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Maurice Edgar Coindreau (Traducteur)Raymond Girard (Traducteur)
EAN : 9782070394760
416 pages
Gallimard (23/01/1996)
3.98/5   41 notes
Résumé :
Les larrons est le dernier roman de William Faulkner. Il s'agit là d'une histoire heureuse, d'un éclat de rire qui succède à la douloureuse intensité d'une œuvre presque exclusivement dramatique.
En 1905, le grand-père de Lucius Priest achète une automobile qui sera parmi les premières à apparaître dans la ville de Jefferson. Pendant une absence de son grand-père, le petit garçon et le chauffeur s'emparent de la voiture et partent pour Memphis.
Un pass... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Plus j'avance dans la lecture de Faulkner, plus je me dis qu'il ne m'en restera forcément bientôt plus. Heureusement que j'ai commencé il y a longtemps et il me restera donc le plaisir de relire les plus anciens pour refaire une critique sur Babelio. Signe de cette fin qui s'approche, me voici dans la lecture du dernier roman du maître.

Beaucoup de critiques ont souligné que c'était sans doute le roman le plus léger de Faulkner. Et il est vrai que là où Sanctuaire raconte avec une précision horrifique le drame d'un viol, là où le Bruit et la Fureur nous décrit les soubresauts d'une famille en décomposition, là ou Tandis que j'agonise évoque l'agonie et le décès de la mère et toutes les conséquences sur la famille... Les larrons nous raconte l'escapade de 3 compères pendant 4 jours en voiture, d'une petite ville du Mississipi vers la grande ville voisine de Memphis au Tennessee.

Parmi ses 3 compères, le narrateur, jeune garçon de 11 ans mais qui raconte ici cette aventure à son petit-fils, bien des années plus tard. Ce choix complexe de narration permet à Faulkner de déployer tout l'art du courant de conscience qu'il a utilisé dans la plupart de ses romans, mais avec l'enjeu plus léger d'une escapade un peu canaille. Mais chez Faulkner, rien ne peut être totalement léger et anodin, car le jeune Lucius nous dit bien qu'il a appris beaucoup de choses qui n'étaient pas de son âge dans cette virée. le choix des 3 "larrons" du titre est déjà assez symptomatique et permet à Faulkner de rester dans la satire sociale : un ancien esclave devenu employé de maison, un métis (blanc-indien) attardé que la famille du petit garçon a recueilli, et donc ce Lucius de 11 ans, caution des deux autres qui leur assure un risque moins grand de réprimande au retour si les choses ne se passent pas comme prévu.

Au delà des trois héros, Faulkner nous fait rencontrer les personnages haut en couleur du Sud. Autre différence par rapport aux autres romans, là où il choisissait de décrire la violente et sévère réalité de son Sud dans le reste de sa production, il semble ici vouloir lutter contre les a priori: le domestique noir est le plus malin et se joue des Blancs, la prostituée au grand coeur se questionne sur sa vie et son destin, les grands-pères se ressemblent par delà les races et mènent les enfants à bien comprendre les leçons que la vie leur fait rencontrer.

L'intérêt également pour le fan de Faulkner est de retourner une dernière fois dans ce comté de Yoknapatawpha qu'il nous a tant fait visiter. Pour les initiés, il y a de nombreux rappels aux autres oeuvres, notamment au tout débuts et les personnages emblématiques de Stupen, Manfred Spain ou des Snoopes, ne peuvent que rappeler de bons souvenirs de lecture. Je rapprocherais d'ailleurs ce dernier roman de la trilogie des Snoopes, beaucoup plus dans la comédie également que le reste de l'oeuvre.

