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Critique de Alfaric


Merci à Babelio, à l’opération Masse Critique et aux éditions Scrineo qui m’ont permis de chroniquer livre à moindre coût ! blink


Les livres d’Estelle Faye se suivent, mais ne se ressemblent pas : après la Dark Fantasy façon Renaissance, la magie de la Chine éternelle, le post-apocalyptique écologique, l’auteure française s’attaque au peplum fantastique… Enjoy !
Et nous suivons ici la quête de l’adolescente Thya, héritière des savoirs païens dans un Empire romain chrétien. Ses dons d’augure lui disent de rejoindre la forteresse de Brog dans les Vosges, lieu où son père Gnaeus Sertor s’est illustré contre les Vandales.
Plusieurs compagnons lui viennent en aide : le maquilleur métisse Enoch (version Young Adult du Chet de "L’Eclat de givre", qui rend hommage à la passion de l’auteur pour le monde du spectacle), le vétéran Mettius, ancien soldat de son père général, le jeune rebelle d’origine parthe Arsas, partisan du Diseur des Monts…
Plusieurs créatures anciennes lui prête main forte : faunes, harpies, ondines, homoncules sylvestres… Plusieurs divinités anciennes souhaitent sa réussite : Sylvanus, Nodens, Culsans…

C’est un roman historique :
C’est dingue, pendant longtemps, j’ai presque ressenti l’impression d’être dans la suite de "L’Aigle de Rome" / "L’Aigle dans la neige" de Wallace Breem, avec ce Gnaeus Sertor qui en remportant la victoire sur les Vandales au Mont Borg, aurait pu être ce préfet des Gaules qui n’est jamais arrivé à temps pour sauver Maximus et ses compagnons de ces mêmes envahisseurs vandales…
Nous somme donc dans l’Empire Romain du Ve siècle, une génération après la chute du limes du Rhin en 406/407 après J.-C. On retrouve cet aura de désenchantement, cette ambiance mélancolique, résignée voire désespérée où chacun est intimement persuadé que demain sera pire qu’aujourd’hui : on sent arriver la fin d’une époque, d’une civilisation. Ambiance « fin d’un monde » assez sombre donc, mais pas aussi dark que celle de "La Cité" de Stella Gemmell, qui empruntait beaucoup aux pepla et aux catastrophes de la fin de l’empire…
On retrouve donc tout naturellement les piques multiples contres ces élites hipsters qui se croient au-dessus du commun des mortel, qui se moquent des hommes e les femmes d’honneurs et de leur valeurs, qu’elles jugent désuètes et démodées, et qui comme elles n’ont absolument rien compris au sens de la vie, trompent leur ennui en games of thrones vains et stériles (qui ne servent qu’à assouvir les ambitions de leur ego démesurés), quand elles ne se perdent pas en inventant de nouvelles manières de tourmenter les esclaves de leurs caprices d’enfants pourris gâtés immatures au possible…
Les personnages côtoient et subissent toute une faune anthropophage d’homines crevarices composée, entre autres choses, d’aristocrates sociopathes prêtes à tout et au reste et d de prêtres intolérants qui prêche la parole de Dieu mais qui semble m’avoir jamais compris un traître mot de la parole de Jésus Christ portée par les Évangiles.
D’ailleurs en passant, un petit coup de gueule contre les auteurs modernes qui sont encore complètement dupes des Images d’Epinal des gentils chrétiens tolérants et libéraux martyrisés par les méchants païens intolérants et totalitaires. Le Bas Empire Romain fut marqué par une multitude de violents pogroms antipaïens, assortis de l’appareil la législation répressive qui va bien avec… Et ce n’est pas la Bibliothèque d’Alexandrie, le Sanctuaire d’Olympie, ou les philosophes athéniens réfugiés à la cour des shahanshah iranien qui vont me contredire)

