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Je commencerais par dire que, pour les livres de Faulkner, je ne peux pas être objectif. Cet auteur m'a tellement bluffé que j'ai un a priori favorable éternel à son égard et que je ne pense pas pouvoir être déçu par lui.

L'originalité de ce Faulkner réside dans les deux histoires entrecroisés, deux romans en un en quelque sorte. On ne peut s'empêcher forcément de tisser des parallèles entre elles, de chercher des passerelles, d'explorer les raisons qui les ont fait réunir, de traquer, d'espérer, de redouter qu'elles se rejoignent. Elles ont en commun, comme souvent chez Faulkner, une chronologie bouleversée, des allers retours destinés à perdre le lecteur, pour mieux le retrouver à une autre boucle du fleuve Mississippi. le lecteur ne peut qu'éprouver de l'empathie pour les personnages, car il est souvent aussi balloté qu'eux.

J'ai beaucoup pensé à Belle du Seigneur en lisant une des deux histoires, et je me demande du coup si Cohen avait lu Si je t'oublie Jerusalem et s'il l'a inspiré, ou si le rapprochement n'est que coincidence et fruit de mon esprit tordu.

En lisant ce Faulkner, je me suis aussi fait la réflexion que les personnages de l'auteur nous paraissent assez souvent proches de la folie, à la rupture... mais que ce serait sans doute le cas de la plupart des gens, si on pénétrait leur pensées secrètes et qu'on les suivait dans leur méandres les plus tarabiscotés, comme sait si bien le faire ce cher William. Peut-être même mes pensées ne serait-elles pas les plus exemptes de cette folie douce...

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Deux histoires se croisent en chapitres alternés. D'abord celle de Charlotte Rittenmeyer qui par amour, ou plutôt par passion, quitte son mari, ses enfants et une vie plus que confortable pour un artiste fauché et une vie de misère. Par ailleurs, un forçat, au hasard d'une crue du Mississippi, se découvre sauveteur et héros mais n'a qu'un seul but, retrouver la routine de son pénitencier.

Je dois confesser que je n'ai rien aimé dans ce livre, ni sa construction, ni son style, ni ses personnages. Je n'ai rien ressenti durant ma lecture. Aucune des deux histoires, pourtant tragiques, ne m'a émue. J'ai trouvé le style lourd et emprunté. Je me suis ennuyée à mourir et j'ai terminé en lisant en diagonale. Mais après tout, qui suis-je pour critiquer William FAULKNER...?!
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Si je t'oublie, Jérusalem est une création littéraire de William Faulkner, écrivain riche, s'il en est, en inventivité formelle, dont l'originalité consiste en l'entrecroisement de deux récits ne semblant pas avoir de rapport entre eux, si ce n'est pour créer un habile contrepoint, propice à relancer l'intérêt d'une histoire lorsqu'elle parait sur le point de s'essouffler. Ainsi le corpus principal du livre, intitulé les Palmiers sauvages, est la narration, située en 1938, de la fuite en avant, assez chaotique et vouée dès le départ à l'échec, d'un couple adultère dans leur rejet des valeurs bourgeoises et mercantiles. A ce texte, vient s'intercaler un récit d'une ampleur plus modeste, intitulé Vieux père, traduction moins savoureuse du "Old man river" teinté de révérence, que donnaient les noirs américains à l'impétueux Mississippi; titre qui fut d'ailleurs celui d'une chanson immortalisant la crue mémorable de 1927. Et c'est dans le contexte de cette inondation terrible que se place cette histoire, narration des péripéties d'un bagnard réquisitionné, comme beaucoup de ses compagnons d'infortune, pour prêter assistance aux sinistrés, juchés, qui dans les arbres, qui sur les toits des maisons et des granges, et qui se retrouvera, fétu de paille ballotté par les flots, emporté bien loin, par la fureur du vénérable fleuve en crue.