Sous des abords de fable légère, Faulkner ne nous montre-t-il pas, avant de partir, son vrai visage, lui qui a beaucoup été critiqué pour son racisme supposé, alors qu'il ne faisait que retranscrire le monde où il a évolué, post-esclavagiste mais trop proche de lui pour ne pas en garder tous les aprioris. Alors qu'il fait preuve de réalisme d'habitude, il est symptomatique que ce soit quand son histoire est la plus romancée qu'on le découvre du coup plus humain... La réalité est sans doute trop noire pour beaucoup de gens, le défaut de Faulkner aura donc été de ne pas refuser de l'affronter.
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Âmes sensibles prenez garde ! Je vais me permettre de taquiner un peu un des maîtres de la littérature moderne. Cela ne se fait pas, mais après tout, on parle quand même d'une simple histoire de larrons.

Sur la suggestion d'un camarade peut –être mal intentionné (je m'interroge encore...) j'ai lu le roman de William Faulkner intitulé « Les larrons ».
Faulkner, c'est compliqué. Je le sais et pour avoir lu quelques autres livres de sa plume, je le savais avant de commencer. Je vais, pour vous donner une petite idée, tenter de résumer le livre. Enfin, un bout du livre, parce que résumer tout serait hors de ma portée. Et ce faisant, vous n'aurez qu'une pâle vision de l'histoire qu'il raconte. Allons-y :

Un grand père raconte à son petit-fils une aventure qu'il vécut lorsque lui-même avait onze, alors qu'il était sous la coupe de son propre grand père. (Jusque-là ça va non ?). Ce grand-père (le grand-père du grand-père qui raconte) avait une voiture. Non pas qu'il en eut voulu une, mais il refusait tout simplement d'obéir à une loi indigne adopté par le maire de sa ville, un banquier concurrent de sa propre banque, interdisant la circulation des voitures dans le bourg. Il faut savoir que dans ce bourg, des voitures il n'y en avait pourtant quasiment pas. Une voiture de passage un jour, puis un véhicule bricolé par un gars du coin qui avait un peu semé la panique en ville, puis après l'arrêté pris par le maire, celle du grand-père pour narguer le maire. (Bon, là, rien que de très normal. C'est après que cela se gâte).
Parti à un enterrement, le grand-père (pas celui qui raconte, l'autre) laisse derrière lui sa voiture, son petit-fils Lucius (qui est en fait le grand père qui raconte... Vous me suivez toujours ?) et son cocher, Boon, un métis indien jouant un peu le rôle de grand frère. Sachez au passage que Boon vient de tirer sur quelqu'un parce qu'il se sentait insulté, mais ce n'est qu'un détail. D'ailleurs, il vise si mal que l'agression fut sans conséquence notable. Donc le grand père de onze ans s'en va en voiture avec Boon et le reste de la famille passer le temps de l'enterrement chez un cousin. Bon, mais la voiture, c'est l'obsession de Boon. Il ne rêve que d'elle. Alors il va entraîner Lucius sur la voie de ce que Faulkner appelle « la Non Vertu ». La Non Vertu, et le combat avec son pendant la Vertu, est l'un des ressorts de ce livre, qui s'apparente à un roman d'apprentissage.
Débutent alors des aventures relativement incompréhensibles. Dans la voiture se trouve un passager clandestin, Ned, un jeune noir plutôt débrouille mais aux raisonnements un peu aléatoires. C'est dans son esprit tortueux que va naître l'idée assez farfelue d'échanger la voiture « empruntée » au grand père, accessoirement son patron, contre un cheval. Un cheval qu'il sait pourtant avoir été volé. Tout à la fin du livre, Faulkner s'efforcera de vous expliquer comment Ned a pu – ou dû- avoir une idée aussi bancale. D'autant plus que le cheval est célèbre pour n'avoir jamais gagné la moindre course. Je vous passe l'embourbement de la voiture dans les ornières, les visites au lupanar de Menphis (cela fera partie de l'apprentissage du petit Lucius), la dent en or de Minnie, volée elle aussi mais par un autre noir âpre au gain, pour en arriver à l'organisation de la course, seul moyen permettant de récupérer la voiture, pour peu que cette course soit gagnée par le cheval qui perd toujours. Négligeons pour simplifier le fait que la course soit parfois troublée par les entreprises d'un shérif plutôt véreux jaloux de Boon et amoureux d'une prostituée, Corrie, à laquelle le petit Lucius fait les yeux doux et qu'il s'acharne à faire revenir sur le chemin de la Vertu. (Bon, tout va bien ?). Avant de poursuivre, je dois vous dire que Faulkner adore jouer avec les noms. Dans « le bruit et la fureur », c'était terriblement déconcertant. Ici, rien de dramatique. Il faut simplement accepter l'idée que parfois les gens portent le nom du patelin où ils habitent et que le cheval change régulièrement de nom, pour une raison qui m'échappe encore. le plus souvent, il est Lightning, mais parfois Coppermine ou encore un autre nom je crois, mais désolé, je l'ai perdu dans la bagarre. Au fait, vous ai-je dit que Lightning avait selon Ned le caractère d'un mulet qu'il avait bien connu ? Car Ned sait quoi faire avec un mulet. Donc avec Lightning. Pas question d'imposer sa volonté à un mulet, même si c'est un cheval si je puis dire. Il est trop intelligent pour cela. Par exemple, ce cheval accepte de faire une course, mais surtout pas de la gagner. Ce qui l'amuse, le cheval, c'est de rester à côté du cheval adverse, légèrement en retrait. Alors évidemment, comment voulez-vous qu'il gagne ! Enfin sauf s'il a Ned dans sa ligne de mire dans la dernière longueur (j'insiste, seulement dans la dernière longueur sinon il le verrait trop tôt et quitterait la piste pour le rejoindre). Pour être franc, c'est un cheval qui fonctionne à la sardine. C'est rare me direz-vous, mais enfin celui-là oui. A la fin du livre, tout s'arrange : Minnie retrouve sa dent en or, Lightning perd une ultime course par défaut de sardine mais Ned avait tout prévu. Et puis la voiture rentre au garage. Corrie, la prostituée, entrera dans le monde de la Vertu aux côté de Ned, devenu son mari. Et le grand-père du grand- père préfèrera laisser de côté la correction pourtant bien mérité par Lucius pour l'amener plutôt à assumer ses actes, à vivre avec ses responsabilités. Les vertus de l'apprentissage plutôt que celles du fouet.
En gros c'est fini, vous pouvez reprendre votre souffle.

