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Critique de Osmanthe


Nous sommes à Nagasaki, de nos jours. Monsieur Shimura, 56 ans, célibataire, météorologiste, est un homme solitaire. Sa vie est morne, son physique même est quelconque, il est somme toute assez transparent. Vivant dans un quartier tranquille peuplé de vieilles voisines qui veillent, il a confiance et ne ferme pas sa porte à clé pour aller au boulot.
Mais depuis quelque temps, il a l'impression que "quelqu'un" se sert discrètement dans son frigo...A l'aide d'une webcam, il va piéger ce qui se révèle être une femme qu'il ne connaît pas. Arrêtée par la police, elle a 58 ans et avouera avoir visité cet appartement très régulièrement, jusqu'à littéralement y vivre, dans l'armoire d'une pièce non occupée, pendant un an.

Pourquoi un tel comportement ? Est-elle folle ? A-t-elle des motivations matérielles, financières...un attachement sentimental particulier pour le propriétaire ou son bien ?

A partir d'un fait divers réel, Eric Faye nous livre un court roman de 80 pages, narrant une histoire peu banale. Sans dévoiler le fond, notamment les réponses aux questions posées précédemment, on peut dire que la construction formelle est solide. On suit pendant longtemps le point de vue du narrateur Shimura, dont on perçoit peu à peu les sentiments ambivalents, partagé qu'il est entre colère d'avoir vu son intimité violée, et une forme de compassion pour l'intruse face à une condamnation assez dure. Et puis brutalement, l'auteur fait parler la femme...qui va nous révéler ses étonnantes motivations.

La surprise est totale lorsque le lecteur comprend finalement que l'intrus dans cette maison n'était pas forcément celle qu'on croyait, les rôles étant finalement renversés. Chasseur chassé, arroseur arrosé, coupable victime...Eric Faye va chercher la réponse à cette énigme dans le passé et la mémoire de cette femme, ainsi que dans l'histoire de Nagasaki et du Japon depuis la bombe du 9 août 1945.

C'est bien écrit, l'intrigue est intéressante, on ne s'ennuie pas une seconde vu le format plutôt novella. L'auteur est passionné par le Japon, et ça se sent, il connaît parfaitement les goûts alimentaires des japonais, et nous fait ressentir avec subtilité certains traits de leur mentalité et de leur mode de vie en général, mais aussi du mal-être de plus en plus général lié notamment à cette crise économique interminable, mais aussi sociétale.

J'ai quand même regretté fortement une fin en accéléré, comme tronquée, les révélations sur les motivations de cette femme se succédant, s'accumulant dans les toutes dernières pages jusqu'à une fin assez brutale, avec un fort goût d'inachevé. Clairement ça coûte la 5ème étoile.

Dommage, mais c'est quand même une lecture qui vaut la peine à mon humble avis !
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