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EAN : 9782262102852
Perrin (16/02/2023)
4.2/5   15 notes
Résumé :
" Un livre captivant... Les Mongols étaient un peuple sophistiqué, doté d'une maîtrise impressionnante de l'art de gouverner et capable d'instaurer un rapport plein de sensibilité avec le monde naturel... Voilà un livre remarquablement documenté et intelligemment pensé. "The Times Les conquêtes initiées par Gengis Khan au XIIIe siècle permirent aux Mongols d'intégrer à leur empire le monde qui les entourait.
Ce livre se concentre sur la Horde : un modèle soci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'emprunte quelques réflexions à la conclusion de ce livre écrit par une jeune historienne et d'abord publié en anglais, qui vient de bouleverser ma vision de l'espace euro-asiatique, actuellement si préoccupant …

Les empires modernes ont toujours considéré l'agriculture et l'industrie comme supérieures au nomadisme, économiquement et moralement. Dans l'imaginaire humaniste, le nationalisme et le libéralisme, la recherche du consensus et la tolérance relèvent exclusivement du monde civilisé et moderne, reléguant les Mongols au rang de barbares.

« Comment les Mongols ont changé le monde » nous livre une brillante démonstration de cette grossière erreur. Ce livre retrace les siècles de domination de Gengis Khan (1155 ou 1162 – 1227) puis de ses successeurs Jochi (1182 – 1227), Chagatay, Ogödei et Tolui.

Plus spécialement des Jochides qui gouvernèrent la Horde d'Or tout au long des 13ème et 14ème siècles, mis en lumière selon un prisme totalement différent de l'image que nous avons ancrée dans notre culture occidentale.

Quelques exemples :
Les conquêtes mongoles n'impliquent pas colonisation. Les Mongols incitent les peuples soumis à produire de la richesse en leur donnant les moyens de le faire et de commercer d'un bout à l'autre de l'Empire. On est loin du stéréotype d'un empire de prédation, et de l'image du Mongol maraudeur, pillard et brutal.

Les Mongols pratiquent une totale tolérance religieuse qui constitue un outil au service du pouvoir. La conversion à l'Islam, pour des motifs en partie commerciaux, leur confère une légitimité efficace, source d'identité collective qui s'épanouit au-delà des frontières, des lois et de la culture mongoles.

Nomade n'exclut pas la construction de monuments pérennes ni culture essentiellement orale. Les sources écrites sont nombreuses : diplômes et ordres impériaux, correspondances diplomatiques, lettres commerciales. On a la trace des alliances de la Horde avec les Mamelouks d'Egypte, les Génois, Venise, Rome, Vienne, Simferopol, Varsovie, Istamboul.

Le gouvernement mongol est fondé sur deux principes : une puissante intégration et le contrôle strict des lignages empêchant les étrangers d'accéder à la seule lignée d'Or permettant d'accéder au trône, selon une rituel de désignation du grand Khan incroyablement sophistiqué impliquant l'acceptation des autres prétendants et leur retrait public, mais aussi à l'attribution aux « recalés » de territoires distincts … et si possible éloignés mais susceptibles d'extension. Chaque fils de Gengis Khan conduit sa propre horde.

Une des caractéristiques de leur stratégie de conquête : les Mongols n'attaquent jamais les premiers mais poussent leurs adversaire à la faute, ou pratiquent une provocation avant de lancer l'offensive avec leurs puissants guerriers. Une méthode qui perdure de nos jours ...

L'une des clés de l'empire est sa capacité de communication grâce au réseau du yam, poste officielle sous contrôle de l'armée, qui offre de nombreux avantages : espionnage en territoire ennemi, transport de marchandises, courrier de longue distance, approvisionnement de camps militaires. Les stations sont distantes d'une demi-journée.

Le pilier du système est le commerce, donc la fiscalité (légère, mais en cascades) qui permet la redistribution des richesses à répartir. Les principaux produits de la traite sont le sel, les fourrures, les soieries, les esclaves, les faucons, les céréales.

Sous domination mongole, le clergé bénéficie d'un statut très avantageux : exonération fiscale et de la conscription, ce qui ne manquera pas d'attirer vers le clergé orthodoxe une foule de candidats et la constitution à partir du 13ème siècle de très importants monastères. Contrairement à l'historiographie classique et nationaliste russe, la Horde a en effet largement contribué au développement de la Russie. Les boyards continuaient à administrer leurs terres mais devaient récolter l'impôt à verser aux Mongols. Les Russes bénéficiaient de leur appui militaire contre la poussée des Suédois et des Teutoniques.