Je dis en gros car j'ai négligé de vous conter quelques péripéties, et surtout je ne vous ai pas dit où était l'essentiel de ce livre de lecture difficile je reconnais, avec parfois des dialogues peu clairs (en tous cas pour moi modeste mortel).
D'abord, il y a beaucoup d'humour. Il y en a partout. Je vous raconte à titre d'illustration le genre d'humour :
Un rusé du coin attend avec des mulets que les voitures de passage s'embourbent dans une mare. La boue, il connait bien, il la « cultive » en labourant la mare... Et la récolte a été bonne ! Il facture un dollar le service des mulets pour dégager les voitures. Ah non, deux, parce que tout augmente. le conducteur de la voiture, Boon, discute les prix. L'année dernière, il avait payé deux dollars.

- Ah oui, lui dit le muletier, vous étiez deux. Aujourd'hui, vous voilà trois. Trois fois un qui double, cela fait 6 dollars. Pas vrai ?
Boon discute...
- Et peut être bien que mes prix à moi sont restés les mêmes. Et si je les payais pas ces 6 dollars ? Et si je vous payais rien du tout ?
- Vous êtes libres de faire ça aussi. Ces mulets ont eu une dure journée, mais j'crois ben qu'ils ont assez de force pour ramener vot'engin d'là doù ils l'ont sorti.
Boon, montrant l'enfant qui l'accompagne, dit :
- Mais bon Dieu ce p'tit gars, c'est encore qu'un enfant. Sûrement que pour un enfant vous...
- Ce sera moins dur pour lui de rentrer à Jefferson à pied, mais ce sera pas plus court.
Alors Boon, désignant son compagnon noir recouvert de boue :
- Bon, mais l'autre, regardez le donc. Quand il sera débarbouillé, il sera même pas blanc
Le muletier laisse ses regards se perdre dans le lointain puis tourne les yeux vers Boon :
- Mon gars, ces deux mulets, ils distinguent pas les couleurs.

