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sur 9543 notes
Petit pays et grand auteur.

Burundi 1992.
Gabriel dit Gaby a dix ans. Il joue, lit, va à l'école, fait du vélo, retrouve ses copains pour des balades, du chapardage, des bêtises de gosses, des rires et des fêtes. Il est heureux. Il vit.
Puis vient la séparation de ses parents. Premier écueil dans sa vie d'enfant métis né d'un père français et d'une mère réfugiée rwandaise.
Burundi 1993.
Gaby fête ses onze ans et la fin d'une époque approche. Pour la première fois, les habitants vont voter pour élire un président. Et même si on ne parle pas politique à la maison, les copains sont là et servent de relais pour lui expliquer les changements.
Peu de temps après, le nouveau président est assassiné. La violence pointe son nez partout dans la ville, les quartiers, et même à l'école. Les Burundais se disputent, les Burundais se haïssent, les Burundais se séparent en deux clans, les Hutus et les Tutsis, comme au Rwanda le pays voisin.
L'enfance est terminée, Gaby doit choisir son camp mais comment faire face à la folie des hommes...


Gaël Faye se sert ici de ses souvenirs d'enfance pour raconter l'histoire de Gaby, enfant insouciant et qui aimerait le rester. Mais la haine, l'incompréhension, la bêtise des Hommes vont bouleverser son quotidien et c'est entre sourires et larmes qu'il va nous conter la montée de la violence.

Même si l'humour et la tendresse ne sont pas absents de ce récit, c'est bien d'une tragédie dont il est question ici, et même de deux tragédies. La première est bien sûr celle du génocide, et la seconde celle d'un paradis perdu, celui de l'enfance.

Outre l'évocation de la guerre ethnique, Gaël Faye n'hésite pas non plus dans cet excellent roman à évoquer l'inaction internationale, les dégâts collatéraux causés par la guerre (la folie, les camps de réfugiés, etc), le racisme des colons (avec le personnage de Jacques), la condescendance des Occidentaux face aux Africains (le fameux sac de riz)...

On rit, on pleure. Et au final on salue ce nouvel écrivain qui nous a fait toucher du doigt sa vérité, celle vue par un enfant.


Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Le Burundi ne fait pas vraiment partie des pays africains qu'il est assez aisé de situer étant donné sa taille réduite équivalente à 1/20e de la France, ou encore plus d'1/80e de celle de la République démocratique du Congo, l'un de ses voisins avec la Tanzanie et le Rwanda. Quant à la guerre civile, qui a ensanglanté le Burundi de 1993 à 2001, et dont les cendres sont loin d'être froides, elle n'est connue que par ceux qui s'intéressent de près à l'actualité de cet ancien protectorat belge. le roman de Gaël Faye, au titre explicite de Petit pays, est la chronique d'une enfance à Bujumbura dont l'insouciance -chapardage de mangues, amitiés dans une bande de garçons, découverte de la littérature- va voler en éclat avec l'arrivée de la violence, celle au coeur du Burundi même mais aussi du génocide au Rwanda si proche. La mère du jeune héros de Petit pays est d'ailleurs rwandaise (comme celle de l'auteur) et le père français. Ce qui signifie une vie plutôt privilégiée, en temps de paix, mais aussi un grand danger dès lors que la haine se manifeste. Ce premier roman d'un auteur-compositeur-interprète, chanteur et rappeur de 33 ans est une révélation. On a peut-être lu ailleurs ce type de récit d'une enfance maltraitée par la guerre mais l'écriture tendre, chatoyante et veloutée de Gaël Faye séduit immédiatement, aussi colorée dans la comédie que tendue et terrible dans la tragédie. Et l'on s'attache vraiment à ces personnages, pas seulement celui du narrateur, ballottés par le vent de la violence. L'un des livres majeurs de la rentrée littéraire française, assurément. Petit pays et grand roman.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Conseillée par la copine de mon fils, je rajoute ce livre dans ma PAL. Puis, il a fait l'objet d'une pioche de Taganga2000 pour le mois de novembre.
J'ai vécu en Afrique juste avant le début du génocide. En lisant la 1ere partie de ce livre, j'y suis repartie. Je revoyais les habitants marcher dans les rues, je faisais mes courses sur le marché, j'entendais les conversations dans un français arrangé et trainant. J'avais même l'impression de sentir la chaleur et les odeurs. L'écriture poétique de l'auteur m'a vraiment fait voyager.
Après, le charme est rompu à cause des horreurs de la guerre. le retour a été dur (comme à l'époque d'ailleurs). L'absurdité est difficile à digérer, incompréhensible.
Bref, j'ai passé un très bon moment de lecture, un peu nostalgique je l'avoue, mais très difficile sur la fin.