Dans la seconde partie du 14ème siècle toutefois, les conflits de succession, les particularismes provinciaux, et surtout la grande peste eurent raison de l'empire de Gengis Khan. La pandémie, portée par les rongeurs de la steppe eurasienne, désorganise la circulation des hommes et des biens. A leur insu, les Mongols ont contribué à la propagation du mal grâce à la vigueur de leurs relations commerciales - jusqu'en Europe occidentale - et aux changements environnementaux dus au développement de l'élevage, à l'intensification de la chasse, au déploiement du marché des fourrures (en particulier les marmottes qui font l'objet d'une chasse systématique).
A partir de 1368, les Yuans, descendants de Kubilaï, doivent se retirer de la Chine, remplacés par les Ming. de la Hongrie à la Corée, une constellation de nouveaux pouvoirs se dessine, l'empire éclate et c'est l'anarchie.

Toqtamisch réunit la Horde au bout de 20 ans, entreprend une longue guerre contre Tamerlan puis s'allie avec lui. La Horde est alors éclatée entre plusieurs khanats : Ouzbecks, Qazaks, Manguit-Nogaï …

Un récit passionnant, parfois complexe dans la succession des luttes de pouvoirs (le consensus traditionnel de nominations se mue en purges sanglantes), mais qui offre l'avantage de considérer cette partie immense de notre monde si mal connue d'une autre manière et permet d'appréhender l'actualité – comme ce qui se joue actuellement de Crimée – d'un tout autre regard.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Lire cet ouvrage sur l'empire mongol ce fut "rendez-vous en terre inconnue "pour moi ! Un pont entre l'Est et l'Ouest, mais une histoire largement méconnue, en dehors de quelques grands noms : Gengis khan , koubilai Khan, Tamerlan...Une histoire complexe de conquêtes même si ce qui caractérise le pouvoir Mongol est de contrôler les ressources sans contrôler les sociétés et détenir le pouvoir sans détenir les territoires. Et il s'agit de vastes territoires de la steppe : Gengis Khan et ses descendants ont fourni le cadre politique et institutionnel à l'élaboration des Etats modernes en Iran, Chine, Asie centrale et Russie.
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Certains mots convoquent tout un imaginaire, des représentations liées. C'est le cas pour ceux au coeur de cet ouvrage : Gengis Kahn, Horde, nomades, Mongols, routes de la soie... Ces termes sont associés, pour nous Occidentaux sédentaires, à la violence, au pillage, à la sauvagerie en un mot.
Or, en s'appuyant sur un solide corpus de sources, en utilisant les travaux historiographiques récents et en se servant des découvertes de l'archéologie, Marie Favereau montre toute la fausseté de nos représentations. J'avais été très intéressée en l'écoutant présenter ses travaux à la radio, et j'ai approfondi avec plaisir ma lecture. J'avoue cependant avoir été un peu perdue par les arbres généalogiques et par les localisations - même s'il y a beaucoup de cartes, étant donné la taille de l'Empire.
J'ai découvert des familles régnantes particulièrement stratégiques, doués pour la politique et la géopolitique, maîtrisant plusieurs langues, laissant cohabiter plusieurs religions, vivant dans des tentes de grand luxe avec les produits les plus chers de chaque région... Ils savent compter ces Mongols, ça oui, et ils sont pragmatiques. Pour diriger un Empire, il faut l'être, pour faire circuler les richesses, encore plus. Ils accueillent donc Gênois, Vénitiens, Mamelouks, Moscovites, Chinois... C'est une proto-mondialisation qui relie plusieurs continents, avec ses échanges, et aussi ses réseaux de communication très structurés. Je retiens quelques images : la tente pouvant accueillir 2000 personnes, les femmes conduisant leurs chariots, un chef mongol obèse ne pouvant plus monter à cheval, le festival du lait de jument fermenté, ou encore le rôle de la marmotte dans la diffusion de la peste.
Un texte dense, très dense même, mais qui permet d'apprendre beaucoup, et de se défaire complétement de ses images préconçues.
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Rien ne me réjouit autant que d'apprendre:or que savais-je des peuples mongols avant de lire l'ouvrage de Marie Favereau?Des clichés, nomades barbares déferlant sur leurs petits chevaux,pyramides de têtes entassées sur les ruines des villes rasées, et quelquesvagues lueurs sur les cultes chamaniques des steppes.Tout cela concentré dans ce mot "horde" qui fait justement le titre de cet essai.Or ce dernier nous démontre, sur de solides bases documentaires l'extrême sophistication des cultures mongoles,de leurs modes de gouvernance,de leurs techniques militaires,le tout sous le signe de la souplesse et de l'adaptabilité. Et cela dans un espace gigantesque,sur des distances inouïes, sur un champs d'action jamais égalé en volume et pour une durée considérable. C'est aussi une histoire épique aux péripéties à faire pâlir d'envie les créateurs de Game of Thrones.A noter aussi les échos avec notre présent :l'empire mongol fut l'acteur d'une première mondialisation en reliant par le commerce l'Occident et l'extrême Orient ,la Sibérie et le Moyen-Orient.Il fut également le vecteur de la terrible pandémie de la Peste Noire.Un ouvrage passionnant et très accessible.
