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EAN : 9782940422432
Cousu Mouche (10/05/2016)
4/5   1 notes
Résumé :
Les ruptures amicales sont les plus destructrices, les moins compréhensibles. Guillaume Favre prend la plume pour dire à l’ami perdu son désarroi et sa colère, ses regrets aussi.

Cette amitié, qui fut celle des livres partagés, des mots semés au grand vent de l’imaginaire, supporte mal les aspérités de l’existence.

C’est un jet poétique que nous propose Guillaume Favre, une suite de mots en cascade.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je suis quelqu'un de chaotique, rien à faire, avec moi le courrier s'empile, j'oublie de l'ouvrir, je prends des numéros de téléphone en omettant d'y ajouter un nom, je garde tout "au cas où" pour finalement tout balancer deux semaines plus tard parce que je ne sais plus quoi en faire et c'est tout pareil avec les papillons de publicités pour les expositions, les pièces de théâtre etc. Et c'est là que j'ai failli bazarder bêtement ce livre dans le carton de récupération de papier, ayant remarqué une police de caractère qui me semblait être celle du MAH ou d'un autre musée, et ce titre, Sans mythologies, imaginant le temps d'une fraction de seconde un curateur voulant faire un "clin d'oeil" aux Mythologies de Barthes, et en me persuadant immédiatement que la date devait déjà être dépassée, ce petit cahier publicitaire devenant ainsi inutile... Mais - ouf! -, au dernier moment j'entraperçus le nom de Guillaume Favre pour me rendre compte de l'abomination que j'allais commettre : jeter un livre apporté en mon absence, qui plus est dédicacé par son auteur ! Double abomination même, car ce livre est magnifique. Écrit en deux jours par son auteur visiblement marqué par la fin d'une amitié, la mort de plusieurs proches, la maladie de son amie, ce livre est un acte de bravoure où l'écrivain se met à nu dans un texte vif comme une lettre. Ici nulle "autofiction" mais plutôt un exercice parfaitement réussi de catharsis par l'écriture ; l'envie d'en découdre avec les mots, mais aussi avec le destinataire de ce livre, avec le lecteur sans doute encore. On ne sait pas bien au fond si Guillaume Favre voulait faire de la poésie en prose, orale, ou expérimentale, ou tout cela à la fois, le résultat est là, il est beau et c'est ce qui compte ; l'objet est unique, se lit d'un trait et vous coupe le souffle. Il y a des écrivains qui ont besoin de 450 pages de baratin pour vous parler de littérature, de poésie, d'amitié brisée par le temps, l'usure, l'ennui, eh bien tout ça Guillaume Favre, lui, le fait en 68 pages incandescentes, Sans mythologies, mais avec beaucoup de Gustave Roud, de Chappaz, de Didi-Huberman et de Jaccottet dedans.
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Tout est dit dès le départ: deux amis se sont quittés, ont rompu, et le regret s'installe. "Sans mythologies" a les allures d'un cri de désarroi, parfois obscur et personnel, après l'éloignement, quand les souvenirs devenus précieux remontent à la surface. C'est court et haletant. Et surtout, le dernier livre de Guillaume Favre, également auteur du roman "Les choses qui sauvent", est atypique. C'est que toute amitié est unique!



Le travail formel surprend d'emblée. Prose ou poésie? Les renvois à la ligne constants font pencher pour la poésie, de même que le rythme très rapide qu'ils impulsent: parfois, un mot suffit, et se trouve ainsi mis en évidence. le lecteur est invité à reprendre son souffle à chaque retour à la ligne, plutôt qu'à s'appuyer sur une ponctuation rare.



Les mots répétés finissent par constituer un leitmotiv obsédant. Ils peuvent l'être consécutivement, ou alors de loin en loin dans le texte. On pense à Philippe Jaccottet, qui apparaît de temps à autre, et donne même lieu au joli néologisme de "jaccotté" (p. 23). Les noms de poètes forment du reste une farandole de figures tutélaires disséminées dans le texte.



Un texte où l'on reconnaît un certain travail pour qu'il paraisse naturel, fluide, familier même: si la poésie est toujours quelque chose de différent de la parole courante, l'auteur intègre cette tonalité à son mode poétique. On trouvera donc plus d'un mot familier voire populaire dans le texte, des éclats de voix, des complicités sans doute. Cela va jusqu'à des éléments triviaux: les noms de footballeurs, les vignettes Panini côtoient Gustave Roud et l'inévitable La Boétie, archétype de l'ami.



Rédigé en deux journées à la Bibliothèque de Saint-Jean à Genève (17 et 18 octobre 2014), "Sans mythologies" s'adresse certainement à une personne qui existe, même s'il n'y a pas de dédicace pour le confirmer. Cela pourrait donc paraître un livre très personnel, dans lequel le lecteur tiers sera plongé presque malgré lui. Reste que rien qu'en utilisant la deuxième personne du singulier pour parler à son ami perdu, l'écrivain interpelle également à ses lecteurs, fussent-ils de parfaits inconnus, et les prend à partie. Ils peuvent prendre part à son regret.



Adresse à l'ami éloigné par la vie, "Sans mythologies" fait figure de cri d'amitié lancé comme une "suite de mots en cascade", parfois bouleversés, à tel point que la musique poétique elle-même suffit parfois, plus que le sens des mots eux-mêmes, à porter la lecture. Une lecture exclusive, étrange et envoûtante.

Lien : http://fattorius.over-blog.c..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Le roman est forcément plus prosaïque, moins replié sur les mots, on cut, on delete, on ne craint pas les anglicismes, ni les mots blessés, dégoulinants de sang, on jette, on recolle rarement, on enlève les bouts de gras, le surplus, ce qui dépasse, ce qui pend, on tranche, on se méfie de la formule tombeau, cellule du langage, aucune phrase n'est sacrée, tout n'est que récit.

Tyrannie de la narration

L'histoire

Le suspense

Ne jamais relâcher le rythme

Maintenir en haleine

L'écriture, mon sport, mon loisir

Surtout ne pas perdre le lecteur en route

Quel lecteur ?

Mauvaise haleine du récit

(...)"
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"Le roman est forcément plus prosaïque, moins replié sur les mots, on cut, on delete, on ne craint pas les anglicismes, ni les mots blessés, dégoulinants de sang, on jette, on recolle rarement, on enlève les bouts de gras, le surplus, ce qui dépasse, ce qui pend, on tranche, on se méfie de la formule tombeau, cellule du langage, aucune phrase n'est sacrée, tout n'est que récit.

Tyrannie de la narration

L'histoire

Le suspense

Ne jamais relâcher le rythme

Maintenir en haleine

L'écriture, mon sport, mon loisir

Surtout ne pas perdre le lecteur en route

Quel lecteur ?

Mauvaise haleine du récit

(...)"
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