Pas toujours facile de proposer de nouveaux plats avec les ingrédients archi connus que sont les tueurs en série leurs cadavres semés un peu partout.
Soit le plat est insipide, manquant de sel, soit l'intrigue est déjà lue et rare sont ceux qui peuvent vous mitonner un repas somptueux et vous surprendre avec de tels ingrédients.
Claire Favan y est arrivée : de cet air de déjà-lu, elle nous change toute la recette – tout en gardant les ingrédients – et propose quelque chose de relevé niveau scénario mais nous foire l'affaire du côté des cuisiniers, pardon, je veux dire « des personnages ».
Le lieutenant Vince Sandino, de la police de Columbia et l'agent Megan Halliwell du FBI sont clichés à mort et j'ai eu du mal à m'attacher à eux deux.
Pour Vince Sandido, des circonstances horribles ont fait qu'il est devenu une loque imbibée d'alcool et j'ai soupiré devant cet éternel cliché du flic brisé par la vie qui sombre dans l'alcoolisme sans avoir le panache d'un Jack Taylor de
Ken Bruen. N'est pas alcoolo avec classe et désinvolture qui veut.
Quant à la Megan, cette agent du FBI froide comme un iceberg, détachée de tout, sauf de ces nouvelles affaires qui ont l'air d'être de la main de son tueur en série – Vernon Chester, mort par injection létale à la prison. Megan est un véritable robot sans émotions qui peut devenir tout à coup plus chaude qu'un volcan sur le point d'entrer en éruption… Pas accroché du tout à elle.
Pire, je me suis demandée comment une femme aussi « bordeline » avait pu monter en grade au FBI alors qu'elle est souvent hors limite, hors logique et têtue au point de tenter de faire coller les faits avec ses théories débiles.
Et quand je dis « débile », c'est parce que c'est tellement tiré par les cheveux qu'elle même devrait s'en rendre compte, sauf si on se trouvait dans la Quatrième Dimension. Mais nous sommes dans la réalité et elle ne le sait sans doute pas, pensant que la Vérité est ailleurs.
Si le scénario tenait bien la route (hormis les sorties de route de Megan), il était prenant, intriguant et, bien que n'étant pas Sherlock Holmes, j'avais déjà entrevu la seule théorie possible puisque, ayant éliminé l'impossible, ce qui restait devait être la vérité. Mais malgré ce que j'avais deviné, il me restait encore des choses à découvrir.
Là où le bât a blessé aussi, c'est au niveau des dialogues entre nos deux représentants de l'ordre : ce n'était pas Byzance mais parfois limite dialogues de Séries B. Dommage.
Les fanfaronnades de Vince ne sonnaient pas toujours juste dans les dialogues, mais bon, vous me direz que c'est sans doute dû au fait que quand un fanfaron se met à fanfaronner, ce n'est jamais juste dans ses propos.
Petit à petit, tout en ronchonnant sur le Vince qui engloutissait plus de bières qu'un pipe-line et sur son chef qui le couvrait pire qu'une poule couvant ses poussins, j'ai commencé tout doucement à m'attacher à lui sur la fin, quand il se réveille de sa torpeur et qu'il se met vraiment à enquêter.
Pour Megan, peau de zob, je n'ai jamais apprécié son personnage même si je lui ai trouvé des circonstances atténuantes. J'ai compris sa rancoeur, mais pas pardonné son obsession jusqu'au boutisme pour sa théorie à la six-quatre-deux, ayant toujours eu une aversion pour ceux et celles qui s'entêtaient alors que tout leur indiquait le contraire.
Niveau final, j'ai été gâtée ! du suspense, de la course, une enquête prenante, un Vince réveillé, un Vince prêt à tout, un Vince digne d'un Sherlock Holmes.
Un roman avec un scénario bien inspiré, des retournements de situations, un personnage qui va s'élever tandis qu'un autre va descendre bien bas, une enquête qui va prendre de la vitesse sur la fin et une conclusion qui m'a fait sursauter (j'avais pas tout deviné) mais je ne vous dirai rien de plus.
Dommage que les personnages n'aient pas eu plus d'épaisseur et qu'on ait pas pu éviter le cliché du flic alcoolique qui a vécu un grand malheur et d'une agent du FBI aussi tranchée, aussi têtue, aussi butée…
Ma découverte de l'univers de
Claire Favan ne s'est pas déroulée aussi bien que que je le pensais, mais je ne compte pas m'arrêter à cette première impression un peu mitigée.
(2,5/5)
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