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EAN : 9782234078017
180 pages
Stock (19/08/2015)
3.1/5   51 notes
Résumé :
"Dans les temps qui avaient précédé notre rencontre, je m'étais représenté Sandrine Broussard d'une manière très subjective, sur la base de ce qu'on me racontait. A vrai dire, peu m'importait de savoir si j'étais près de la vérité ou non. Je faisais évoluer la jeune femme sur une orbite éloignée de Bonnie Parker, où elle gravitait comme un astre de faible brillance, et je l'imaginais de taille moyenne, blonde, mignonne, pareille à Faye Dunaway dans le film.Sandrine ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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A paraitre le 19 aout 2015.

Fasciné par Sandrine Broussard qu'il a rencontrée dans une soirée, le narrateur raconte son histoire. La jeune femme vit en Belgique sous un faux nom parce qu'elle est recherchée en France. Oh, pas de crimes, non, mais des petits délits. Sandrine arnaque les hommes en utilisant les petites annonces et, avec son compagnon Julien, elle utilise des chèques volés, menant grande vie le temps d'un repas dans un restaurant étoilé. Elle encaisse les mandats que des hommes amoureux lui envoient, en renvoie certains quand sa victime est trop éplorée. Sandrine n'est pas mauvaise, mais elle veut profiter autant que possible de son ascendant sur les hommes, se prouver qu'elle plaît et repousser l'image qu'elle s'est construite au contact d'une mère qui ne l'a jamais trouvée belle.

La peur aux trousses, Sandrine sait que la police est sur ses traces. La prison, elle y a déjà goûté et elle ne veut jamais y retourner. Gavée d'amphétamines et d'alcool qui lui font croire qu'elle vit plus intensément, elle veut oublier son adolescence et se construire une vie faite de luxe et de mode. « Dans cette vie clandestine, quelque chose protégeait Sandrine Broussard : être passée maître dans l'art de ne pas être elle-même. » (p. 91) En changeant sans cesse d'identités, elle pense pouvoir s'inventer une vie. Et c'est là le drame de Sandrine : au lieu de vivre la vie qui lui a été donnée, elle se réfugie dans des chimères et des rêves inconsistants. Les années passant, la fuite l'épuise et Sandrine aspire à retrouver son nom, sa vie, son identité.

Ce roman repose largement sur des faits réels. La fascination du narrateur/auteur pour Sandrine est palpable, lui qui n'a pas connu la clandestinité et la culpabilité. « J'aurais aimé accomplir ce que Sandrine avait réussi sous l'empire de la nécessité : me glisser sous l'épiderme d'un autre, à qui, sans mobile – comme une manière de crime parfait – j'aurais dérobé l'identité par intermittence. » (p. 115) Mais Sandrine le comprend après des années de cavale, les magouilles et la dissimulation ne fondent pas une existence et ne peuvent pas effacer la détresse héritée de l'adolescence. Alors, oui, il faut tenter de vivre et pas seulement de survivre.