Pas des histoires drôles à se taper sur la cuisse bien sûr. Non, des petites blagounettes, des situations cocasses, des personnages invraisemblables, le regard étonné de Lucius sur les choses qu'il entrevoit de la vie et de la Non Vertu, le combat perdu d'avance qu'il mène pour retrouver cette Vertu, les envolées de Faulkner qui, partant d'un petit détail, arrive à invoquer la constitution ou je ne sais quelle grande idée. Tiens, un petit extrait significatif du ton et des envolées :

Il n'y a pas de crime qu'un enfant de onze ans n'ait envisagé depuis longtemps. Sa seule innocence réside dans le fait qu'il n'est pas encore assez âgé pour en désirer les fruits, ce qui n'est pas une question d'innocence mais d'appétit ; son ignorance tient simplement à ce qu'il ne sait pas comment s'y prendre, ce qui n'est pas une question d'ignorance mais de taille.

Il y a aussi le Sud de Faulkner. Ce parfum nostalgique qu'il vous fait sentir au fil des pages, de cette époque à jamais révolue, pas si loin pourtant, de la défaite des sudistes puisque le grand-père parle de son propre grand-père... Un sud où les noirs avaient malgré tout leur place au sein de la famille d'une certaine façon, où les patrons blancs se sentaient responsables de ces âmes et à leur façon les protégeaient, un sud où on croisait de vieux sages de couleur imprégnés d'une affection rigoureuse pour les jeunes dont ils avaient la responsabilité, fussent-ils blanc. Un monde presque parfait même si terriblement paternaliste. On sent bien que pour Faulkner, c'était bien mieux avant que le Nord vienne fourrer son nez dans les affaires du sud.
Et puis ce combat Vertu Non-Vertu, reflet sans doute du combat perdu Sud contre Nord, reflet peut être aussi du combat interne chez Faulkner du bien puritain et du mal moderne, né de la déliquescence d'une société fondée sur l'esclavagisme.

Finalement, l'ami qui m'a conseillé ce livre n'était peut-être pas aussi malveillant que je le soupçonnais. Ces larrons sont attachants. Ils font des magouilles invraisemblables, mais on finit par bien les aimer.
Philippe Henry, Face book, retours de lecture



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J'ai commencé Faulkner par la fin, en lisant Les Larrons, son dernier roman. Un roman très différent du reste de son oeuvre, parce que beaucoup plus drôle, plus optimiste aussi.
Trois personnages sont au centre de ce texte : Boon, le jeune Lucius et Ned. Et ces trois hommes que tout sépare vont emprunter la voiture du Patron (le grand père du jeune garçon) pour une virée rocambolesque à Memphis qui se terminera sur un champ de course.
Au début, j'étais perdue, entre les personnages, leurs liens de parenté, l'écriture de Faulkner. Et puis au moment du départ, j'ai embarqué avec eux, dans ce road trip millésimé 1905. Racisme, prostitution, courses hippiques, plantations, c'est tout une époque, celle du sud des Etats-Unis avant la prohibition.
Un roman plein d'humour aux multiples rebondissements, plus ou moins farfelus, qui m'a permis de mettre un pied dans l'univers du grand auteur américain. Mais maintenant, il faut passer aux choses sérieuses. le Hameau m'attend.
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"Grandfather said : "

Incipit en forme de Sésame, "Grand-père a dit : " nous convie à partager l'histoire que le vieux Lucius Priest radote à son petit-fils : ce moment de bascule où, à 11 ans, il est devenu un homme.

