Qui était la Vénus Hottentote ? Je ne le savais pas vraiment avant ce livre. Je n'imaginais même pas que c'était une personne contemporaine : je pensais naïvement qu'il s'agissait d'une statue préhistorique par analogie avec les différentes statuettes qualifiées de "Vénus".
Elle s'appelait Sarah Baartmann. Elle est morte à Paris à la toute fin de 1815 après avoir été exhibée à Paris et à Londres sous ce sobriquet : « la Vénus hottentote ». Sarah serait venue en Europe de « son plein gré », comme elle le déclare au procès londonien déclenché par ceux qui souhaitaient la libérer. A son décès, elle a été « disséquée » par le scientifique Cuvier et ses organes conservés au Museum d'Histoire naturelle jusqu'à sa restitution à l'Afrique du Sud et à ses funérailles en 2002. La dissection avait pour objet de trancher la querelle des scientifiques de l'époque sur les limites de l'humanité et de l'animalité. Cette limite était censément marquée par le peuple Hottentot ou plutôt Khoekhoe comme ils s'appellent eux-mêmes.
L'auteur, historien spécialiste de l'Afrique, ne nous entraine pas tant sur les traces historiques de ce peuple que sur celles de l'image que s'en sont fait les occidentaux au cours des siècles et de l'image que s'en font aujourd'hui les sud africains qui s'en revendiquent les descendants.
Le Hottentot est celui qui est radicalement différent, à la fois le "bon sauvage" de Rousseau qui renonce volontairement à la civilisation lorsqu'elle lui est proposée et le sauvage "monstrueux" et irrécupérable ; l'autre qui nous permettrait de nous reconnaitre dans notre identité.
Le premier chapitre est une lecture d'un roman de Coetzee « En attendant les barbares » que je n'ai pas lu, en lien avec l'attente, l'image de l'Autre barbare et la volonté de s'en séparer. Nous passons ensuite au récit des funérailles de Sarah et à sa place dans l'identité sud africaine.
Le troisième chapitre relate l'histoire complexe du métissage en Afrique du Sud avec les «Bastaards » mêlant colons afrikaners et peuples autochtones comme les Khoekhoe afin que l'institution classificatoire de l'apartheid ne vienne poser des barrières.
Le chapitre 4 "La rechute" est centrée sur l'image des africains et leur représentations par les européens à partir des contacts consécutifs aux grandes découvertes.
Enfin, le chapitre 5 s'intitule "Avec les Khoekhoe. Notes tirées d'un impossible carnet de terrain". L'auteur, à partir des quelques témoignages, études et traces laissés, s'imagine en anthropologue en situation d'observation au milieu d'un groupe de Khokhoe, quelque part aux environs des années 1700 dans ce qui sera plus tard la province du CAP.
La construction de l'ensemble - une transformation et remise en ordre de textes publiés précédemment par l'auteur - n'est pas évidente à suivre au départ. Cela donne un ouvrage original et intéressant pour le non spécialiste curieux.
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Dans « A la recherche du sauvage idéal », l’historien retrace la construction du regard occidental sur les « Hottentots ».
Lire la critique sur le site : LeMonde
Je ne sais pas s’il faut haïr les voyages et les explorateurs. Ils vous convient, quelquefois malgré eux, à un outre-passement auquel il faut consentir. Au bout de la piste, si vous y avez consenti, si nous y avons mis assez de désir et de ténacité, peut-être serons-nous tous, le narrateur à coup sûr, la lectrice, le lecteur peut-être, devenus sauvages.
François-Xavier Fauvelle, professeur du Collège de France sur la chaire Histoire et archéologie des mondes africains, introduit son cours de l'année 2022-2023 : Vers l'Éthiopie avec Cosmas (VIe s.), Benjamin (XIIe s.), Marco (XIIIe s.)
Découvrez la suite du cours :
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