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Trilogie des Snopes tome 1 sur 4

René Hilleret (Autre)
EAN : 9782070376612
544 pages
Gallimard (24/09/1985)
3.83/5   39 notes
Résumé :
Flem Snopes, métayer sans fortune, s'introduit dans la famille Varner. Secret et rusé, il parvient à épouser Eula, la fille du vieux Will Varner, supplantant son rival Labove, qui a tenté d'abuser d'elle. Sur le triomphe de Snopes, qui roule tout le monde, et qui symbolise l'avilissement du Sud, s'achève ce premier acte d'une trilogie romanesque qui se poursuivra avec "Le domaine" et "La ville".
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Publié en 1940, le Hameau est le premier livre de la trilogie romanesque sur les Snopes ; lors d'une conférence à la presse Faulkner a déclaré avoir écrit le hameau à la fin des années 20.

L'action se passe dans le fameux comté de Yoknapatawpha comme la plupart des livres de Faulkner, mais il ne s'agit pas là, comme dans d'autres romans de nous raconter l'histoire et même plus exactement le déclin de grandes familles du Sud.

Au centre des récits se trouvent les Snopes, petits Blancs miséreux, et au premier chef Flem, personnage retors et décidé à arriver par tous les moyens. le hameau se passe dans une communauté rurale, ou moitié par ruse, moitié par la peur qu'il inspire, Flem s'installe, fait venir un certain nombre de membres de sa famille ; il trouve là le premier barreau de l'échelle sociale qui lui permettra son fabuleuse ascension, qui nous sera contée dans les tomes suivants de la trilogie.

Le hameau comprend 4 parties, on pourrait presque les lire séparément comme des nouvelles, sauf que lus ensemble ils prennent une signification tout à fait différente, s'éclairant et se complétant l'une l'autre, comme une mélodie à plusieurs voix. Nous découvrons l'arrivée et l'installation de Flem, puis d'autres membres de sa famille, nous suivons aussi la destinée d'Eula, fille du notable du coin, Wille Varner, qui deviendra la femme de Flem.

Un très beau roman, d'une très grande richesse, aussi bien dans la construction que dans les thèmes abordés, décrivant d'une façon très attachante des personnages terriblement humains.
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Dans le vieux Sud féodal de Faulkner, rongé de culpabilité, les jeunes gens de bonne famille se suicident cependant que leurs soeurs s'avilissent... Something is rotten in the State of Yoknapatawpha!

Dans "The Hamlet" (tiens, tiens...), les Érinyes (la Haine, la Vengeance et l'Implacable) s'en mêlent. Sartre imaginait Argos envahie de mouches, Faulkner lâche de gras asticots livides à la conquête de son Comté : les Snopes avant d'être une engeance sont une malédiction.

Patchwork efficace - l'auteur y a cousu une demi-douzaine de nouvelles - le Hameau nous conte la propagation d'une smala de pauvres blancs (des Po'White) sur les terres désormais mythiques du grand Bill.

Le roman s'ouvre sur le patriarche Abner Snopes qui par son incroyable inertie contraint le vieux Will Varner, effrayé par ses talents d'incendiaire, à accueillir dans sa maison, son magasin puis sa famille son fils Flem. Flem Snopes, monolithe à noeud papillon, mutique crapule, pratique l'usure, spolie les plus pauvres et gruge sans état d'âme le moindre péquenot. Bien vite bombine "autour des puanteurs cruelles" du hameau un essaim de Snopes : Lump, le rapace couard, I.O., le polygame flegmatique, Ike l'idiot baveux -un cliché faulknérien- ou, parmi une nuée d'autres, Mink, le criminel besogneux.

Entre truculence et pathétique, le lecteur est brinquebalé de la vente aux enchères d'étalons sauvages à l'hystérique recherche d'un chimérique trésor. Mais le talent de Faulkner n'est jamais aussi éclatant que dans trois épisodes inoubliables :

Celui consacré à Eula Varner, tout d'abord, placide génisse, bouddha féminin qui attend impassible son inséminateur. Grosse des oeuvres d'un paltoquet qui prend aussitôt ses jambes à son cou, elle sera vendue (avec son héritage) à Flem Snopes qui endossera cette paternité intéressée avec plaisir.