Un livre de Faulkner se mérite, il requiert notre intelligence et notre attention, tant il triture à plaisir l'espace-temps, sa lecture n'en ai que plus gratifiante. C'est toujours avec la jubilation de celui qui se prépare à une longue et difficultueuse ascension, prometteuse d'une euphorie à la mesure de l'effort consenti et d'une exaltation à la vue du vaste panorama s'offrant à lui, que je me lance dans une de ses oeuvres.
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Un Faulkner puissant, deux histoires parallèles qui ne semblent rien avoir en commun - les personnages ne sont pas liés - mais qui sont le contrepied l'une de l'autre.
Un couple qui s'aime malgré les interdits et qui s'enferme, se détruit par obstination et recherche de l'amour parfait.
Un bagnard et une femme enceinte qui partage un moment de vie ensemble pendant la grande inondation du Mississipi de 1927 qui ne s'aiment guère (il ne voit en elle qu'un colis qu'il doit mettre en sécurité) mais qui est libre et courageux.
Une écriture ample, telle les mascarets qui se succèdent pendant l'inondation...
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C'est le troisième livre de Faulkner que je lis . J'avais adoré son roman "Tandis que j'agonise", mais la lecture du recueil de nouvelles " Treize histoires" avait été plus laborieuse et m'avait laissée souvent perplexe.
Avec " Si je t'oublie, Jérusalem " j'ai retrouvé ce que j'avais aimé dans son roman, cette écriture si particulière, la puissance du récit, la capacité à mettre en scène des tragédies, comme si les personnages étaient dès le départ prisonniers de leur destin. Un livre composé de deux récits en alternance, deux récits totalement différents. Chacun y trouvera sa propre interprétation du motif de cette construction particulière.
Un homme solitaire et un couple, le premier qui aspire à la sécurité et souhaite retrouver la prison, les autres qui la rejettent car seul leur amour doit compter. L'un qui bien malgré lui, doit affronter les éléments avec une femme enceinte qu'il essaie de garder en vie, les autres pour lesquels une naissance serait un obstacle à l'exclusivité de leur amour. Un récit sur la vie et l'autre sur la mort.



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SI JE T' OUBLIE, JERUSALEM de WILLIAM FAULKNER
C'est le septième livre que je lis de mon auteur favori et c'est un de ses meilleurs. En fait ce sont deux histoires l'une, les palmiers sauvages, avec Charlotte qui quitte mari, enfants , aisance matérielle, pour Harry, médecin non abouti, un peu artiste et fauché. L'autre, vieux père, avec un forçat mandaté par le pénitencier pour sauver des vies suite à un débordement du Mississippi. le dit forçat va sauver une femme et son bébé, a l'occasion et les moyens de se refaire une vie, mais son rêve est de revenir au pénitencier en sécurité!!
Deux histoires singulières, à des instants différents, qui n'ont pas de point commun si ce n'est une fin similaire. Un roman d'une grande puissance, un Faulkner plutôt facile à lire et qui explore profondément l'âme humaine.
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Je crois que Faulkner fut le premier écrivain à composer un roman comme un contrepoint musical. Si je t'oublie Jérusalem est ainsi un croisement de deux récits bien distincts où l'un intervient en contrepoint de l'autre. La fable comique d'un rustre forçat suit le récit romantico-tragique d'un couple utopiste. Chacun cherche quand même sa Jérusalem après que le destin les ait poussés vers de lointaines contrées. Enfin, le style si puissant et dense de Faulkner nous emporte pour notre plus grand plaisir aux côtés de ses personnages, ballotés par les flots impétueux du Mississippi ou les vents noirs de la côte du golfe du Mexique.
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"Entre le chagrin et le néant je choisis le chagrin."

Dans ce roman magnifique -l'un de ses plus beaux- William Faulkner entrelace subtilement deux longues nouvelles qu'on pourrait penser indépendantes mais dont chacune se nourrit des échos qu'elle fait jaillir dans l'autre : The Wild Palms (Les Palmiers sauvages) et The Old Man (Vieux père).