Avec son titre emprunté à un poème de Paul Valéry, ce roman se lit comme un conte initiatique. Il est impossible de trouver Sandrine antipathique : oui, elle est hors-la-loi ; oui, elle se met dans des situations impossibles. Mais elle est très attachante : en tant que femme, je me suis reconnue dans ce personnage sur la brèche qui, pour se trouver, a d'abord tenté de se perdre. Cette histoire est charmante, délicate, délicieuse.
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Jeune, l’auteur fit la connaissance, par l’intermédiaire d’un cercle d’amis, de Sandrine Broussard.
Au 1er regard, il fût envouté par cette jeune femme vivant au jour le jour et constamment sur le fil du rasoir. Il fût fasciné car elle était son exact contraire … le fantasme de quelqu’un qu’il n’a peut-être pas eu le courage de devenir.
Les premières pages, d’une beauté remarquable, plonge d’emblée le lecteur dans cette connivence et cette relation étrange entre l’auteur et son personnage.
A partir de cette rencontre et de la vie mouvementée de Sandrine qu’il a suivi de loin, l’auteur a donc décidé de mener une enquête personnelle afin de révéler ses différentes facettes. Qui est-elle réellement ? La question de l’identité (et de la réalité d’ailleurs aussi) se pose clairement pour parler de ce personnage.
Sandrine B. n’est pas du genre à se projeter, elle se jette brutalement dans la vie, elle réagit d’instinct, elle survit plus qu’elle ne vit en montant des arnaques pour attirer des hommes seuls en leur soutirant de l’argent. Que fait-elle de cet argent ? Elle le dépense immédiatement dans des restaurants de luxe ou des fringues. Aussitôt que la roue tourne, elle s’enfuit vers le sud, invente de nouvelles escroqueries à la petite semaine, revient dans le nord, s’improvise pute de luxe, change d’identité… et s’en sort constamment comme cela… « Dans cette vie clandestine, quelque chose protégeait Sandrine Broussard : être passée maître dans l’art de ne pas être elle-même » (p. 91).
La fascination de l’auteur va au-delà de cette vie marginale, il cherche à comprendre comment s’est construit ce personnage, dès son plus jeune âge.
D’où une empathie assumée, résumée par le titre magnifique emprunté à une citation de Paul Valéry. Cette empathie permet également de voir Sandrine B. sous un regard différent et de découvrir un personnage plus complexe qu’il n’y parait.
J’ai beaucoup aimé ce roman car j’y ai retrouvé, comme dans « Nagasaki », le côté étrange et fantomatique de ce personnage fuyant, et vivant en marge de la réalité.
Il règne, l’air de rien, une forme de suspens dans cette fuite en avant du personnage qui va évidemment faire l’objet d’une enquête. Mais c’est plus l’enquête personnelle de l’auteur, sa fascination, et son style qui trouble et capte l’attention que la vraie enquête policière.
Le style, justement, mérite d’être évoqué. Abordant ainsi un personnage à fleur de peau, écorchée, presque irréel, l’auteur sert justement son propos par une écriture à la fois fine, percutante, concise, et imagée, parfois emportée…
Nombreuses sont par exemple les citations que l’on garde en mémoire : « Je me sentais inguérissablement de son côté de la vie. Elle n'était pas Robin des Bois, elle n'avait pas non plus la trempe ni le goût du sang de Bonnie Parker. Elle était ce qu'elle était ».
Hypnotisé, je l’ai été autant par ce roman qu’Eric Faye par son personnage, ou presque, sinon j’aurais tenté d’en faire un roman !
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Je ne me souvenais plus de Sandrine Broussard ni de ses arnaques, j'étais peut-être trop jeune ou trop peu intéressée par les infos du JT. Et j'ai plongé dans ce roman qui prévient en exergue qu'il n'en est peut-être pas un pour découvrir l'histoire de cette jeune fille du Nord, tellement moi quand j'avais 20 ans (sans les dérives !), tellement fragile, tellement en quête...
J'ai lu ce bouquin d'une traite, d'une part parce que sa prose est brillante, simple et sincère, et d'autre part parce que je n'ai pas pu m'empêcher d'être touchée par Sandrine, un peu perdue, et si pleine de rêves et d'absolu.
C'est finalement une jeune fille attachante, une jeune fille presque ordinaire, jamais sûre de l'amour qu'on lui porte (ou en demande de beaucoup plus, de preuves) et le narrateur, à la manière journalistique, se pose en observateur, jamais en juge et si l'on peut se poser la question de l'autofiction comme point de vue, on se rend compte qu'au-delà du fait divers, Eric Faye nous offre un récit-roman en forme de rédemption.
J'ai aimé tant le fond que la forme, j'ai eu envie d'être encore plus proche de cette jeune femme et j'ai trouvé que l'auteur lui offrait, en quelque sorte, les clés de la liberté !
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Le vent se lève !... Il faut tenter de vivre!
C'est l'épigraphe de ce livre emprunté au poème de Paul Valéry « le cimetière marin »
La strophe s'achève ainsi :
« L'air immense ouvre et referme mon livre Envolez-vous, pages tout éblouies ! »
Ces deux vers pourraient en être l'excipit !

Sandrine Brossard a longtemps vécu une vie subreptice faite de petites arnaques : annonces passées dans la presse pour appâter le mâle « gogo », offres de locations imaginaires, émissions de chèques sans provision, substitution d'identité pour échapper à la justice, vivant la peur au ventre parce que la prison, elle y a déjà goûté plus jeune, à Loos, pendant six mois …
Cela se passe dans les années 80 (pourtant ces escroqueries sont toujours d'actualité, peut-être un peu plus sophistiquées dans leur montage aujourd'hui à cause des connections informatiques et des relais d'informations par les médias, quoique … !)
Elle est amie avec le narrateur, lui-même familier de son frère Théo. Il suit, tantôt de près, tantôt de loin, son parcours chaotique.

