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EAN : 9782363081698
205 pages
Arléa (30/08/2018)
3.86/5   28 notes
Résumé :
La forêt me dévore, me happe, désagrège toutes mes défenses. Elle m’assomme par sa densité, les milliers d’arbres alignés devant moi s’empressent de me voler quelque chose que je ne veux pas leur donner.

Que fait Louise, artiste plasticienne, un peu photographe, un peu dessinatrice, dans cette équipe de scientifiques dont la mission est d’explorer le parc El Manu, jungle amazonienne péruvienne et d’y collecter des espèces inconnues, menacées quelquefo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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A Paris, j'aime flâner le long des allées du jardin des plantes et du musée d'histoire naturelle quelle que soit la saison pour respirer un peu l'air exotique des grandes expéditions maritimes d'antan.
La lecture de faune et flore du dedans de Blandine Fauré m'a procuré le même plaisir d'éloignement et en même temps m'a donné une forte sensation de bien être quand le corps et l'esprit sont à l'unisson.

Le voyage en Amazonie de Louise qui rejoint en tant que dessinatrice et artiste un groupe de scientifiques chargés du recensement des espèces est une magnifique plongée dans son être intime au fur et à mesure qu'elle pénètre dan la forêt, la selva sombre et dense qui abrite dans son giron tout un monde végétal et animal qui la captive : le cri des loutres au loin, de minuscules tortues qui froissent l'eau ou l'envol majestueux d'un héron. Elle n'est plus cette jeune femme blessée par la vie et plaquée au sol par son immense chagrin, Louise est une herbe sauvage et ardente qui prend conscience de sa force intérieure et de sa vitalité.
Le voyage de Louise n'est pas sans embûches et la forêt n'est pas la plus dangereuse car elle est attirée par l'homme qui conduit l'expédition dont elle fait une figure anthropomorphique et le réceptacle de tous ses désirs enfouis.
Au contact de la nature, le coeur de Louise se réveille et bat à l'unisson d'un environnement grandiose qui l'aide à s'épanouir en aiguisant tous les sens de son corps et en faisant éclater le barrage de ses souvenirs cadenassés jusqu'alors par la douleur de la perte et de la culpabilité.

L'écriture au plus près de l'écorce rugueuse des arbres comme elle est au plus près de la sensualité du corps m'a touchée. Elle fait poindre la partie cachée de Louise, la parcelle de terre et de vie que nous détenons tous et que nous devons préserver. J'ai senti la respiration enveloppante du roman et son atmosphère envoûtante et mystérieuse.

J'ai aimé l'image de la forêt amazonienne et de ses strates, la masse sombre de la frondaison des arbres et la lumière de la canopée qui sont comme le nuancier des couleurs de la vie.
Le décor du roman autour de la botanique et de l'amour au sens le plus large m'a enchantée et m'a ouvert les voies vers l'imaginaire des sens et le retour à la nature, une gorgée d'air pur.
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Mais quelle jolie surprise !
Un premier roman à la langue enchanteresse et qui ose emprunter des chemins singuliers pour ausculter le bouleversement des sentiments.
Magnifique titre qui annonce la couleur : s'il est bien question de botanique, si Louise embarque avec un professeur renommé et son équipe pour une expédition dans la forêt amazonienne, c'est autant pour explorer ce territoire singulier et bouleversant que son propre moi, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il n'a pas été épargné par les douleurs.
Pour le lecteur, le plaisir de lecture est au rendez-vous, au même titre que l'émotion au fur et à mesure qu'il approfondit son intimité avec Louise, pudique, passionnée, sauvage, blessée et courageuse. La description de la nature prend largement sa part dans la réussite de ce roman, la plongée dans la forêt amazonienne est fascinante, superbement mise en valeur par l'oeil de photographe de Louise chargée de capter et d'immortaliser les moments de recherche de l'expédition pour un projet artistique. Mais la plongée dans les profondeurs de l'âme tourmentée et blessée de la jeune femme est un très beau moment de littérature, tout en délicatesse et en luminosité.
Je ne peux qu'inciter à découvrir ce premier roman, petite pépite qui risque de passer inaperçue... quel dommage ce serait !
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Louise est une jeune artiste photographe qui obtient de se joindre à une expédition scientifique en Amazonie.
Récit de voyage, entrecoupé de flash-backs permettant de saisir peu à peu les raisons de ce choix, « Faune et flore du dedans » entremêle l'introspection intérieure et l'exploration de la jungle.
Un joli premier roman à l'écriture sensuelle et envoûtante...
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Louise, artiste plasticienne, intègre à force de conviction et d'audace une équipe de scientifiques. Nouveaux explorateurs de la selva, la jungle amazonienne leur ouvre des portes insoupçonnées aussi bien sur ses abysses les plus profonds, envoûtants, hypnotisants, que sur leur propre passé. A travers cette fuite naturelle, cette volonté de percer les secrets de ces lianes qui étouffent la forêt, c'est sa propre âme que Louise va tenter de dompter.