The Wild Palms : Charlotte Rittenmeyer et Harry Wilbourne s'abandonnent à un stupéfiant coup de foudre : elle quitte mari, enfants et confort bourgeois pour le suivre, lui qui n'a rien encore et déserte ses études de médecine. Sacrifiant tout à leur amour fou, ils vivotent, comptant et recomptant compulsivement les quelques dollars qu'ils parviennent à gagner dans une Amérique en crise (nous sommes en 1936) afin de savoir combien de temps il leur reste à s'aimer, s'aimer encore et toujours, sans avoir ni trop faim, ni très froid. Mais l'amour, même à l'ombre des palmiers sauvages, n'est pas plus fort que la mort... surtout cet amour plus cérébral que physique, cette "idée de l'amour" qui ne laisse jamais entrer la joie dans ce couple bancal.

The Old Man : Dix ans plus tôt, en 1927, le Mississippi sort de son lit et recouvre 6 états. Un forçat, jeune et peu futé, est missionné pour sauver des victimes d'inondations. Dans un bayou, il récupère une femme enceinte réfugiée sur un arbre mais pour voir aussitôt son bateau dériver, emporté par le Vieux père Mississippi. S'ensuit une odyssée rustique pendant laquelle nos deux naufragés croiseront des mocassins et des crocodiles, des cajuns égrotants et un mascaret dantesque avant de retourner à la case prison.

If I Forget Thee, Jerusalem : Faulkner nous le serine, la vie, pas plus que le Mississippi, n'est un long fleuve tranquille. Dans ce roman, à la fois drame sidérant et farce épique, le lecteur est viscéralement malmené, passant du chaud au froid, du sec à l'humide, du rire aux larmes. On y inflige la vie (le forçat coupe le cordon ombilical du nouveau-né à l'aide du couvercle cranté d'une boîte de conserve), et on y offre la mort (Harry avorte maladroitement Charlotte pour éviter de voir leur amour corrompu par l'habitude : "Se conformer ou mourir").

Maniant une langue plus accessible, Faulkner parvient à dire l'indicible : la descente du grand fleuve est d'une puissance inégalée, la peur de la mort qui vient d'une crudité implacable.

Le romancier scrute ses propres plaies dans ce roman du flux et du reflux (les eaux se déchaînent puis se calment, le sang coule puis s'assèche) : plutôt que de se suicider pour un chagrin, il privilégie l'écriture, son bagne personnel, ses mines de sel. Ce sont d'ailleurs des portes de pénitencier qui se referment sur chacune des deux nouvelles.

Lire "Si je t'oublie, Jérusalem", c'est choisir, bien évidemment, le chagrin ! mais aussi, assurément, le principal sujet de ma joie...

"Comment chanterions-nous les cantiques de l'Éternel Sur une terre étrangère ? Si je t'oublie, Jérusalem, Que ma droite m'oublie ! Que ma langue s'attache à mon palais, Si je ne me souviens de toi, Si je ne fais de Jérusalem le principal sujet de ma joie !" (Psaume 137)
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Personnellement une grosse claque. Une écriture qui vous arrache les tripes et comme d'habitude Faulkner sait nous faire ressentir la souffrance des uns des autres...Pour le résumé ce sont 2 histoires indépendantes entremêlées (une romance d'amour et le voyage d'un prisonier échappé); les chapitres alternent chaque fois l'une ou l'autre histoire (dans cette édition)
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Quatrième immersion dans l'univers Faulknerien...

Bien sûr, j'ai retrouvé dans "Si je t'oublie, Jérusalem" l'empreinte de l'auteur, notamment sous la forme de cette écriture si vivante qu'elle vous envoûte, vous imprègne des odeurs, des couleurs, de l'intensité dramatique du récit.

La propension de William Faulkner à bousculer la chronologie est légendaire. C'est pourquoi je n'ai pas été étonnée de le voir commencer son histoire par la fin, pour ensuite remonter le temps, et dérouler les événements menant à une conclusion que, par conséquent, nous connaissons d'emblée.
Du moins en ce qui concerne l'une des histoires... ah, oui, je ne vous ai pas dit : "Si je t'oublie, Jérusalem" est un roman dans lequel nous suivons alternativement deux histoires qui n'ont a priori aucun rapport l'une avec l'autre. Elles se déroulent d'ailleurs à une dizaine d'années d'intervalle, et aucun personnage commun ne les relie.
Et, à vrai dire, hormis le retour en arrière évoqué ci-dessous, la chronologie des deux intrigues est finalement plutôt linéaire.