Pioche de Novembre 2020 choisie par Taganga2000
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Je suis étonnée et soulagée qu'un tel roman, tout comme Tropique de la Violence, puisse remporter un tel succès en France, car ce ne sont pas des thèmes qu'une majorité a envie de lire, en général. Les sociologues diraient peut-être que c'est un signe de bonne santé? Voilà en tout cas pour ma petite réflexion personnelle.

Pour un premier roman, c'est vrai qu'il est réussi. On goûte, on voit, on sent l'enfance de Gaby, c'est juteux et sucré, c'est chaud, d'un vert éclatant, d'un orange splendide, c'est un monde éternel, intemporel et pourtant fugitif, auquel la fin de l'enfance et la guerre mettront fin trop tôt.
Je ne m'attendais pas à une telle violence finale (le massacre rwandais) dans sa description mais elle est pourtant nécessaire, elle nous rapproche de ce qui se passe tous les jours quelque part dans le monde, c'est dur à entendre.
Je n'ai juste pas toujours été convaincue par l'écriture que j'ai trouvé inégale, c'est mon bémol, mais je comprends maintenant l'engouement qu'il a eu.
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Gaby oh Gaby loin des brumes parisiennes
Soleil obsessionnel le Burundi t'appelle
Les jumeaux et Gino , le terrain vague te manquent
Au temps d'avant, quand tu étais haut comme trois mangues
Les Tutsis les Hutus tu n'y comprenais rien
Les cadavres jonchaient l'horreur du quotidien
Tu puisais dans les livres une évasion au loin
Mais les yeux fous d'une mère pèsent sur ton destin
Transcendant tout ce sang, au-delà des sanglots
Ton souffle poétique a enchanté les maux
Tu pleures ton enfance sous les bougainvillées
Tu rejoins par les mots ton passé éclaté
Je t'ai accompagné, tendre petit Gaby,
Moi aussi, à te lire, j 'en ai le coeur meurtri.

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A quoi tiennent les guerres ? Qui enclenche le processus meurtrier que plus personne ne maîtrisera ? Qui pourra soutenir une justification a posteriori quand l'irréparable aura été commis ?

Petit pays, c'est la guerre civile vécue de l'intérieur, avec les yeux d'un enfant. Un enfant que la guerre est venue chercher malgré lui. Pour l'impliquer lui aussi.

Dans sa restitution de l'insoutenable, avec ce très bel ouvrage, le témoin innocent devenu adulte n'a rien trahi de la naïveté du regard de l'enfant qu'il était.

Le plus difficile à admettre est que la nature humaine n'en tire aucun enseignement durable. Cet ouvrage est quand même la plus belle des leçons à l'adresse des va-t-en-guerre. Parce qu'elle prône l'apaisement en prouvant l'absurdité.
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Comme l'auteur, Gabriel est né en 1982 au Burundi, d'un père français et d'une mère rwandaise. C'est dans ce 'petit pays' qu'il a passé son enfance avec ses parents et sa jeune soeur. Il a douze ans lorsque la guerre civile vient bouleverser sa vie.

