Au coeur religieux du xvie siecle

Lucien Febvre a ici non pas seulement raisonné sur le mouvement de la Réforme au travers de quelques figures : Calvin, Briçonnet, Dolet, Bullinger, mais aussi rendu palpable ce qui fit converger cette Réforme, qui avait été selon lui la conclusion de la "révolte contre la piété catholique", les nouveaux moyens de communication et de diffusion de la pensée (imprimerie), ainsi que les grandes réflexions en cours chez les humanistes (et l'on peut dire qu'Erasme, situé au point de jonction et de fracture entre catholicisme et protestantisme fut le plus illustre exemple de ces figures qui mêlèrent quête spirituelle, vision du monde, volonté d'agir pour adapter les cadres sociaux et religieux de son temps et activité intellectuelle).
Il faut suivre Lucien Febvre dans son cheminement de pensée, tant il va vite dans ses démonstrations, et être bien informé de ce dont il parle, si l'on veut profiter à plein de ce recueil de contributions et articles qui, réunis, forment un bel ensemble.
Francois Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)

Publié à titre posthume, "Au coeur religieux du XVIe siècle" est très visiblement inachevé. Néanmoins pour ceux qui connaissent bien l'oeuvre de Febvre ca vaut la peine de lire ce livre qui éclaircit ses grandes idées présentées ailleurs.
D'un siècle marqué par des très grands esprits et très fortes personnalités, Febvre est l'avis que l'on ne peut pas dire qu'il y a un seul qui a été dominant et qu'il n'y a pas eu un seul déclencheur de la Réforme. Plutôt, Febvre croit que l'époque était marqué par une forte ébullition religieuse généralisée. La force du livre, c'est l'attention que Febvre porte aux personnages secondaires dans les entourages des grands: Farel et Bucer (Jean Calvin), Melanchton (Luther); Moore et Froben (Érasme).
La grande thèse de Febvre est que la corruption de l'Église catholique romaine (spécifiquement le commerce des indulgences dénoncé par Luther) n'a pas été la cause de la Réforme chez les intellectuels. C'était plus le résultat de la grande ferveur religieux des intellectuels de l'époque. le christianisme de l'église était devenu un christianisme de règles à une époque où les grands penseurs voulaient l'espoir dans le salut ce que la doctrine de la justification par la foi semblait offrir.
Par contre chez le petit gens et les bourgeois la corruption de l'Église catholique a été un facteur important du succès de la Réforme. À l'avis de Febvre l'excommunication était devenu un outil d'huissier plutôt une sanction contre le péché. L'Église ex communiquaient les gens surtout pour non-paiement de frais, rentes et redevances.
"Au coeur religieux du XVIe siècle" a beaucoup de passages intéressants mais il souffre énormément de son manque d'organisation. C'est une perte de temps pour ceux qui n'ont pas déjà lu les livres majeurs de Febvre.