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Citations sur La vérité tue : Agatha Christie et la famille (10)

(p 79-80)
Pour l'écrivaine, l'amour et le respect d'un enfant pour un ascendant peuvent légitimement être remis en question si ce dernier est doté d'une personnalité malveillance. Si l'on considère en plus, comme l'affirme Mathew Prichard, qu'elle "comprenait très bien les gens. Et ceux qui apparaissent dans es livres sont normaux", alors Christie lève un sacré tabou : chez le commun des mortels, l'affection entre proches ne va pas de soi et le mal peut toucher tout le monde. Il est répandu, familier, commun. En un mot : banal. "[Ce crime] était d'une absolue banalité, froidement prémédité, et limpide, jusqu'au moindre détail." Banalité. Dans son texte, Christie emploie le mot au sens de cliché, d'habitude presque. Mais comment ne pas penser, par ailleurs, à la "banalité du mal" ?
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Toute la puissance des romans christiens et leur indéfectible succès tiennent dans cette catharsis qui commence dès la découverte du cadavre : le corps met au jour les rapports de force cachés qui existaient au sein de la maisonnée. La vérité cesse d'être tue. Agatha Christie fait changer de camp la culpabilité.
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La question de reconnaitre et accepter, ou non, un processus de destruction est cruciale dans l'oeuvre d'Agatha Christie; à cet endroit la romancière se révèle et arendtienne, et cathartique: l'individu peut agir. Alors même que Marple et Poirot sont deux archétypes de «détectives en fauteuil», ils luttent contre le mal en regardant le monde activement. Leur motto ne varie pas: agir, c'est penser. Ne pas tenir les choses pour acquises tant qu'on ne les a pas soi-même interrogées. Leur réflexion sur le mal est une pensée de l'action. «L'esprit humain préfère se gaver de la pensée d'autrui. Toutefois, privé de cette manne, il va se mettre malgré lui à penser par lui-même, et ce mode de réflexion original peut aboutir à des résultats appréciables.» (La plume empoisonnée, 82)
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« Ressentiment, manipulation jalousie, humiliation, inceste… La vérité est tue de peur qu’elle ne tue. Au coeur des familles, certains ont tous les droits, d’autres n’ont que celui de (se) laisser faire et se taire. »
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Dans les familles, la victime est, en tant que messagère de l'existence du mal, reconnue coupable de l'avoir fait apparaitre quand l'entourage refusait de le voir. Aussi est-elle sacrifiée, chez Christie, pour que la vérité devienne factuelle et la malveillance irréfutable. Mais le sacrifice n'est pas vain: il permet que soient révélées, et donc réparées, les autres petites morts, blessures physiques, symboliques ou psychiques qu'engendre tout processus de destruction.
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Conséquence inexorable, selon Christie: la famille est le royaume des duplices, du pain bénit pour les pervers, un terrain de choix pour les prédateurs. Moins l'entourage est lucide, plus les manipulateurs sont puissants.
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La question de voir, la clairvoyance en d'autres termes, est au cœur des romans d'Agatha Christie autant qu'intrinsèquement liée à la famille. On y voit sans voir, pour paraphraser l'écrivain Charles Peguy qui écrit en 1910: «Il faut toujours dire ce que l'on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l'on voit.»
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Pourquoi l'entourage, bien que conscient de ce qui se passe, ne réagit-il pas? «Voilà des années que nous ne cessons de nous répéter: "Cette existence ne peut continuer ainsi!" Et rien ne change!» (Rendez-vous avec la mort, 12) Agatha Christie excelle à décrire la mise en place d'emprises toxiques, processus de domination sournois qui paralyse un foyer, toute une lignée parfois. Nombre de ses intrigues relatent des meurtres, mais plus fréquemment encore des humiliations et malveillances de toutes sortes, rendues possibles et demeurées impunies parce que tous sont soumis à la tyrannie d'un seul.
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(p. 119)
Bien avant que la fiction ne s'empare en masse des pervers narcissiques, du harcèlement, des perversions familiales et des processus de domination, Christie décrit la façon dont un prédateur objetise sa victime en nouant avec elle un lien toxique. En 1940, la philosophe Simone Weil décrit "la force devant quoi la chair des hommes se rétracte [...]. La force, c'est ce qui fait de quiconque lui est soumis une chose. Quand elle s'exerce jusqu'au bout, elle fait de l'homme une chose au sens le plus littéral, car elle en fait un cadavre." La force de l'emprise préfigure la mort. Elle est déjà la mort psychique juste avant la mort physique.
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Ce maître n'a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps et rien de plus que n'a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu'il a de plus que vous, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire.
La Boétie - Discours de la servitude volontaire. 1516.
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