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EAN : 9782746704862
164 pages
Autrement (09/03/2004)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

On a coutume d’évaluer autrui d’après nos propres critères. Ainsi en va-t-il de la Russie dont on ne cesse de juger les performances en terme de « progrès démocratiques » ou de « transition démocratique ». C’est oublier les passés spécifiques et les tropismes particuliers d’un peuple et de ses gouvernants.C’est ce que montrent dans cet ouvrage remarqua... >Voir plus
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Dans un court ouvrage que le CERI publie avec les Editions Autrement, Gilles Favarel-Garrigues et Kathy Rousselet dressent le tableau d'une société russe déboussolée par une transition chaotique. Cette population a vécu des bouleversements considérables : la fin du communisme, la disparition de l'URSS et de son empire, la crise économique … Désormais gouvernée par le règne de l'argent, elle est traversée par des inégalités grandissantes : « la société perd les quelques garanties qui lui étaient assurées par le système soviétique, des garanties dans des domaines à l'époque prioritaires : travail, enseignement, santé, culture … » (p. 13). Elles ont bouleversé les relations entre générations, les jeunes ayant souvent des revenus plus élevés que leurs parents. Elles ont nourri la nostalgie d'un « passé soviétique largement idéalisé » (p. 16).
La dureté de la vie a conduit les Russes à se replier sur leur famille ou leurs « amis utiles » dans un réflexe égoïste de survie. Certaines habitudes avaient été déjà prises sous le communisme et avaient conduit au développement de stratégies de contournement d'institutions policières ou déficientes. Ces stratégies d'adaptation ont survécu au communisme : la population russe fait preuve d'une patience, d'une « résilience » qui peut étonner.
Au lieu de s'investir dans le débat politique, la société russe conserve une méfiance appuyée vis-à-vis de ses dirigeants. Aujourd'hui comme hier, l'opposition entre « eux » (l'ex-nomenklatura, les élites) et « nous » structure la perception de l'ordre social. Aussi la participation aux scrutins électoraux est-elle faible et les formes alternatives de mobilisation collective sont-elles encore bégayantes : « la Russie est loin de la constitution d'une quelconque société civile » (p. 50).
Dominée par un double sentiment d'indifférence et de fatigue, la société russe aspire avant tout à l'ordre. D'un côté, les « gagnants » souhaitent sécuriser leurs gains. Ceci explique le paradoxe d'une classe oligarchique qui s'est enrichie dans la plus totale illégalité au début des années 80 et qui revendique aujourd'hui plus de transparence et d'éthique dans les affaires. de l'autre les « perdants » veulent retrouver leurs repères et voit dans un nationalisme renaissant le moyen de rompre avec un discours dépréciatif.

Dans ces conditions, le succès de Vladimir Poutine et de son partie Russie Unie est logique. Face à un électorat qui en appelle au renforcement de l'Etat, Poutine propose « dictature de la loi » et « verticale du pouvoir »
Il a hérité de son prédécesseur un « régime super-présidentiel » (p. 60) qui concentre entre ses mains des pouvoirs étendus. La Douma et le Conseil de la Fédération ne constituent plus un contre-pouvoir. La Justice est aux ordres. Entouré d'un petit groupe de conseillers rencontrés au KGB (le ministre de la défense, Sergueï Ivanov, le directeur du FSB, Nikolaï Patrouchev) ou à Saint-Pétersbourg (le ministre des Finances, Alexeï Koudrine, le chef de l'administration présidentielle - et futur président de la République - Dmitri Medvedev), a pris soin de verrouiller l'espace politique russe. Les oligarques qui avaient fait mine de se dresser contre lui ont vite capitulé : Boris Berezovski s'est exilé, Mikhaïl Khodorkovski est en prison. Seuls résistent encore certains exécutifs régionaux.

Vladimir Poutine n'inquiète guère que certaines « belles âmes » ouest-européennes. Ni les Chefs d'Etat ni les investisseurs occidentaux ne se formalisent de ce que la restauration de l'autorité de l'Etat constitue son objectif affiché et que la démocratisation soit reléguée dans un avenir plus ou moins lointain. Et du point de vue de la légitimité politique, ils n'ont pas tort : la politique autoritaire menée par V. Poutine est profondément en phase avec l'aspiration à l'ordre d'une population russe bouleversée par quinze années de réformes.
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