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Critique de Vintage


Jeune, l’auteur fit la connaissance, par l’intermédiaire d’un cercle d’amis, de Sandrine Broussard.
Au 1er regard, il fût envouté par cette jeune femme vivant au jour le jour et constamment sur le fil du rasoir. Il fût fasciné car elle était son exact contraire … le fantasme de quelqu’un qu’il n’a peut-être pas eu le courage de devenir.
Les premières pages, d’une beauté remarquable, plonge d’emblée le lecteur dans cette connivence et cette relation étrange entre l’auteur et son personnage.
A partir de cette rencontre et de la vie mouvementée de Sandrine qu’il a suivi de loin, l’auteur a donc décidé de mener une enquête personnelle afin de révéler ses différentes facettes. Qui est-elle réellement ? La question de l’identité (et de la réalité d’ailleurs aussi) se pose clairement pour parler de ce personnage.
Sandrine B. n’est pas du genre à se projeter, elle se jette brutalement dans la vie, elle réagit d’instinct, elle survit plus qu’elle ne vit en montant des arnaques pour attirer des hommes seuls en leur soutirant de l’argent. Que fait-elle de cet argent ? Elle le dépense immédiatement dans des restaurants de luxe ou des fringues. Aussitôt que la roue tourne, elle s’enfuit vers le sud, invente de nouvelles escroqueries à la petite semaine, revient dans le nord, s’improvise pute de luxe, change d’identité… et s’en sort constamment comme cela… « Dans cette vie clandestine, quelque chose protégeait Sandrine Broussard : être passée maître dans l’art de ne pas être elle-même » (p. 91).
La fascination de l’auteur va au-delà de cette vie marginale, il cherche à comprendre comment s’est construit ce personnage, dès son plus jeune âge.
D’où une empathie assumée, résumée par le titre magnifique emprunté à une citation de Paul Valéry. Cette empathie permet également de voir Sandrine B. sous un regard différent et de découvrir un personnage plus complexe qu’il n’y parait.
J’ai beaucoup aimé ce roman car j’y ai retrouvé, comme dans « Nagasaki », le côté étrange et fantomatique de ce personnage fuyant, et vivant en marge de la réalité.
Il règne, l’air de rien, une forme de suspens dans cette fuite en avant du personnage qui va évidemment faire l’objet d’une enquête. Mais c’est plus l’enquête personnelle de l’auteur, sa fascination, et son style qui trouble et capte l’attention que la vraie enquête policière.
Le style, justement, mérite d’être évoqué. Abordant ainsi un personnage à fleur de peau, écorchée, presque irréel, l’auteur sert justement son propos par une écriture à la fois fine, percutante, concise, et imagée, parfois emportée…
Nombreuses sont par exemple les citations que l’on garde en mémoire : « Je me sentais inguérissablement de son côté de la vie. Elle n'était pas Robin des Bois, elle n'avait pas non plus la trempe ni le goût du sang de Bonnie Parker. Elle était ce qu'elle était ».
Hypnotisé, je l’ai été autant par ce roman qu’Eric Faye par son personnage, ou presque, sinon j’aurais tenté d’en faire un roman !
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