Imprégnée jusqu'au cou de cette liberté sauvage, de nombreux souvenirs se mêlent à cette expédition : celui de sa mère, de son père, d'Igor et même du scientifique en tête de l'expédition pour qui elle voue une admiration sans borne. Et tout au fond, il y a cette volonté d'enterrer, d'enfuir dans la terre ce qui déborde, griffe et lacère le coeur.

Mon avis

J'ai eu un peu de mal à rentrer dans ce premier roman qui pour moi ne correspondait pas à ce que j'attendais. Je voulais plus de mystère, d'onirisme, de voyage, de percée sauvage. Je voulais une exploration de cette jungle, de cette selva. Je voulais une femme forte qui s'impose au sein de cette expédition. Et il est bien dur de se détacher de son envie première, de se dire « ok, c'est pas ce que je voulais mais voyons voir ce que ça donne » alors j'ai fait quelque chose que j'aime beaucoup faire. J'ai dormi. Et je me suis réveillée les idées bien claires, sans attentes particulières et j'ai repris ma lecture. Et la forêt amazonienne m'a envoûtée.

La prose de Blandine Fauré s'étend telles les ramifications d'un arbre centenaire qui contiendrait tous nos souvenirs. A travers ses lianes tentaculaires, l'autrice trace le portrait d'une femme au bord de la dérive, qui apparaît pourtant de prime abord comme effrontée, insolente, sûre d'elle alors qu'elle s'adresse à cet homme, ce docteur que tous admire. Elle ressort de ce bureau bouleversée mais aussi terriblement convaincue et déterminée. Elle veut partir. Elle partira. Un peu pour elle, un peu pour lui.

Plasticienne, elle souhaite découvrir dans les arbres, les plantes, les oiseaux, ce qu'elle ne trouve pas dans la ville : la liberté, la lenteur, la quiétude. Pourtant à travers ses branchages ce sont les souvenirs qui reviennent la hanter, la prennent par surprise, la tétanisent. Mais c'est aussi le clapotement d'un pecque pecque sur l'eau, le bruissement des feuilles, la chaleur moite qui la lavent, lui permettent de s'étirer, toucher du doigt la sensation de plénitude. Alors que même dans cette forêt dense, touffue et mystique, c'est l'amour, le désir qui viennent la cueillir.

Un amour platonique, uniquement tiré de regards, de commentaires sur les lianes, les feuilles et les arbres centenaires. Un amour sous tension permanente, parce qu'il y a toujours, là bas de l'autre côté quelque chose qui les retient, qui les empêche : une famille, un passé. La narratrice tutoie beaucoup cette présence masculine, l'apostrophe et n'arrive guère à s'en défaire. Il y a d'ailleurs peut-être là cette faiblesse dans l'écriture, ce désir permanent de revenir à cet homme, Joachim, alors qu'il ne me semble pas essentiel.

Ce que j'ai particulièrement apprécié ce sont tous les vas et vient entre le passé et le présent, déclenchés par on ne sait quoi : la danse des oiseaux, le calme plat du rio Samiria, l'obscure disparition de Luis dans les branchages, un sommeil qui tarde à être trouvé. Tout est propice à retrouver ce passé lourd, pesant, cet Igor dont on ne saura finalement que peu de chose si ce n'est qu'il est sauvage, possessif, féroce ; cet enfant qui n'aura jamais vu la lumière et le ventre vide qu'il laisse ; ces frères et soeurs qui sont comme des bouées ; et cette grand-mère, adorable, maternelle, contrepoint de ce triste passé. Blandine Fauré entremêle ses souvenirs aux branchages de la forêt, les entament dans les bras des grands singes, les tissent dans ses rêves. Voilà l'effet que me donne l'autrice : une tisseuse.