La première histoire met en scène Charlotte Rittenmeyer et Harry Wilbourne, qui forment un couple adultérin. Ils viennent de s'installer à La Nouvelle Orléans, dans le bungalow miteux que leur loue un médecin, ce dernier habitant dans l'habitation voisine. Une nuit, il est réveillé par Harry qui a besoin d'aide. En effet, "sa femme saigne"... Voilà qui confirme les soupçons que le couple suspect avaient éveillé chez la femme du médecin propriétaire, qui, imbue de son omnisciente moralité, avait pressenti l'arrivée des ennuis...
Charlotte et Harry, depuis leur rencontre, et ce que l'on pourrait qualifier de "coup de foudre", courent éperdument après un absolu. Ils refusent toute concession au caractère pur, désintéressé de leur amour. Pour cela, ils préfèrent vivre dans le dénuement, plutôt que se soumettre à une routine qui serait fatale à leur relation. Ils préfèrent tout laisser derrière eux (Charlotte sa fille et son mari, Harry un travail lui procurant de confortable revenus) plutôt que de devenir les esclaves consentants d'une respectabilité susceptible de faire perdre à leur amour son caractère sacré, de le rendre vulgaire, ordinaire, avare.
Le comble, c'est qu'ils sont si obnubilés par cette quête d'absolu qu'ils en deviennent prisonniers. Elle finit par absorber toute leur énergie, mais ils l'assumeront jusqu'au bout, en partie grâce à la ferveur farouche de Charlotte, personnage remarquable et tragique.

Dix ans plus tôt, donc...
Nous suivons les détails de l'aventure d'un forçat incarcéré dans un pénitencier du Mississippi. Lors de la grande crue de 1927, ses camarades et lui sont réquisitionnés pour venir en aide à la population. Il se retrouve à dériver, perdu, sur une embarcation de fortune à bord de laquelle il cohabite avec une femme enceinte qu'il a secourue. Leur périple va durer de longs jours, rythmé par la présence envahissante, menaçante, presque surnaturelle, du fleuve libéré de ses entraves, entre les flots duquel les hommes ne sont plus que de pitoyables fétus de paille.
Le forçat, homme simple et endurant, ne pense qu'à regagner la réconfortante sécurité du pénitencier.

Certes, il n'y a pas de points communs entre ces deux récits, d'un point de vue de l'histoire, mais on y retrouve comme des échos qui s'y répondent, et qui donnent à l'ensemble du texte une forme d'homogénéité, de logique finalement évidente.
Il y a, en filigrane mais permanente, cette notion de liberté qui plane sur l'intrigue. le lecteur y est sans cesse amené à s'interroger sur le sens de cette liberté, sur les différentes formes par lesquelles elle -ou son absence- se manifestent... Autre récurrence, l'omniprésence de la nature, tour à tour hostile ou nourricière. Cette présence est d'autant plus palpable lors du périple du forçat : le Mississippi est un personnage à part entière de cette histoire. Mais elle est aussi tangible dans la partie qui voit évoluer le couple Rittenmeyer/Wilbourne. le bruissement du vent dans les palmiers, régulièrement évoqué (l'auteur a d'ailleurs sous-titré cette partie "Les palmiers sauvages"), le spectacle du lac qui borde le bungalow où s'installent Charlotte et Harry... à tout instant ce genre de détail nous donne le sentiment que l'environnement naturel est indissociable du drame qui se joue...

La dimension à la fois tragique et épique (lors des passages décrivant la navigation mouvementée du forçat) de "Si je t'oublie, Jérusalem" en fait un texte très fort. On y est emporté à la fois par la puissance de l'écriture, par la beauté de l'histoire d'amour entre Charlotte et Harry, bref, par tout le talent de William Faulkner, qui m'a une fois de plus convaincue de son génie !
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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