En 1905, avec ses deux acolytes, un grand flandrin rustaud, Boon Hogganbeck et un Noir madré et joli coeur, Ned McCaslin, tous deux employés de son propre grand-père, ils ont chapardé la Winton Flyer flambant neuve du vieil homme, "le Patron", pris la direction de Memphis, se sont installés dans le bordel de Miss Reba et ont fini par organiser une course de chevaux dans un bled paumé (Parsham).

Roman d'apprentissage picaresque, Les Larrons parachèvent l'oeuvre de Faulkner et résonnent d'éclats de rire, ceux que réveillent les souvenirs rabâchés d'un vieil homme avec son emphase, ses distorsions et ses oublis. La légèreté du contenu n'empêche pas le vieux Bill de polir son écriture, usant avec ravissement d'ambiguïtés pronominales, d'ellipses déstabilisantes ou d'accélérations fulgurantes suivies d'arrêts sur image soudains (les courses de chevaux sont, de ce point de vue, remarquables qui coagulent suspens et proliférations).

On perçoit, tout au long de la lecture de ce roman généreux, les gloussements de plaisir de l'écrivain. Les accointances de Faulkner le Sudiste avec Maupassant le Normand attendrissent : Miss Reba et Miss Corrie semblent sortir de la Maison Tellier et de vilains cocos comme le matois péquenaud de Hell Creek Bottom ou Otis, le nabot dévoyé et vicieux ne dépareraient pas les personnages d'un recueil du conteur.

Les dialogues qui farcissent le récit sont hilarants qui donnent à entendre les voix du "Missippi" : la gouaille d'une putain répond aux rugissements d'une brute, le rire de crécelle ("hee hee hee") et les bouffonneries de Ned font écho aux sages sentences d'Uncle Possum, hiératique silhouette de Noir. Et comment ne pas s'esclaffer quand la pauvre Minnie, femme à tout faire de maison close, se fait voler sa dent en or ?

Nostalgique -le temps perdu ne se retrouve guère-, cet ultime roman de Faulkner susurre certes une chanson bien légère mais le vieux romancier n'en oublie pas pour autant de confronter ses personnages au mal qui ronge le Sud, son racisme inhérent. Ned, flamboyant trickster*, tient la dragée haute à ses interlocuteurs blancs ("You can't know," Ned said. "You're the wrong color. If you could just be a nigger one Saturday night, you wouldn't never want to be a white man again as long as you live.") et on sent qu'au Yoknapatawpha comme dans tous les États-Unis, les choses changent...

Un testament jovial pour des légataires enchantés.

* Notice impeccable de François Pitavy dans la Pléiade (Faulkner, Oeuvres romanesques V)
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Dernier roman de Faulkner, publié en 1962, c'est à dire l'année de la mort de l'auteur. Nous sommes de retour dans le comté de Yoknapatawha pour une dernière fois. Trois personnages au centre de ce récit: Lucius Priest, garçon de 11 ans, Boon le chauffeur de la famille de Lucius, et Ned un domestique noir. Les trois lascars profitent d'une absence du grand-père et des parents de Lucius pour faire une virée à Memphis grâce à la voiture du grand-père. Mais Ned qui a une certaine idée derrière la tête échange la voiture contre un cheval de course qui refuse de courir. Et voilà nos héros embarqués dans une histoire de courses de chevaux, aidés dans leurs aventures par les pensionnaires d'un bordel.
 