A cette voix narrative extrêmement présente, forte et poétique se rajoute celle du docteur, ce fameux scientifique dont on apprend finalement que très tard le nom.

La fin éclot doucement, nous fait languir, s'attarde sur des choses dont on a finalement que faire, on aurait aimé peut-être, rester en Amazonie, dans cette jungle immense, qui aura touché tout le monde, impacté les forts et les faibles. Et nous y revenons, lentement, à petits pas, à travers les photographies de Louise, à travers les mots de Joachim, à travers les morts et les vivants, la forêt Amazonienne est là, mystérieuse, révélatrice, brumeuse. Elle a rendu la paix.

En résumé

A travers ces définitions scientifiques, ces descriptions oniriques, et ces fantasmes poétiques, Blandine Fauré nous emporte au coeur de la forêt Amazonienne, la nôtre, celle que l'on a au fond de nous, de notre âme et qui nous attend patiemment. Avec une voix narrative extraordinaire l'autrice a finalement su me convaincre de rester dans cette jungle moite et luxuriante. Si je regrette parfois le « trop » stylisé, les phrases qui auraient mérité d'être raccourcies et le manque, peut-être, de mysticisme, j'en admire pas moins cette prose envoûtante qui ne laisse que peu de place à la respiration. C'est un voyage extraordinaire, au coeur de Louise et de soi, auquel nous convie Faune et flore du dedans, oserez-vous tenter l'aventure ?
Lien : https://lesdreamdreamdunebou..
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Lorsqu'elle passe la porte du bureau de Joachim, Louise cherche seulement à noyer ses démons dans un trop-plein de connaissances, dans l'étude infinie de la nature pour servir ses projets artistiques. Pourtant, cette première rencontre d'apparence anodine va l'entraîner à l'autre bout du monde, au coeur de la forêt amazonienne, impitoyable de densité. le contact avec cette nature puissante et indomptable suffira-t-il à Louise pour tourner la page sur ses souffrances passées ? Cette expédition sera-t-elle le point de départ d'une nouvelle vie ?

Blandine Fauré nous offre un roman poétique, d'une très grande sensibilité, où l'élément naturel se présente comme une puissance dépassant l'homme, un exutoire à la fois rassurant et menaçant où se réfugier en cas de détresse. Dès le début, le cadre est posé, celui du lexique de botanique, riche de définitions diverses, applicables aux plantes, mais aussi à nos personnages. Louise apparaît d'abord fantasque, sûre d'elle et insolente, avant de laisser entrevoir, lors des moments clés de l'expédition, des fêlures liées à son passé, à sa famille et à son ancien amant, Igor. le voyage prend dès lors un tour initiatique : plus qu'un projet artistique, c'est sa vie qu'elle vient réinventer ici, auprès du ténébreux scientifique aux petits carnets noirs.