Elle va rencontrer dans une de ces boites belges interlopes frontalières de la France un riche commerçant qui va lui permette de quitter cet endroit sordide, elle devient ainsi une femme entretenue. Après avoir pris des cours de stylisme, elle ouvre plusieurs boutiques sur la Côte d'Azur, mais ce n'est pas le succès, et Albert Stilmant, celui qui a quitté femme, enfants et pays, pour elle, va se ruiner.
Finalement elle percera en s'expatriant en Afrique, créatrice d'une ligne de vêtements et d'accessoires.
C'est l'histoire d'une mue que raconte Eric Faye, celle d'une petite fille qui a vu sa vie brisée par l'attitude d'un mère compulsive, et peu aimante , méchante, puis d' une jeune fille attirée par l'argent , la vie facile, souhaitant ressembler à son idole Sylvie Vartan, d' une femme perdant pied, accroc à l'alcool et aux amphétamines , d' une femme plus mature et ayant acquis une certaine sérénité, affranchie des contraintes passées, libérée après toutes les expériences éprouvantes vécues.
Elle fut aussi une lectrice de « l'Eloge de la fuite » d'Henri Laborit, livre qui lui révéla sans doute une part de vérité.

C'est une femme qui nous est familière, parce qu'elle ressemble, à s'y méprendre à celles qui font la une des journaux quand ils relatent leurs méfaits, celles photographiées dans les magazine de mode qui mettent en exergue leur réussite , celles, plus ordinaires, que l'on croise tous les jours …



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Qui est Sandrine Broussard ? C'est une question lancinante qui poursuit le Narrateur (Eric Faye lui-même). Il est fasciné par cette jeune femme (soeur d'un de ses amis).

Après que la jeune femme lui ai raconté ses vies multiples, et tumultueuses, Il tente de brosser un portrait, autant de Sandrine et de son parcours que de sa propre fascination.

« Il faut tenter de vivre » trace avec sensibilité le parcours d'une femme qui s'est affranchie d'une certaine réalité, des contraintes qui vont avec, vivant son propre temps, pour une espèce de Bonnie Parker, et d'un Mandrin………

Juste pour la culture générale : que le titre de ce roman est emprunté à un vers du poème le Cimetière marin de Paul Valéry paru en 1920 ; poème évoqué par Georges Brassens dans sa chanson Supplique pour être enterré à la plage de Sète (1966) et vers à l'origine du titre du roman le vent se lève de Tatsuo Hori (1936.
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critiques presse (1)
Lexpress
11 septembre 2015
A la nostalgie le livre d'Eric Faye oppose une furieuse envie de vivre.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
S’il advient un jour que les livres ne sont plus lus que sur des tablettes numériques, les écrivains pourront concevoir le « roman total », qui permettra au lecteur de choisir la vision de tel ou tel protagoniste. En cliquant sur le nom de l’un d’eux, il changera de perspective. Il découvrira l’ensemble de l’histoire vue à travers les yeux de ce personnage. Ce ne sera plus un roman ; ce sera une superposition de variations parallèles, empilées comme les feuilles d’un baklava, soit autant de romans différents déclinés autour d’une même trame, romans desquels la notion de regard sortira renforcée.
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Derrière les barreaux, on a tout le temps de s’arrêter sur les détails de son passé et de les éclairer différemment selon les heures ou l’humeur. La prison devient le ventre mou de l’existence, à l’intérieur duquel tout est ruminé, comme si chaque souvenir pouvait recéler la clé de votre formidable échec, ou comme si découvrir cette clé allait vous valoir quelque circonstance atténuante et une remise de peine.
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Je les enviais, tous les deux, Sandrine avec ses magazines, Théo avec l'Equipe, qu'il lisait chaque matin en buvant un café crème.
- Le seul journal sans catastrophes, mon vieux, m'avait-il expliqué un jour que je déplorais l'état du monde..
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Le monde n’est pas souple pour ceux qui le sont tant, et ils se savaient dans une impasse. Une certaine dépendance les condamnait encore l’un à l’autre mais, ils le sentaient bien, l’heure allait venir de rentrer dans le rang. De jouer le jeu qui, jusqu’alors, n’en valait pas la chandelle. C’était ainsi. Tout cela ne pourrait pas continuer longtemps de cette façon car c’était trop beau. Et selon un vieil adage, ce qui est beau est semblable à la rose, éphémère.
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Sandrine enfant ne connaissait pas encore l’histoire de Narcisse. L’eau de la fontaine, le malaise quand il s’y mira, amoureux de lui-même, puis sa mort et la fleur qui poussa à cet endroit et prit son nom. Tout cela avait pourtant des résonances avec ce qu’elle vivrait plus tard
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Videos de Éric Faye (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Éric Faye
Le romancier et essayiste Eric Faye sera au Belvédère du Rayon Vert de Cerbère du 11 septembre au 9 octobre, pour une « résidence duelle transfrontalière ». Organisées par les Rencontres cinématographiques internationales Cerbère-Collioure, ces résidences interrogent la notion de frontière en invitant concomitamment deux écrivains ou écrivaines, l'un(e) de langue française à Cerbère et l'autre de langue espagnole ou catalane à Portbou – Yolanda Gonzalez cette année.
Crédit de la vidéo : « Rencontres cinématographiques de Cerbère-Collioure ».
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