Celui qui, ensuite, nous conte les amours bovines d'Ike, le retardé morveux, qui poursuit de ses assiduités une brave vache qui n'en demandait pas tant. Malgré le rire qui menace, Faulkner poétise cette passion bestiale (et l'on pense au Paradou de Zola).

Celui enfin où Mink, le paysan borné, se venge de l'homme qui l'a humilié, et les interminables nuits où ce piètre meurtrier lutte contre le chien de sa victime qui hurle son chagrin aux pieds du cadavre escamoté dans le tronc d'un arbre.

Une mosaïque très réussie donc dans laquelle le style de Faulkner se fait tour à tour lyrique, métaphysique ou picaresque. Complexe, ce faux "roman mineur" est un alcool fort, une gnôle qui frappe dru!
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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LE HAMEAU de WILLIAM FAULKNER
On est dans le Mississippi, comté de Yoknapatawpha, aux alentours de Jefferson. C'est le monde imaginaire de Faulkner qu'il crée avec Sartoris, le colonel au début de sa carrière de romancier. Une quarantaine d'années après la guerre civile, le sud est ravagé et se voit envahi par des Yankees, des carpetbaggers. Dans ce premier livre de la trilogie des Snopes, on voit apparaître Ab Snopes, un brûleur de granges, un voleur de chevaux, qui devient métayer de Varner le propriétaire, puis vient Flem qui s'occupera du magasin du même Varner, puis Eck, et IO, et Mink....Petit à petit, tels des rats ils grignotent une place dans le hameau, font des enfants et investissent la place. Ni intelligents, ni Spécialement courageux, ils sont malins, avares et prêts à tout pour avancer.
La description des Snopes se fait à travers des discussions entre Ratliff, un vendeur de machines à coudre qui sillonne la région et colporte les ragots, et des gens du hameau.
Comme souvent avec Faulkner, il n'est pas facile de suivre, tant les phrases peuvent être longues et alambiquées, mais son style épique a pour moi un charme indéfinissable. Il faut accepter de ne pas tout comprendre.
Après le Hameau, il y a La Ville et le Domaine.
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Ayant lu récemment le tome de la Pléiade consacré aux nouvelles de Faulkner, j'ai retrouvé dans le Hameau, ces courts récits du Yoknapatawpha, qui ont été ici réécrits, ajustés, recomposés et adaptés pour qu'ils trouvent une unité autour du sympathique marchand ambulant Ratlif narrant les fourberies des affreux, sales et méchants Snopes. Car après avoir peint le sud d'avant la Guerre de Sécession avec Sartoris et Absalon! Absalon!, Faulkner nous montre un pays de l'après guerre où l'opulence s'en est allée, laissant la place à de petits fermiers dont les modestes exploitations ne fournissent que de maigres recettes. On peut ainsi lire le Hameau d'une traite ou par "petites touches", piochant au gré de son envie: le récit décoiffant de la vente des chevaux indomptables venus du Texas, celui hilarant de l'idiot amoureux d'une vache, ou alors la pathétique recherche désespérée du trésor de l'Ancien domaine du Français.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Il se lève. Le fond de la vallée est plein de lucioles errantes. Il ne reste que l’orgueilleuse et solitaire étoile du soir, mais presque tout de suite les constellations se mettent en marche et commencent à tourner. Blonde aussi parmi les dernières lueurs du jour, la vache n’a plus de dimensions dans l’herbe blafarde, elle-même sans dimension. Mais elle est là, concrète au milieu de la terre abstraite. Il marche légèrement, en revenant, foulant légèrement cette voûte fragile inextricable du sommeil souterrain — Hélène, les évêques, les rois et les séraphins damnés. Quand il arrive à la vache, elle a déjà commencé à se coucher, d’abord l’avant-train, puis l’arrière-train, se baissant en deux mouvements distincts dans le flot écoulé du soir, retournant se nicher dans le nid du sommeil, le parfum de ses mamelles. Ils se couchent côte à côte.