Comme mon résumé l'a j'espère montré, "Les larrons" sont un livre picaresque et drôle, et en cela différent des romans plus graves de l'auteur, même si le décor et même les personnages sont les mêmes, le ton est autre, plus souriant et plus léger. Certains pourront trouver que Faulkner a écrit des livres plus profonds, et que "Les larrons" ne sont pas d'une même exigence et complexité que "Absalon, Absalon", "Le bruit et la fureur" ou autres grands romans faulknériens. C'est incontestable, mais en même temps il y a une humanité, une sorte d'apaisement, dans ce livre, qui choisit de voir la destinée humaine non plus sous le ton d'une sombre fatalité, mais sous celui d'une souriante journée d'été. Ce que je trouve particulièrement touchant c'est qu'il s'agit du dernier roman de Faulkner, et laisse penser que l'auteur a réussi à se réconcilier avec l'héritage de ses origines sudistes et imagine un avenir plus apaisé pour les hommes qui vivent dans cette partie du monde. 
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Tu as entendu — tu entendras en tous les cas — les gens se plaindre de la dépravation d’une époque ou d’une génération. C’est des blagues. Il n’y a pas d’époque dans l’histoire, pas de génération d’êtres humains qui aient jamais été, qui ne soient, ou ne deviennent assez fortes pour résister à la Non-vertu d’un moment donné, pas plus qu’elles ne pourraient contenir tout l’air d’un moment donné ; tout ce qu’on peut faire c’est espérer sortir aussi peu souillé que possible de la traversée d’un tel moment. Parce que c’est tout de même dommage que la Vertu ne prenne pas soin d’elle-même (peut-être qu’elle ne le peut pas) comme le fait la Non-vertu. Il est probable qu’elle en est incapable : elle qui n’offre en récompense à ses fidèles rien autre qu’une vertu froide, inodore et insipide si l’on songe en comparaison non seulement aux brillantes récompenses du péché et du plaisir, mais à ce savoir constamment attentif, soutenu et omniprescient, — cet incroyable, cet inégalable pouvoir d’invention et d’imagination — qui guide attentivement et fermement les tout premiers pas hésitants de l’enfance sur le sentier de velours.

(p. 84)
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Tu as certainement remarqué déjà l’ignorance des gens qui ont dépassé la trentaine ou la quarantaine. Je ne veux pas dire qu’ils oublient. Ce serait trop facile, trop facile de dire : "Oh papa" (ou grand-papa) "ou maman" (ou grand-maman), "que veux-tu, ils sont vieux ; ils ont oublié". Parce qu’il y a des choses, quelques-unes des dures réalités de la vie, qu’on n’oublie pas, si vieux qu’on soit. Prends un fossé par exemple ; quand tu étais gosse, tu le traversais sur un tronc d’arbre. Tu reviens, à moitié gâteux, trente ou quarante plus tard, et le tronc d’arbre n’y est plus ; tu peux même l’avoir oublié, le tronc d’arbre, mais tu n’iras tout de même pas te jeter dans le vide que surplombait ce tronc.

(p. 22)
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Je me promis, et je le croyais (je sais que je le croyais parce que je l'ai dit mille fois depuis, et je le crois toujours, et j'espère le dire mille fois encore avant de mourir, et je défie qui que ce soit de dire que je n'y croirai pas) je ne mentirai plus jamais. C'est trop compliqué. C'est comme si on essayait de faire tenir une plume en équilibre dans une soucoupe de sable. Ça ne finit jamais. On ne peut jamais se reposer. On n'a jamais fini. On n'épuise jamais le sable, ce qui permettrait de cesser enfin d'essayer.
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Et elle nous entendit. Nous n'étions pas les premiers du reste. Elle nous dit que nous étions la treizième automobile qui passait par là depuis deux ans; cinq, dans les quarante jours précédents. Elle avait déjà perdu deux poules, et, bientôt, elle serait sans doute obligée de tout enfermer, y compris les chiens.
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J’avais observé qu’à l’exception de quelques cas isolés de ce qu’on pourrait appeler une malveillante hypermaturité, les enfants, comme les poètes, mentent plutôt par plaisir que par profit. Ou du moins, c’est ce que je croyais avoir fait jusque-là, à l’exception de quelques cas négligeables impliquant la légitime défense contre des créatures (mes parents) plus grandes et plus fortes que moi.

(p. 84)
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