La première partie du roman décrit une jeunesse en Afrique plutôt privilégiée : aisance matérielle, liberté, copains, et insouciance malgré les tensions dans le couple parental.
Avec la guerre civile, ce cocon se délite : la mère aide ses proches restés au Rwanda, le danger se rapproche du quartier de Gabriel et de sa famille, jusqu'alors épargné.
Homo homini lupus, loi du Talion, massacres entre civils, répression militaire, et... inertie de l'Onu. Des enfants prennent les armes, certains parviennent à s'évader, via la lecture...

Un texte poignant et beau (malgré quelques longueurs), qui nous parle d'enfance, d'innocence, d'instabilité de certains pays africains où « la paix n'est qu'un court intervalle entre deux guerres » :
« On vivait sur l'axe du grand rift, à l'endroit même où l'Afrique se fracture. Les hommes de cette région étaient pareils à cette terre. Sous le calme apparent, derrière la façade des sourires et des grands discours d'optimisme, des forces souterraines, obscures, travaillaient en continu, fomentant des projets de violences et de destruction qui revenaient par périodes successives [...] ».

Et au centre de l'ouvrage, bien sûr : la guerre, ce chaos.
« Je n'avais pas d'explications sur la mort des uns et la haine des autres. La guerre, c'était peut-être ça, ne rien comprendre. [...] On apprivoisait l'idée de mourir à tout instant. La mort n'était plus une chose lointaine et abstraite. Elle avait le visage banal du quotidien. Vivre avec cette lucidité terminait de saccager la part d'enfance en soi. »
La guerre, dont on peut sortir vivant mais jamais indemne, parce qu'on a perdu ceux qu'on aimait, parce qu'on a vu des horreurs commises par des humains sur leurs semblables...
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Gaël Faye a un talent certain.
Et c'est un plaisir de lire un artiste doté d'un tel talent.
Il décrit l'horreur et le bonheur, l'innocence de l'enfance, l'horreur des massacres, toujours avec justesse, poésie et intelligence.
Sa description de la jeunesse me rappelle "La vie devant soi", de Gary ; mais ce texte ne contient pas toutes les maladresses qu'il y a dans "La vie devant soi"... Il est plus juste, plus vrai, et, malgré son sujet sordide, ne tombe jamais dans l'horreur morbide. C'est difficile, de raconter l'horreur avec des yeux d'enfant, d'enfant qui ne connaît pas encore, qui n'a pas encore conscience de tout ce que les hommes peuvent faire d'atroce. C'est difficile de trouver les paroles justes pour faire qu'un enfant parle de l'abominable, de l'atroce, de l'indicible. D'avoir la délicatesse, le tact, la justesse nécessaire pour lui faire dire son sentiment face à l'abomination. Mais Gaël Faye fait plus que cela : il nous parle de la situation de son pays, le Burundi, à travers les choses les plus quotidiennes, avec un crescendo magnifique, un saut dans l'horreur, magistral et progressif. Un saut dans l'abominable, dans l'atroce, dans l'indicible, toujours décrit avec pudeur et délicatesse.
Jamais Gaël Faye ne décrit des scènes de massacre absolument atroces, abominables ; jamais il ne décrit des cadavres d'hommes, de femmes, d'enfants, jetés pêle-mêle par centaines ; le danger est là, de plus en plus présent, tout simplement, et le quotidien change, montrant la présence du danger. Voilà tout. Il n'y a rien d'autre. Et, c'est grâce à ce tact, à cette délicatesse que c'est une réussite.
Une vraie réussite, vraiment.
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J'avoue que si mon fils n'avait pas dû le lire pour le collège je n'aurais pas lu « Petit pays ». Mais comme il aime bien que moi ou son père lisions les livres demandés en classe pour pouvoir répondre à ses questions, et bien je m'y suis collée. Je n'en avais aucune envie, je pressentais que je n'aimerais pas le roman de Gael Faye et je ne m'étais pas trompée, il n'y a pas eu de bonne surprise à l'arrivée. Au vu de la moyenne qu'il récolte sur babelio et de la moisson de prix qu'il a récolté, je suis clairement à contre-courant de la grande majorité des lecteurs de ce livre. En fait, je comprends assez que le bouquin ait plu, notamment aux adolescents, mais c'est typiquement le genre de livres qui ne fonctionne pas sur moi.

