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Critique de Aelinel


J'avais entendu tellement de bien d'Estelle FAYE que je me suis lancée dans son roman Young Adult La voie des oracles et qui a reçu récemment le Prix Jeunesse Elbakin 2015.

Ce livre conte les mésaventures de Thya jeune patricienne de quinze ans, au Vème siècle après J.-C. Cette dernière doit fuir sa maison d'Aquitania (Aquitaine), après la tentative de meurtre de son père Gnaeus Sertor, fomenté par son propre fils Aedon. En cours de route, elle croise Enoch, jeune maquilleur et Mettius, ancien soldat de son père qui l'accompagnent jusqu'à Brog, au coeur du Monte Vesugo (Massif des Vosges). Elle possède également des dons d'oracle et bénéficie de la protection des anciennes divinités païennes.

Difficile pour moi de ne pas penser à la trilogie d'Azilis de Valérie GUINOT, lu il y a une dizaine d'années. En effet, le postulat de départ est le même : Azilis et Thya ont sensiblement le même âge, toutes deux patriciennes, possèdent un don occulte, doivent fuir leur maison, pourchassées par leur frère respectif et rencontrent en chemin un jeune homme qui va les aider (un barde pour Azilis et un maquilleur pour Thya). Si la première s'échappe en Britania (Angleterre actuelle), la seconde trouve temporairement refuge au Monte Vesugo où son père, général romain, a triomphé des Vandales, vingt ans auparavant. Certes, la comparaison s'arrête avec la destination divergente des deux jeunes filles. Mais, dès le départ, la sensation de déjà-vu m'a, je dois le dire, handicapé et empêché de m'immerger complètement dans le roman.

Ensuite, les reproches que j'aurais à faire se situeraient au niveau scénaristique : en effet, je n'ai pas vraiment compris où l'auteur voulait en venir avec la prophétie sur l'oracle, ni en quoi le fait de partir à Brog, pour Thya, pourrait sauver son père. Néanmoins, il est possible que cela nous soit révélé dans le second tome. Estelle FAYE utilise aussi des raccourcis qui me semblent un peu faciles pour ses rebondissements : en effet, au moment où nos héros se retrouvent coincés, un dieu païen ressemblant à Janus, sorti d'on ne sait où, les catapultent d'un coup d'Aquitaine à Paris…

Enfin, quelques inexactitudes historiques m'ont un peu gêné. Certains vont me dire que je chipote sachant qu'il ne s'agit pas d'un roman historique mais d'un livre fantastique jeunesse. Je suis tout à fait d'accord : je pense que c'est la raison pour laquelle l'auteur n'a pas traduit, au moyen d'une note de bas de page, les nombreux toponymes latins comme Burdigala (Bordeaux), Varatedo (Vayres) ou Andemantunnum (Langres). C'est une manière d'immerger complètement son lecteur dans son univers et apparenter ce dernier à de la Fantasy. Il est probable aussi que l'auteur a fait plusieurs recherches aussi sur l'Empire Romain tardif, cela se ressent. Néanmoins, j'ai relevé quelques petites inexactitudes comme l'emploi du lisses au lieu du limes (frontière), le proconsul qui habite une insula (immeuble) au lieu d'une villa (maison) ou le traitement trop médiéval, voire moderne de la sorcellerie. Effectivement, la condamnation au bûcher a existé dès l'Antiquité mais pas systématisé pour lutter contre la sorcellerie.

J'ai tout à fait conscience que ma note 3/5 est un peu sévère. En effet, je ne fais pas partie du lectorat visé : il est plus que probable que si j'avais lu ce roman à vingt ans, j'aurais beaucoup plus apprécié. J'ai trouvé l'histoire un peu trop gentillette, à l'image de la Maîtresse de guerre de Gabriel KATZ. Néanmoins, le style d'écriture de l'auteur est très intéressant et maîtrisé. Hormis les quelques écueils scénaristiques cités plus haut, l'histoire possède son propre rythme et m'a donné envie de poursuivre avec le second tome.
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