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Critique de boudicca


Après « Notre-Dame-aux-écailles » et « Serpentine », le nouveau recueil de nouvelles de Mélanie Fazi ne fait que confirmer le talent de l'auteur dont la plus grande force réside en sa capacité à réveiller le mystère et la poésie des lieux les plus ordinaires ou des situations les plus glauques. Réenchanter notre quotidien : voilà ce que permettent les textes de Mélanie Fazi.

Les rues de Paris, une aire d'autoroute, un atelier, une simple chambre... : tout devient objet de fascination sous la plume de l'auteur qui nous fait don ici de onze textes desquels se dégage une grande sensibilité. Sensibilité que l'on retrouve chez ses personnages féminins, héroïnes souvent au bord de la rupture dont la confrontation avec le fantastique va leur permettre de panser leurs blessures. C'est le cas dans « Trois renards », texte magnifique et très émouvant dans lequel une jeune femme entretenant une relation destructrice avec son compagnon va trouver la force nécessaire pour s'en sortir grâce à sa musique, ou plus précisément grâce aux êtres qu'elle parvient à invoquer avec ses mélodies. Même émotion et même souffrance dans « Le jardin des silences » où une trentenaire va revivre par le biais d'un jardin fantastique un événement tragique de son adolescence. Mais si ce qui sort de l'ordinaire peut se révéler une bénédiction, comme dans les deux nouvelles précitées, cela peut aussi avoir l'effet inverse. L'héroïne de « L'été dans la vallée » se passerait bien, par exemple, de cette voix sans âge et très étrange dont on lui a fait don à la naissance et qui l'entrave à sa région natale. Idem pour l'artiste de « Miroir de porcelaine » dont le talent va finir par se retourner contre elle.

Pour ce nouveau recueil, l'auteur est également allée puiser à la source des contes, et notamment ceux des frères Grimm dont elle se réapproprie à merveille à la fois l'enchantement mais aussi la cruauté. C'est notamment le cas dans « Swan le bien nommé », nouvelle dans laquelle une jeune fille et son frère se retrouvent confrontés à la nouvelle compagne de leur père, une marâtre pas comme les autres qui possèdent de drôles de pouvoirs... J'ai également beaucoup apprécié « Née du givre », texte très bref mais qui nous fait parfaitement ressentir toute la détresse du personnage et la cruauté de ce qu'elle est en train de vivre. Mais rassurez-vous, le recueil compte également quelques nouvelles plus sereines, notamment deux qui ont pour thème commun les fêtes de Noël. Dans « L'arbre et les corneilles » on assiste par exemple au déroulement d'une tradition familiale émouvante réservée aux futures mamans et réveillant une foule de souvenirs liés à cette période. C'est aussi un rite hivernal qui va apporter un peu de paix à l'héroïne de « Un bal d'hiver », dont le chagrin éprouvé suite à la mort prématurée de sa mère va lui permettre de se lier avec l'étrange voisine de la nouvelle demeure de son père.

On ressort de la lecture des textes de Mélanie Fazi comme d'une douce rêverie, à la fois émerveillé mais aussi, d'une certaine façon, apaisé. « Le jardin des silences » est donc une nouvelle belle réussite pour l'auteur dont la plume demeure toujours aussi poétique et les histoires aussi captivantes. Sans doute l'une des meilleures auteurs de fantastique aujourd'hui.
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