Une des choses qui me laissaient penser que je n'aimerais pas « Petit pays » est la façon dont l'auteur laisse planer une sorte de doute, est-ce un roman ou une autobiographie ? Je ne suis pas du tout contre le fait qu'un auteur utilise ses souvenirs personnels pour écrire un roman mais il faut que ce soit fait de façon subtile. Je trouve que ce n'est pas le cas dans « Petit pays ». Tout au long de ma lecture, j'ai ressenti comme un manque, il y avait un petit quelque chose qui clochait. Au bout d'un moment, j'ai compris, il manquait un personnage, ce qui est embêtant dans un roman. A cause de cela, j'ai trouvé « Petit pays » désincarné, je n'ai jamais vraiment réussi à m'intéresser à ce qui arrivait au narrateur car celui-ci n'avait pas pour moi une réalité de personnage, il n'était que celui qui raconte son histoire.
Le flou entre roman et autobiographie induit autre chose qui me dérange profondément, l'impression que l'auteur veut m'imposer une émotion mais pas par des moyens littéraires. J'aime être émue, bouleversée par un roman mais je n'aime pas avoir le sentiment qu'on m'impose cette émotion par la simple véracité des faits racontés, ça me donne l'impression d'être prise pour une idiote. Je veux que l'émotion naisse d'une belle tournure de phrase ou d'un beau personnage pas qu'elle ressemble à celle que je ressens devant les actualités.

Si je comprends que le roman ait plu aux lecteurs, j'avoue que j'ai plus de mal à comprendre la pelletée de prix littéraires qu'il a reçu. Je n'ai pas du tout été séduite par l'écriture que j'ai trouvée artificielle et maniérée. J'ai eu l'impression de lire un texte écrit par un collégien qui joue à l'écrivain. Ca prétend faire des jolies tournures de phrases, des comparaisons poétiques, ça se donne des grands airs mais c'est quand même bien pauvret au niveau du style. Je le répète, on dirait que c'est écrit par un ado.

Oui, je suis dure dans mes propos. Mais bon, c'est mon avis et il en vaut un autre. Tant mieux si la plupart des lecteurs y ont trouvé leur compte. Ce n'est pas mon cas, j'ai trouvé ce roman faible, facile et assez creux.
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Je viens tout juste de terminer cette histoire et ma gorge se serre. Heureusement qu'à l'écrit l'on n'a pas besoin d'ouvrir la bouche pour raconter car j'en serai bien incapable tant cette histoire m'a bouleversée.
Je ne connais pas la part d'autobiographie de ce roman mais j'aimerai croire qu'il n'y en a pas tant. L'histoire de ce petit garçon, de cette enfance qui se craquelle au fil des pages pour s'effondrer. Des scènes qui font monter les larmes et grossir la boule au ventre. Et dans le même temps des souvenirs aux couleurs splendides, des allures d'ailleurs, des paysages de lointain, des sentiments beaucoup, un trop plein qui ne peut laisser indifférent le lecteur.
Une page de l'Histoire dans cette petite histoire d'enfance, une page effroyable, rouge sang et noire de haine. Sur ce que l'humanité a de plus innommable. Dans le magma sanglant des massacres, surnagent des îlots salvateurs, des bêtises de mômes, des lectures et les membres d'une famille, même éclatée, même bancale et cabossée par le conflit.
Un premier roman qui prend à la gorge et vous chamboule au plus profond.
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