(p. 274)
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(…) à nouveau, il regarda la nuit émerger des bas-fonds, monter à travers le maïs piqué, s’emparer du maïs, de la maison elle-même, enfin, montant toujours, devenir comme deux paumes ouvertes vers le ciel, lâchant vers l’ouest le dernier oiseau du soir. Au-dessous de lui, au-delà du maïs, les lucioles, emportées par le vent, venaient se jeter contre le mur des ténèbres. Plus loin, dans l’obscurité même, le coassement régulier des grenouilles semblait le pouls régulier, le battement du cœur sombre de la nuit, de sorte que lorsque enfin le moment invariable vint — aussi invariable d’un crépuscule à l’autre que le moment de l’après-midi où il s’éveillait — le battement de ce cœur sembla s’arrêter aussi, vidant le silence pour l’emplir de ce premier cri de tristesse, fort, irrépressible. Il étendit la main et prit son fusil.

(p. 336-337)
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À l’odeur, il retrouve le panier, l’enlève de la branche et le pose devant la vache. Elle fourre son museau dedans, mêlant le souffle de sa douce haleine à l’odeur douceâtre du fourrage, au point que les deux se confondent avec celle du lait qu’il est urgent de traire, et qui coule sur ses doigts, ses mains, ses poignets, chaud, indivisible comme le sang divin de la vie éternelle même, qui se renouvelle de lui-même. Puis il laisse l’invisible panier là où il peut le retrouver à l’aurore et s’en va vers la source. Maintenant, il peut voir clair de nouveau. De nouveau sa tête brouille, puis rétablit, quand il la brise en buvant, sa propre image renversée, noyée et estompée. C’est le puits des jours, l’ouverture calme et insatiable de la terre. Tranquille paradoxe, elle tient en suspens le précipité de l’aurore, de midi et du coucher du soleil, hier, aujourd’hui et demain — les semences d’étoiles et leurs hiéroglyphes, l’orgueilleuse rose blanche qui meurt et la gradation invincible et rapide qui se termine, ralentie, dans l’extase royale de midi.

(p. 273)
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Il remarque alors le retour de ce qu’il a découvert pour la première fois trois jours auparavant : que l’aurore, la lumière, ne vient pas du ciel sur la terre mais est produite par la terre elle-même, comme si elle soupirait. Sous la voûte tissée par les racines aveugles des herbes et des arbres, dans les ténèbres aveugles des dépôts vaseux et des riches détritus du temps, dans le royaume des vers anonymes et toujours en appétit et dans l’inextricable enchevêtrement des os connus — ceux d’Hélène de Troie et des nymphes, des évêques mitrés ronflant, des sauveurs, des victimes et des rois — l’aurore s’éveille, s’infiltre vers la surface, se fraie un passage à travers d’innombrables canaux rampants (…) puis, s’aventurant plus haut, rampe le long des troncs aux écorces ridées, le long des branches, d’où, soudain, plus forte, de feuille en feuille, et se dispersant avec une soudaine rapidité, mélodieuse de toutes les gorges ailées et rutilantes, elle éclate dans l’air et emplit le néant terrestre de la nuit d’un coup de tonnerre couleur jonquille.

(p. 266-267)
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Plus tard, il lui sembla que la première chose qu’il avait vue en entrant dans la salle de classe était cette tête penchée, modeste, naturellement brune, aux cheveux tirés. Plus tard encore, après avoir cru qu’il y avait échappé, il lui sembla qu’elle s’était toujours trouvée dans sa vie, même durant ces cinq années entre sa propre naissance et la sienne ; et ce n’est pas qu’elle eût essayé d’exister d’une certaine manière pendant ces cinq années, mais c’est que lui-même n’avait commencé à exister qu’à la naissance de cette fille, tous deux étant liés irrévocablement à partir de cette heure et pour toujours, non par l’amour, mais par une fidélité implacable et un refus invincible : d’un côté une volonté ferme, inébranlable de changer, améliorer et remodeler, de l’autre côté cette résistance furieuse.

(p. 304)
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De quel écrivain génial André Malraux parlait-il quand il a dit : « C'est l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier » ?
« le Bruit et la fureur » de William Faulkner, c'est à lire en poche chez Folio.
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