C’est un roman fantastique voire fantasy :
Faunes, harpies, ondines, cthoniens, Culsans, Janus étrusque, Nodens, syncrétisme celte de Neptune et Pluton, mystérieux et inquiétant sorcier égyptien, prêtres intolérants qui peuvent aller jusqu’à organiser un nouveau procès de Salem, livres interdits semblant doué de vie, portail entre les dimensions, barrières entre les mondes qui s’affaiblissent…
Au départ je me suis persuadé qu’Estelle Faye faisait des clins d’œil au maître de Providence en faisant du fantastique lovecraftien Young Adult (y compris dans une très jolie prose sensorielle qui nous gratifie de belles des très immersives). Je m’attendais presque à voir débouler à un moment les adorateurs de Shug Niggurath, Nyalarthotep et autres Azathoth… ^^
La question se posait en effet, puisque qu’H.-P. Lovecraft en son temps n’avait pas hésité en moult occasion à faire des cultes païens antiques les paravents du culte de ses Grands Anciens.
Mais comme je commence à bien connaître la très sympathique auteure française que je suis depuis ses débuts, je me dis qu’on peut aussi y voir un univers à la Hayao Miyazaki : l’affrontement entre l’ancien et le nouveau, entre le monde de la nature et le monde des hommes, des divinités finalement assez proche du shintoïsme (ni bonnes ni mauvaises, mais gardiennes et garantes d’un équilibre associé au Bien Suprême, les êtres humains étant récompensés ou châtiés en fonction de leurs efforts pour le sauvegarder).
Je note également que la scène de l’invasion de la ferme abandonnée par les chtoniens ressemblent étrangement à l’invasion de la ferme abandonnée par les sombres sentes dans "Cœur de Phénix" de Mathieu Gaborit… Estelle se rappelle donc au bon souvenir de son mentor fantasy ! ^^

C’est un roman Young Adult :
On suit les aventures de héros adolescents (Thya la patricienne romaine et Enoch le barbare métisse) qui affronte des méchants, adolescent eux aussi (le fourbe Aedon le Namitius l’indolent). Les adultes surtout là pour jouer le rôle de protecteur (Metttius) ou de mentor (le Diseur des Monts). Encore que, il y avait quelque chose de très intéressant dans le lourd secret de Mettius et son sentiment de culpabilité :

C’est un très bon roman pour adolescents, mais comme je ne vais pas partie du public visé, je n’ai pas vu vibrer autant que je l’avais espéré : vous pouvez sans doute rajouter 1 voire 2 étoiles si vous avez des atomes crochus avec la littérature Young Adult. Pour autant, je me suis quand même vraiment pris au jeu, surtout quand les héros passait par chez moi ! (avec la vallée de la Garonne, le Plateau de Langres et les monts vosgiens, ce roman prend parfois des allures de littérature régionale ^^!) De la même manière l’incontournable romance adolescente (je dois bien l’avouer, ce n’est vraiment pas mon truc) est assez bien amenée et assez bien développée,
Reste que comme souvent avec l’auteur, il y a encore des hiatus dans la narration : au bout de 300 pages le Faune est toujours en chasse-patate, et on ne sait pas vraiment quel est la mission de Thya, ou quelles sont les motivations des forces en présence… Du coup, passé un cap je ne savais plus trop qui voulait quoi et finalement pourquoi tout monde voulait/devait rejoindre Brog…

Mais ce coup-ci Estelle Faye s’est lancée dans une trilogie, et devrait éclaircir tout cela dans les suites ! ^^
Et je note que de livre en livre ceux-ci arrivent de plus ne plus tard le récit. Donc l’auteure continue de progresser dans sa voie, et c’est très bien ainsi…


C’est la première fois que j’ai entre les mains un poulain des éditons Scrineo et il faut dire que c’est du bel ouvrage : magnifique illustration d’Aurélien Police, couverture solide, papier épais, mise en page claire et aérée… et le tout 100% « made in France » s’il vous plait. (N’en déplaisent à ceux qui viennent cracher leur venin sur les « parvenus » qui ne font pas comme tout le monde en ne rognant pas sur la qualité du livre objet… Oui je te vois Olivier Girard…). Bref rendez-vous pour le tome 2, que le lirai avec grand plaisir !
Et si des professeurs documentalistes passent par cette chronique, je ne saurais trop leur conseiller de jeter un coup d’œil au catalogue des éditions Scrineo pour renouveler leur fond SFFF à destination des adolescents. blink
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