre les noirs et les blancs, entre les hommes et les femmes. C'est l'histoire du Bien, du Mal et de la question morale. Une lecture dérangeante qui place le lecteur au coeur de l'horreur et qui finalement le laisse KO comme après une série d'uppercut dans la gueule !
Une première découverte de @Faulkner en ce qui me concerne, certainement pas la dernière ! Un grand roman !
Commenter  J’apprécie          214
Au centre du livre il y a Quentin Compson, personnage important "De bruit et de fureur", il est là comme observateur et miroir réfléchissant de Miss Rosa Coldfield, de son discours et de sa folie.

A travers ce double prisme, nous est racontée l'histoire de Thomas Stupen et de sa descendance. Sa tentative de s'élever au dessus de sa condition de petit blanc et de rejoindre la caste des riches planteurs du Sud ainsi que sa chute, de même que les tragédies qui frappent tous ses enfants.

Le livre se présente sous forme de monologues, dialogues de personnes plus ou moins identifiées, où par des phrases longues, de manière extrêmement discursive, cette histoire nous est peu à peu dévoilée.

Ce n'est sans doute pas le livre de Faulkner le plus facile à lire mais à mon sens c'est celui où sa voix est la plus personnelle, la plus originale, j'aurai envie de dire qu'il s'agit d'un très long poème en prose où les obsessions et souffrances de ses personnages s'expriment le mieux.

Il faut se laisser porter par le rythme de la phrase, atteindre presque un état second, vivre une sorte de rêve éveillé.
Commenter  J’apprécie          180
Absalon ! Absalon !
Déjà le titre m'avait parut curieux puisqu'il ne m'évoquait pas grand chose. J'appris dans la préface du livre qu'il fasiait référence à un Roi criant le nom de son fils qu'il venait de perdre, perdant par la même son heritage et sa sucession.

Ainsi je m'appretais donc à entrer dans la lecture de ce livre sans rien savoir de plus, car a vrai dire la préface m'avait parut d'une tres grande lourdeur. Je l'ai relue après avoir finit le roman et elle m'est apparue beaucoup plus limpide et instructive. (d'ailleurs je crois que je ne vais plus lire les préface en préface mais en postaface. Heureuement que je n'y avait rien compris a celle là car c'est toute l'hitoire et les ressorts du suspense que Faulkner a minutieusement mis en place sont balancé dans cette préface en quelque page a peine…)

De faulkner j'avais eu l'immense plaisir de lire le bruit et la fureur, et je m'etais perdue dans le labyrinthe de Sanctuaire. Et cet Auteur qu'est Faulkner m'avait déjà abassourdis par sa narration, sa façon de permettre au lecture de pénétrer les âme des personnage, de s'y perdre a la façon des sensation qu'ils (les personnages) ressentent, éphémères et eternelles, précises et diffuses à la fois..

Alors ici qu'en est il ? Et bien c'est tout simplement admirable, relevant du génie créatif, de la perfection. Jamais je n'ai lu un livre allant aussi loin dans la profondeur des thèmes qu'il aborde. Tout d'abord il y a l'histoire, celle de l'ambition d'un homme qui construira son existence sur sa volonté de sortir de sa condition de « pauvre blanc » en accédant a celle des « riche planteurs », les vainqueurs, les puissants. le roman nous contes dans uen chronologie complétement éclaté, l'histoire de cet homme Thomas.Stupen. Mais comme dans les autres roman de Faulkner, il y a l'histoire, puis l'histoire de l'histoire surplombant l'histoire, la faisant enter en résonnance et s'amplifié : Quentin Compson (un personnage du bruit et la fureur, le frère de caddy, étudiant à Harvard) est le personnage-lecteur de Absalon !Absalon !, celui a qui on raconte. Sur lui vient déferler l'ammertume de Miss Rosa, , qui voyait Stupen comme un démon, chevauchant son cheval noir, entouré d'un nuage de souffre, avec a ses pieds sa hordes d'esclave noires, sauvages et parlant un dialecte inconnue. le père de Quentin lui livrera aussi sa vision de la chute de Stupen, comment la guerre de secession a mis fin au projet du démon, Et un profond parallèle s'installe entre l'heritage du Sud, et la descendance des Stupen. Cette echos serait mille fois multiplié dans la fin du livre, Lorsque Quentin et son compagnon de chambre Shreeve, recrérons le temps d'une nuit glaciale, la chute de Stupen. Par une force narrative incroyable, Faulkner, en faisant créer l'hitoire a ces narrateur-lecteur, nous montre que la fiction définit le réel, et que le réel peu se multiplier dans les histoires de chacun.

Maintenant il est certain, je lirai toute l'oeuvre de faulkner, pour me plonger dans les âmes tourmenté de ses personnages qui ont (Faulkner m'a convaincu) bel et bien, ressentit, eprouvé, ou enduré le fait d'exister, et qui maintenant sont mort, peut être comme Quentin, noyé dans les odeurs du chèvrefeuille.
Commenter  J’apprécie          143
Un titre biblique qui sonne comme une invocation mais aussi abscons et énigmatique que le roman. Cela fait des années que ce livre traine dans ma bibliothèque (et je ne sais pas comment il y a atterri). je n'avais jamais lu du Faulkner, ce fut une vraie déflagration! Il m'a fallu faire preuve de beaucoup d'attention pour savoir quel personnage s'exprimait, m'y reprendre parfois à plusieurs reprises pour ne pas perdre le fil de l'histoire. car les phrases peuvent être très longues, il y a un mélange de narration et l'intrication des temporalités peut perdre le lecteur inattentif. Cela reproduit sans doute la complexité des relations et sentiments de cette histoire sur fond de Sud agonisant, d'inceste et de liens non assumés avec les noirs, une srte de fersque sur les démons de cette période et de cette région des Etats-Unis..
Une 1ere découverte surprenante de cet auteur, une sorte de montagne à gravir qui marque une différence avec de nombreux autres écrivains. L'écriture est à la hauteur des thèmes et du noeud dramatique que l'on ne découvre vraiment que vers la fin. A mes yeux c'est un hauteur inclassable et il me tarde de lire d'autres ouvrages.
Commenter  J’apprécie          106
Comme d'habitude, on sort d'un livre de Faulkner épuisé, content d'en avoir fini, mais aussi content de l'avoir traversé. Plus que la complexité foisonnante de son écriture qui demande un effort constant et ne se laisse pas saisir dans la nonchalance, c'est le sentiment de suffocation, de dérangement qu'il arrive à faire partager à son lecteur. On devient un personnage de l'histoire (il le montre explicitement et le répète dans une des parties de ce roman). Il parvient à nous faire ressentir physiquement ce que subissent les personnages (on ne peut parler de héros à mon sens). L'horreur est à chaque tournant de page, on l'imagine, on la rejette, on ne veut pas y croire mais elle finit bien sûr par se révéler. Un chef d'oeuvre encore, un de plus, rempli des obsessions faulkneriennes que l'on ne prend aucun plaisir à retrouver mais qu'on s'oblige à porter avec lui le temps de quelques pages.
Commenter  J’apprécie          100




Lecteurs (1116) Voir plus



Quiz Voir plus

Les titres des œuvres de William Faulkner

Quel est le titre correct ?

Le Bruit et l'Odeur
Le Bruit et la Peur
Le Bruit et la Fureur
Le Bruit et la Clameur

12 questions
173 lecteurs ont répondu
Thème : William FaulknerCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..