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Curieuse apologie d'un régime qui a détruit des pays, des cultures, des peuples. L'analyse politique est largement noyée dans l'événementiel des batailles, massacres et autres facéties mongoles. Intéressant, certes, mais tragiquement répétitif. Nulle question de contester la compétence de l'auteur ni son immense connaissance du vaste domaine, comme l'empire. Elle a mis à profit toute la littérature historiographique sur le sujet, surtout celle des peuples détruits, vassalisés… On veut bien croire que la “pax mongolica” n'a pas eu que des méfaits, mais on se trouve en face du syndrome de Stockholm, version mongole. On croirait entendre Marchais avec son “Globalement positif”. Au fait, combien de millions de morts à cause de la barbarie mongole voulant dominer le monde et les clans, satrapies et autres potentats sanguinaires, on aurait aimé le savoir. Tout ça à la poubelle de l'Histoire, avec une grande hache a dit Perec.
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critiques presse (3)
LeMonde
27 mars 2023
Aussi la Horde aurait-elle été, plus que toute autre structure ­impériale, capable d’adaptation, mais aussi de résistance. Sans autre toit que celui de leurs tentes de feutre, ces sociétés d’éleveurs itinérants avaient une force : ­elles n’avaient ni terres à cultiver, ni sanctuaires à honorer, ni frontières à défendre.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
24 mars 2023
Marie Favereau parvient pourtant à nous convaincre que la longévité et l’extension remarquables de la Horde tinrent, au contraire, à la flexibilité que lui conféra le nomadisme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
16 février 2023
L’essai conte l’histoire de la «horde» mongole qui régna pendant deux siècles en Europe de l’Est, en Russie et dans le Caucase.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Traditionnellement, les Mongols comme leurs sujets sédentaires délimitaient leurs terres, mais pour des raisons différentes : les sédentaires se considéraient comme des propriétaires terriens, construisant des clôtures et des fortifications pour marquer et défendre leurs possessions : les Mongols estimaient que les esprits étaient les vrais seigneurs de la terre sur laquelle ils habitaient et ils ils leur faisaient des offrandes dans l'espoir que, ainsi honorés, ces esprits les protégeraient et leur apporteraient prospérité et bonheur. Lorsque les Jochides clôturaient leurs terres, leur souci n"était pas de les protéger contre les pilleurs ou les ennemis mais de repousser les âmes errantes des "mal-morts". 278.
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Ainsi alors que les pièces voyageaient rarement hors de leur région de production, le lingot d'argent, en revanche, devint une sorte de monnaie universelle qui pouvait être utilisée dans tous les territoires dominés par les Mongols. Facile à transporter, accepté par tous et non périssable, il était le moyen le plus simple pour transférer, transporter et multiplier un capital. Produits massivement en Europe du Nord, dans les principautés russes, ces lingots étaient l'équivalent des traveller chèques d'aojourd'hui. 205
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Bashman fut coupé en deux. Les Mongols lui refusèrent ainsi la mort noble qu'ils réservaient habituellement aux ennemis de haut rang. Dans leurs croyances, en effet, les os symbolisaient la descendance patrilinéaire ; c'est pourquoi les exécutions de nobles se faisaient par strangulation pour préserver le squelette de la victime. Rompre les os de Bashman, comme le fit Bodeck, revenait à détruire symboliquement toute sa descendance. 99.
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Dans l'imaginaire historique porté par l'humanisme,le nationalisme ou le libéralisme, la recherche du consensus et de la tolérance relevaient exclusivement du monde "civilisé " et "moderne ",remisant ainsi les Mongole au rang de barbares.Que les dirigeants mongols aient pu développer des approches originales,humaines et sophistiquées de la negociation politique et de l'intégration sociale est devenu un impensé.
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Videos de Marie Favereau (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie Favereau
Modération Étienne AUGRIS, de la revue L'éléphant Intervenante: Marie FAVEREAU, maître de conférences à l'université Paris Nanterre
À l'occasion de la publication de l'ouvrage : La Horde. Comment les Mongols ont changé le monde de Marie Favereau (Éditions Perrin)
En rupture avec la vision conventionnelle de l'Empire mongol, Marie Favereau montre que la Horde sut mettre en place une administration mobile et sophistiquée, capable de faire cohabiter les communautés religieuses dans leur diversité. À partir du XIIIe siècle, les Mongols remodelèrent en profondeur l'espace slave, contribuèrent à l'épanouissement de l'Islam et forgèrent de nouvelles alliances avec les Mamluks, les Lituaniens, les Polonais, les Italiens et les Allemands. Ils sont à l'origine de l'une des premières mondialisations.
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