Roman à deux voix, où l'épistolaire se superpose à la prose omnisciente du narrateur, Faune et flore du dedans nous transporte dans un autre monde, inconnu et fascinant, celui de la forêt amazonienne, théâtre d'une histoire impossible, d'un désir secret et inassouvi. Rien de se passe comme nous l'aurions imaginé dès les premières pages, mais on sort de cette lecture profondément touchés par le parcours tumultueux de nos personnages.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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critiques presse (1)
LaCroix
16 novembre 2018
Pour se sortir d'un drame personnel, une jeune artiste plasticienne accompagne une expédition scientifique en Amazonie. Un premier roman singulier.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Ici, le silence est empli de cris, de bourdonnements lointains, comme une basse continue face à l'éternité. Hululements, caquètements, échos indiscernables, un orchestre désordonné et entêtant défait nos mélodies urbaines. Plus rien ne reste de nos chansons intérieures, tout es pulvérisé par le bruissement intraitable de la forêt. On s'habitue. On finit par l'oublier, ce chant, on fait avec. Et on oublie le monde d'avant ; les portiques enfumés de goudron chaud, les terrasses bruyantes, disparaissent de nos mémoires. Mon mental se plie au labyrinthe végétal, il s'adapte, souple, aux contraintes du chemin, se modèle aux enchevêtrements et aux dédales de la vie primaire.
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À chaque pas de ce voyage, les souvenirs de ma vie passée avaient éclos, triomphant de l’amnésie où ils étaient tombés depuis que la mort s’était abattue sur mon corps. Qu’elle avait arraché le plus précieux, délogé tout espoir de bonheur. Depuis que mon enfant, à peine née, s’était éteinte dans mes bras. Alors, j’avais continué à Vivre sans respirer. Jusqu’à ta rencontre.
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Mon frère était atteint d’une maladie mentale irréversible. Quelque chose qui vous déplacer dans les sillons, les rainures où personne ne va. Son arrivée nous déporta, ma famille et moi, dans un lieu où nous ne parvenions plus à savoir qui nous étions. A nous reconnaître nous même. Notre petite cellule, qui vivotait jusque là dans l’harmonie jamais remise en cause, ne pouvait résister. Mon frère griffait nos visages et nos vies avec peut-être, au fond de lui, la rancune de celui qui ne sera jamais assez aimé.
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Les jours passent et je me fonds dc plus en plus au décor que nous offrent la nature et ses excès. Je suis son rythme d’élancement et dc croissance, lente mais assurée. 16 me fais végétal, mon amour pour toi continue d’infuser dans les eaux qui nous entourent mais je sais l’oublier. Ma souffrance elle aussi s’est tue, les voix et les cris de mon passé me semblent être devenus de lointains déserts inhabités et silencieux.
La mission officielle a débuté. Après trois semaines passées en compagnie d’un petit groupe de scientifiques au sein duquel j’avais fini par trouver mes marques, avec pour objectif d’effectuer des repérages et d’initier des prélèvements très spécifiques, j’ai mis du temps à m’habituer à l’ambiance effervescente, au bouillonnement disparate de cette deuxième phase du travail. L’ampleur de ce rassemblement est effarante.
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Il me faut à présent renoncer à tes mots. Que la terre les recouvre eux aussi. Le sous-bois dans lequel je m’enfonce est encore plein des odeurs de la ville toute proche – gasoil, goudron, friture –, je n’ai pas le courage de m’éloigner davantage, je crains que la distance ne me fasse changer d’avis. Un petit espace boisé suffira pour cette mise en terre. Quelques minutes de travail pour mieux nous séparer.
À genoux sous un arbre englouti par la nuit, je creuse. De petites particules noires se logent sous mes ongles, je sens les cailloux et les ronces égratigner mes paumes. Mes doigts plongent plus loin vers les racines et le trou peu à peu s’agrandit. Mes larmes s’y écrasent d’un bruit mat, je les essuie d’un revers de main. La terre sur mon visage s’épand en larges traces, glacées et grumeleuses.
Quand j’estime la profondeur suffisante, je vide enfin le contenu de mon sac à dos. La douleur contracte mon thorax et je retiens mal un cri que je suis la seule à entendre. Je ferme les yeux et pousse ce fatras de feuilles, d’encre et de murmures au fond de la bouche noire que j’ai moi-même ouverte – pour tout recouvrir en seulement quelques secondes. Ta voix ne m’appartient plus. Elle te revient, retrouve ses origines, réintègre cette sève qui animait ton corps et lui insufflait vie. Plus de mots à présent. Le partage, l’espoir: tout est enseveli.
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Videos de Blandine Fauré (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Blandine Fauré
Dans cet épisode d'Effractions : le podcast, Brigitte Rollet, chercheuse en études cinématographiques, parle du livre d'Hélène Frappat, Trois femmes disparaissent. Dans ce roman, l'autrice s'interroge sur misogynie et l'invibilisation des femmes à l'oeuvre dans le milieu du cinéma.
Cet épisode a été préparé par Blandine Fauré Réalisation : Michel Bourzeix et Gilles D'eggis Lecture : Caroline Girard Extrait lu : Hélène Frappat, Trois femmes disparaissent © Actes Sud, 2023 Musique : Thomas Boulard Ce podcast a été enregistré dans les studios du Centre Pompidou
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